Par le Colonel Thomas NIKOLAÏ
Commandant de l’École franco-allemande Tigre (EFA)
Il y a de cela plus de 55 ans était signé le traité de l’Élysée entre la France et l’Allemagne. Ce traité a ouvert la voie, une voie qui se veut commune aux deux nations, leur permettant de renforcer ensemble, dans le cadre d’une amitié binationale, le rôle de l’Europe dans la politique de défense.
Plus tard, en 1991, Helmut Kohl, alors Chancelier fédéral d’Allemagne, et François Mitterrand, Président de la République française, décidaient de créer un centre de formation commun dédié à l’hélicoptère de combat Tigre. Quinze années après son ouverture officielle, l’École franco-allemande Tigre est une illustration concrète d’une Europe de plus en plus soudée.
Les organismes communs existant dans le secteur de la politique de défense ne servent pas uniquement à acquérir une position plus forte vis-à-vis de l’industriel dans les programmes d’armement binationaux comme pour le programme Tigre par exemple, mais elles permettent également, grâce à une stratégie commune, d’honorer les engagements géopolitiques tout comme multinationaux dont le nombre ne cesse de croître. Le but n’étant pas uniquement de renforcer le rôle de l’Allemagne ou de la France au sein de l’Europe mais bel et bien d’obtenir plus de stabilité dans toute l’Europe.
La mission principale de l‘École franco-allemande Tigre, implantée sur le site de la base Général Lejay (armée de Terre) au Cannet-des-Maures, consiste à former des pilotes français et allemands sur le système d’armes Tigre. À noter que l’École cohabite, sur le site de la base Général Lejay, avec l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre française (EALAT) et le Centre de formation interarmées NH90, autre programme d’hélicoptère de nouvelle génération commun entre nos deux pays.
L’École franco-allemande Tigre dispose d’une infrastructure binationale et les différents services de l’État-major travaillent ensemble, en binational, de façon très étroite à l’accomplissement de la mission commune. Le commandement de l’École alterne tous les trois ans entre un officier supérieur français et un officier supérieur allemand au grade de colonel.
Fidèle à la devise « Gemeinsam nach vorn! Ensemble, servons l’avenir ! », à l’École franco-allemande Tigre, on s’attache à atteindre l’un des objectifs issu de l’arrangement administratif signé en novembre 2000 par les ministres français et allemands de la Défense, à savoir « favoriser le rapprochement entre Français et Allemands ».
Comme indiqué dans la devise de l’École, ce n’est qu’ensemble que nous parviendrons à faire face à l’avenir. Les enseignements tirés dans un passé tout récent des différentes opérations montrent qu’un engagement commun ne sert pas uniquement les nations sur le plan individuel, mais qu’il contribue également à façonner l’avenir de l’Europe.Grâce à des outils de formation ultra-modernes, comme les simulateurs de vol et bien entendu le système d’armes Tigre lui-même, et au concours également de moniteurs dotés d’un grand sens du professionnalisme et d’une expérience opérationnelle, l’École est en mesure d’assurer une formation de grande qualité au profit des jeunes pilotes Tigre qui sont engagés ensuite sur les théâtres d´opérations en appui de nos forces.
Il convient maintenant d’étendre les expériences réalisées au sein de l’École à d’autres entités. Dans ce contexte, l’unité de transport aérien franco-allemand C-130J qui verra le jour dans un avenir proche à Évreux constitue, elle-aussi, également un projet d’avenir et représente une étape incontournable lorsqu’il s’agit d’assumer davantage de responsabilité sur le chemin menant à une Europe unie et de renforcer ainsi dans le même temps l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (OTAN).
Les conflits partout dans le monde, les flux de réfugiés et de nouveau l’enchainement d’évènements pouvant laisser présager l’apparition de conflits comme au moment de la guerre froide, ont montré qu’il n’y a pas d’intérêts ou de défis purement nationaux mais que c’est bien l’ensemble de l’Europe qui est concerné et continuera de l’être.
Tout dernièrement, il a été annoncé officiellement que le programme « Eurodrone », un projet de drone européen auquel participent les gouvernements allemand, français et italien, lesquels ont été rejoints plus tardivement par l’Espagne, doit entrer dans sa phase de développement d’ici un an.
En conclusion, dans ce contexte, la « nouvelle édition » du contrat de l’Élysée offre de nouvelles opportunités pour réaffirmer toute la pertinence d´un futur commun en Europe.