La lettre diplomatique

Article – Chine
La Lettre Diplomatique N°64 – Quatrième trimestre 2003

Les relations interparlementaires franco-chinoises

Par M. Christian Poncelet, Président du Sénat

Depuis que je suis Président du Sénat, je n’ai eu de cesse d’ouvrir le Sénat sur l’extérieur, tant au plan national – je pense par exemple au monde de l’entreprise ou à la culture – qu’au plan international, je pense évidemment à ce qu’on appelle désormais la diplomatie parlementaire.
Je souhaiterais d’abord apporter ma définition de la diplomatie parlementaire.
Il s’agit de tout ce qui contribue à asseoir et renforcer le rôle des Parlements sur la scène internationale, notamment pour rapprocher la diplomatie des citoyens, ce qui ne va pas toujours de soi. Il ne s’agit pas de concurrencer les Etats, qui demeurent seuls compétents en la matière, mais de tirer profit de l’expérience et de la sagesse qui caractérisent nombre d’élus, parfois plus près des réalités quotidiennes de leurs électeurs.
Il ne s’agit pas pour le Parlement de revendiquer une place ou un rôle qui ne lui reviennent pas mais d’être utile et d’apporter un éclairage différent, de nature à combler certaines lacunes de la diplomatie classique. Entre parlementaires, on peut se dire des choses qu’on ne peut pas se dire entre diplomates. Le langage est plus libre, la langue de bois a moins cours.
Sans parler de répartition des tâches, rien n’interdit à un parlementaire proche de l’exécutif de passer des messages délicats, qui mettraient un diplomate traditionnel dans une situation inconfortable. Il m’est évidemment arrivé de le faire même si je préfère, d’une façon générale, parler pour mon compte. J’ai en effet l’habitude de dire les choses sans ambages.
Depuis mon accession à la Présidence du Sénat, j’ai veillé à consolider la dimension internationale de l’institution, tant en signant des accords de coopération avec les Sénats ou les secondes chambres (échanges de fonctionnaires, assistance technique, missions croisées de parlementaires, échanges d’expériences et d’informations…) qu’en multipliant les contacts directs, à Paris ou à l’étranger. Une part croissante de mon emploi du temps est ainsi consacrée à des échanges avec mes homologues étrangers en visite à Paris ou même à des missions officielles à l’étranger.
Le décor planté, j’en viens maintenant à la Chine, qui est une parfaite illustration de ce qui précède. Nous avons un groupe interparlementaire particulièrement dynamique et c’est avec la République populaire de Chine que le Sénat a signé l’un de ses premiers accords de coopération avec une assemblée étrangère, lors de mon voyage officiel à Pékin, en septembre 1999.
Depuis, des échanges croisés sont intervenus entre sénateurs français et parlementaires chinois, ainsi qu’entre fonctionnaires des deux assemblées. Comme nous l’avons déjà fait plusieurs fois, notre service des relations internationales accueille actuellement pour plusieurs semaines un fonctionnaire du service international de l’assemblée nationale chinoise, qui est également élève étranger de l’ENA. L’un des premiers colloques économiques organisés, en octobre 1999, par le Sénat en partenariat avec le Centre français du commerce extérieur (CFCE) a par ailleurs porté sur la Chine.
Enfin, j’ai eu le plaisir d’accueillir pour un déjeuner de travail, propice au dialogue direct sur tous les sujets, le Président de la République, HU Jintao, le 28 janvier, que j’avais d’ailleurs reçu à la Présidence du Sénat, alors qu’il était Vice-Président de la République, en novembre 2001.
En cette année de la Chine en France, je suis sûr que l’année du singe – signe riche en promesses et en malices – nous sera favorable à tous. 

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