La lettre diplomatique

Article – Emirats arabes unis
La Lettre Diplomatique N°69 – Premier trimestre 2005

Les nouvelles cultures aux Emirats arabes unis

Par M. Fouad Boumansour

 

Aregard des nombreux travaux qui portent sur le patrimoine littéraire et artistique des Emirats arabes unis, force est de constater la référence à deux périodes historiques distinctes, marquées par des transformations que l’on s’efforcera d’analyser en s’appuyant sur les travaux du sociologue émirien Abdul Khalek Abdallah. La première, couvrant la période allant de la création de l’Etat en 1971 jusqu’en 1997, est caractérisée par des mutations quantitatives sur le plan des structures étatiques et du tissu institutionnel socio-économique. Sur un plan qualitatif, elle se définit par l’ouverture aux flux culturels contemporains. Il s’agit d’une phase fondatrice d’une nouvelle société, d’une nouvelle économie et d’une nouvelle citoyenneté, qui assimile le legs du passé en élaborant le champ d’une nouvelle culture. Pour Abdul Khalek Abdallah, ces mutations qui ont fondé la première modernité, tranchent avec toutes les formes culturelles qui ont existé avant la naissance de l’Etat fédéral. Cette modernité, souligne-t-il, a changé la société émirienne dans toutes ses composantes. Elle l’a poussée vers davantage d’ouverture, de perméabilité et d’assimilation des données du siècle et de ses innovations…

La deuxième période historique, ou la deuxième ère de la modernité, prend naissance à partir de 1997. Elle est émaillée par autant de chances, d’opportunités que de défis. Si elle est l’émanation naturelle et organique des premiers changements, elle n’en est pas moins porteuse de ses propres spécificités. Le climat socio-économique est devenu plus mature pour assimiler les modes de pensée de l’aventure intellectuelle vécue par l’élite émirienne.

 

Une ère nouvelle

Mais on voit déjà percer une ère nouvelle, à travers le romancier Ali Abou Rich quand il dit qu’il est animé par « la volonté de l’impossible » et affirme que la littérature est un leurre ; la nouvelliste Asma Al-Zaarouni, auteur des « Rivages vides » et « Le corps en partance », dans sa quête solitaire, voit dans la mort « le plus grand espoir des hommes, le seul espoir des hommes » ; quand Ibrahim Moubarak considère dans sa nouvelle «   Oum Saquim » que « l’appétit d’écrire enveloppe un refus de vivre » et dans un hymne saccadé et cruel, voudrait finalement empêcher le désespoir d’être désespérant ; quand Shaikha Al-Nakhi, à travers cette autobiographie mythique qu’elle poursuit dans « Les vents du Nord », pourchasse les phénomènes du langage qui obsèdent l’homme de son enfance à l’âge adulte ; quand, enfin, Najat Hassan Makki remonte, dans ses toiles, la pente de ses rêves et des déceptions nées des utopies, peut-être que, par une sorte de retour aux sources et une recherche angoissée de leur vraie postérité, tous ces mouvements effervescents de la littérature et des arts émiriens renouent avec les meilleures traditions de la culture moderne. Parce qu’il en est ainsi, il n’est pas aisé de débrouiller les pistes enchevêtrées de ces autobiographies, confessions et autocritiques en tous genres, qui, sous leur forme symbolique, se présentent comme des chroniques, des témoignages exhaustifs de l’aventure contemporaine.

Que leurs œuvres se présentent sous la forme de drames, de fantaisies savantes ou de contes fantastiques, que leur imagination s’abandonne aux ivresses de la liberté créatrice ou qu’elle cherche à accomplir les recherches modernes du mouvement romanesque, ces écrivains ont engendré une littérature de prospection en profondeur, souvent « valorielle ». On ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que leur décor favori, comme une étincelle dans la gerbe des lueurs où se consument toutes les joies et toutes les douleurs, soit surtout le champ social avec ses us et ses coutumes.

 

Evolution harmonieuse

La pièce de théâtre présentée au 58ème festival d’Avignon (18-21 juillet 2004), intitulée « Ahmed, la fille de Suleiman », inspirée du roman « L’enfant de Sable », de Tahar Ben Jalloun et adaptée et mise en scène par Naji Al-Hay, répercute et amplifie cette problématique socio-humaine.

