La lettre diplomatique

Article – Chili
La Lettre Diplomatique N°71 – Troisième trimestre 2005

Altaïr : l’alliance du savoir-faire bordelais et du terroir chilien

C’est dans la vallée de Cachapoal, à 100 km au sud de Santiago de Chile, que Laurent Dassault a porté hors du terroir bordelais, l’aventure viticole commencée par la famille Dassault il y a cinquante ans. Comme de nombreux investisseurs étrangers, le gérant de Château Dassault Grand cru classé s’est laissé séduire par les qualités de ces vignes coincées entre la Cordillère des Andes et l’Océan Pacifique. Possédant toutes les aptitudes d’un grand cru, Altaïr est né de la rencontre en 2000 de l’homme d’affaires français avec Guillermo Luksic, Président de Quinenco, dont la filiale Vina de San Pedro est le second exportateur de vin du Chili. En juin 2001, les deux hommes concluent un accord comprenant la création d’un joint venture à parts égales, rebaptisé Vina Altaïr S.A. L’investissement initial s’élèverait à près de 7 milliards de dollars. Trois ans plus tard, au printemps 2004, le premier millésime d’Altaïr est inauguré à la bodega d’Altaïr.

Parfaitement fondue dans le paysage andin et dotée d’une technologie de pointe, la bodega domine le domaine de Vina Altaïr qui s’étend, dans la localité de Totihue, sur 155 hectares dont 70 issus de la propriété de Vina San Pedro. Le climat presque méditerranéen rend le terroir irrigué par la rivière Cachapoal particulièrement propice à la culture du merlot. Associés à ce cépage, le cabernet sauvignon dominant, le cabernet franc et le carmernère, cépage ferme et puissant oublié en France et typique du vin chilien, compose Altaïr, vin tanique et doux, apte à développer ses capacités dans le temps. Comme souvent au Chili où l’on fait   appel au savoir-faire viticole européen, Laurent Dassault et Guillermo Luksic ont eu recours à Pascal Chatonnet, œnologue de réputation internationale, diplômé de l’Institut d’œnologie et docteur ès Sciences de l’Université de Bordeaux II, propriétaire et exploitant des vignobles familiaux à Lalande Pomerol (La Sergue, Haut-Chatgneau et à Saint-Emilion).

Devenu le 5ème exportateur mondial de vin, le Chili a connu en l’espace de dix ans un essor spectaculaire de son secteur viticole. Ses exportations sont passées de 430 500 hectolitres en 1990 à plus de 3 millions en 2001. Grand producteur de vins de qualité, les terroirs chiliens possèdent des avantages comparatifs qui leur permettent de s’imposer aux Etats-Unis et en Europe, premiers marchés d’exportation viticole du Chili. Au-delà de sa tradition viticole centenaire, ses prédispositions géographiques qui en font un abri pour les vignes contre les parasites, mildiou et phylloxéra, le Chili offre des conditions commerciales favorables avec un coût foncier abordable et une main-d’œuvre peu onéreuse. Le secteur viticole illustre également la logique d’exportation du pays, 95% de la production nationale étant destinée à l’exportation. Il n’est dès lors pas étonnant qu’il ait attiré entre 1974 et 2000, plus de 114,1 millions de dollars d’investissements.        C.H.


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