Un partenariat économique franco-allemand au service de l’UE

Paru dans La Lettre Diplomatique n°124 4ème trimestre 2019

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Par M. Peter ALTMAIER
Ministre fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie

Cinquante-six ans ont passé depuis la signature du traité de l’Élysée. La France et l’Allemagne se sont resserrées étroitement, sur les plans politique et économique, social et culturel. De nombreuses personnes traversent quotidiennement la frontière franco-allemande afin de fournir des services et de travailler dans le pays voisin. Je l’ai vu de mes propres yeux dans ma région d’origine, la Sarre.
Nos relations économiques sont étroitement liées à de nombreux égards, plus qu’avec tout autre État membre de l’Union européenne (UE). Le partenariat franco-allemand et l’intégration européenne sont également indissociablement liés : nous avons toujours préparé et organisé les grandes étapes ensemble, bien que nous n’avions pas toujours les mêmes points de départ. L’ Allemagne et la France étant les deux plus grandes économies de l’UE, notre objectif commun est de préserver et de renforcer la croissance, l’emploi, la compétitivité et la prospérité dans nos pays et dans l’ensemble de l’Union. À cette fin, nos gouvernements se sont fixés comme objectif d’approfondir encore davantage notre partenariat.
Le nouveau traité de l’Élysée tient compte de cet objectif et donne un nouveau cadre à la coopération franco-allemande, notamment en matière de politique économique. Le traité d’amitié de 1963 fut la base de consultations gouvernementales régulières et d’arrangements politiques ainsi que de la coopération bilatérale en particulier concernant les questions relatives à la jeunesse et l’éducation. Le nouveau traité de l’Élysée s’étend bien au-delà de cela : il élargit la coopération bilatérale en particulier dans la politique économique commune. Il renforce ce faisant le rôle du Conseil économique et financier franco-allemand. Ce dernier doit, soutenu par un comité d’experts indépendant, coordonner à l’avenir encore davantage la politique économique commune. Une coopération plus forte dans les technologies d’avenir, les innovations et la numérisation (notamment les innovations disruptives et l’intelligence artificielle) me tient particulièrement à coeur. La coopération avec la France fait partie prenante de la stratégie allemande dans le domaine de l’intelligence artificielle. Ensemble, nous pouvons faire de l’Allemagne, de la France et de l’Europe un site leader en matière d’intelligence artificielle.

© MEAE/Frédéric de La Mure Le Ministre fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie Peter Altmaier en discussion le 28 août 2018 avec le Premier ministre français Édouard Philippe, le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le Secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne.

Ce qui importe également, c’est que l’État soutienne l’engagement des entreprises afin que la création de valeur n’ait pas seulement lieu en Asie et aux États-Unis. Il faut attirer l’attention sur les technologies clés, les chaînes de création de valeur et les technologies vertes, et augmenter les investissements publics et privés. Les batteries contribuent par exemple à environ 40 % de la création de valeur dans le secteur de l’électromobilité. J’ai donc dégagé 1 milliard d’euros d’ici 2023 pour la promotion de la production de cellules de batteries, et ce, notamment, pour des entreprises coopérant avec des partenaires européens, comme par exemple la France.
L’objectif de long terme est le passage à une industrie à faibles émissions de carbone et numérisée. Dans le cadre du nouveau traité de l’Élysée, nous sommes convenus d’une coopération encore plus étroite en matière de protection du climat. Par ailleurs, nous avons l’intention d’approfondir la coopération dans nos transitions énergétiques respectives, en particulier à l’aide de projets concrets visant la promotion des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique ainsi que dans le domaine des infrastructures énergétiques.
À travers le nouveau traité de l’Élysée, nous jetons les bases nous permettant de continuer d’avancer ensemble dans l’UE. Nous souhaitons ce faisant impliquer équitablement les autres États membres de l’UE sur notre voie commune.