C’est l’histoire d’un homme qui, désespéré de n’avoir que des filles, décide à la septième naissance de l’appeler Ahmed et de la faire passer pour un garçon. Il va imposer à sa famille « la loi la plus inhumaine qui soit et à cette fille un destin cruel ». Elle sera élevée avec les garçons, selon la tradition des mâles, rasée tous les jours pour faire pousser la barbe, ignorante de sa condition féminine : elle ne comprendra rien à ses changements physiologiques, sera même marié(e) à une jeune fille anormale, jusqu’au jour où…

Ce fut un grand événement aux Emirats, largement couvert par la presse locale. En fait, le Ministre de l’Information et de la Culture, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane ne lésine pas sur les moyens pour donner au théâtre émirien sa propre identité, promouvoir son œuvre et encourager metteurs en scène et acteurs. Ainsi, les Emirats comptent 17 troupes de théâtre réparties dans la fédération. Les femmes occupent une place à part entière dans les troupes nationales. Les thèmes récurrents qu’ils abordent, sont la mondialisation, l’imitation du monde occidental, les problèmes sociaux, le conflit entre tradition et modernité. Cette thématique traitée sur la scène, souvent avec brio et professionnalisme, atteste de l’ouverture culturelle des Emirats. De même que cette histoire de fille, qu’un père fait passer pour un fils « est de l’histoire ancienne », la société émirienne évolue d’une façon harmonieuse, faisant la subtile synthèse entre tradition et modernité, d’où   son originalité .

 

Aventure de l’écriture

Que se passe-t-il ? s’interrogent certains lecteurs. La vague de nouveaux romanciers émiriens leur répondront à peu près ceci : parallèlement, aux découvertes de la Science, l’homme s’aperçoit qu’il ne domine ni la vie, ni le monde, comme l’avait laissée croire une conception rationaliste un peu simpliste. Ses illusions sur l’objectivité s’envolent. Tout ce qu’il peut exprimer, c’est sa vision fragmentaire d’une certaine réalité à un moment donné. Et encore ne peut-il être sûr de sa mémoire. Dans ce contexte, l’éminent poète émirien Mohamed Ahmed Al-Souweidi répond par une formule qu’affectionne Jean Ricardou : la fiction n’est plus l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture. L’aménage-ment de l’espace romanesque devient alors « l’organisation scripturale » d’un texte auquel ses « générateurs » donnent sa dynamique propre. L’œuvre narrative récuse donc toute représentation par l’écriture d’une quelconque réalité extérieure ou psychologique. Le texte ne renvoie qu’à lui-même : la seule action est celle des mots les uns sur les autres, les personnages sont parfois des personnes grammaticales sans référence stable, le seul espace et le seul temps sont ceux de l’écriture…, conclut-il.

 

Capital symbolique

Pour mieux cerner l’aire des « nouvelles cultures » aux Emirats, il est impératif d’y intégrer tout un ensemble de vecteurs, telles les émissions télévisées, les codes vestimentaires, les modes musicales, l’admiration des vedettes appartenant au monde sportif, culturel ou même architectural et environnemental.

Ces pratiques s’imposent avec d’autant plus de force qu’elles sont associées, dans bien des cas, à des représentations déclinées selon sous toutes les formes qu’offre la technique contemporaine, et qu’elles envahissent, au sens concret du terme, l’espace des sociétés arabes. En même temps, ces représentations ont acquis une telle valeur symbolique, elles sont désormais investies d’une telle charge affective, d’une telle force de rêves, que leur possession est perçue comme une nécessité, comme une sorte de luxe néanmoins vital. Aujourd’hui, dans le monde culturel émirien comme ailleurs, tout particulièrement pour les couches les plus jeunes de la population qui appartiennent le plus à cette « nouvelle culture » à qui elle est majoritairement destinée, la constitution d’une certaine image de soi passe désormais par l’appropriation de ces objets. « Pratiques populaires », « art moyen », « culture des mass médias » ? Chacune de ces expressions suscite en elle-même nombre de questions. On peut aussi s’interroger sur la pertinence de catégories, élaborées avant tout par rapport à la situation des sociétés européennes. Retrouve-t-on, partout et toujours, les mêmes jeux de « distinction » à travers la valeur sociale d’un capital symbolique ? L’existence de processus de cohésion sociale et de réification de la production artistique ne doit pas masquer la réalité de pratiques spécifiques et d’actualisation propres à la situation de chacune de ces sociétés. Car l’observation des formes culturelles contemporaines permet de conserver le postulat d’un monde caractérisé par ses pratiques créatives et innovantes, véritable socle d’une recherche culturelle pluridimensionnelle.

