Par M. Philippe JAMET
Directeur Général de l’Institut Mines-Télécom (IMT)
Dans quelques semaines devrait être lancé le « traité de l’Élysée 2.0 », nouvelle version de l’accord historique signé par le Président français Charles de Gaulle et le Chancelier allemand Konrad Adenauer le 22 janvier 1963, qui a permis depuis plus d’un demi-siècle d’encadrer, de faciliter et de développer cette coopération bilatérale de haut niveau stratégique.
Cinquante ans plus tard, la liste des domaines et les formes de la coopération franco-allemande ne cessent de se développer, apportant un démenti aux sceptiques selon lesquels la France et l’Allemagne, en ne prenant pas d’engagements contraignants, continueraient à défendre leurs priorités et leurs particularismes individuels.
L’industrie du futur est l’un de ces domaines pour lequel la coopération franco-allemande est aussi indispensable que porteuse de projets novateurs, tant pour les deux pays que pour l’Europe tout entière. L’initiative conjointe proposée par les ministres Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, et lancée officiellement par l’ancien Président François Hollande et la Chancelière Angela Merkel en 2015, a manifesté une volonté puissante de travailler ensemble pour faire face aux nouveaux défis de l’innovation, de la compétitivité et de l’emploi, dans une économie digitalisée et en pleine transformation.
La création de l’Académie franco-allemande pour l’Industrie du Futur traduit la conviction du rôle moteur joué par le partage de notre excellence scientifique. Depuis la mise en place de ce partenariat universitaire innovant entre l’Institut Mines-Télécom (IMT) et l’Université Technique de Munich (TUM), 11 projets de recherche bilatéraux ambitieux, répondant directement aux besoins du monde économique et industriel, ont déjà été lancés. Ils regroupent plus de cent chercheurs français et allemands autour d’une vingtaine de partenaires industriels (aussi bien grands donneurs d’ordre que PME) sur des sujets tels que la cybersécurité ou l’impact de la digitalisation sur l’organisation des entreprises.
L’académie franco-allemande veut désormais aller encore plus loin dans cette mise en commun d’expertise : nous travaillons actuellement à créer notre première plateforme technologique mutualisée de recherche et d’innovation en intelligence artificielle. Il s’agira de mettre en interaction collaborative des ressources intellectuelles, des données, des infrastructures et des outils pour prototyper des algorithmes performants. L’enjeu est de conforter et d’accélérer un leadership franco-allemand puis européen sur le sujet hautement stratégique de l’intelligence artificielle.
À l’avenir, nous ambitionnons de devenir un véritable modèle d’université du futur : une université résolument ouverte où sont élaborés et partagés de nouveaux modèles pédagogiques bilatéraux (tels que les MOOCS – cours ouverts en ligne), qui favorise la circulation des professeurs et des étudiants.
Trois années après sa fondation, l’Académie franco-allemande pour l’Industrie du Futur tient plus que ses promesses. Elle s’affiche d’ores et déjà comme un élément structurant de la relation bilatérale au niveau académique comme technologique. Elle illustre la capacité de nos pays à incarner une vision partagée et transformante de l’excellence universtaire et technologique.