Aménager la mondialisation
Par Mme Benita Ferrero-Waldner, Commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de la Politique européenne de voisinage
Durant les deux derniers mois de l’année 2007, la présidence portugaise espère mettre la dernière main à un traité modificatif qui introduira d’importants changements dans notre sphère de compétence. Au cours de ces trois dernières années du mandat de la Commission, nous avons dû faire face à un certain nombre de défis extrêmement exigeants et imprévisibles ; des catastrophes naturelles, comme le tsunami de décembre 2004 et le récent tremblement de terre au Pérou, aux crises politiques. Je pense notamment à la nécessité de mettre en place un mécanisme international temporaire, le « TIM », pour acheminer notre aide vers les Territoires Palestiniens. Je pense aussi à la gestion de la crise libanaise en juillet 2006. La libération du personnel médical détenu en Libye a également constitué une grande réussite pour l’Union européenne et, de fait, pour la Commission.
Ces divers défis ont tous été gérés de façon exceptionnelle, ce qui a permis de renforcer la réputation grandissante de l’Union européenne et notamment de la Commission en ce qui concerne l’efficacité de ses réactions dans les situations de crises. En effet, l’Union européenne doit être à même de réagir rapidement sous des contraintes temporelles et politiques extrêmes. Au-delà de ces impératifs de court terme, l'UE doit également inscrire son action dans le long terme et défendre ses intérêts stratégiques. L’Europe a l'ambition de façonner la mondialisation au bénéfice de ses citoyens.
Dans cette perspective, nos priorités sont de consolider le rôle de l’UE en tant qu’acteur global et de nous mettre en mesure d'affronter les défis auxquels l'UE est exposée. Nous devons poursuivre le travail sur le processus d’élargissement de l’UE en cours et nous devons continuer à développer la politique européenne de voisinage comme l'outil pour soutenir, encourager et accompagner les réformes politiques et économiques chez nos voisins. Malgré sa courte existence, la politique européenne de voisinage a déjà réalisé beaucoup, mais nous devons continuer à assurer que l’offre que nous faisons à nos voisins demeure aussi attrayante et aussi appropriée que possible. Conjointement avec le Conseil, nous redoublons d'efforts afin, notamment, de faire des progrès rapides pour faciliter l’obtention de visa et pour créer une facilité d'investissement de voisinage. Les Etats membres et nos voisins reconnaissent clairement l’importance de cette politique. Ils ont manifesté leur soutien lors de la conférence ministérielle qui s'est tenue à Bruxelles début septembre 2007, au cours de laquelle un premier bilan a été dressé et de nouvelles orientations pour l'avenir ont été fixées. Je suis convaincue que la mise en œuvre des plans d’action qui lient l'Union européenne à chacun de nos voisins est appelée à s’intensifier.
Au nombre de nos intérêts stratégiques essentiels, figurent nos relations avec la Russie, comme le retour de la paix au Proche-Orient. Nous y travaillons au sein du Quartet. J’attends à cet égard beaucoup de la mission de Tony Blair en qualité d’Envoyé spécial du Quartet. Nous devons également contribuer au succès de la Conférence du Moyen-Orient prévue pour la fin de l’année.
Par ailleurs, il est crucial de poursuivre notre appui à la mise en place d'un système multilatéral efficace, centré autour des Nations unies, en particulier par nos contributions au travail de l’OMC, à la Commission de construction de paix et plus généralement par notre aide aux diverses agences de l’ONU.
Par ailleurs, trois défis fondamentaux émergent dans le monde globalisé. L'UE souhaite relever ces défis et la Commission a une contribution essentielle à apporter dans ce sens.
Le premier concerne le défi jumelé du changement climatique et de la sécurité énergétique. L'UE a pris la tête de l'action internationale, préparant le terrain pour une consommation d’énergie plus responsable et plus durable. Dans la perspective de la conférence des Nations unies à Bali, nous voulons persuader nos partenaires dans le monde entier de la nécessité de disposer d’engagements ambitieux similaires. Quant à la sécurité énergétique, sa dimension externe est de plus en plus importante. Le développement d’une stratégie européenne de sécurité énergétique externe efficace est au cœur de notre action. Le but est d’approfondir nos partenariats autour du globe, avec les producteurs, les pays de transit et les consommateurs, pour bâtir une coopération mutuellement bénéfique. Dans le voisinage européen notamment, nous avons conclu des accords avec l'Azerbaïdjan, le Maroc et l'Ukraine, et espérons conclure des déclarations d’intentions avec l'Algérie et l'Egypte avant la fin de l'année. De plus, nous intensifions la coopération en Asie centrale et visons un nouvel accord avec la Russie.
Le deuxième thème qui demande toute notre attention est celui de l’immigration. J’estime indispensable que l’Union européenne mette en place une politique migratoire commune. La politique migratoire de l’UE a évolué ces dernières années vers ce que nous appelons maintenant « l’approche globale » : combattre l’immigration clandestine d’une part, tout en facilitant la migration légale de l’autre. Les mots-clés sont ici l’aide à la gestion des frontières, la conclusion d’accords de réadmission, la promotion des contacts interpersonnels en rendant les procédures de visa plus simples, moins chères et plus rapides. A cet égard nous espérons appliquer notre nouveau système de partenariat de mobilité adopté en mai 2007 avec les pays voisins.
Quant au troisième thème, il s’agit de la conservation de la sécurité des citoyens européens. Celui-ci constitue notre objectif premier. La sécurité est naturellement un concept large, englobant le développement, la stabilité et en effet la conservation de la paix. La Commission a une contribution importante à apporter à la révision de la stratégie de sécurité européenne qui devrait avoir lieu prochainement, comme l'a proposé le Président Nicolas Sarkozy il y a quelques semaines. Mon concept de sécurité met l'accent sur la sécurité humaine, c'est-à-dire sur les personnes plutôt que sur les Etats. La promotion de la sécurité humaine peut s'appuyer sur l'amélioration de l'instruction, notamment en matière de droits de l'homme.
Mais au-delà de ces priorités thématiques, l'UE doit également se préparer aux changements institutionnels à venir. La Commission apportera toute aide requise à la présidence portugaise et aux présidences futures pour l’adoption et la mise en œuvre du nouveau traité.
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