L’Espagne, bientôt notre deuxième partenaire commercial ?
Par M. Nicolas Prego, Conseiller économique et commercial à la Mission économique française en Espagne
Selon les Douanes françaises, l’Espagne, qui était notre cinquième partenaire commercial (derrière l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et le Royaume-Uni) jusqu’en 1997, est devenue en 1998 le quatrième puis, depuis 2003, le troisième (derrière l’Alle-magne et l’Italie). Par ailleurs, l’évolution de la part de l’Espagne dans nos échanges au sein de la zone euro ces dix dernières années est significative par rapport à celle de ses concurrents. En effet, la part de l’Espagne augmente de trois points en dix ans alors que celle de l’Italie stagne et que celle de l’Allemagne régresse (moins deux points). Si cette tendance devait se poursuivre, l’Espagne pourrait atteindre la deuxième place dans quelques années, voire quelques mois. Pour sa part, la France reste le premier partenaire commercial de l’Espagne (devant l’Allemagne). Avec près de 8 milliards d’Euros d’excédent, la balance commerciale est largement favorable à la France. Par secteurs d’activités, c’est l’automobile qui détient la palme (près de 20 milliards d’Euros échangés en 2004 sur les 60 milliards d’euros au total) : sur chaque euro en provenance de France, 30 centimes concernent cette activité et, dans le sens inverse, ce sont près de 38 centimes !
Le renforcement de l’activité commerciale entre les deux pays est pour une grande part la conséquence des investissements croisés de nos entreprises. 1 500 entreprises françaises sont actuellement présentes en Espagne, plus de 200 entreprises espagnoles le sont en France. L’actualité récente (annonce d’une offre de rachat de GECINA par l’espagnol par METROVACESA, ou l’acquisition de PANZANI par EBRO PULEVA ou le fait qu’ENDESA soit le deuxième électricien en France) renforce la dynamique de l’investissement des entreprises espagnoles en France. Ceci devrait contribuer à augmenter les flux commerciaux entre les deux pays.
Quels sont les principaux conseils donnés par les Missions économiques aux entreprises françaises qui souhaitent travailler ou investir en Espagne ? D’abord de bien s’informer sur les opportunités réelles du marché espagnol. Pour cela, les Missions économiques peuvent fournir des analyses sectorielles, afin de valider les potentialités des produits sur différents acheteurs. D’autres organismes, comme les Chambres de Commerce peuvent également contribuer à cette analyse. Ensuite, de bien appréhender la localisation géographique de ses courants d’affaires. L’une des particularités de l’Espagne est, en effet, d’être une mosaïque de Communautés autonomes disposant de compétences étendues en terme de réglementation économique. Il convient donc de ne pas se contenter d’une approche nationale mais, en fonction du produit, d’expertiser l’adéquation avec la demande locale. Enfin, les Missions économiques conseillent, lors de la phase d’implantation, de s’entourer des conseils juridiques et opérationnels provenant de cabinets spécialisés. Leurs rôles seront multiples : de la validation d’un cadre juridique adéquat à la mise en conformité avec le droit espagnol pour les contrats des collaborateurs français, espagnols ou étrangers, en passant par les diverses démarches administratives.
Dans le souci constant de faciliter le développement des relations commerciales avec l’Espagne, les missions économiques (à Madrid et Barcelone, antenne économique à Bilbao) se sont adaptées aux particularités du pays et fonctionnent sous une structure matricielle : en plus de spécialistes sectoriels, nous disposons d’équipes connaissant parfaitement chacune des communautés autonomes en Espagne.