« L’Europe s’invente ici, dans nos régions frontalières »

Paru dans La Lettre Diplomatique n°124 4ème trimestre 2019

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M. Jean ROTTNERPar M. Jean ROTTNER,
Président du Conseil régional du Grand Est

Première région frontalière de France, le Grand Est est une région européenne par excellence, avec Strasbourg, sa capitale régionale, une des trois capitales européennes, avec ses territoires qui, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, sont au cœur d’espaces parmi les plus dynamiques d’Europe.
Avec 450 km de frontière franco-allemande, la région Grand Est entretient avec l’Allemagne une relation privilégiée, une relation ancrée dans la proximité qui se vit et se construit au quotidien. Grâce à leurs contributions nombreuses, les régions frontalières constituent une charnière essentielle pour l’approfondissement des relations franco-allemandes et, plus largement, de la construction européenne.
L’Europe s’invente ici, dans nos régions frontalières qui représentent plus que jamais « un Espace européen de développement » unique.

Le Président de la Région Grand Est Jean Rottner et la Ministre-Présidente de Rhénanie-Palatinat Malu Dreyer signant le 19 juin 2018 à Mayence une résolution commune inédite dans la coopération franco-allemande pour l’amélioration durable des transports ferroviaires transfrontaliers.
© Stadler Region Grand Est Le Président de la Région Grand Est Jean Rottner et la Ministre-Présidente de Rhénanie-Palatinat Malu Dreyer signant le 19 juin 2018 à Mayence une résolution commune inédite dans la coopération franco-allemande pour l’amélioration durable des transports ferroviaires transfrontaliers.

Nous ne pouvons que nous réjouir de l’attention toute particulière au plus haut niveau dont fait l’objet le développement de ces régions et de la volonté d’une meilleure prise en compte de la coopération transfrontalière dans le cadre de la révision du traité de l’Élysée. Un traité qui doit autant être porteur de symboles forts d’amitié que d’avancées permettant d’amplifier les dynamiques existantes, d’intensifier encore les coopérations dans les territoires transfrontaliers, au plus près de leurs besoins et de leurs réalités de développement.
En outre, l’attribution récente d’une responsabilité diplomatique expérimentale à l’échelle régionale en matière transfrontalière au Président du Conseil régional dans le cadre du protocole d’accord récemment signé à Matignon sur la future Collectivité d’Alsace en 2021, vient encore d’avantage renforcer le rôle prépondérant de la Région dans ce domaine.
Aujourd’hui, l’ensemble de nos coopérations avec nos partenaires n’ont jamais été aussi déterminantes pour l’avenir de nos territoires et notre volonté d’avancer ensemble n’a jamais été aussi affirmée. 
Je pense à la mobilité et aux transports, qui sont un élément clé pour la réussite de nos territoires, leur développement économique et leur attractivité, avec des enjeux de dimension européenne et un fort potentiel de développement. Des avancées remarquables ont été réalisées ces derniers temps illustrant un engagement commun exceptionnel et l’exemplarité du travail mené en commun.
La Région Grand Est a ainsi signée avec le Land de Rhénanie-Palatinat en juin 2018 et celui de Sarre en novembre 2018, à l’occasion d’un conseil des ministres exceptionnel et historique dédié aux questions européennes et à la coopération transfrontalière délocalisée à Strasbourg, des protocoles d’accord pour l’amélioration durable des transports ferroviaires transfrontaliers. Ces accords consacrent un engagement commun autour d’une approche globale : de l’achat de matériels roulants dans le cadre d’un appel d’offre commun aux aménagements des infrastructures, en passant par la définition des futurs horaires des lignes transfrontalières, à l’amélioration de l’information aux usagers ou encore au développement d’une tarification combinée avec les réseaux de transports locaux.

Sarre Tobias HansRegion Grand Est Jean Rottner
© Stadler_Region_Grand_Est Pour la première fois, un Conseil des Ministres exceptionnel du gouvernement du Land de Sarre, conduit par le Ministre-Président Tobias Hans, s’est tenu à Strasbourg le 6 novembre 2018. Dédié aux questions européennes et à la coopération transfrontalière, il s’est conclu par la signature avec le Président de la Région Grand Est Jean Rottner d’un accord pour l’amélioration des transports ferroviaires transfrontaliers.

Ces accords permettront également d’optimiser les investissements à réaliser pour le développement du transfrontalier, notamment grâce à une mobilisation toujours plus efficace des fonds européens.
Je pense également aux transitions à l’œuvre – énergétique, numérique et technologique, nouveaux modes de vie, nouvelles organisation du travail et nouvelles mobilités – qui sont des défis considérables pour nos collectivités de part et d’autre de la frontière.
Elles représentent également un levier considérable pour imaginer de nouveaux modèles de développement en commun, pour être les territoires des transitions réussies – le projet de reconversion dans le cadre de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en territoire à énergie positive et bas carbone en est un parfait exemple – pour devenir des territoires leader dans ces domaines en Europe. 
Outre ces coopérations qui vont influer sur le quotidien de nos concitoyens et qui sont véritablement le moteur de l’intégration européenne, nous participons activement à la Grande Région, créée par la déclaration commune de Mondorf-les-Bains en 1995, qui en est, elle, le laboratoire.
La collectivité régionale Grand Est en prendra la présidence en 2019, ce qui nous permettra d’impulser une nouvelle dynamique, concrète et pragmatique, au service de nos territoires. 
Notre ambition est d’aller encore plus loin, dans les différents aspects de nos coopérations, de faire de nos régions, plus que des espaces frontaliers, des espaces européens de coopération.

Vestige de l’histoire industrielle commune de la région frontalière franco-allemande, l’usine sidérurgique de Völklingen, située en Sarre, est devenue en 1994 le premier monument industriel à être inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Vestige de l’histoire industrielle commune de la région frontalière franco-allemande, l’usine sidérurgique de Völklingen, située en Sarre, est devenue en 1994 le premier monument industriel à être inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.