Les performances soutenues de l’économie britannique
Jadis la première du monde, du fait de son rôle pionnier dans la révolution industrielle, l'économie britannique, après avoir rétrogradée dans la ligue des puissances s'est ressaisie du fait des réformes introduites par Margaret Thatcher au cours de la décennie 1980.
Jusqu’à la crise économique de 1929, la Grande-Bretagne détenait encore le premier rang parmi les exportateurs de biens manufacturés avec 23, 8% du total mondial contre 21,7% pour les Etats-Unis, 15,5% l'Allemagne, 11,6% la France et 4,1% le Japon. En 1950, sortie victorieuse d'une guerre où elle tint les premiers rôles aux côtés des Etats-Unis, elle maintenait ses positions relatives avec 25,5% du marché mondial des exportations industrielles contre 27,3% aux Etats-Unis, 9,9% à la France mais seulement 7,3% l'Allemagne et 3,4% pour le Japon. Le décrochage s'opérera à compter de 1960 : 16,5 % contre 21,6% aux Etats-Unis, 19,3% l'Allemagne, 9,9% le Japon et 9,6% pour la France. Cette descente semble désormais stoppée puisque la Grande-Bretagne a su maintenir ses parts de marché, au moins jusqu'en 1990, avec 8,6% (9,1% en 1979) contre 16% aux Etats-Unis, 20,2% pour l'Allemagne (20,9% en 1979), 15,9% pour le Japon (13,7% en 1979) et 9,7% pour la France (10,5% en 1979). Ainsi, malgré la forte montée en puissance du Japon, des tigres asiatiques, puis surtout de la Chine et de l'Inde, la Grande-Bretagne n'apparaît pas comme un pays désindustrialisé, comme une certaine perception commune le laisserait entendre. Le secteur industriel représente encore 27,4% du PIB contre 71,6% aux services et 1% à l'agriculture. C'est que le pays a su réaliser sa mutation en passant des industries traditionnelles que furent durant des décades le textile, la métallurgie et la construction navale au profit des secteurs à plus haute valeur ajoutée, comme ceux des automobiles haut de gamme (Rolls Royce, Bentley, Jaguar…), des industries pharmaceutiques (2ème rang mondial) ou l'électronique (5ème rang mondial). Ce dernier secteur qui emploie plus de 550 000 personnes, est fortement ouvert à l'international et se caractérise par une importante sous-traitance et un transfert de certaines activités en Asie du sud-est ou en Europe de l'est. Pourtant du fait de la hausse de la livre, la compétitivité des produits britanniques a régressé entraînant une chute de la production manufacturière de 4% en 2002, la plus forte baisse depuis 1991. La production industrielle a aussi baissé de 3,5%. Les faillites d'entreprise ont augmenté de 15%. Dans l'ensemble, le secteur a perdu 340 000 emplois depuis 2000. Dans le même temps, le secteur des hydrocarbures, qui occupe 300 000 personnes, grand pourvoyeur de devises et de revenus, commençait à marquer des signes de faiblesse. Le pays possède 5 milliards de barils de réserves (moins de 0,5% du total mondial), la plupart situés en mer du Nord. En 2002, la production a baissé. Aussi le gouvernement et les compagnies se sont fixés pour objectif pour 2010 de maintenir la production autour des 3 millions de barils jour, ce qui nécessiterait d'investir 4,8 milliards de dollars, de créer 100 000 emplois et de réserver 1,6 milliards de dollars de revenus supplémentaires aux entreprises du secteur.
Au total, malgré ces quelques difficultés ponctuelles, l'économie britannique grâce à un secteur financier performant, des industries culturelles dynamiques, une recherche d'envergure, est parvenue à maintenir un taux de croissance soutenu, performance assez rare en Europe et qui mérite d'être soulignée : 2,6% en 1996, 3,5% en 1997, 1,9% en 1998, 2,1% en 1999, 3% en 2000, 2,1% en 2001, et 2,1% en 2002. Mais c'est surtout en matière d'emplois qu'elle est parvenue à des résultats fort enviables, établissant un record européen. Le taux de chômage, 6,2% en 1997/98 s'est établi à 5% en 2002 et 2003 selon les taux standardisés par l'office européen de statistique (Eurostat) ce qui représente une situation de quasi plein emploi. Quant à l'inflation, celle-ci a été contenue depuis 1996 sous la barre des 2,5% : 2,3% en 1999, 1,9% en 2000, 2% en 2001, et 2,5% en 2002.
Certains analystes imputent ces performances à une faible pression fiscale (36% du PIB contre 47% pour la France), un secteur public qui n'emploie que 16,9 % de la population active contre 21,6% en France, un bon classement en matière de niveau de corruption (11ème rang mondial selon Transparency international contre 23ème pour la France, bien que le Royaume-Uni dépense avec 5,2% du PIB moins que la France (6,2%) en matière d'éducation. Pierre Beaumont