La lettre diplomatique

Article – Ethiopie
La Lettre Diplomatique N°82 – Deuxième trimestre 2008

Relations franco-éthiopiennes : la contribution de la diplomatie parlementaire

Par M. Joël Bourdin, Sénateur de l’Eure, Vice-Président de la commission des Finances, Président délégué pour l’Ethiopie du Groupe d’amitié France-Pays de la Corne de l’Afrique du Sénat

L’Ethiopie a toujours été chère au cœur de la plupart des Français même si, en fait, nos compatriotes la connaissent assez mal. Je suis frappé de ce décalage, lié à divers facteurs : l’éloignement géographique, le quasi monopole de l’anglais dans les relations avec les étrangers, sans compter notre tropisme spontanément plus tourné vers Madagascar ou les pays d’Afrique de l’Ouest, avec lesquels nous partageons un passé colonial. Mais à mon sens, nous gagnerions à mieux connaître l’Ethiopie car ce pays, outre son exceptionnel attrait touristique, occupe une position-clé dans la Corne de l’Afrique.
Le groupe sénatorial d’amitié France-Pays de la Corne de l’Afrique m’a confié sa présidence déléguée pour l’Ethiopie il y a plusieurs années, et je m’emploie, avec Louis Duvernois, Sénateur et Président de ce groupe, à animer nos relations parlementaires bilatérales.
Comme bien souvent dans la diplomatie parlementaire, la connaissance et l’estime mutuelles entre nos assemblées repose d’abord sur un réseau de relations et des contacts personnels. C’est pour les entretenir que chaque fois qu’il en a l’occasion, notre groupe accueille au Sénat les personnalités éthiopiennes de passage à Paris. Ces rencontres amicales et informelles prolongent celles que nous avons périodiquement avec l’ambassadeur et permettent un dialogue plus libre que par les canaux diplomatiques traditionnels, évidemment plus tributaires des options globales de notre politique étrangère.
Le Sénat français est très attentif à la question du bicamérisme, dont il est un ardent promoteur auprès des Etats du Sud ou des nouvelles démocraties d’Europe centrale et orientale. Nous considérons, en effet, qu’une seconde chambre est un précieux facteur d’équilibre institutionnel – surtout dans des démocraties récentes   favorisant de surcroît une meilleure prise en compte des intérêts locaux. C’est essentiel dans des Etats fédéraux qui, comme l’Ethiopie, doivent composer entre les priorités nationales et les légitimes aspirations de populations présentant de grandes différences culturelles, ethniques, linguistiques ou religieuses.
Nous nous félicitons que l’Ethiopie ait opté pour le modèle bicaméral. Une délégation de notre groupe d’amitié s’y est d’ailleurs rendue en mai 2004, notamment pour y rencontrer nos homologues du Conseil de la Fédération, avec lesquels nous avons pu évoquer plusieurs perspectives de coopération interparlementaire.
Dans le droit fil de ce premier contact, le Président Christian Poncelet a décidé l’envoi en Ethiopie, en janvier 2008, d’une mission de coopération juridique axée, notamment, sur la formation de cadres éthiopiens à la rédaction des dispositions normatives : un thème très technique, certes, mais qui, comme ailleurs, participe à la consolidation de l’Etat de droit.
Comme tous les sénateurs, je suis également convaincu des fortes potentialités de la coopération décentralisée, pour peu qu’elle s’axe sur des projets concrets et s’assigne des objectifs n’excédant pas les moyens normaux qu’une collectivité territoriale peut mobiliser. Lors du déplacement en Ethiopie, nous avons ainsi visité la ville de Debre Berhan et constaté les excellents résultats de la coopération décentralisée entre cette ville et la commune française du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Toutes ces avancées sont modestes, mais fondées sur un partage d’expérience, elles vont dans un sens positif. Dans son domaine de compétences, le Sénat français est fier d’y apporter sa contribution.


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