Soudan, demeure des Pharaons noirs
Par Mme Isabelle Brianson, Secrétaire générale de l’association Patrimoines du Globe
Association d’intérêt général soutenue par un Comité d’Honneur international, Patrimoines du globe rassemble des hommes et des femmes, scientifiques ou non, partageant par métier ou par passion les mêmes aspirations pour l’Archéologie, la Culture et l’Histoire. Depuis sa création, en 2001, elle mène principalement ses actions en Nubie soudanaise, région riche d’un patrimoine qui n’a rien à envier à celui de son voisin, l’Egypte. Consciente d’un héritage national à préserver, l’UNESCO a inscrit en juillet 2003, lors de sa 27ème session, le site du Djebel Barkal, la « montagne sacrée », résidence du dieu Amon et des pharaons noirs de la XXVème dynastie , ainsi que la région de Napata (Nouri, el-Kourrou, Sanam et Zouma), sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité. Il est vrai que la beauté de certains de ces lieux est telle qu’on s’y attarde. On se prend alors à rêver de la nécessité d’un tourisme culturel respectueux de ces monuments historiques, des habitants de l’environnement.
L’association Patrimoines du globe réalise des actions évènementielles avec des partenaires
institutionnels, privés ou universitaires1 telles que l’exposition photographique « La Nubie révélée – Soudan, terre sacrée du Nil ». Prenant sa source à Paris (du 3 au 17 septembre 2004), elle a poursuivi son cours en Espagne, à l’Institut français de Madrid (du 10 mars au 29 avril 2005) et achèvera sa course au Nord Soudan, sous l’égide de l’Ambassade de France à Khartoum.
Terre encore méconnue sauf des archéologues français et étrangers, elle garde en lieu sûr des contes fabuleux de rois et de reines qui, en des temps anciens, ont fait sa gloire et sa puissance. Héritière d’un patrimoine millénaire, la Nubie soudanaise invite ses rares hôtes à entrer dans ses demeures d’une exceptionnelle beauté construites pour l’éternité. Ces créations uniques, animées par la maîtrise parfaite des techniques artistiques, témoignent des engagements du passé.
Un autre projet2 éducatif et scientifique prendra prochainement tout son sens dans l’action : former et éduquer de jeunes archéologues et étudiants soudanais aux méthodes de fouilles, au traitement et à l’analyse des sols, à la réalisation de sondages et enquêtes auprès des populations et études diverses, tout sera fait par ce premier chantier-école archéologique soudanais – conduit par la Direction des fouilles des Antiquités du Soudan – pour lever un coin du voile de leur mémoire nationale. Le site d’Abou Ereteila, à quelques kilomètres au sud de la nécropole et la cité royale de Méroé3, livrera-t-il alors ses secrets ? Les structures d’un temple, peut être celui d’Amon, dissimulées sous les monticules de pierres et de sable pourront être mises au jour dans les années à venir. Des indices sur le terrain sont manifestes. Les relevés topographiques ont été effectués en 2003.
Ainsi formés, les archéologues nationaux pourront contribuer à préserver un patrimoine prestigieux de plus de cinq mille ans d’histoire ou encore à renforcer les missions internationales actuellement présentes sur le terrain pour cause d’urgence, dans la région de la quatrième cataracte du Nil4, pour répertorier, recenser et sauvegarder des centaines de sites avant la mise en eau du barrage en 2008.
Dans cette aventure humaine, aux sources de la culture soudanaise, nous ont rejoints, des donateurs privés (Isabelle et Jonathan Warr), l’agence de presse Gamma et la Société Total.
Plus généralement, l’association Patrimoines du globe s’est fixé pour objectif de :
– sensibiliser et informer, en collaboration avec des scientifiques, le grand public aux richesses archéologiques (opérations et animations évènementielles, rencontres, conférences et colloques sur le patrimoine matériel et immatériel et publications).
– former et éduquer les jeunes archéologues et étudiants du pays concerné. Création d’un chantier-école et campagne de fouilles (nécessité de recherches de fonds et de dons en nature pour l’équipement du chantier de fouilles… ) ; projets éducatifs et de sensibilisation en faveur des jeunes tant sur le plan national qu’international (intervention dans les écoles, universités et centres culturels…).
–
soutenir et développer en promouvant les publications de jeunes scientifiques et archéologues à l’aide du site Internet de l’association.
* Ecrit en collaboration avec Elise Aimé, décédée en juillet 2005.
1- L’École française de Papeterie et des Industries Graphiques de Grenoble pour la conception du catalogue de l’exposition, les Gobelins, Ecole de l’Image pour les photos et pour l’organisation de l’événement, l’I.U.P (Arts, Sciences, Culture, Médias de l’université de Versailles-Saint-Quentin).
2- Le rapport technique peut être obtenu sur demande à l’association ou consultation sur notre site internet : www.patrimoines-du-globe.org
3- Royaume de Méroé (IIIème siècle av. et IVème ap. J.-C.) situé à environ 200 kilomètres de Khartoum.
4- « barrière » rocheuse sur une section du Nil. On en dénombre six.
Témoignage de M. Nicolas Brunet
Vice-Président Exploitation et Production Secteur Afrique de la Société Total concernant leur contribution au chantier-école et à la campagne de fouilles.
Ce projet est remarquable, dans le sens où il permet à la fois de former des archéologues soudanais au sein de ce chantier école, mais également de mettre en valeur le riche patrimoine du pays, du moins nous l’espérons. La recherche de richesses enfouies dans le sous-sol est une activité que nous connaissons bien au sein de Total, mais l’éducation, la formation et le développement des personnes est une priorité pour l’avenir de toute nation, et nous sommes particulièrement heureux d’y participer. Cette aventure humaine que ces jeunes vont partager pendant plusieurs mois sera riche d’échanges techniques et humains, et si l’aboutissement de cette recherche se concrétise par la mise au jour d’un temple alors ce projet aura démontré que des hommes et femmes passionnés peuvent réaliser localement de grands projets avec des moyens modestes.