Par M. Christian THIMME
Directeur de l’Office allemand d’Échanges universitaires (DAAD) en France
Le renouvellement du traité de l’Élysée et les propositions en matière de politique européenne du Président français Emmanuel Macron donnent incontestablement un souffle nouveau aux relations scientifiques franco-allemandes.
Il convient de souligner ici que la coopération scientifique entre les deux pays est d’ores et déjà couronnée de succès.
Au total, environ 8 500 étudiants allemands étudient chaque année en France et approximativement autant de jeunes étudiants français sont inscrits au sein des universités allemandes. En 2017, l’Office allemand d’Échanges universitaires (DAAD) a financé près de 450 Français et 800 Allemands grâce à ses programmes de mobilité. Les deux pays sont parmi ceux qui envoient le plus d’étudiants dans le cadre des échanges Erasmus. Rien qu’en 2017, 45 500 Français et 40 000 Allemands ont participé à ce programme. L’Allemagne et la France sont, en effet, l’une pour l’autre le choix privilégié comme pays de destination. Par ailleurs, il existe plus de 2 970 coopérations entre les établissements d’enseignement supérieur des deux pays, ce qui place la France en première position en tant que partenaire des universités allemandes.
Outre le DAAD, un certain nombre de réseaux franco-allemands se sont formés sur la base d’une coopération bilatérale. L’Université Franco-Allemande (UFA) arrive en première position avec un réseau de 194 établissements partenaires. Elle propose actuellement 180 cursus intégrés délivrant un double diplôme. Plus de 6 400 étudiants sont inscrits dans ces cursus et environ 1 500 en ressortent diplômés chaque année.
Référence doit aussi être faite au Centre interdisciplinaire d’Études et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA), soutenu par le DAAD et le Ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Le CIERA constitue un réseau unique d’institutions, de chercheurs, d’étudiants et de doctorants travaillant dans le domaine des études en rapport avec l’Allemagne.
Il compte 13 institutions membres, le réseau comprend 500 étudiants et doctorants ainsi que 1 500 chercheurs. Le CIERA offre des bourses, soutient et conduit des travaux de recherche.
Influencé par le nouvel élan des relations franco-allemandes, le nouveau programme « Make our planet great again » a été lancé par le Président Emmanuel Macron. Ce programme a été initié en réaction à la décision du Président américain Donald Trump de se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Des chercheurs américains et d’autres pays impliqués dans les domaines du changement climatique, des sciences sur le système terrestre et des énergies renouvelables ont été invités à poursuivre leurs recherches en France. À ce jour, 32 chercheurs ont été sélectionnés en France, dont plus de 60% originaires des États-Unis.
Suivant l’exemple français, le DAAD a lancé un programme parallèle peu de temps après. Cela montre à quel point les ministères, les institutions de financement telles que le DAAD et les universités travaillent de manière étroite et en réseau, des deux côtés du Rhin. Jusqu’à présent, 13 chercheurs ont été sélectionnés dans le programme allemand. Ce programme offre aux chercheurs la possibilité de créer un groupe de recherche en coopération avec une université.
Le nouveau programme renforce la compétitivité de la France et de l’Allemagne dans ce domaine de recherche. L’Europe apparaît ainsi comme un centre de recherche parlant d’une seule voix et disposant de son propre agenda de politique universitaire.
Pour l’avenir, de nouveaux projets d’envergure sont à l’ordre du jour. En octobre 2018, la Commission européenne a lancé un appel à projets en faveur de la création d’universités européennes. Il n’est donc pas surprenant que la grande majorité des universités candidates allemandes potentielles aient également à leurs côtés un établissement français partenaire. Outre la création de programmes communs d’études et de recherche, les universités européennes ont également pour objectif d’enseigner dans au moins deux langues, ce qui, nous l’espérons, devrait faire souffler un vent favorable sur l’apprentissage des langues.