Main d’œuvre qualifiée et haute technologie
Par S.E.Mme Roxana Pinto Lopes, Ambassadeur du Costa Rica en France
L’existence d’une main d’œuvre aussi qualifiée au Costa Rica a une très longue histoire. Tout commence en 1870 avec l’instauration de l’enseignement primaire gratuit et obligatoire. La suppression de l’armée en 1948 a permis d’affecter les ressources consacrées au budget militaire à l’éducation et à la santé : Le pays présente les meilleurs indices de développement humain en Amérique centrale, une position privilégiée qui est reflété par des indicateurs élevés de santé, une espérance de vie de 78,3 ans (la plus longue d’Amérique latine), et un niveau d’alphabétisation de 95%. Le pourcentage des Costariciens qui utilisent internet est de 35%.
Aujourd’hui, il y a quatre universités publiques : l’Université du Costa Rica (fondée en 1940), l’Université nationale (1973), l’Université d’Etat par correspondance (1977) et une quarantaine d’autres universités privées, la plupart d’entre elles bénéficiant d’une reconnaissance internationale. Elles délivrent des diplômes de maîtrise et doctorat dans des disciplines très variées.
L’Institut technologique du Costa Rica (1971), compte à présent l’un des départements les plus modernes de sciences informatiques et de génie logiciel, et entretient des liens très féconds avec l'industrie locale. En 1997, s’inaugure au Costa Rica le Centre national de Haute technologie (CeNAT). En 2000, d’autres centres de formation d’excellence en informatique, comme par exemple, Cenfotec ont ouvert leurs portes.
Le pays compte également d’importants centres d’études et de recherches tels que L’Ecole d´Agronomie de la région tropicale humide (ou EARTH), le Centre d'étude et de recherche pour le développement de l’Agronomie tropical (CATIE), l’Institut de la biodiversité (INBio), où l’on étudie la flore et la faune; l’Institut Clodomiro Picado (1976) spécialisé dans la connaissance des serpents et dans la production d’antipoison, ou encore le Conseil national pour la Recherche scientifique et Technologique (CONICIT), créé en 1972.
Il y a 30 ans, les autorités costariciennes ont inauguré un programme de décentralisation et d’expansion de son système d’enseignement supérieur. Elles ont construit des centres régionaux axés sur la formation agricole et technique, et mis en œuvre des mesures visant à développer un niveau élevé d’instruction en informatique et en langue anglaise et française des lycéens et des diplômés d’université. Le français, en tant que langue étrangère, est d’ailleurs présent dans les écoles publiques (le Costa Rica étant le seul pays où le français reste obligatoire au cours des trois premières années de l’enseignement secondaire), au Lycée franco-costaricien, dans les universités publiques, et au sein des deux Alliances françaises de San José qui fonctionnent en collaboration avec l’Ambassade de France et son Centre régional de Coopération culturelle en Amérique centrale (CCCAC), basé au Costa Rica.
En 1983, la Fondation costaricienne Omar Dengo a lancé un programme visant à promouvoir l’enseignement de l’informatique et les capacités de raisonnement dans les écoles élémentaires. Ce programme a permis d’installer des ordinateurs et de dispenser des cours d'informatique dans plus de la moitié des écoles primaires et dans presque tous les lycées.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, internet, le satellite, la télévision par câble et le téléphone portable, assurent des connections immédiates et permanentes avec le monde entier, ainsi que des généreux avantages fiscaux. Elles sont également un atout pour la compétitivité et l’efficacité du secteur bancaire international, ainsi que pour la transparence de l’environnement des affaires.
Il ne faut donc pas s’étonner si des entreprises de haute technologie comme Intel continue a faire des centaines de millions de dollars d’investissements au Costa Rica. Soixante ingénieurs costariciens ont collaboré à la construction à Intel-Costa Rica en 2007, du chip appelé « Penryn » : le plus rapide et le plus efficient du monde.
«Le Costa Rica est champion des hautes technologies. Le pays exporte plus de software per capita que n’importe quel autre pays d’Amérique latine et est devenu une plate-forme de centres d’appels et d’externalisation des services administratifs»1. En effet, au Costa Rica le secteur des technologies prend une telle ampleur au niveau international qu’elles pourraient prochainement représenter 35% des exportations du pays. Les exportations de software sont majoritairement destinées aux Etats Unis, au Méxique, à l’Europe et à l’Asie.
L’ancien astronaute de la NASA et scientifique costaricien Franklin Chang a fondé au Costa Rica une filiale de son entreprise Ad Astra Rocket avec le soutien de la NASA. Ils vont construire un nouveau type de propulseur spatial plasma avec l’aide des ingénieurs costariciens.
L’entreprise aéronautique nord-américaine Agilis Group s’est implantée au Costa Rica investissant 1,5 millions de dollars et embauchant 16 ingénieurs costariciens. Cette filiale au Costa Rica étudie les moteurs aérodynamiques et en dessine de nouveaux modèles qui sont ensuite produits aux Etats-Unis pour des clients comme Siemens, Rolls Royce, Caterpillar, etc. Le pays accueille les bureaux régionaux de nombreuses compagnies qui figurent dans le classement de Fortune 1000 comme Motorola, Pfizer, Roche; 3M, Kimberly Clark, Cisco, Microsoft, Oracle, entre autres.
Base idéale pour la production de hautes technologies, de hardware et de software, le Costa Rica attire également un nombre croissant d’entreprises de services informatiques qui utilisent le pays comme plateforme off-shore. Le Rapport de sous-traitance (GOR) de 2005, place le Costa Rica comme le troisième pays au monde (après la Chine et l’Inde) ayant le plus de potentiel en matière d’industrie de sous-traitance (outsourcing). Les recherches menées conjointement par Going Global Ventures et Horasis ont pris en compte les critères suivants : coût, risque et opportunités de marché.
Ces programmes éducatifs, scientifiques et sociaux ont, au fil des ans, magnifiquement porté leurs fruits pour offrir aux entreprises des salariés capables de s’adapter tout au long de sa carrière à l’évolution permanente des organisations et des méthodes de travail, ainsi que de faire preuve de créativité.
Un article publié dans Courrier International2 souligne que « lorsque le fabricant d’instruments chirurgicaux MedTech, au New Jersey, a cherché un pays à bas coûts pour y construire une usine, les géants indien et chinois semblaient s’imposer. Mais il s’est finalement décidé pour le Costa Rica, où des entreprises spécialisées dans les sciences médicales, comme Baxter International, Hospira, Abott Labs, Weststar Medical, Medex et Boston Scientific, l’avaient déjà précédé. Quand le président de MedTech a besoin d’appeler quelqu’un sur le site costaricien, il sait qu’il n’y a qu’une heure de décalage horaire, et au lieu de perdre près d’une journée de voyage pour se rendre en Asie, il peut gagner San José, la capitale du Costa Rica, en quatre heures et demie de vol directe. »
1&2 – Courrier Internacional n°806 du 13 au 19 avril 2006.
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