La lettre diplomatique

Article – Costa Rica
La Lettre Diplomatique N°81 – Premier trimestre 2008

Vers des liens renforcés entre le Costa Rica et l’Union européenne

Par S.E.M. Roberto Echandi, Chef de la Mission du Costa Rica auprès de l’Union européenne, Négociateur en chef du Costa Rica pour l’Accord d’Association avec l’UE

Les pays d’Amérique centrale et de l’Union européenne ont tissé des liens historiques forts qui reposent sur le respect mutuel et sur la promotion d’objectifs communs. Dans les années 1980, l’Union européenne a, par exemple, été un allié de poids de notre région dans le processus de paix en Amérique centrale. Nous partageons avec l’UE de nombreuses valeurs portant sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, l’économie de marché, la répartition équitable des bénéfices de la mondialisation et les conséquences de la généralisation des nouvelles technologies. Dans ce contexte, la Mission du Costa Rica à Bruxelles a donc pour vocation première d’assurer le maintien de cette relation avec l’UE et d’aider à sa consolidation.
En 2006, lors du IVème Sommet Amérique latine et Caraïbes/UE qui s’est tenu à Vienne, les chefs d’Etat et de gouvernement d’Amérique centrale et de l’UE ont décidé d’entamer les négociations portant sur un accord d’association. Cette décision marque, aussi bien pour le Costa Rica que pour ses voisins, le début d’une nouvelle étape dans nos relations avec l’UE, dans laquelle on assiste à l’ouverture de perspectives qui permettent de prévoir un renouvellement substantiel de la relation entre les deux régions.
En effet, l’accord d’association permettra de définir des engagements mutuels autour de trois domaines complémentaires : le dialogue politique, la coopération et la création d’une zone de libre-échange entre l’UE et les pays d’Amérique centrale. Le processus de négociation en tant que tel a commencé en octobre 2007 et s’est poursuivi avec succès à Bruxelles en février dernier. Le troisième cycle des négociations se tiendra au Salvador à la mi-avril 2008, et les deux parties aspirent à conclure le processus au premier semestre 2009.
La composante de dialogue politique de cet accord d’association vise à créer des mécanismes institutionnalisés pour promouvoir, au sein de différentes instances, une discussion et un échange d’informations entre l’UE et l’Amérique centrale autour de questions bilatérales et régionales d’intérêt commun, ce qui pourra favoriser l’adoption de positions conjointes sur des sujets de portée internationale. A travers ces mécanismes, on cherche à promouvoir nos valeurs communes, comme celles du respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme, de la protection de l’environnement et du renforcement de l’Etat de droit.
En ce qui concerne la coopération, on cherche à aller au-delà de l’aide financière consacrée actuellement par l’UE à notre région – qui, par ailleurs, est déjà définie pour la période 2007-2013 et vise à la promotion de la cohésion sociale et l’intégration régionale -, et à l’orienter vers l’identification de mécanismes concrets à travers lesquels les deux régions pourront atteindre les objectifs identifiés sur les composantes de dialogue politique et commerciale de l’Accord. Il convient ici de rappeler que l’UE est déjà une des principales sources de coopération de l’Amérique centrale.
Finalement, sur le plan commercial, l’accord d’association impliquera la mise en place d’une zone de libre-échange. L’Amérique centrale a depuis longtemps des liens économiques étroits avec l’Europe et elle est bénéficiaire du système de préférences généralisées de l’Union européenne (SPG), qui permet à beaucoup de produits centraméricains d’entrer sur le marché européen sans payer des droits de douane ou avec des tarifs préférentiels. Malgré cela, une quantité non négligeable de biens pour lesquels l’Amérique centrale dispose d’un avantage compétitif demeurent exclus de cette initiative, ce qui a, depuis plusieurs années, poussé les pays de la région à chercher un approfondissement de la relation commerciale à travers la signature d’un accord de libre-échange.
C’est ainsi que très naturellement, notre mission à Bruxelles est en première ligne de ce processus, et dans le cas particulier du Costa Rica, sa visibilité et sa pertinence sont d’autant plus accentuées que j’assume également en tant que Chef de la Mission, les fonctions de Négociateur en chef. Au cours du processus de négociations sur l’accord d’association avec l’UE, la Mission est appelée à remplir un rôle d’accompagnement et de soutien des différentes équipes de négociation nationales, outre sa fonction traditionnelle de facilitateur de contacts avec nos interlocuteurs européens.

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