La lettre diplomatique

Article – Chili
La Lettre Diplomatique N°71 – Troisième trimestre 2005

« Créer des liens de confiance et d’amitié entre la France et le Chili »

Par Mme Marie Christine Haritcalde, Conseiller   élu   à l’Assemblée des Français de l’étranger pour la circonscription d’Argentine, du Chili, du Paraguay et de l’Uruguay.

 

Le général de Gaulle dans son mémorandum du 25 février 1943 adressé au général Giraud envisage la création d’un « Conseil consultatif de la Résistance française », composé de personnalités issues des mouvements de résistance, de parlementaires, de représentants des territoires libérés de l’Empire, d’économistes, de syndicalistes et d’universitaires, et de représentants des « associations de citoyens français à l’étranger ».

Postérieurement, les quatre organismes qui à l’époque regroupaient l’essentiel des forces vives de la présence française dans le monde, c’est-à-dire l’Union des Français de l’étranger (UFE), l’Union des chambres de commerce françaises à l’étranger (UCCFE), la Fédération des anciens combattants (FACS) et la Fédération des professeurs français à l’étranger, demandèrent que les citoyens français résidant à l’étranger puissent faire entendre leurs voix et suggérèrent que soit créé par le Ministère des Affaires étrangères un « conseil supérieur » composé d’élus de l’extérieur. Cette revendication fut entendue et le 7 juillet 1948 un décret instituant le Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE) fut signé par Robert Schuman, alors Président du Conseil, et son Ministre des Affaires étrangères Georges Bidault.

Le CSFE, aujourd’hui Assemblée des Français de l’étranger (AFE) qui représente les deux millions de Français établis à l’étranger, est une assemblée consultative présidée par le Ministre des Affaires étrangères et constituée de 150 conseillers élus, 21 personnalités désignées par le Ministère des Affaires étrangères et 12 sénateurs des Français de l’étranger élus par les membres de l’AFE.

Le nombre des élus représentant une circonscription varie en fonction du nombre de Français vivant dans cette zone. Au Chili, le nombre de Français inscrits au Consulat est de 7 800, mais il y a non seulement beaucoup de compatriotes qui étant pour peu de temps dans le pays négligent de s’inscrire, mais surtout beaucoup de familles françaises ayant des conjoints nationaux habitant des sites très éloignés, qui lassés après de nombreuses difficultés auprès de l’administration et par désuétude, ont perdu leur nationalité mais pourtant pas la culture ni l’esprit français qu’ils portent dans leur sang. Mon rôle est de les aider à récupérer ce qui est leur droit. D’autre part, mes efforts sont dirigés vers la défense et le soutien de ceux qui, par ignorance, se sont mis dans des situations difficiles, tant soit auprès des comités consulaires, des services économiques et culturels, des écoles et des lycées français. Le fait d’être bi-nationale me permet d’établir facilement un pont entre les deux pays.

Aujourd’hui, avec sa stabilité, le Chili attire un nombre important de jeunes expatriés, car il faut reconnaître que bien des créneaux sont encore disponibles. De grandes vagues d’immigrants Français s’installèrent au Chili à la fin du XIXème, au début du XXème siècle et après la deuxième guerre mondiale. Grâce à eux, la France bénéficie à ce jour d’une grande sympathie auprès de la population chilienne qui admire la culture française, ses valeurs, sa façon de faire et son ouverture d’esprit. Les générations francophones et francophiles se sont succédées, laissant une marque qui se retrouve tant soit dans l’architecture, la littérature, la science, etc.

L’impact des Etats-Unis avec l’ère technologique nous a fait perdre un terrain précieux pendant bien des années, car même dans le programme du Ministère de l’Education chilien les cours de   français ont été supprimés, empêchant les écoles publiques qui l’enseignaient auparavant de continuer à le faire.

La France sème aujourd’hui dans les nouvelles générations un renouveau de « mode » du français, longtemps dévoré par l’anglais. Les bourses d’étude du troisième cycle sont pour cela un argument de premier choix. L’Ambassadeur de France au Chili, M. Alain Le Gourrièrec avec le service culturel, a obtenu, entre autres, l’an dernier : un accord de reconnaissance du bac français dans les universités chiliennes ; plusieurs programmes d’échanges universitaires qui signifient un va-et-vient de près de 500 étudiants par an, dont 140 jeunes chiliens boursiers en France pour études de masters et de doctorats, plus 100 jeunes qui ont des bourses de l’UE., bourses de l’Etat chilien ou ressources personnelles ; un accord de double diplôme entre HEC, l’Ecole Centrale et l’Ecole Polytechnique avec les Universités du Chili et le PUC ; un nouveau dispositif d’un collège doctoral franco-chilien sera mis en place en 2006 avec la participation de six universités ; le programme « d’assistant d’espagnol » qui permet à 100 jeunes chiliens par an d’aller en France pour neuf mois avec un contrat de travail à mi-temps ; de nouveaux accords scientifiques avec le CNRS. Tout ceci portera ses fruits à l’avenir car ces jeunes reviendront au Chili marqués par le sceau de l’hexagone.

La communauté française résidant au Chili est très soudée et dynamique. Sensible aux besoins économiques du pays d’accueil, elle contribue de façon constante et bénévole, et ceci depuis 1920, à travers l’association « Dames françaises de la bienfaisance » que je préside actuellement. La première salle pour bébés prématurés du Chili fut fondée en 1954 grâce à la donation de quatorze couveuses françaises offertes par cette association, qui continue, à ce jour, à soutenir avec des médicaments et des appareillages sophistiqués la « Salle France » de l’Hôpital Dr. Luis Tisné Brousse. De même, à l’Hôpital Roberto del Rio une aide est fournie aux enfants leucémiques. L’« Escuela Francia », école publique chilienne, est parrainée depuis sa création en 1948 par notre association. Nous aidons aussi la 4ème Compagnie des pompiers, « Pompe France », fondée en 1864 ; au Chili, les pompiers sont volontaires et non rémunérés. Les enfants avec le SIDA, et un foyer d’enfants en danger, sont également aidés.

Le but de ce grand travail communautaire va bien au-delà d’une aide économique aux personnes démunies. L’objectif principal est de créer des liens d’amitié et de confiance entre le Chili et la France.            


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