La lettre diplomatique

Article – Pologne
La Lettre Diplomatique N°81 – Premier trimestre 2008

Des perspectives optimistes pour l’approfondis-sement des échanges polono-français

Par M. Andrzej Szteliga, Ministre-Conseiller, Chef du Service de la Promotion du Commerce et des Investissements de l’Ambassade de Pologne en France

Les relations franco-polonaises se caractérisent depuis toujours par une bonne compréhension mutuelle et des liens d’amitié. La France est un partenaire très important pour la Pologne dans le domaine de la coopération politique, économique, culturelle et scientifique. A plusieurs reprises, notre pays a bénéficié de l’expérience française dans le domaine de la démocratie et des droits de l’homme, du libre marché, des structures de l’administration centrale et des collectivités territoriales. Pour toutes ces raisons, les relations économiques entre la Pologne et la France présentent donc un niveau très satisfaisant de développement. En effet, au cours des changements socio-politiques et économiques qui se sont déroulés en Pologne depuis la fin des années 1980, les échanges commerciaux entre nos deux pays ont été multipliés par six. La France est restée pendant plusieurs années le premier investisseur étranger en Pologne. Actuellement, au regard des grandes opérations financières réalisées dans notre pays, la France se situe au 3ème rang des investisseurs étrangers derrière les Pays-Bas et l’Allemagne, avec 12% de parts de marché. Sur le plan des échanges commerciaux, la situation est similaire, la France étant le 3ème fournisseur et le 5ème client de la Pologne, participant à hauteur de 6% au total de notre commerce extérieur. De son côté, la Pologne demeure son partenaire le plus important en Europe centrale et orientale (en dehors de la Russie) : elle se classe au 10ème rang de ses clients et au 15ème de ses fournisseurs. Ces résultats s’adossent en outre à une coopération économique bilatérale qui se développe aussi entre les différentes organisations économiques, universités et régions.
Grâce à l’essor des échanges commerciaux polono-français, ainsi qu’aux grands flux d’investissements français dans notre pays liés à l’importation d’équipements, on peut observer une certaine réaction vertueuse qui voit l’offre d’exportation polonaise s’enrichir surtout de produits de haute qualité et augmenter en terme de volume. Nous avons en effet réduit le solde négatif de notre balance commerciale et équilibré nos échanges.
Ces performances découlent également des quatre libertés mises en place par l’Espace économique européen qui sont d’une grande importance parce qu’elles facilitent les échanges de marchandises, le transfert de capitaux et la prestation de services (la libre circulation des personnes étant la 4ème liberté). En 2007, les échanges commerciaux ont dépassé la barre de 12 milliards d’euros. Les exportations polonaises en France s’élèvent à 6,1 milliards d’euros, sensiblement au même niveau que les importations françaises provenant de Pologne. Ces échanges connaissent un accroissement moyen de 10 à 15% par an. De son côté, la Pologne a enrichi sa gamme de marchandises industrielles de haute technologie destinées l’exportation (machines-outils mécaniques, moyens de transport, produits électriques). Celles-ci représentent actuellement la moitié de la valeur des exportations, à laquelle s’ajoute ses produits agro-alimentaires (écologiques) et ses produits de la filière du bois (meubles, maisons et menuiserie). Si nos exportations de textiles et de charbon sont actuellement moins demandées nos produits métallurgiques et chimiques affichent, en revanche, un niveau d’exportation plutôt stable.
Pour ce qui est des exportations françaises en Pologne, elles sont dominées par une offre riche de produits électromécaniques (pour l’industrie automobile, électrique et électronique) et chimiques (produits pharmaceutiques et para-chimiques, chimie organique, matériaux plastiques, produits de beauté). Ces deux groupes représentent les trois quarts de la valeur des ventes françaises sur le marché polonais. Les autres branches, comme la métallurgie, le textile, l’agro-alimentaire n’occupent pas une part aussi importante.
L’adhésion de la Pologne à l’Union européenne en 2004 a en partie permis aux Polonais de séjourner et de travailler en France (en prenant en considération les restrictions imposées durant les périodes transitoires). Le développement du secteur de services – résultant de la libéralisation partielle du marché de l’emploi en France dans 150 professions entre mai 2006 et janvier 2008 – concerne surtout la construction, les travaux publics, la mécanique et l’industrie manufacturière, mais aussi l’agriculture et l’hôtellerie (avec la gastronomie et l’alimentation). Il est à noter qu’on observe un accroissement de la demande en personnel médical (infirmières, médecins de différentes spécialisations). La situation devrait certainement changer dès que le marché français s’ouvrira pleinement aux Polonais et aux entreprises polonaises (on espère en 2009).
Les investissements français en Pologne ont surtout été réalisés dans trois secteurs d’activités : les télécommunications (notamment depuis l’acquisition en 2002 de la majorité du capital de Telekomunikacja Polska S.A. par France Télécom), dans l’industrie (les nouvelles technologies de production, l’énergie…) et dans la distribution commerciale (hyper et supermarchés comme Auchan, Carrefour, Casino, etc). Malgré la présence de filiales d’importantes banques françaises en Pologne, le manque d’investissements dans le secteur bancaire est significatif (hormis la présence du Crédit Agricole et du groupe d’assurance Axa qui développe se plus en plus son activité sur le marché polonais). Au total, la valeur du capital cumulé investi par les entreprises françaises dans notre pays est estimée entre 13 et 14 milliards d’euros à la fin de 2007.
La valeur du capital polonais en France ne joue pas encore un rôle primordial. Selon les données de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et certains experts de la banque BNP-Paribas, la valeur des investissements polonais en France s’élève entre 450 et 500 000 euros, et affiche une tendance à la hausse.
Sur le marché français, les sociétés polonaises doivent faire face à des problèmes majeurs comme la nécessité d’obtenir des certificats de conformité pour certains produits ou concernant leur qualité et/ou leur sécurité (ce bien que les entreprises polonaises aient rempli les exigences de l’UE). De plus, de graves problèmes découlent également des délais de paiement imposés par certains importateurs français de produits polonais qui retardent l’échéance, parfois même jusqu’à 120 jours, ce qui bouleverse la fluidité financière des entreprises polonaises. De leur côté, les entreprises françaises présentes sur le marché polonais, se plaignent des procédures administratives trop longues et des difficultés qu’elles rencontrent dans le cadre de la réalisation de contrats avec le secteur public. Il est également vrai que les négociations des contrats entre partenaires français et polonais sont trop longues. Un autre point important réside dans la reconnaissance réciproque des compétences professionnelles et l’équivalence des diplômes.
Les prévisions concernant le développement des relations économiques franco-polonaises sont assez optimistes. La dernière rencontre du Président de la République polonais Lech Kaczyński avec le Président français Nicolas Sarkozy qui a eu lieu à Paris le 8 octobre 2007 – suivie par la visite du Premier ministre du Gouvernement polonais Donald Tusk le 12 décembre 2007 -, a stimulé la volonté de renforcer la coopération bilatérale ainsi que le rapprochement des idées dans le cadre du forum de l’Union européenne. Outre les discours tenus à ces différentes occasions sur les grands sujets économiques, l’accent doit être mis sur les questions énergétiques, agricoles et de défense. De plus, les intérêts communs concernent également la protection de l’environnement, les infrastructures de transport et l’innovation dans l’économie. Par ailleurs, le bon climat actuel des relations franco-polonaises devrait certainement faciliter le développement des échanges commerciaux, la hausse des investissements et l’approfondissement de la coopération scientifique et technologique.

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