Israël, un partenaire croissant pour la France
Par M. Maurice Sportiche, Chef de la Mission économique française en Israël
La relation économique franco-israélienne est intense.
Israël est aujourd'hui une puissance économique régionale avec un PIB d’environ 109 milliards de dollars (environ 16 300 $ /habitant). Du fait du caractère hautement qualifié et dynamique d'une partie de sa main d'œuvre, Israël dispose d’un appareil productif performant, rendu plus compétitif encore ces dernières années par la dépréciation du shekel et l’ajustement à la baisse des salaires. Outre quelques secteurs traditionnels forts comme la chimie ou la plasturgie, depuis plus de 10 ans, une partie importante de son tissu industriel s’est progressivement réorientée vers le secteur des hautes technologies dans les domaines suivants : aéronautique, électronique civile et de défense, composants, télécommunications et logiciels informatiques, et plus récemment, biotechnologies ; plusieurs entreprises israéliennes ou israélo-américaines, ont ainsi, en quelques années, réussi à se positionner au meilleur niveau international, sur certaines niches de ces marchés (sécurité informatique, drones, réseaux de télécommunications, médicaments génériques…). En outre, plusieurs multinationales de hautes technologies ont créé des centres importants de R&D en Israël.
Ceci a permis à l'économie israélienne de bénéficier généralement d'un niveau élevé d'investissement étranger compensant la relative insuffisance de l'investissement domestique. De plus, malgré la récente crise du secteur high-tech, il existe encore une importante pépinière de start-up (environ 800 à 1000) positionnées sur des créneaux porteurs et qui attirent aussi de nombreux investisseurs tant israéliens qu’internationaux. Enfin, Israël dispose d’une infrastructure bancaire globalement solide.
Dans ce contexte, les échanges entre la France et Israël se sont fortement développés depuis 10 ans. L'essor de l'économie israélienne depuis le début des années 1990 s'est accompagné d'une intégration plus forte d'Israël dans l'économie mondiale. Les échanges franco-israéliens en ont fortement bénéficié puisqu'ils sont passés de 1,2 milliards d’euros en 1992 à 1,8 milliards d’euros en 2003.
Il faut souligner que ce développement intervient au bénéfice des deux parties, conformément à l'esprit de l'Accord d'Association conclu entre l'Union européenne et Israël. Il correspond à un quasi-doublement des exportations françaises vers Israël de 1992 à 2002, et à une progression de 65 % des exportations israéliennes vers la France au cours de la même période. A ce titre, il me faut souligner qu’Israël est ainsi un débouché significatif pour nos exportations, se situant même actuellement devant des pays tels que l'Egypte et l'Inde.
Cette progression structurelle sur le moyen terme concerne en pratique tous les secteurs d'activité (produits de grande consommation, biens d'équipement et d’infrastructures, haute technologie, services…). Du reste, un nombre croissant d'entreprises françaises ont fait le choix stratégique de s’implanter en Israël ces dernières années, tant dans le secteur industriel que dans le secteur bancaire.
Ainsi, le groupe Veolia, allié aux groupes israéliens Dankner et I.D.E., est en train de construire en B.O.T. une usine de dessalement d'eau de mer de 100 millions de m3, à Ashkelon, la plus grande du Moyen-Orient. Cela représente un investissement de 250 millions de dollars, un des plus importants projets mené en Israël ces dernières années. Par ailleurs, Alstom a été retenu, avec Connex, pour la construction et l'exploitation de la première ligne de tramway à Jérusalem, ce qui représente un contrat d’environ 250 millions d’euros.
D’autre part, de nouveaux investissements français ont été réalisés. Parmi ceux-ci, on peut notamment mentionner que Dexia a achevé la prise de contrôle de la banque « Otzar Hashilton Hamekomi » spécialisée dans le financement des collectivités locales israéliennes. En outre, Danone a conclu un accord de partenariat et d’investissement avec la société israélienne Mey Eden dans le domaine de l’eau minérale.
De plus, désormais, il existe un véritable courant significatif d'investissements israéliens en France qui tend à se développer. C’est le cas en particulier du rachat de Brandt par le groupe israélien Elco, d’une filiale française de Bayer par le groupe pharmaceutique israélien Teva, et d’Allibert par Keter Plastics, d’autres opérations pouvant suivre dans les prochains mois.
Les perspectives de coopération sont toujours très prometteuses pour l’avenir.
1/ Il existe effectivement un programme de grands projets israéliens d'infrastructures qui intéresse directement les entreprises françaises.
Le Gouvernement israélien met un œuvre un programme d’investissement dans la modernisation de ses infra-structures nationales, d’un montant de plusieurs milliards d’euros pour les prochaines années, auquel nos entreprises peuvent légitimement espérer participer. Des projets significatifs existent dans le domaine des transports publics, du dessalement d'eau de mer, de la gestion des déchets, de l’énergie et des télécommunications. Dans ces domaines, les opérateurs français disposent d’un savoir-faire reconnu internationalement et sont prêts à nouer des partenariats avec des opérateurs israéliens.
D’ailleurs, de nombreuses délégations d’hommes d’affaires français sont venues en Israël récemment, et ce au plus haut niveau.
2/ Deuxième pôle de notre coopération, tout aussi prometteur, celui de la haute technologie.
Il convient d’insister sur l'importance que les autorités françaises accordent au développement de partenariats technologiques, la France comme Israël étant des pôles d'excellence internationalement reconnus, que ce soit dans l'aéronautique, les télécommunications, les biotechnologies.
En effet, malgré les contrecoups conjoncturels, le savoir-faire israélien en matière de haute technologie demeure un atout fondamental, et le potentiel israélien en matière de R&D se situe à un niveau très élevé. Israël se situe ainsi aujourd’hui dans les toutes premières places des grandes concentrations internationales de haute technologie.
Dans ce contexte, il faut souligner les nombreux projets communs qui ont été conclus entre entreprises françaises et entreprises israéliennes dans le cadre du Programme Européen de Recherche et Développement, le PCRD, qui offre un cadre favorable à l’émergence de nouveaux partenariats technologiques.
Il faut également mentionner les succès du partenariat qui a été initié entre « l'Office du Chief Scientist » israélien, et l'ANVAR en France, avec l’appui des autorités françaises et la Chambre de Commerce France-Israël. Ce partenariat a déjà permis de faire émerger une vingtaine de projets conjoints entre PME françaises et israéliennes déjà ou en cours de labellisation EUREKA.
3/ Toutefois, la France souffre encore en Israël d'un réel déficit d'image dans le domaine économique et commercial.
Elle est en effet encore trop mal connue comme grande puissance industrielle. Les Israéliens semblent insuffisamment connaître les réussites technologiques françaises.
A l'inverse, les entreprises françaises, surtout les PME, ne savent pas assez qu'Israël est devenu au fil des ans un marché de grande consommation et un pays de haute technologie. Les PME françaises sont donc peut être encore trop frileuses vis-à-vis du marché israélien.
A l’heure où une reprise économique se développe en Israël et ce, en dépit d'une situation géopolitique qui reste délicate, il faut garder en mémoire que toutes les périodes de crise de l'histoire d'Israël ont été suivies d'une nette reprise de la croissance.
Il existe actuellement et pour l'avenir de fortes potentialités d'exportations mais aussi de partenariats pour la grande majorité des entreprises françaises, grandes entreprises et PME, quel que soit leur secteur d'activité, pour peu qu'elles soient décidées à consentir un effort de prospection minimal auquel est prête à les aider la Mission Economique de Tel Aviv.