Un nouveau cycle électoral
Dès l’adoption de la réforme constitutionnelle par référendum le 27 novembre 2005, mettant en œuvre bien des réformes conformes à l’adhésion de l’Arménie au Conseil de l’Europe, les forces en présence sur l’échiquier politique se sont préparées pour l’échéance électorale de mai 2007.
« Partisan de la transparence et de la vérité, le président Robert Kotcharian appuie de toutes ses forces l’adoption d’une nouvelle loi électorale ». Le code électoral fut ainsi amendé en 2005 et en 2006, afin d’améliorer la transparence du scrutin et de réduire les possibilités de manipulation lors du décompte des voix. C’est ainsi que le nombre de sièges élus à la représentation proportionnelle fut porté de 56 à 90, alors que ceux, issus du scrutin majoritaire uninominal furent réduits de 75 à 41. Dans le même temps, l’influence du président sur la composition de la commission électorale fut diminuée puisque celui-ci n’était amené à nommer qu’un seul de ses huit membres contre trois auparavant.
Le scrutin parlementaire du 12 mai 2007
Les tensions au sein du gouvernement tripartite ont conduit au départ de l’un des partis de la coalition, le Orinats Yerkir ou parti de « l’Etat de droit », dirigé par Arthur Baghdassarian en mai 2006. De leur côté, les partis traditionnels de l’opposition commençaient à ressentir la concurrence accrue de la part de l’Arménie prospère, formation nouvellement formée par l’un des principaux hommes d’affaires du pays, Gagik Tsarukian. Ces partis d’opposition ne parvinrent cependant pas à s’unir et cette attitude fut sanctionnée ultérieurement par l’électorat. Le décès prématuré en mars 2007 du Premier ministre Andranik Markarian, leader du parti gouvernemental Parti républicain d’Arménie (PRA), nommé à ce poste en mai 2000, qui succomba à une crise cardiaque, ne modifia en rien les perspectives électorales. Son remplaçant, M. Serge Sarkissian, précédemment Ministre de la Défense, emporta largement le scrutin du 12 mai, le quatrième depuis l’indépendance du pays, dont le taux de participation s’est établi à 59,4%.
Le PRA, arriva ainsi largement en tête avec 33,91 % des suffrages, et obtint 64 des 131 sièges à l’Assemblée nationale, « Azgayin Zhoghov ». Le parti gouvernemental enregistrait ainsi de bien meilleurs résultats qu’il ne l’avait espéré, améliorant son score de 24 sièges. La formation de Gagik Tsarukian,
« Arménie prospère » ayant attiré dans ses rangs de nombreux responsables politiques issus de tout le spectre politique national, n’obtint avec 15,13 % des voix que 25 sièges. En troisième position apparaissait la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) avec 13,16 % des suffrages et 16 sièges, améliorant son score de 5 sièges. Se présentant en rangs dispersés, vingt-trois partis concouraient pour 131 sièges, l’opposition, qui ne s’est contentée que d’une campagne négative à l’adresse du pouvoir a essuyé, pour sa part, un échec cinglant. Seuls trois autres partis effectuaient en effet leur entrée à l’Assemblée nationale. Orinats Yerkir apparut le mieux placé avec 7, 05 % des voix et 9 sièges contre 19 dans la précédente législature Ce parti mené par Arthur Baghdasarian, ancien Président de l’Assemblée, payait ainsi son revirement puisque bon nombre de ses membres rejoignirent le PRA après son départ du gouvernement. L’Héritage de Raffi Hovannissian, ancien Ministre des Affaires étrangères, non représenté lors de la précédente législature, se trouva en cinquième position avec 6% des voix, obtenant sept sièges. Quant à Dashink (l’Alliance), le dernier à faire son entrée au Parlement, n’a qu’un seul élu, son leader Samvel Babaian, ancien Commandant de l’armée du Haut-Karabakh. Par ailleurs, neuf autres candidats indépendants obtinrent des sièges. Les autres forces traditionnelles ne parvinrent pas à franchir la barre des 5% nécessaire pour être élu. Ce fut le cas du Parti du peuple, du Parti de l’Union nationale, du Parti communiste arménien et du Mouvement national arménien de l’ancien Président Ter Petrossian qui avait gouverné le pays de l’indépendance jusqu’en 1998. Alors que l’opposition dénonça la manière dont s’était déroulé le scrutin, appelant au recomptage des voix dans 10% des circonscriptions, les observateurs de l’OSCE émirent un jugement nettement positif. Selon leur responsable « ces élections arméniennes présentent une nette amélioration par rapport aux précédents scrutins et ont été conduites largement en accord avec les standards internationaux », saluant par ailleurs « une campagne électorale dynamique largement couverte par les média ».
L’installation du nouveau gouvernement de M. Serge Sarkissian
Le nouveau gouvernement dirigé par M. Serge Sarkissian est entré en fonction en juin. L’Arménie prospère reçut les postes de la Santé, du Développement urbain, et de la Jeunesse et des Sports. Quant à la FRA, bien qu’elle ait refusé de soutenir la candidature que présentera le PRA aux élections présidentielles de mars 2008, elle a obtenu ceux de l’Agriculture et de l’Education.
A la fin juin, la nouvelle Assemblée entérina un plan d’action de cinq ans, reposant sur trois piliers : amélioration de la gouvernance, poursuite d’une croissance économique élevée, et réduction de la pauvreté. En présentant ce document, M. Serge Sarkissian a précisé qu’il insistait particulièrement sur la sécurité nationale, le développement durable et l’accroissement des dépenses en matière sociale et éducative.
L’Arménie s’engage désormais vers des réformes de la troisième génération qui porteront sur l’accroissement de la compétitivité des entreprises, une lutte accrue contre la corruption, deux aspects chéris particulièrement, par les petites et moyennes entreprises qui devraient lui ouvrir de nouvelles perspectives.
Désormais toute l’attention se porte sur le prochain scrutin présidentiel de février 2008 pour lequel le candidat du PRA, M. Serge Sarkissian paraît le mieux placé pour l’emporter étant donné que le Président Robert Kotcharian n’est pas autorisé à se représenter. P.B.
* Gérard Dédeyan (sous la direction de) « Histoire du peuple arménien »,
Editions Privat, 2007, (1982). Voir chapitre « Les années 2000-2006 : l’ère Kotcharian ».