Russie-France une tradition d’amitié et de cooperation tournée vers l’avenir
Par Mme Christine Lagarde,
Ministre française de l’Economie des Finances et de l’Emploi
Aujourd’hui, la Russie achève son retour sur la scène internationale.
Elle est un partenaire politique et commercial incontournable.
Toutefois, malgré les efforts consentis pour retrouver sa place sur
l’échiquier mondial, la Russie doit désormais faire face à des défis
majeurs qui conditionneront les vingt prochaines années. Il lui faudra
moderniser ses infrastructures et son industrie, diversifier son
économie et améliorer le climat des affaires. Forte d’une réelle
tradition d’amitié et de coopération, la France entend jouer pleinement
son rôle aux côtés de la Russie dans ce processus de réformes. Pour ce
faire, nous avons la chance de disposer de canaux de dialogue très
développés en matière économique avec le Conseil économique, financier,
industriel et commercial (CEFIC), coprésidé par M. Narychkine et
moi-même, qui se réunit chaque année. Loin de nous cantonner à un cadre
intergouvernemental, nous avons ouvert cette enceinte aux hommes
d’affaires afin d’insuffler un nouvel élan à ce dialogue bilatéral.
Sur un plan économique et commercial, les relations entre nos deux pays
peuvent être améliorées. Notre histoire commune, l’estime et l’amitié
réciproque de nos gouvernants ainsi que l’imbrication de nos économies
plaident pour un approfondissement quantitatif et qualitatif de notre
relation. La renaissance du potentiel industriel russe et
l’exploitation de nos complémentarités dans nos domaines d’excellence
respectifs doivent devenir nos meilleurs atouts dans la mondialisation.
Cela suppose d’ancrer notre coopération sur le long terme, avec des
projets d’envergure, des projets pérennes et concrets pour les citoyens
français et russes. Demain, Français et Russes construiront des trains,
des avions, des voitures, des routes ; l’énergie dont nous avons besoin
au quotidien sera un secteur de coopération entre nos deux pays tout
comme les télécommunications, l’industrie pharmaceutique, la mode, les
cosmétiques, l’agroalimentaire. Il ne s’agit nullement d’un vœu pieux :
d’ores et déjà, d’importants projets sont engagés : le prochain vol
inaugural du Superjet 100 de Sukhoï, la production de Logan ou encore
le lancement de la fusée Soyouz depuis le site de Kourou en Guyane
avant fin 2008 illustrent la qualité et la vigueur de cette
coopération.
Cela suppose également une meilleure connaissance réciproque de nos
deux pays afin que certaines idées reçues soient battues en brèche.
C’était tout le sens de l’initiative « CapExport », dont la Russie est
l’un des cinq pays-pilote : accompagner au mieux les entreprises
françaises dans leurs projets à l’exportation. Cette action ne saurait
être unilatérale alors que la France est la cinquième destination des
investissements directs étrangers dans le monde, qu’un salarié sur cinq
travaille pour une société contrôlée par un investisseur étranger, les
sociétés russes qui investissent à l’étranger doivent savoir que la
France est prête à accueillir des investissements productifs russes sur
son territoire sans aucune crainte.
Cela suppose enfin une dynamique reposant sur des principes simples
mais forts, sans transiger avec nos valeurs : transparence, confiance
et réciprocité.
Cette méthode et cette ambition doivent désormais guider notre action
pour les mois à venir. Au lendemain de la visite du Président de la
République en Russie, l’impulsion politique donnée par nos
gouvernements doit être relayée et concrétisée sur le terrain par nos
hommes d’affaires afin de porter notre relation économique et
commerciale au niveau qui doit être le sien entre deux grandes nations,
unies par des liens politiques forts, une histoire commune, riche et
une volonté de joindre nos talents au bénéfice de chacun.
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