La lettre diplomatique

Article – Chili
La Lettre Diplomatique N°71 – Troisième trimestre 2005

« un gigantesque marché de 1,5 milliard de consommateurs »

Entretien avec M. Juan Banderas, Directeur de ProChile en France.

 

La Lettre Diplomatique : Economie la plus stable d’Amérique latine, le Chili a confirmé en 2004 sa reprise économique, avec 6% de croissance environ. A quels facteurs ce nouveau dynamisme peut-il être attribué ?

 

Juan Banderas : Cela fait une quinzaine d’années que notre pays connaît une croissance économique très rapide, progressivement diversifiée, principalement due aux exportations, et qui a représenté une croissance du PIB de 108%. Concernant la croissance actuelle,

l’importance de la demande intérieure et les exportations sont les facteurs clés de ce nouveau dynamisme. De plus, je voudrais souligner qu’indépendamment de la croissance plus ou moins importante que le Chili peut connaître à un moment donné, il existe une constante qui nous a permis de croître ces dernières années et de doubler le PIB. Différents facteurs expliquent cette situation : nous sommes un pays très stable, d’un point de vue politique bien sûr mais également parce qu’il existe un consensus national relatif aux thèmes fondamentaux de politique économique. Il est évident qu’il y a des différences mais elles s’expriment par les canaux adéquats prévus par notre organisation démocratique représentative. Une discipline fiscale et monétaire, avec une banque centrale autonome et indépendante, garantissent la clarté et la stabilité des règles du jeu. Nous avons réussi à transformer notre petit marché de 15,5 millions d’habitants en un gigantesque marché de 1,5 milliard de consommateurs, ceci est un aspect fondamental de notre croissance. En effet, le Chili a aujourd’hui des accords de libre échange avec les Etats-Unis, la Corée, le Canada, le Mexique et l’Amérique centrale. De plus, nous sommes en train de négocier actuellement un accord avec la Chine, le pays le plus peuplé de la planète. Le traité le plus important, tant par sa nature que par son envergure et son contenu, est sans l’ombre d’un doute l’accord qui a été signé avec l’Union européenne : l’Accord d’association entre la Communauté européenne et ses Etats membres et la République du Chili, en vigueur depuis le 1er février 2003. Ce réseau d’accords internationaux a contribué au fait qu’aujourd’hui, plus de 6 600 entreprises exportent plus de 5 000 produits différents vers 171 marchés.

 

L.L.D. : Quels atouts votre pays peut-il offrir aux investisseurs français ?

 

J.B. : Les avantages offerts aux investisseurs étrangers au Chili sont nombreux et déjà bien connus, raison pour laquelle beaucoup de sociétés s’installent au Chili et s’y établissent pour opérer dans toute la région d’Amérique latine. C’est le cas, par exemple, d’Air France qui a créé au Chili un centre d’appels pour l’Amérique latine.

L’investisseur trouvera au Chili tout ce dont il a besoin, une stabilité politique et une clarté des règles du jeu. Il y trouvera également un marché ouvert et compétitif garantissant un environnement ad hoc pour la réalisation des activités d’affaires. Nous avons déjà mentionné le large réseau d’accords de commerce avec d’autres nations et blocs économiques qui place le Chili dans une position privilégiée en matière de commerce. Mieux encore, la réduction progressive des tarifs douaniers jusqu’à atteindre 6% en 2003 situe l’économie chilienne parmi les économies les plus ouvertes du monde. Aujourd’hui, au Chili, le droit de douane   effectif moyen n’atteint pas 2,3%.

L’investisseur trouvera aussi un capital humain d’excellence, le Chili est le pays latino-américain qui présente les plus grands progrès en matière de développement humain. Ce qui est reflété par des indicateurs élevés de santé, d’espérance de vie, d’éducation et de logement.

Enfin, l’investisseur trouvera des garanties solides pour ses investissements. Les investissements étrangers sont juridiquement protégés par le Statut de l’Investissement étranger (Décret loi Nº 600), qui établit des règles basées sur les principes de la neutralité et   la non-discrimination arbitraire et un régime égalitaire pour les investisseurs étrangers et nationaux. Cette protection est complétée par l’Accord de promotion et de protection des investissements conclu entre le Chili et la France en 1992 et en vigueur depuis 1994. De plus, le Chili et la France ont signé un traité l’an dernier, au mois de juin, pour éviter la double imposition.

Enfin un système de télécommunications parmi les plus modernes du monde, un secteur bancaire internationalement compétitif et efficace, un niveau de vie élevé,   un accès à Internet croissant ainsi qu’un environnement d’affaires transparent, surprendront l’investisseur étranger.

 

L.L.D. : Dans quels secteurs les échanges économiques et commerciaux franco-chiliens peuvent-ils être renforcés ? Comment le cadre des relations économiques entre les deux pays pourrait-il, selon vous, être amélioré ?

 

J.B. : Les relations entre le Chili et la France sont excellentes dans tous les secteurs. Dans le cadre commercial, il est important de mentionner que le flux de produits entre le Chili et la France s’est considérablement intensifié ces dernières années, constituant une relation solide et équilibrée.   En 2002, la France est devenue le premier partenaire commercial de notre pays en Europe. L’échange commercial global entre le Chili et la France se chiffrait à 1,3 milliard de dollars, les exportations chiliennes atteignant 640,2 millions de dollars et les exportations françaises 623,3 millions de dollars. En 2003, la tendance s’est maintenue, avec une augmentation de l’échange global de 5,99%, soit l’équivalent de 1,4 million de dollars. En 2004, l’échange entre le Chili et la France a atteint

1,8 milliard de dollars, ce qui représente une hausse de 34,7%. Une grande variété de produits et une croissance forte et soutenue des flux caractérisent notre relation commerciale avec la France. Les exportations du Chili vers la France ont connu une augmentation constante. Aujourd’hui, 535 entreprises au Chili exportent 605 produits vers la France, pour un montant total de 1,3 milliards de dollars.

D’autre part, il est intéressant de voir combien les échanges dans le secteur agro-alimentaire ont augmenté et se sont renforcés. La France est une puissance mondiale dans l’agro-alimentaire et le Chili émerge avec une grande force dans ce même secteur, montrant une évidente complémentarité. Le succès de l’aventure du vin doit s’étendre à d’autres produits. Actuellement, nous avons 18 vignes françaises qui offrent un excellent produit dans le monde.

Concernant la deuxième partie de votre question, il convient de signaler que le Chili et la France ont collaboré à la création des instruments juridiques, qui permettent la relation que nous avons aujourd’hui. Enfin, comme nous l’avons déjà vu, le Traité d’Association avec l’Union européenne, l’Accord de promotion et de protection des investissements ainsi que l’Accord sur la Double imposition, génèrent un espace idéal pour que les entrepreneurs des deux pays développent leurs affaires.  

 

L.L.D. : Quel bilan faites-vous des activités que vous avez menées en France en faveur de la promotion des échanges bilatéraux ?

 

J.B. : Le bilan ne peut pas être plus positif : de 2001 à aujourd’hui, les exportations françaises n’ont cessé d’augmenter, faisant de ce pays le partenaire principal du Chili dans l’Union européenne. Nous sommes ravis de ce bilan. Contribuer au renforcement des relations commerciales entre les deux pays a été pour moi un honneur. Actuellement, nous sommes en train de créer la Chambre franco-chilienne de commerce et d’industrie, conjointement avec des entrepreneurs chiliens et français.


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