 

Urbanité et ruralité

Même s’il ne suffit pas à en donner une véritable définition, le rappel des différentes caractéristiques de ces « nouvelles cultures » peuvent aider à en préciser les contours. En premier lieu, il s’agit d’un phénomène urbain. Particulièrement manifestes dans les grandes concentrations urbaines, ces nouvelles formes culturelles sont en général associées aux modes de vie citadins. En ce sens, les espaces ruraux eux-mêmes peuvent y être associés, parfois de façon extrêmement étroite, pour peu qu’on y constate l’existence d’une nouvelle « ruralité », c’est-à-dire de formes d’existence où, notamment sur le plan économique et culturel, on constate des échanges de plus en plus denses avec les zones urbaines, plus ouvertes à la modernité.

Simultanément, le développement des systèmes éducatifs semble jouer un rôle essentiel, au moins en tant que moyen de diffusion de ces « nouvelles cultures ». Sans doute les Emirats ont réalisé un niveau optimal d’alphabétisation et intégré les technologies de la communication à leur champ social. Néanmoins, on ne saurait pour autant sous-estimer les effets d’une plus grande généralisation de l’enseignement, d’autant plus qu’elle s’effectue parallèlement à une phase de croissance démographique. La « nouvelle culture » ne pourrait connaître un tel développement, et elle ne prendrait certainement pas les formes qu’on lui connaît aujourd’hui, sans l’existence de masses de population importantes bénéficiant d’un bagage culturel minimal, d’un accès, au moins partiel, aux systèmes de communication, à l’information, à certaines formes de savoir…

En outre, il semble possible d’affirmer, sans forcer l’analyse, que les repères « traditionnels », tant sociaux qu’intellectuels, sont désormais concurrencés par des références associées à d’autres modèles qui trouvent leur incarnation dans des types sociaux jouissant d’une plus grande autonomie.

Enfin, l’apparition de ces nouveaux types sociaux est célébrée tout autant que portée par le développement des médias et des industries culturelles qui provoquent une consommation toujours plus grande des objets et des signes culturels. Les logiques « emboîtées » des producteurs internationaux, des acteurs locaux de premier plan et enfin des consommateurs ont pour résultat d’aboutir à une accélération des échanges culturels.

 

Modernité traditionnelle, tradition moderne

Sans conteste, les « nouvelles cultures » sont le produit de ces échanges qui prennent le plus souvent la forme d’une mode plus ou moins passagère. Ainsi, la tentation toujours présente de faire des généralisations relève d’un réductionnisme qui peut resurgir, sous une forme plus discrète, à travers l’utilisation du couple tradition/modernité. Or, on ne saurait se limiter à une grille de lecture aussi pauvre et l’on ne compte pas les exemples de « traditions » parfaitement modernes ou encore de « modernités » parfaitement traditionnelles. En effet, les formes culturelles ne constituent pas un univers fermé dont on pourrait dresser l’inventaire. L’objet, la pratique ou encore le signe culturels signifient moins par ce qu’ils sont eux-mêmes, représentent, ou valent, que par rapport à un ensemble d’échanges, de mises en forme et d’appropriations.

Parmi les nombreuses questions que soulève une telle conception, le lieu d’origine et, par voie de conséquence, l’orientation des échanges culturels sont d’une importance considérable. Ainsi, l’adoption d’un bien culturel importé et l’intégration dans le folklore d’un objet traditionnel introduit dans des systèmes de consommation dominants, relèvent bien de démarches parallèles mais non équivalentes. Et il y aurait beaucoup à apprendre sans doute d’une lecture croisée de ces échanges qui portent la symbolique du lieu et ses dimensions esthétiques, tels la mer, la mouette, la palmier dattier, l’hiver et l’au-delà.

