La lettre diplomatique

Article – Ghana
La Lettre Diplomatique N°78 – Deuxième trimestre 2007

La coopération franco-ghanéenne : des objectifs ciblés, un réseau dynamique

Par M. Olivier Robinet, Chef du service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France au Ghana

Premier pays d'Afrique de l'Ouest ayant accédé à l'indépendance en 1957, le Ghana constitue aujourd'hui un pôle de stabilité dans la sous-région. L'enracinement de la démocratie, ainsi que le respect des libertés fondamentales, lui ont valu une reconnaissance nationale et internationale. Fort de son assise politique, le gouvernement consolide ses institutions et s'engage dans un ambitieux programme pour relever ses défis en matière de développement économique et social.

Une coopération en plein essor
Occupant une position centrale dans une région menacée par divers conflits et trafics et participant activement aux opérations internationales de maintien de la paix, le Ghana est un partenaire fiable de l'action diplomatique de la France. Une communauté de vues oriente les prises de positions respectives sur les grands problèmes internationaux, qu'ils soient liés à la sécurité, à l'environnement, au commerce…. Afin d'accompagner le Ghana dans ses efforts de développement, la France conduit, avec les autorités locales, un programme de coopération dynamique.

L'aide budgétaire, un soutien recherché

L'Etat ghanéen cherche à moderniser le pays pour améliorer la vie quotidienne de ses citoyens, et offrir un environnement favorable aux investisseurs. Soucieux de préserver leur liberté de décision quant à l'orientation donnée au développement, les autorités privilégient l'aide budgétaire. Depuis 2003, les bailleurs de fonds se sont donc engagés dans un processus ambitieux de coordination étroite, le Multi Donor Budgetary Support (MDBS) destiné à mettre en oeuvre la Stratégie de Réduction de la Pauvreté au Ghana.

L'intégration régionale : une nécessité pour le gouvernement ghanéen

Le Ghana souhaite renforcer son intégration régionale à des fins économique, mais aussi sociale et culturelle. Cette volonté de se rapprocher des pays francophones qui l'entourent suscite un engouement pour le français dont l'enseignement est devenu une priorité nationale. Les programmes de coopération technique tiennent compte de cette évolution et engagent des actions multiformes en faveur du français. Au-delà de la connaissance de la langue, une meilleure appréhension des institutions françaises permettrait aux autorités ghanéennes de mieux comprendre leurs voisins. C'est donc vers les domaines de l'organisation de l'Etat, de la décentralisation, de la coopération policière et des systèmes juridiques que se dirigent les demandes.

La stratégie d'intervention
En réponse aux besoins formulés par le gouvernement ghanéen, la coopération française se concentre sur trois priorités stratégiques :
– un appui à l'intégration régionale,
– la promotion du développement durable et la lutte contre la pauvreté,
– un soutien à l'Etat de droit et la promotion d'un environnement démocratique,
… qui déterminent un centrage du dispositif de coopération sur cinq domaines prioritaires :
– les infrastructures
– le développement rural
– l'eau et l'assainissement
– la promotion de la francophonie et de la diversité culturelle
– l’enseignement supérieur et la recherche agronomique
– l'appui à l’Etat de droit, la décentralisation et la bonne gouvernance

Le réseau de la coopération France-Ghana: des acteurs spécialisés, des réponses adaptées
Le Service de Coopération et d'Action culturelle (SCAC) a pour mission, sous l'autorité de l'Ambassadeur, de définir et de coordonner les actions de coopération de la France dans ses différentes composantes culturelle et linguistique, scientifique, technique et institutionnelle. Les actions de coopération sur le terrain sont relayées par un réseau composé :
– d'une quinzaine d’assistants techniques placés au sein d'administrations ghanéennes d'universités ou d'organisations internationales ;
– d'un réseau de cinq Alliances françaises à Accra, Tema, Kumasi, Cape Coast et Takoradi et de l’école française d’Accra ;
– de chercheurs du Centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le Développement (CIRAD).

La promotion de l'action culturelle et linguistique
L'action culturelle compte parmi les missions premières du SCAC qui assure notamment la supervision des établissements culturels et éducatifs (réseau des Alliances françaises, école Jacques Prévert). Le SCAC est responsable de la conception et de la mise en œuvre des grands évènements rythmant le calendrier culturel comme la Fête de la musique, la Semaine européenne ou la Quinzaine de la Francophonie. En liaison avec les Alliances françaises, il soutient la création et la diffusion culturelle et s'attache à promouvoir les projets des acteurs culturels ghanéens et de leurs partenaires de la sous-région.
En raison notamment de sa position géographique, l'enseignement du français est une priorité pour le Ghana. Le SCAC est le maître d'œuvre des actions touchant la promotion de la langue française, tant dans l'enseignement que dans les divers domaines de la formation des adultes : appui à la définition de la politique éducative nationale concernant le français ; formation initiale et continue des professeurs ; création et structuration des offres de formation du français professionnel (fonction publique, hommes d'affaires, militaires, policiers…).

La mise en œuvre de la coopération institutionnelle

A côté de ses actions traditionnelles (culture, enseignement du français), le SCAC conforte ses activités dans les domaines « régaliens ». Au Ghana, l'enjeu est d'accompagner les efforts de démocratisation institutionnelle par l'appui aux processus électoraux, par l'aide à l'élaboration de cadres juridiques garantissant les libertés publiques, par le renforcement de l'exercice de la citoyenneté, par la réforme de la fonction publique et par le soutien aux efforts de décentralisation. Trois domaines sont privilégiés : Etat de droit, décentralisation et promotion de la société civile. Ces opérations sont appelées à connaître un essor certain dans l'avenir, en raison de la montée en puissance des besoins en administration publique et de la compétence reconnue à la France dans ces domaines.

La coopération universitaire et scientifique

La recherche scientifique est un volet essentiel de la coopération entre le Ghana et la France. Le SCAC assure la promotion et la collaboration des partenariats scientifiques et universitaires entre les institutions ghanéennes et françaises que ce soit le CIRAD, le Centre national de Recherche scientifique (CNRS), ou le programme de lutte contre le sida « Ensemble pour une Solidarité Thérapeutique Hospitalière En Réseau » (ESTHER). Il assure la mise en œuvre de projets dans le domaine de la recherche agronomique (cocotier, cacao etc.), la biodiversité ou les systèmes d'information scientifiques.

Tous droits réservés ® La Lettre Diplomatique