L’adhésion réussie à l’UE, étape charnière pour la société et l’économie bulgares
Par M. Ivailo Kalfin, Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République de Bulgarie
Avec son entrée dans l’Union européenne, la Bulgarie a réalisé le grand objectif que s’était fixé la nation, grâce au rassemblement des efforts de tous les citoyens et de toutes les institutions publiques tout au long des 17 dernières années. La préparation de cette adhésion a requis la mise en œuvre de réformes dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale, dont l’ensemble du pays et de ses citoyens bénéficient aujourd’hui.
Depuis son adhésion à l’Union européenne (UE) le 1er janvier 2007, la Bulgarie joue un rôle nouveau en participant concrètement aux travaux des organes et des institutions de l’Union. De pays « receveur » de normes et de politiques européennes, notre pays est devenu un acteur contribuant désormais pleinement à l’élaboration et à l’application des priorités politiques, économiques, sociales et de politique étrangère de l’UE.
L’adhésion à l’UE revêt une importance cruciale pour le développement et la modernisation de la Bulgarie ainsi que pour l’accroissement de son influence sur le plan diplomatique. La détermination du gouvernement bulgare à mener à bien les réformes nécessaires a également constitué un facteur de poids en ce sens. Pendant les premières années de l’adhésion, il a concentré ses efforts sur l’entrée de notre pays dans la zone euro et dans la zone de Schengen, l’application de la stratégie de Lisbonne, la participation à la politique énergétique commune, l’intégration et la coopération en matière de justice et d’affaires intérieures, les débats sur l’avenir de l’Europe et la politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
Les atouts économiques de l’adhésion peuvent être identifiés dans plusieurs domaines majeurs, à savoir la libéralisation du commerce international, l’augmentation du niveau des investissements directs étrangers et du montant de l’aide financière. L’adhésion à l’UE renforce l’économie et les marchés de capitaux, eu égard à la suppression des barrières commerciales et des restrictions à la libre circulation des travailleurs. Face à la pression concurrentielle des forces du marché dans l’Union, les entreprises bulgares devront ainsi réduire leurs dépenses et augmenter leur productivité.
Les bénéfices supplémentaires de la libéralisation du commerce concernent aussi l’amélioration de la position concurrentielle de notre pays ainsi que la hausse de la prospérité des consommateurs. N’oublions pas en outre que l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro prévue pour la période 2009-2010 est censée apporter une stabilité macroéconomique durable et s’accompagner de dépenses réduites sur les transactions ainsi que d’une meilleure programmation des initiatives économiques.
Autre facteur essentiel pour le développement économique, l’évolution des comportements des investisseurs et des institutions étrangères sont favorisées par les garanties créées pour mettre en œuvre une politique intérieure transparente et prévisible.
Outre les avantages économiques de l’adhésion, la Bulgarie accède également à l’aide financière dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), des fonds structurels, du fonds de cohésion et d’autres sources de financement qui constituent autant d’instruments de poids pour le développement de l’agriculture, du monde rural et des infrastructures, pour la protection de l’environnement et la mise en œuvre de la réforme institutionnelle.
L’économie bulgare s’est donc intégrée avec succès dans l’économie européenne. Les échanges commerciaux avec les Etats membres de l’UE sont en croissance constante : en 2006, ils ont ainsi augmenté de 20,48% par rapport à 2005. Au cours de ces dernières années, le pays a attiré des investissements directs étrangers qui équivalent à 8,5% du PIB en valeur annuelle moyenne. Ils sont particulièrement présents dans le secteur des services, dont la dynamique est notamment soutenue par les services financiers, l’ensemble des services liés aux communications, etc. De plus, le marché du travail bulgare offre toute une série d’atouts, y compris en terme de flexibilité. La croissance modérée des salaires ne portent d’ailleurs pas préjudice à la productivité.
La contribution de la Bulgarie en tant que membre de l’UE au renforcement de la stabilité dans la région des Balkans et du rôle qu’y joue l’Union, revêt également une importance significative. Grâce à sa situation géographique, le pays joue ainsi un rôle dans les rapports de l’UE avec les pays des Balkans occidentaux, de la région de la Mer Noire, y compris la Russie et la Turquie, ainsi que le Moyen-Orient. Notre adhésion à l’UE représente un atout pour l’élaboration et le développement ultérieur de la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE et contribuera à l’élargissement de la zone de paix et de démocratie qu’incarne l’Union.
Par ailleurs, le développement de bons rapports de voisinage avec les Etats ayant des frontières communes avec notre pays continuera d’être l’une de nos priorités principales en matière de politique étrangère.
D’un point de vue culturel, l’adhésion de la Bulgarie à l’UE fera connaître les traditions historiques et spirituelles de la Bulgarie. Notre pays apporte dans l’UE les richesses de sa culture, de son art et de sa langue. L’alphabet cyrillique devient l’un des trois alphabets utilisés officiellement dans l’Union. Nous contribuerons ainsi au renforcement de sa diversité linguistique et culturelle qui est l’une de ses valeurs primordiales.
Je souhaite également décliner ici nos priorités pour la nouvelle étape dans laquelle nous nous sommes engagés.