 

Acteurs institutionnels

En fait, c’est dans les années quatre-vingt que le mouvement culturel contemporain aux Emirats a pris son essor. Durant cette période sont apparues la plupart des institutions culturelles spécialisées, qui se sont substituées progressivement aux multiples comités culturels créés dans le cadre des clubs sportifs et d’autres forums. Ainsi, les activités artistiques, intellectuelles et littéraires ont-elles pu s’épanouir et s’enrichir au fil des années.

Il est d’ailleurs opportun de rappeler que l’identité culturelle des Emirats est un riche mélange d’éléments traditionnels arabes, islamiques et contemporains. Après la création de l’Etat et avec l’ouverture accrue de l’enseignement, des centres culturels privés et publics, ainsi que des bibliothèques, des centres de recherches, des musées et des institutions du patrimoine ont été aménagés dans l’ensemble du pays, favorisant ainsi une sensibilisation culturelle et la préservation du patrimoine culturel des Emirats.

Cette préservation est précisément une des priorités du gouvernement à l’heure actuelle. L’un des rôles majeurs du Ministère de l’Information et de la Culture consiste à promouvoir les activités culturelles dans le pays et à leur apporter son soutien. Le ministère gère ainsi onze bibliothèques municipales sur l’ensemble des sept Emirats. A celles-ci viennent s’ajouter trente groupes culturels – qui donnent des spectacles de danse, des représentations théâtrales, des concerts – et qui organisent des expositions et des manifestations aux Emirats ou à l’extérieur du pays.

Le département de la Culture du ministère joue également un rôle important en publiant des ouvrages consacrés au patrimoine, à la culture, à l’art et au théâtre, en organisant des conférences, des séminaires et d’autres activités culturelles, et en participant à des salons internationaux

du livre. Quant au département des Expositions, il prend part à des manifestations mondiales qui lui offrent la possibilité de présenter, à un public international, le riche patrimoine culturel émirien.

 

Le maillage culturel

Les principales institutions culturelles des Emirats sont : la Fondation culturelle d’Abu Dhabi, le Forum culturel et scientifique de Dubaï, le département de la Culture   et de l’Information de Sharjah, l’Orga-nisation culturelle de Fujairah, le Centre de recherche et de documentation de Ras Al-Khaimeh, et le centre Jumaa Al-Majid.

La Bibliothèque nationale renferme une grande collection des livres, connue sous le nom de

« Bibliothèque du Golfe et de la péninsule Arabique », une importante collection de manuscrits et une base de données en ligne. Sa section « Publications » a récemment déployé une grande activité et édité un vaste choix d’ouvrages sur la science, l’art, le patrimoine et divers sujets historiques. Un autre service se consacre à la production de disques compacts, de cassettes audio et vidéo, et propose une sélection d’émissions et de publications destinées à l’enseignement. A Dubaï, le Forum culturel et scientifique organise tout un éventail d’activités culturelles, dont la remise, chaque année, du Prix Rashed récompensant les jeunes diplômés émiriens qui se sont distingués dans diverses matières.

Sharjah compte un grand nombre d’institutions culturelles. Parmi les plus connues, figure le département de la Culture et de l’Information, qui organise chaque année, en novembre, le Salon du livre. Il programme également tous les ans des festivals culturels et techniques pour les enfants, ainsi que la Biennale des arts de Sharjah, manifestation internationale qui attire des artistes du monde entier. Parmi les autres événements culturels, il faut citer le Prix de Sharjah pour la créativité arabe.

A Fujairah, c’est l’Organisation culturelle qui joue un rôle déterminant, en préparant des conférences et des séminaires. Le centre de Recherche et de Documentation de Ras al-Khaimah est une autre institution dont le but est de présenter au monde la véritable image du Golfe et son histoire.

Les remises annuelles de prix tels que le Prix Sultan Al-Owais et le Prix Cheikha Latifa bint Mohamed ben Rashed jouent un rôle significatif pour la promotion des activités culturelles. La création du Prix Zayed pour le patrimoine et l’Histoire est une initiative plus récente, visant à préserver le patrimoine du pays. Ce prix récompense les travaux de recherche exceptionnels effectués par des individus ou des organismes dans ces deux domaines. Il est particulièrement important pour la valorisation du patrimoine local et islamique.

