Du Kosovo à l’Afghanistan, la Bulgarie est fortement engagée dans l’action de l’OTAN
Par S.E.M. Lubomir Ivanov, Ambassadeur, Représentant permanent de la Bulgarie auprès de l’OTAN
La Bulgarie compte parmi les membres les plus jeunes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Avec six autres pays, elle a rejoint l’Alliance, lors du dernier élargissement au printemps de 2004.
Les relations entre l’OTAN et la Bulgarie ont été établies pour la première fois en 1990, peu après le début de la transition démocratique du pays. L’ancêtre de l’actuelle délégation permanente – qui était une Mission diplomatique permanente – a été créé en 1998. Le statut de partenaire de l’OTAN entraînant une participation limitée dans le travail quotidien de l’Organisation, la Mission comprenait alors un nombre restreint de diplomates du ministère des Affaires étrangères et de représentants du ministère de la Défense et de l’Etat-major des forces armées bulgares.
L’entrée au sein de l’OTAN nous a imposé un rythme de travail beaucoup plus dynamique qui s’est également reflété sur la structure, les effectifs et les obligations de la nouvelle délégation permanente. Sa structure est fondée sur une approche intégrée, qui reflète notre compréhension de la complexité des menaces modernes nécessitant une réponse aussi complexe qu’unie. Aujourd’hui, la délégation de la Bulgarie compte environs 50 personnes, réparties dans quatre sections spécialisées – la section politique, celle du Représentant militaire, celle du Conseiller en matière de Défense et la section de communication et de sécurité. Le Chef de la délégation assure également les fonctions de représentant permanent de la Bulgarie auprès du Conseil de l’Atlantique Nord – organe principal de prise de décisions au sein de l’Organisation. Les chiffres étant parfois plus significatifs que les mots, il faut savoir pour se donner une idée de la quantité de tâches que remplit notre délégation, que ses membres représentent la Bulgarie dans plus de 300 comités couvrant l’ensemble des sujets à l’ordre du jour de l’Alliance.
Etre un nouveau venu au sein de l’OTAN a représenté pour nous un véritable défi. Nous avons dû nous familiariser avec les procédures et la logique internes de fonctionnement de l’Organisation et nous habituer à une nouvelle culture d’interaction entre alliés. Il est aussi important de souligner que la Bulgarie est devenue membre de l’Alliance au cours d’une période très dynamique, marquée par sa transformation et son adaptation aux nouvelles menaces pour la sécurité.
En quelques années seulement, l’OTAN s’est quant à elle transformée en une organisation hautement opérationnelle. Les forces de ses pays membres et partenaires se sont engagées dans des opérations sur trois continents – l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Cette diversité géographique s’est accompagnée d’une diversité en termes de type d’engagement. Ainsi, le bilan des dernières années inclut des opérations surtout de nature militaire comme celles conduites dans les Balkans, mais aussi des opérations où l’Alliance a joué un rôle purement humanitaire comme au Pakistan, après le tremblement de terre en 2005.
Parmi les missions actuelles de l’OTAN, l’Afghanistan représente aussi bien un cas spécifique qu’un test essentiel. En déployant la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, l’OTAN a opéré pour la première fois au-delà de la zone euro-atlantique. La grande distance géographique requiert des Alliés un effort logistique considérable. L’environnement dans lequel la FIAS accomplit des missions complexes de stabilisation, est beaucoup plus éprouvant que celui d’autres opérations de l’OTAN, surtout sur le plan des risques pour les contingents engagés mais aussi sur le plan du climat et du relief. A présent, la Bulgarie contribue à la FIAS avec plus de 400 soldats déployés à Kaboul, Kandahar, Herat et Pol-e Khumri.
La réussite en Afghanistan nécessitera non seulement un engagement de long terme mais aussi l’application d’une approche compréhensive, basée sur une coopération accrue avec les autorités locales et les autres organisations opérant dans le pays. L’Alliance et ses partenaires de la communauté internationale sont d’accord sur le fait que la solution n’est pas militaire. En même temps, cette solution ne pourra être atteinte que si la sécurité et la stabilité dans le pays sont garanties.
