Le scrutin législatif du 18 août 2007 au Kazakhstan
Les élections au Majlis, la Chambre basse du Parlement, ne devaient normalement pas avoir lieu avant 2009. Mais le Président Noursoultan Nazarbayev a décidé de procéder à la dissolution de la Chambre, entraînant un scrutin anticipé le 18 août 2007, afin de faire entériner par le peuple les amendements constitutionnels adoptés en mai 2007.
Ceux-ci ont pour but d’accroître les pouvoirs du Parlement, qui se voit désormais octroyé le droit de choisir le Premier ministre. Le nombre des sièges du Majlis1 est en outre porté de 77 à 107, bien que neuf d’entre eux ne soient pas élus mais issus de l’Assemblée du peuple, afin de refléter la diversité ethnique du pays, composée également de Russes, d’Ukrainiens, de Biélorusses, d’Ouzbeks, de Coréens, d’Allemands, de Bachkirs, de Baloutches. La loi électorale a par ailleurs été modifiée, le scrutin uninominal ayant été remplacé par le scrutin de liste proportionnel. Enfin, la Constitution a été amendée afin de permettre au président en exercice d’effectuer plus de deux mandats d’une durée de sept ans chacun.
Les dix partis présents sur la scène politique étaient donc appelés à se disputer les voix des neuf millions d’électeurs. Mais du fait de l’élévation du seuil d’éligibilité de 5 à 7% des voix obtenues, disposition destinée à empêcher leur trop grand émiettement, deux d’entre eux ont fusionné peu avant le scrutin. Ainsi, le Naguyz Ak Zhol, la «Vraie voie claire » a rejoint le Parti national social -démocrate de Jarmakhan Touyakbaï, un ancien Président du Parlement alors que le Parti démocratique Adilet, « La Justice », s’est associé au Parti démocratique du Kazakhstan, l’Ak Zhol, « la Voie claire », de Alikhan Baïemenov. Les deux premiers ont par la suite mis fin à cette alliance, qui ne fut apparemment que de circonstance. A la fin 2006, le Parti agrarien et le Parti civique avaient d’ailleurs rejoint le Parti Otan au pouvoir, devenu à l’occasion Nur Otan (« Lumière de la patrie »).
Le scrutin du 18 août, qui s’est déroulé dans le calme, a été marqué par deux caractéristiques qui le distinguent du précédent datant de 2004. Tout d’abord par son taux élevé de participation qui est passé de 56,5 à 64,6%. Puis par le fait qu’en obtenant 88% des voix, le parti gouvernemental Nur Otan remportait l’ensemble des 98 sièges de la Chambre, les deux autres partis ayant obtenu des résultats significatifs étant le Parti national social démocrate, avec 4,62% des voix et Ak Zhol, 3,25%.
Le scrutin a fait l’objet d’une attention particulière puisque pas moins de 1 129 observateurs étaient présents sur les lieux, provenant de cinq missions internationales2, ainsi que plus de 100 observateurs indépendants de 25 pays dont les deux observateurs français MM. Fischler et Tournier, qui n’ont rien observé d’anormal lors du déroulement du scrutin, comme ils en ont fait état lors de la table ronde organisée par l’Ambassade du Kazakhstan en France le 5 septembre 2007. De fait, la plupart des observateurs, dont quelques uns ont remarqué certains manquements mineurs dans le déroulement du scrutin, ont tous tenu à déclarer que de substantiels progrès avaient été réalisés par rapport au précédent, « permettant de faire avancer le Kazakhstan sur la voie de la démocratie », selon le Sénateur Consiglio Di Nino, Coordinateur spécial des observateurs de l’OSCE et chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire de cette organisation. David Wilshire, chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe nota, pour sa part, les progrès réels réalisés par le Kazakhstan dans le processus d’amélioration de son processus électoral.
Cette stabilité politique devrait renforcer l’attractivité économique du Kazakhstan et lui permettre d’accroître son rôle sur la scène régionale et mondiale. P.B.