La Chine sous toutes ses facettes
Mise à l’honneur par le rayonnement écarlate de la Tour Eiffel, la Chine s’est installée depuis quelques mois déjà dans l’esprit et le cœur des Français. Servant d’écrin à la célébration du quarantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, l’“Année de la Chine en France“ dévoile en effet depuis le 6 octobre 2003, les trésors de la culture chinoise à un public français fasciné par cette civilisation millénaire.
Celle-ci ne constitue d’ailleurs que le premier volet d’une longue série d’échanges entre le peuple français et le peuple chinois, puisque la Chine se fera l’hôte de la culture française dès octobre 2004 jusqu’en juillet 2005. Au-delà du nouvel élan qu’elles insufflent au partenariat global noué depuis 1998 par les deux pays, ces années culturelles croisées constituent un véritable pont entre les extrémités du continent eurasien, voué à la célébration de la diversité culturelle. Si les relations politiques n’ont cessé de se étoffer depuis la reconnaissance de la République populaire de Chine par le général de Gaulle en 1964, l’approche de la culture chinoise est restée quelque peu limitée à des clichés réducteurs ou tout au moins réservée à quelques sinophiles aguerris. L’“Année de la Chine“ vise de ce point de vue à battre en brèche de trop simplistes images d’Epinal, mais aussi à nourrir le partenariat sino-français de ce qui peut le rendre plus concret et plus visible aux yeux des peuples des deux pays : la connaissance de l’Autre.
Jamais événement de telle ampleur n’avait réuni aussi étroitement ces deux cultures lointaines depuis les premiers contacts offerts par la route de la soie et les voyages vers l’Empire Céleste des missionnaires jésuites, dont on doit retenir l’exhaustive encyclopédie du Père Jean-Baptiste du Halde (1735). Jamais auparavant, la Chine ne s’était livrée de manière aussi entière, et c’est en France qu’elle a donc choisi d’exposer ses plus beaux joyaux. Des cités du Sichuan, récemment ressuscitées de l’Age de bronze telles Sanxingdui et Jinsha qui révèlent un brassage d’influences diverses et encore mystérieuses, au parcours du légendaire Confucius et au règne de l’Empereur Kang Xi (1654-1722), souverain tolérant et ouvert aux apports extérieurs, le souffle de la “Chine éternelle“ a investi la Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris, le Musée Guimet et le Château de Versailles. Sans oublier l’empreinte mystique laissée par le symbolisme des “montagnes sacrées“ et des “grands fleuves“, véritables objets de culte ou tout au moins tenants de la quête spirituelle chinoise, que le Grand Palais nous invite prochainement à découvrir.
Plus encore, la Chine livre les gestes quotidiens de son peuple tant des villes que des campagnes, la variété de ses mœurs, de ses modes vestimentaires, de son logement, de ses loisirs, bref de sa vie au jour le jour telle qu’elle a été présentée au Palais de la Porte Dorée à Paris. Telle, aussi, que le Grimaldi Forum de Monaco, en avril et mai prochains, nous en donnera un aperçu, à travers le parcours de François Dautresme (1925-2002), formidable découvreur de la Chine rurale du XXème siècle. Culture au sens large également, avec les exploits des Etoiles du Cirque de Pékin, à la réputation internationale, qui ont offert le meilleur du savoir-faire acrobatique du Guangdong.
Parrainée par Jacky Chan, l’acteur comique des films de combat qui a laissé son empreinte sur le célèbre Hollywood Walk of Fame et par son homologue, plus sérieuse, Gong Li, surnommée la “Greta Garbo de Chine“, l’“Année de la Chine en France“ se veut aussi résolument tournée vers la modernité et ouverte à tous. Le Centre Georges Pompidou a déjà laissé entrevoir quelques-uns des principaux acteurs de l’avant-garde artistique chinoise comme le chorégraphe Wen Hui ou le peintre et dramaturge Wang Jianwei. Le Palais de Tokyo a quant à lui rendu un vibrant hommage à Chen Zen et à ses œuvres riches et diversifiées. La littérature, la photographie et le cinéma chinois viennent compléter le tableau de cette riche manifestation de sa culture, que la Chine offre au public français, sans d’ailleurs que Paris en ait la seule exclusivité. En effet, nombre d’autres villes de France, fort des multiples jumelages existant avec des villes chinoises (Wuhan-Bordeaux, Shanghai-Marseille, Montpellier-Chengdu, Canton-Lyon …) lui font aussi honneur.
Tracés l’un en noir sur fond cinabre, l’autre couleur argent sur fond noir, les idéogrammes de la Chine et de la France, le Zhong ( “le Centre“ ) et le Fa ( “la Loi“ ), fixent dans la réalisation de l’artiste Fabienne Verdier et de la graphiste Marine Gilles, le sceau et tout le symbole de cette “Année de la Chine en France“ ; celui de la rencontre de deux pays désireux de mieux se connaître et empreints d’un respect mutuel pour leurs civilisations respectives. C.H.