 

La Fondation culturelle

Au milieu de cette multitude de lieux où se fait et se propage la culture, la Fondation culturelle d’Abu Dhabi occupe une place à part. Elle en est le centre nerveux ou bien l’épicentre. Elle n’est pas seulement un lieu pour la promotion du savoir, de la culture et des arts. C’est aussi et surtout un phare civilisateur, intellectuel et patrimonial qui, depuis sa création, a pris à sa charge d’assurer un bagage culturel aux citoyens des Emirats et à ceux qui résident dans le pays, et à leur transmettre les expériences et les connaissances humaines accumulées dans les différents pays du monde. Cette mission s’effectue à travers les livres, les publications, les congrès, les conférences, les projections cinématographiques, les représentations théâtrales, les expositions et les ateliers de travail et d’apprentissage aux arts, au dessin, à l’artisanat patrimonial ancien et à la mode.

Dans ce contexte, l’exposition internationale du livre à Abu Dhabi, qu’organise le centre depuis plusieurs années, constitue l’une des plus importantes manifestations culturelles de la région. De plus, le centre joue un rôle prépondérant dans la relance du patrimoine national, qui consiste à faire connaître les us et coutumes ainsi que les jeux anciens, à travers des expositions photographiques illustrant le passé des Emirats et Abu Dhabi. Ce faisant, le centre écrit l’histoire de la civilisation d’un peuple et d’une patrie. Pour toutes ces raisons, cette Fondation est devenue une attraction essentielle pour tous ceux qui visitent Abu Dhabi et les Emirats. Il est d’ailleurs inscrit dans les programmes touristiques des agences de voyages locales et étrangères comme l’un des principaux sites à visiter dans le pays.

Mohamed Ahmed Al-Soueidi, Secrétaire général de la Fondation, rappelle que la création de cette institution a été inspirée par le fondateur de l’Etat, Son Altesse feu Cheikh Zayed ben Sultan Al-Nahyane, qui a, très tôt, pris conscience de l’importance de la pro-pagation de la culture dans l’édification de l’homme et de l’avenir dans les Emirats.

 

Passerelle et tremplin

La Fondation culturelle d’Abu Dhabi s’est assigné pour objectif majeur d’attirer des manifestations culturelles du monde entier. Elle a déjà couvert des activités multiformes sur les cinq continents et confirmé son souci de montrer des cultures aussi diverses que variées. La culture française a occupé une place de choix dans son agenda, durant les deux dernières décennies, à travers des expositions, des films, des pièces de théâtre, des concerts ainsi que des conférences.

Sa philosophie est que la culture doit œuvrer à rapprocher les peuples, promouvoir l’amitié et la paix, dépasser les stéréotypes véhiculés par la mémoire collective sans aucun discernement.

Si la Fondation accepte le phénomène de la globalisation, elle insiste, néanmoins, sur la préservation des identités et des spécificités socioculturelles.

 

Le rôle prééminent de Shrajah

Mais le paysage culturel émirien reste incomplet si on l’amputait de sa principale composante qui est l’Emirat de Sharjah et les efforts soutenus qu’il déploie pour faire rayonner la culture aux Emirats et dans toute la région.

Les recommandations de Son Altesse Cheikh Dr. Sultan Ben Mohamed Al-Qassimi, véritable promoteur des valeurs intellectuelles et culturelles sont les suivantes : « la diversification des activités artistiques dans l’Etat contribue à consolider son rôle dans la Culture arabe et à approfondir les liens entre les artistes du monde entier, en tenant compte de l’évolution du monde contemporain marquée par l’importance de la communication et de l’ouverture de la Culture à tous. L’art a un impact international en raison de son caractère intrinsèque : toute création artistique transcende l’artiste pour s’adresser à l’humanité à travers la mémoire et le patrimoine ancestral », a-t-il souligné.

 

1 – Abdul Khalek Abdallah, Le mouvement culturel aux Emirats, Editions de la Fondation culturelle, Abu Dhabi, 2000, p. 156-157.

2 – Voir le « Message des Emirats », n°5, p.102-103.


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