Un nouveau millénaire placé sous le signe de la Renaissance éthiopienne
Par M. Girma Wolde Giorgis, Président de la République démocratique fédérale d’Ethiopie
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’opportunité qui m’est offerte de m’exprimer dans ces colonnes et, plus particulièrement, en cette année de célébration du Millénium éthiopien, placée à bien égards sous le signe de la renaissance et du renouveau de l’Ethiopie.
Au cours de ces dix-sept dernières années, de grands pas ont été franchis. Nous avons instauré la République démocratique fédérale de l’Ethiopie au sein de laquelle les droits et la souveraineté de tous les peuples et nationalités qui la composent sont protégés par la loi. Un gouvernement fédéral a été mis en place par les urnes. Des gouvernements sont également élus dans chaque Etat régional. En sommes, nous avons transformé le paysage économique, social et politique de la nation la plus ancienne et la plus diversifiée sur le plan culturel de la Corne de l’Afrique.
Durant ces cinq dernières années, nous avons obtenu quelques succès très significatifs qui se traduisent par un taux de croissance annuel moyen de plus de 10%. Parmi les pays africains non producteurs de pétrole, l’Ethiopie est celui qui génère le taux de croissance le plus élevé. Nous pouvons ainsi envisager de rejoindre les rangs de la communauté des nations à revenu moyen, dans les deux à trois décennies à venir.
Nous avons également réalisé de grandes avancées dans le domaine de l’éducation. Quatre-vingt-dix pour cent de nos enfants sont désormais inscrits à l’école primaire. Notre pays compte plus de vingt instituts d’Etat d’études de haut niveau et des centaines d’universités, incluant des établissements privés, accueillant plus de cent mille étudiants dans les cycles de formation supérieure. Aussi, l’éducation n’est plus un privilège mais un droit pour tous les citoyens. Nous disposons en outre de plus de quinze mille centres de santé, ouvrant l’accès aux soins médicaux à des millions d’Ethiopiens. De même, nous avons accompli d’importants progrès dans la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies contagieuses.
Il convient également de souligner les réussites que nous avons enregistré dans les domaines du développement des infrastructures et de l’extension des réseaux d’électrification et de télécommunications du pays. Et tous ces efforts ont été entrepris parallèlement à l’instauration d’institutions démocratiques faisant prévaloir les règles du droit.
Je dois ajouter que nous n’ignorons pas que nous devons beaucoup à nos amis et partenaires. Nous espérons qu’ils pourront continuer à jouer un rôle semblable à l’avenir en faveur du développement de notre pays.
Nous sortons d’un long cycle de difficultés et de pauvreté. C’est pourquoi, en cette année « 2000 » du nouveau millénium éthiopien, nous nous sommes résolument engagés à garantir la Renaissance de l’Ethiopie, à favoriser son renouveau. C’est pourquoi nous avons déclaré la guerre contre la pauvreté et nous avons également pris l’engagement de transformer notre image. Nous voulons en effet que notre pays cesse d’être associé avec la famine, comme c’est le cas de longue date, et que soit substituée à cette image celle du développement et du progrès économique. Au-delà, la Renaissance de l’Ethiopie et l’esprit du nouveau Millénium se traduisent par l’attachement à l’unité nationale, la détermination pour accélérer le développement économique et la protection des intérêts nationaux et de la sécurité du pays.
L’Ethiopie représente le pilier de la paix dans la Corne de l’Afrique. Nous nous sommes consacrés à la paix et à la sécurité de la région comme nous l’avons démontré en Somalie. Il y a dix-huit mois, les forces éthiopiennes sont en effet entrées en Somalie sur la demande du gouvernement somalien, pour soutenir ses efforts en faveur du maintien de la stabilité et de la réconciliation. Des réussites majeures ont ainsi été réalisées dans le combat contre le terrorisme dans ce pays, encourageant le processus de réconciliation. Certes, les défis demeurent bien réels, mais en dépit de tous les efforts déployés par les ennemis de la paix dans notre région, les perspectives d’une paix durable en Somalie sont désormais meilleures qu’elles ne l’ont jamais été.
Nous avons des raisons d’être satisfaits de ce que nous avons accompli. Mais nous nous rendons compte que nous devons faire plus. Nous devons travailler davantage pour développer notre économie, approfondir le processus de démocratisation en vue d’accroître notre unité, et mobiliser toutes nos ressources et notre savoir-faire afin de favoriser la création d’investissements et les transferts de technologie. Nous devons nous mobiliser et rassembler nos forces, avec détermination, pour transformer notre société et poursuivre les efforts, qui commencent d’ailleurs à porter leurs fruits, en faveur de la croissance et de l’essor de notre pays.
L’esprit de la Renaissance éthiopienne nous apporte ainsi le dynamisme et la vitalité nécessaires pour lancer le nouveau Millénium éthiopien avec un enthousiasme et une vigueur renouvelés. Notre politique étrangère, et en particulier notre diplomatie économique, prend son orientation et son impulsion dans ce même esprit de la Renaissance et du Millénium. Nous sommes également résolus à rester engagés pour apporter notre contribution pleine et entière à la paix et à l’entente mutuelle entre les peuples et les nations, et plus particulièrement dans notre propre sous-région.
A la veille du nouveau millénaire, le Premier ministre Mélès Zenawi a invité tous les Ethiopiens à apporter leur concours pour que « la réalité actuelle de l’Ethiopie ne soit qu’une parenthèse dans notre longue et glorieuse histoire », une étape pour la réalisation de la Renaissance du pays. Nous savons que tous les Ethiopiens resteront ensemble, unis, pour réaliser cette grande ambition que représente la transformation de l’Ethiopie dans ce nouveau millénaire. Nous transformerons en effet l’Ethiopie en un pays à revenu moyen et en une nation démocratique, symbole durable de l’accomplissement d’une Renaissance éthiopienne à l’égard de laquelle tous ses peuples peuvent ressentir la plus grande fierté.
Nous sommes également conscients que la paix est essentielle dans la Corne de l’Afrique pour amener nos partenaires à investir davantage en Ethiopie, créant ainsi les emplois nécessaires à la jeunesse montante qui représente déjà, en elle-même, une grande richesse de notre pays.
En ce sens, investir en Ethiopie constitue donc un atout pour le pays en lui-même, mais participe aussi à la préservation de la stabilité et à l’éradication de la pauvreté en Afrique en général et dans notre pays en particulier.