Monterrey : phare de l’économie mexicaine
Surnommée la « Sultane du Nord » pour sa richesse et sa puissance industrielle, Monterrey se pose de plus en plus comme le phare de l’économie mexicaine.
C’est d’ailleurs dans la capitale de l’Etat du Nuevo León que le Président Felipe Calderón a invité près de 500 chefs d’entreprises mexicains, nord-américains et latino-américains « à continuer à investir dans le pays dès lors que nous [les Mexicains] promouvons, sans crainte, une plus large intégration économique avec l’Amérique centrale, une plus grande intégration régionale… ». Réunis lors de la cinquième édition du sommet d’affaires de Monterrey le 28 octobre 2007, en présence des chefs d’Etat du Honduras et du Salvador, il a également appelé à redoubler d’efforts pour surmonter les obstacles à une croissance soutenue de l’économie mexicaine. Pour le Président mexicain « transformer le Mexique est un devoir commun, transformer le Mexique en une économie compétitive, prospère, avancée, est le devoir de tous ». Au centre des débats, les questions de stabilité économique et politique ainsi que de sécurité de l’investissement. Autant de problématiques que le Président Calderón n’a pas cherché à éluder, mettant en avant la mise en œuvre de nombreux chantiers de réforme dans ces domaines.
En dépit d’une reprise de l’économie depuis 2004, le Mexique est en effet confronté à un manque de compétitivité et à une productivité en baisse se traduisant par la perte de parts de marché aux Etats-Unis, essentiellement au profit de la Chine. Le PIB réel par habitant n’a ainsi progressé que de 1,2% par an entre 1994 et 2004 comme le souligne la Banque mondiale avec le prêt programmatique lancé au printemps 2006 pour renforcer la compétitivité du pays.
Avec son projet de « Ville internationale de la Connaissance », Monterrey veut s’attaquer de front à ces questions, en promouvant l’essor d’une nouvelle infrastructure et d’une culture des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La mise en place de ce projet doit se concrétiser à travers l’achèvement du premier parc mexicain de l’innovation (PIIT), près de l’aéroport international de Monterrey. Plusieurs universités dont la prestigieuse Université de Monterrey ou l’Institut technologique et d’Etudes supérieures de Monterrey (ITESM) qui constituent le bassin de formation « régiomontin » (5 000 ingénieurs diplômés par an) participeront à ce projet associant étroitement pouvoirs publics, universités et entreprises. La première génération de brevets commercialisés dans le monde entier est attendue dès 2008. En cherchant la croissance économique à travers l’innovation, il s’agit à plus long terme selon Antonio Zarate, le responsable direct de ce projet, de « parvenir à un PIB par habitant comparable à celui de l’Union européenne ».
Générant un PIB par habitant supérieur de près du double à celui de la moyenne nationale (13 000 dollars contre 7 000), Monterrey constitue de fait l’un des pôles de croissance les plus performants du Mexique. Si le district fédéral reste en tête, l’Etat de Nuevo León qui ne représente que 4% de la population, a connu une croissance du PIB de 5,3% et participe à la croissance du PIB national à hauteur de 7%. Idéalement situé à 200 km de la frontière des Etats-Unis, il se pose naturellement en plateforme d’investissement et d’exportation vers le marché nord-américain et suscite toujours un fort attrait auprès des investisseurs étrangers. 213 groupes industriels exportateurs y ont implanté leur siège social, à l’instar de Cemex, le troisième cimentier mondial, qui a d’ailleurs fait une entrée remarquée sur le marché français en rachetant Béton de France.
Les investisseurs français perçoivent très bien tous les atouts que peut leur apporter Monterrey pour leur développement sur le marché mexicain, mais également sur le marché nord-américain. Si la moitié des implantations françaises au Mexique sont localisées dans le district fédéral de Mexico, une concentration spécifique tend à se développer dans les centres économiques du Nord et en particulier dans l’Etat de Nuevo León. La présence française s’est fait une spécialité du secteur automobile et de l’équipement automobile, créant plusieurs milliers d’emplois avec l’implantation de Cemm-Thommé, Carbone Lorraine, Plastic Omnium, Ugimag ou Valéo. Plus généralement, les Etats du Nord attirent de plus en plus d’investissements français. Michelin envisage ainsi de construire d’ici 2014 une deuxième usine dans l’Etat de Guanajato pour alimenter le marché nord-américain. A Guadalajara, dans l’Etat de Jalisco, Thomson a implanté le plus grand site mondial de production de DVD cinématographiques. Au nord de la capitale mexicaine, l’Etat de Querétaro abrite également un centre industriel de plus en plus attractif. C’est là que Messiers Services Américas, filiale du groupe Safran-Snecma, a inauguré début octobre 2007 sa nouvelle usine dédiée à la fourniture de services de maintenance et de réparation sur les trains d’atterrissage et autres équipements associés, de plusieurs types d’avions (Airbus A330, A340, A300, A310, A320, mais aussi Boeing 737NG, DHC8 et CRJ). L’usine de Querétaro prend notamment en charge le contrat de cinq ans conclu par Messier Services avec US Airways en avril dernier, pour la maintenance complète des trains d’atterrissage de la totalité de la flotte A320 (soit 100 appareils) et A330 de la compagnie américaine.
Au-delà, quelques 400 établissements font de la France un investisseur certes modeste au Mexique (1,4 milliard de stock d’investissement selon la Banque de France), mais très visible dans le paysage économique, à l’instar de Danone, qui y dispose du plus grand site de production de yaourt ou Sanofi-Aventis au premier rang dans le secteur des vaccins. Fort des initiatives d’Etats comme Nuevo León et du nouvel élan donné à l’économie mexicaine par le Président Felipe Calderón, les investissements français sont appelés à croître, si l’on en juge l’intérêt suscité auprès de PME par la coopération lancée en décembre 2005 entre la Région Provence-Alpes Côte d’Azur et l’Etat de Nuevo León. Les échanges entre les deux régions ont reçu à cet égard une nouvelle impulsion le 29 octobre 2007 par la signature d’un second accord pour l’intensification de la coopération en particulier dans le domaine de la formation professionnelle, la recherche et le transfert de technologie en matière d’aménagement urbain, de biotechnologies, de nanotechnologies, d’aéronautique et d’informatique. C.H