Un engagement soutenu et des synergies complémentaires sont les mots-clefs de l’opération de l’OTAN au Kosovo. La KFOR cherche aujourd’hui à créer et à maintenir les conditions sécuritaires nécessaires pour l’adoption d’une décision légitime et mutuellement acceptable sur le statut futur du Kosovo. Une fois cette décision prise, le maintien du nombre des forces de l’OTAN au niveau actuel sera indispensable pour garantir la stabilité. Le choix contraire risque d’avoir des répercussions négatives non seulement au Kosovo, mais aussi sur l’ensemble des pays voisins. De plus, l’Alliance doit être prête à adapter ses fonctions au nouvel environnement, en réalisant les modifications nécessaires.
Selon toute probabilité, la dynamique opérationnelle ne diminuera pas dans les années à venir. Elle continuera à être un moteur pour la réforme de l’ensemble de la structure de l’OTAN. Le réseau des partenariats de l’Alliance constitue un élément essentiel de cette réforme, y compris concernant ses relations avec les autres organisations internationales. Dans ce contexte, la question qui mérite le plus d’attention est celle des relations avec l’Union européenne (UE).
Ces dernières années ont fait la preuve d’un bon nombre d’exemples de coopération réussie entre l’OTAN et l’UE, surtout dans les pays de l’ex-Yougoslavie comme la République de Macédoine et la Bosnie-Herzégovine. Dans d’autres cas le bilan a été moins positif. Les bons comme les mauvais exemples doivent toutefois nous servir pour approfondir le partenariat stratégique entre les deux organisations.
J’aimerai également souligner que la Bulgarie participe à présent à un groupe de combat de l’UE. Une décision gouvernementale a été prise récemment, selon laquelle notre pays participera aussi à un groupe de combat durant la première moitié de 2009. Nous considérons nos engagements dans le cadre de l’UE comme étant étroitement liés aux engagements pris au sein de l’Alliance et plus précisément dans le cadre de sa Force de réaction (NRF).
L’avenir nous présentera sans doute de nombreuses occasions pour tester les vrais bénéfices d’un partenariat stratégique effectif entre l’OTAN et l’UE. Une fois que le statut du Kosovo aura été décidé, l’OTAN et l’UE y auront ainsi un important rôle à jouer. L’Afghanistan, lui aussi, exige une coopération davantage renforcée. L’actuelle mission de police de l’UE dans ce pays est étroitement liée aux objectifs de la FIAS, puisque l’armée et la police afghanes sont les deux éléments qui garantiront l’appropriation afghane du processus de stabilisation. De plus, dans ce pays qui a aussi bien besoin de paix que de juges, d’administrateurs, d’ingénieurs, de travailleurs sociaux, les efforts de la mission sécuritaire de l’OTAN pourraient très bien être renforcés par un engagement plus actif de l’UE dans le futur.
Notre pays est convaincu de l’effet très positif que les structures euro-atlantiques peuvent avoir sur la stabilité des pays des Balkans occidentaux, ce dont témoigne clairement notre politique dans cette région. Au cours des deux dernières décennies, la Bulgarie a en effet contribué de différentes manières à la sécurité régionale. Nous avons participé aux missions de paix sous l’égide de l’OTAN et de l’UE et nous faisons partie des différents cadres de coopération régionale comme le Processus de coopération en Europe du Sud-Est.
Nous avons quand même soutenu et continuons à soutenir avant tout l’idée de l’adhésion des pays des Balkans occidentaux aux structures euro-atlantiques et européennes – l’OTAN et l’UE – comme une solution sans alternative pour une paix durable et la stabilité dans la région. Pour cette raison, la Bulgarie défend sans relâche la cause de la poursuite de l’élargissement de l’OTAN et reste déterminée à aider l’Albanie, la Croatie et la République de Macédoine dans leurs efforts pour devenir membres de l’Alliance. En outre, nous avons fermement appuyé l’admission de la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Serbie au Partenariat pour la paix lors du sommet de Riga en 2006. Alors qu’aujourd’hui les pays des Balkans occidentaux cherchent à se rapprocher des clubs euro-atlantique et européen, l’OTAN et l’UE sont devenues des facteurs de rassemblement qui contribuent à surmonter les divergences du passé. De plus, les critères d’adhésion qu’ils exigent, stimulent eux-même fortement le processus de reformes.
En conclusion, je souhaiterais partager quelques mots d’estime pour nos collègues français au sein l’OTAN, qui font preuve d’un professionnalisme remarquable. J’aimerais aussi souligner que la Bulgarie reste toujours prête à soutenir toute initiative au sein de l’Alliance qui pourra faire avancer notre agenda sécuritaire commun.
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