La lettre diplomatique

Article – Corée du sud
La Lettre Diplomatique N°61 – Premier trimestre 2003

La Corée du Sud : une économie solide qui attire la France

Depuis la sortie de la crise asiatique de 1997-1998 et l’adoption d’une stratégie favorable aux investissements étrangers, la présence de la France en Corée du Sud, qui figure au 6ème rang des pays investisseurs, s’est renforcée malgré le contexte économique difficile de l’année 2001. Le Groupe Renault, en reprenant les principaux actifs du constructeur automobile Samsung Motors. Inc, a ainsi supplanté depuis septembre 2000 Carrefour comme première entreprise française en Corée du Sud en termes d’investissements notifiés. Avec ses 3,009 milliards de dollars d'IDE réalisés fin 2001, les quelque 159 implantations d’entreprises françaises, concentrées pour l’essentiel dans l’industrie manufacturière et dans les services, employaient plus de 26 600 salariés (dont 400 expatriés) et réalisaient alors un chiffre d’affaires cumulé qui dépassait 8 milliards d’euros. La part du stock d’IDE (Investissements directs étrangers) français devrait en outre être confortée par la création en décembre 2002 d’une joint-venture dans le secteur de la pétrochimie entre TotalFinaElf, à travers sa branche chimique Atofina, et Samsung General Chemicals (environ 750 millions de dollars d'investissements français).
Les investissements français ont bénéficié du Foreign Investement Promotion Act adopté en 1998, qui a fait passer la Corée du Sud d’un régime d’autorisation à un régime de promotion des investissements dont la KOTRA (Korea Trade-Investment Promtion Agency) à la charge depuis 1996. Cette mesure a pour objectif la simplification de la procédure d’investissement, une plus grande transparence, de nouvelles incitations fiscales et la création des Foreign Investment Zones (FIZ) sur le modèle des zones franches. Ces mesures ont fait du cadre juridique sud-coréen, un cadre similaire à ceux qui sont en vigueur dans les pays de l’OCDE. L’Union européenne restant la principale détentrice d’IDE en Corée du Sud devant les Etats-Unis et le Japon, ainsi que le deuxième marché le plus important à l’exportation pour la Corée du Sud, il convient également de souligner que l’attraction des investisseurs européens a été favorisée par le rôle actif de la Chambre de Commerce de l’Union européenne en Corée du Sud.
A ce cadre favorable aux IDE s’ajoute la solidité de l’économie sud-coréenne dont le dynamisme, n’a pas été démenti par sa réaction face à la crise financière qui a laminé les pays asiatiques. Affectée par cette crise, la Corée du Sud a néanmoins choisi de s’adapter aux nouvelles réalités du commerce international. L’ancien Président Kim Dae-jung a en effet réussi à introduire les réformes structurelles nécessaires dans le secteur industriel et le système financier, que le nouvel hôte de la Maison Bleue le Président Roh Moo-hyun, investi le 25 février 2003, s’est engagé à poursuivre.
Preuve de son assainissement, l’économie coréenne a résisté ces deux dernières années, au ralentissement de l’économie mondiale, caractérisé par la baisse générale de la demande et le retournement du cycle de l’électronique. Tombé à 3% en 2001, le taux de croissance de la Corée du Sud a nettement progressé pour atteindre 6,3% au troisième trimestre 2002. Les moteurs de cette croissance sont d’une part, la consommation des ménages, favorisée par la baisse du chômage (3% en 2002) et par la baisse des taux d’intérêts sur les crédits et les dépôts, et d’autre part, le relèvement des exportations. Celles-ci tendent même à se substituer à la consommation interne en perte de vitesse, si bien qu’au début de l’année 2002, la balance commerciale (en volume) a contribué à la croissance pour 39,6%, alors qu’elle était négative en 2001. En revanche la conjoncture économique a surtout touché l’investissement des entreprises nationales ou étrangères, dont la fragile hausse en 2002 ne s’est pas vérifiée au début de l’année 2003. Si le secteur le plus touché est celui de la construction (-3,8% au troisième trimestre 2002, alors qu’il constituait 56% des investissements totaux en 2001), les investissements en machines et équipements sont à nouveau en hausse en 2002. Pour ce qui est des IDE, alors que ceux-ci avaient atteint 10 milliards de dollars en 1999 et 2000, ils ont chuté à 2 milliards de dollars en 2001. Si la part des investissements français dans les IDE en Corée du Sud a suivi la tendance générale à la baisse en passant de 5,9% en 1997 à 3,9% en 2001, la volonté française de consolider sa présence s’illustre notamment avec les perspectives de l’inauguration du TGV Séoul-Busan en 2004. C’est en ce sens que M. François Loos, Ministre délégué au Commerce extérieur en déplacement à Séoul, a convenu en novembre 2002 avec M. Shin Kyuk-ho, le Président de Lotte, l’un des plus importants conglomérats sud-coréens, que des opérations de promotion des produits français seraient organisées dans les points de vente du groupe et tout le long du parcours. Le MEDEF International doit, dans cette perspective, organiser dès l’été 2003 un déplacement d’entreprises françaises pour prospecter le marché coréen.
Passé en l’espace d’une génération d’une des nations les plus pauvres au statut de grande puissance industrielle grâce à une industrialisation essentiellement tournée vers l’exportation malgré son isolement continental, la Corée du Sud est donc devenue une source importante d’attraction pour les investissements français. Nourrissant l’ambition de devenir une plate-forme industrielle et financière au cœur de l’Asie du Nord-Est, elle doit néanmoins faire face au contexte difficile que dessinent aujourd’hui une conjoncture économique internationale et le raidissement de la politique nord-coréenne. C.H.

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