La lettre diplomatique

Article – Espagne
La Lettre Diplomatique N°70 – Deuxième trimestre 2005

Un « premier lot » de 45 NH90 pour l’Espagne.

Par sa participation industrielle et sa contribution aux grands programmes d’armement européens, l’Espagne confirme régulièrement son engagement en faveur de l’Europe de la Défense. Après avoir signé fin 2003 un contrat d’achat de 24 hélicoptères de combat Tigre produit par Eurocopter pour un montant de 1,3 milliard d’euros,   le gouvernement espagnol vient récemment d’annoncer sa décision d’opter pour l’acquisition d’un « premier lot » de 45 hélicoptères NH90.

Estimée à 1 milliards d’euros, la commande fait partie d’un plan d’acquisition prévoyant une dépense globale de 2,5 milliards d’euros annoncée au mois de mai 2005 et principalement affecté à la construction où au remplacement de bâtiments de surface bénéficiant au secteur des chantiers navals espagnols.

La   maîtrise d’œuvre du NH90 est assurée par le consortium NHIndustries constitué des sociétés Eurocopter, Agusta-Westland et Stork Fokker.

Hélicoptère multi-rôle des plus modernes de sa génération, le NH90, un biturbine de la classe des 10 tonnes (10,600 kg) se décline en deux versions principales : transport tactique (TTH) et navale (NFH). Intégrant une avionique très complète misant sur une architecture de sécurité, il est équipé d’écrans multifonctions LCD (fournis par Thales) affichant les données de navigation, celle du système de missions et de maintenance. Le NH 90 est entièrement doté de commandes de vol électriques et dispose d’une structure faisant largement appel aux matériaux composites. Ces matériaux nouveaux diminuent son poids et affranchissent la structure des problèmes de corrosion.

Les performances générales sont nettement optimisées en terme de survivabilité et de cycles de vie. Sa vitesse de croisière maximale est de l’ordre de 291 km/h   – 157 kt, alors que son rayon d’action se situe autour de 890 km – 475 nm en fonction des conditions d’utilisation.

Pouvant emporter jusqu’à 2 pilotes et 21 hommes de troupes suivant la configuration, le NH90 est capable d’opérer dans le cadre de missions multiples (transport tactique de personnel et de matériel, opérations héliportées des forces spéciales, recherche et sauvetage SAR et C-SAR, évacuations sanitaires, guerre électronique, parachutage, entraînement et transport de VIP), auxquelles ses caractéristiques (présence d’une rampe d’accès à l’arrière et de deux larges portes coulissantes latérales pour la version TTH) apportent une grande souplesse d’utilisation. La version navale autorise de son côté toutes les missions dédiées en principe aux marines comprenant en particulier les opérations de lutte anti-sous-marines et associées ASW-ASUW, mais aussi de guerre anti-aérienne, pose de mines, SAR et C-SAR.

Son système de maintenance a été conçu de manière à obtenir la plus grande fiabilité avec les plus faibles coûts possibles.

L’un de ses atouts réside dans son aptitude à l’aérotransportabilité d’ailleurs compatible avec les dimensions de la soute du futur avion de transport tactique européen A400M, grâce notamment à la possibilité de repli de ses pâles et d’une partie de son empennage arrière.

Même si les autorités espagnoles n’ont pas encore officiellement fait savoir quelle version du NH90 serait retenue, une répartition des commande sur les deux types de versions actuellement disponibles serait des plus plausibles compte tenu des besoins exprimés par les différentes composantes des forces armées espagnoles concernées.

Comme pour le Tigre, l’exécution de la commande espagnole de NH90 devrait s’accompagner d’accords de compensations industrielles. Les NH90 espagnols seront vraisemblablement assemblés sur le site de la nouvelle usine d’une superficie de 60.000 m2 qu’Eurocopter a décidé d’implanter à Albacete, au Sud-Est de la capitale Madrid et qui devrait employer à terme, entre 600 et 900 personnes. C’est là que devraient également être réalisés les hélicoptères Tigre sélectionnés par l’Espagne dans sa version HAD (Appui-Destruction), mais aussi représenter la pièce maîtresse du dispositif d’Eurocopter en Espagne tant pour la production de pièces et l’assemblage d’hélicoptères destinés au marché domestique que pour l’exportation. C’est aussi une formidable occasion de former un nouveau pôle régional industriel aéronautique de tout premier plan en Espagne qui vient s’ajouter aux trois autres qui étaient concentrés jusque là sur Madrid, l’Andalousie où est installée l’usine de l’A400M à Séville et le Pays-Basque.  F.B.


Tous droits réservés ® La Lettre Diplomatique