Notre adhésion à l’UE ne représente pas, en elle-même, une solution à nos problèmes, mais elle offre un contexte extrêmement favorable et apporte des instruments fiables pour relever les défis les plus importants que pose la mondialisation.
Dans le cadre des perspectives financières pour la période 2007-2013, les fonds que la Bulgarie percevra de la part de l’UE s’élèveront à un total de 11,057 milliards d’euros. En réponse aux enjeux que soulèvent la stratégie rénovée de Lisbonne auprès des Etats membres de l’UE, la République de Bulgarie a présenté en mars 2007 un projet de programme national de réforme (PNR) pour la période 2006-2009, en coordination avec la Commission européenne. Celui-ci constitue, en substance, un document de stratégie nationale visant à systématiser les efforts que le gouvernement déploie pour parvenir à une croissance accélérée et durable de l’économie et de l’emploi.
L’exécution du PNR durant la période 2007-2009, table ainsi sur une croissance économique de 6% par an, un surplus du budget de 1 à 1,5% du PIB ainsi que 2,9 à 3% d’inflation (en 2009). Les politiques vis-à-vis du marché du travail ont pour objectif d’enregistrer une croissance de 61% des emplois dans la population apte au travail et une réduction du chômage de 8% en 2009.
Au nombre des priorités de la Bulgarie figurent également la modernisation du système de transport, du secteur de l’énergie, des infrastructures du secteur des technologies informatiques et des communications. Ce sont là quelques unes des principales conditions préalables à l’accroissement de la compétitivité de notre économie et à l’alignement des niveaux de vie à la moyenne de ceux des pays de l’UE. Un défi reste encore à surmonter, le PIB per capita dont la valeur est encore trop modeste, à savoir 32% de la moyenne des PIB per capita de l’UE.
Le cadre de référence stratégique national est le document relatif au programme de la Bulgarie sur l’utilisation des fonds de l’UE qui consigne les objectifs et les priorités dont le financement sera effectué par les Fonds structurels et le Fonds de cohésion, en fonction des orientations stratégiques de la Communauté.
Un autre domaine dans lequel le gouvernement bulgare a systématiquement concentré ses efforts est la réforme judiciaire et la lutte contre la criminalité organisée et la corruption. Sur la base du dernier rapport de monitoring du 26 septembre 2006, la Commission européenne a créé, par la Décision du 13 décembre 2006, un mécanisme de coopération et d’évaluation des progrès dans ce domaine. Le mécanisme est applicable dès le moment de l’adhésion de la Bulgarie à l’UE en se basant sur six indices fondamentaux de référence spécifiques (benchmarks).
Compte tenu des résultats de la consultation avec la Commission européenne, le Conseil des ministres bulgare a créé, avec la Décision N° 28 du 18 janvier 2007, un mécanisme de haut niveau pour l’observation et l’exécution en temps utile des mesures pour atteindre les indices de référence spécifiques. Dans le cadre de ce mécanisme, un groupe de travail inter-institutionnel se réunit sous la direction des vice-ministres des Affaires étrangères et de la Justice. Le gouvernement bulgare considère les critères d’évaluation spécifiques comme un instrument d’aide à l’achèvement du processus de réformes, parfois difficile, dans le domaine de la justice et du système judiciaire.
Notre objectif est de respecter les indices de référence et que ceux-ci soient éliminés, en considérant qu’il est possible de réaliser cet objectif avant la fin de la présidence portugaise. Un progrès significatif a également été accompli en ce qui concerne les autres indices. C’est ce qui nous donne une raison d’espérer que leur évaluation permettra leur élimination prochaine.
La capacité administrative des structures de contrôle spécialisées a en outre été renforcée. La communication sur les biens appartenant à des personnes occupant des postes publics de haut niveau est réglementée par des actes normatifs. La coopération entre les trois pouvoirs dans ce domaine a été améliorée. Le ministre de l’Intérieur et le Parquet effectuent ainsi des missions conjointes dans la zone de contrôle frontalier obligatoire en appliquant le principe de rotation. Une tendance durable à la diminution des comportements de corruption est également constatée au sein du corps des fonctionnaires de la police des frontières.
En matière de criminalité organisée, nous disposons d’un cadre légal de prévention et de lutte contre cette criminalité qui intègre les meilleures méthodes de l’UE et d’une organisation de police complètement transparente. Nous travaillons en coopération avec des Etats membres contre la grande criminalité et la criminalité organisée. Des résultats concrets ont par ailleurs été obtenus contre la malversation de fonds de l’UE.
L’adhésion de la Bulgarie à l’UE marque enfin une nouvelle étape dans le développement économique, politique, social, public et culturel du pays. Nous avons parcouru un long chemin pour nous préparer, nous avons fait preuve de maturité et de perspicacité, mais aussi d’adaptation et de flexibilité.
Les six premiers mois de notre entrée dans l’Union ont démontré que notre pays mérite sa place parmi les Etats membres de l’UE. Le défi qui se pose désormais à nous est de pouvoir exploiter à notre profit les possibilités offertes par l’adhésion et d’accomplir nos intérêts nationaux comme facteurs à part entière du développement à venir de l’ensemble de l’Union.
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