Les opportunités du marché péruvien pour les entreprises françaises
Par M. Paul Bernard, Président du Conseil de chefs d’entreprise France-Pérou de MEDEF International
Plusieurs raisons militent pour souligner la qualité des relations entretenues entre les milieux d’affaires français et péruviens. L’histoire récente a été marquée par l'initiative de MEDEF international qui, dès le début des années 90, et avec l'encouragement des autorités françaises, a mis fin à une trop longue période d'affaiblissement des contacts afin de concrétiser l’amitié entre nos deux pays. À ce sujet, Péruviens et Français ont souvent plaisir à évoquer la visite officielle du général de Gaulle au Pérou, au cours de laquelle le président français a rappelé le souvenir de l’aide exceptionnelle que le Pérou avait tenu à offrir au chef de la France libre, dans un moment d'épreuve.
Depuis près de vingt ans, le Conseil de chefs d’entreprises France-Pérou de MEDEF International œuvre à créer un cadre favorisant les échanges et contacts entre chefs d’entreprises français et décideurs publics et privés péruviens. De nombreuses rencontres avec les chefs d’Etat, les ministres à caractère économique du pays, les acteurs privés ont été organisées au MEDEF à Paris, ainsi que quatre délégations de chefs d’entreprise français au Pérou. La dernière en date s’est déroulée en mars 2007 et a été l’occasion de rencontres fructueuses avec les principales autorités en charge du développement économique du pays mais également avec les Gouverneurs des régions administratives péruviennes qui ont fait valoir d’importantes opportunités d’affaires à l’intention des entreprises françaises. A cette occasion également, le MEDEF et la CONFIEP, présidée par M. Jaime Cáceres, ont signé un accord renouvelant et renforçant notre coopération, en présence de M. Alan García, Président de la République du Pérou, afin de travailler plus encore à l’approfondissement des relations économiques entre nos deux pays.
Une croissance solide et soutenue
Le Pérou est le pays latino-américain qui aura connu la meilleure croissance cumulée ces sept dernières années. En 2008, la croissance du pays s’est poursuivie à un rythme soutenu (7,2 %) et est de nature à améliorer l’attractivité du territoire péruvien aux investissements étrangers. Cette croissance aura notamment été portée par le dynamisme des exportations péruviennes (qui ont plus que triplé entre 2002 et 2007 passant de 7,7 milliards de dollars à 24,7 milliards de dollars), la demande interne, l’investissement et la consommation du secteur privé, et devrait se poursuivre en 2008.
Les fondamentaux macro-économiques sont bons (excédent courant, déficit budgétaire limité et dette publique soutenable), la gestion du pays est rigoureuse, l’économie et la monnaie sont stables, avec en toile de fond la poursuite du développement dynamique des exportations. L’environnement des affaires est reconnu de bonne qualité par les entreprises françaises. Un sentiment conforté par la décision de l’agence de notation du risque de crédit Fitch Ratings d’attribuer le grade « investment grade » au Pérou. Une excellente nouvelle pour ce pays, le Mexique et le Chili (rejoints récemment par le Brésil) étant jusqu’à présent les seuls pays en Amérique latine à disposer d’une telle notation.
Les priorités du gouvernement actuel correspondent à quatre axes majeurs : austérité budgétaire, réduction des coûts de fonctionnement de l’Etat, décentralisation et simplification administrative. Son ambition est d’amener le Pérou à rejoindre les pays leaders de la région d’ici à dix ans, en référence claire au pays modèle qu’est le Chili. Le gouvernement fait preuve d’une capacité de gestion sérieuse, d’efficacité et de rigueur. Même si la question sociale reste un enjeu de taille pour ce pays dont 48% de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté.
Un pays qui se projette dans l’avenir
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Garcia a voulu marquer son intention d’impulser un véritable « choc d’investissements » dans le pays en accordant la priorité à des secteurs jugés stratégiques (santé, éducation, etc) dont deux secteurs particulièrement :
– le secteur de l’eau-assainissement avec le programme « Agua para todos » (76% de la population a accès à l’eau et 50% aux structures d’assainissement). Les besoins d’investissements sont estimés à 4 milliards de dollars. Le Pérou souhaite travailler avec la France dans ce domaine, en développant notamment les régimes de concessions.
– le secteur de l’agro-industrie d’exportation avec le programme « Sierra Exportadora » dont le but est notamment d’améliorer les débouchés des exportations agricoles péruviennes.
Plusieurs projets ont été relancés depuis deux ans notamment dans les infrastructures en concession (transports urbains, train électrique de Lima, les routes, les ports, les aéroports régionaux). En effet, les infrastructures de communication, dont la qualité progresse, et les infrastructures sont assez développées sur la côte mais elles n’intègrent pas assez l’intérieur du pays.
Le secteur minier est en pleine expansion. Le Pérou est leader dans l’exportation de plusieurs minerais (2ème producteur mondial d’argent, 3ème producteur mondial de zinc, de cuivre et d’étain, 4ème producteur mondial de plomb et de molybdène et 6ème producteur mondial d’or) et produits agricoles (comme les asperges…) et voudrait attirer des entreprises françaises du secteur, au sens large : services, technologies, équipements destinés à l’industrie minière. Les secteurs de la chimie et de la sidérurgie (respectivement 3% et 2% des exportations péruviennes) gagnent en dynamisme. Enfin, le secteur péruvien des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) se développe et devrait pouvoir devenir exportateur d’ici 2010 (exploitation du gaz de Camisea 2, transformation en GNL pour l'exportation).
Une concurrence croissante
Les échanges commerciaux entre nos deux pays, même s’ils demeurent limités, progressent mais avec un déséquilibre qui se creuse : les exportations françaises stagnent voire diminuent alors que les importations françaises (produits de la pêche, produits chimiques, véhicules, biens d’équipements, électronique professionnel) augmentent. Un peu plus d’une trentaine de filiales françaises sont implantées au Pérou, notamment : Devanlay Lacoste (premier exportateur de textile péruvien), le groupe Suez (trois filiales), Groupe Adrien (pêche), Accor, Sodexho, entre autres… Mais la France n’est que le 16ème investisseur étranger dans le pays. Parmi les investissements marquants récents il est possible de noter ceux de Thomson Grass Valley qui a signé en mars 2007 un contrat avec l’IRTP (4 millions d’euros) pour équiper la régie de diffusion de Canal 9 (télévision publique péruvienne) et celui d’Accor qui a investi près de 25 millions de dollars en 2007 et ouvrira un nouvel hôtel en novembre 2008 à Lima.
La concurrence est rude dans ce pays qui attire de plus en plus les investisseurs étrangers. En quête d’un partenaire stratégique pour appuyer ses plans de croissance sur les prochaines années, le gouvernement péruvien se tourne vers la Chine avec comme priorité affichée d’aboutir à un accord de libre-échange avec ce pays, seconde destination des exportations péruviennes derrière les Etats-Unis. Il semble que, las du manque d’avancée dans les négociations en vue d’un accord entre l’Union européenne et les pays andins, les autorités péruviennes se tournent vers l’Asie pour répondre à leur soif de croissance.
Le Pérou devrait également bénéficier à plein de l’effet « Sommet de Lima » qui a attiré en mai dernier, en plus des chefs d’Etats des deux régions, plus de 200 représentants d’entreprises latino-américaines et européennes (dont une vingtaine d’entreprises françaises) et devrait générer selon ProInversion près d’un milliard de dollars d’investissements étrangers dans des secteurs où les entreprises françaises ont une expertise et une expérience à faire valoir comme le transport, l’énergie, l’environnement, l’eau, entre autres.