Une présence commerciale française à renforcer
Par M. Jacques Bignalet, Chef de la Mission économique française au Kazakhstan
Même si la France améliore graduellement ses positions sur le marché kazakhstanais, nous sommes encore loin d’en être un acteur majeur, détenant aujourd’hui la 10ème place parmi les fournisseurs de ce pays avec seulement 2,3 % de parts de marché. Nous ne participons donc encore que de manière marginale à l’extraordinaire développement que connaît le Kazakhstan depuis plusieurs années.
La Russie y est encore le partenaire essentiel occupant plus du tiers du marché, suivie par l’Allemagne avec 8,7 % et, de plus en plus, par la Chine, désormais à 6,2 %.
Nos exportations progressent bien (+55% en 2003 à 156 millions d’euros), mais notre balance commerciale restera longtemps déficitaire en raison de l’importance de nos achats (450 millions d’euros en 2003), constitués à 93 % par des approvisionnements en pétrole brut. La tenue actuelle des cours du pétrole ne devrait pas permettre un rééquilibrage de nos échanges à court terme. Le principal développement de nos exportations viendra surtout du secteur para-pétrolier où nos entreprises ont intensifié leurs prospections dans le sillage de Total depuis début 2002. Les énormes investissements (30 milliards de dollars) qui résulteront de la mise en exploitation du gigantesque champ de Kashagan devraient sensiblement accroître cette tendance.
Nos ventes progressent ainsi dans le domaine des biens d’équipement, mais aussi dans le secteur des biens de consommation (pharmacie, automobile, habillement) avec l’émergence d’une classe moyenne avide de consommer des produits occidentaux.
Notre présence commerciale reste cependant relativement faible avec environ une quarantaine d’entreprises, disposant pour la majorité de simples bureaux de représentation, et seulement quelques investisseurs industriels dont les plus actifs sont Total (développement des énormes champs pétroliers de l’off-shore caspien) et la Cogema (exploitation de mines d’uranium).
Notre politique, qui rejoint parfaitement les vœux du Kazakhstan, est clairement d’intensifier nos relations à tous les niveaux et, en particulier, dans les domaines économiques et commerciaux. Pour preuve, les nombreuses visites officielles qui ont eu lieu depuis deux ans tant en France (Président de la République, Ministres des Affaires étrangères, de l’Industrie, de l’Economie, etc…) qu’au Kazakhstan (Mme Alliot-Marie, MM. Muselier, Poncelet, Loos et bientôt M. Devedjian et le Président Chirac). A noter aussi l’organisation de plusieurs manifestations de type séminaires, expositions, colloques techniques, là aussi dans les deux pays (séminaires d’information en France dans les locaux d’Ubifrance, Forum économique de la France au Kazakhstan à Astana et Almaty du 19 au 23 mai 2003, Colloque d’Ubifrance dans le domaine pétrolier à Almaty en juin 2004). Enfin, la tenue à Paris en mars 2004 de la 6ème réunion du Groupe de travail intergouvernemental franco-kazakhstanais pour la coopération économique.
C’est dans ce contexte que se situe l’action de la Mission économique de notre Ambassade au Kazakhstan, d’abord informer notre gouvernement sur l’évolution économique de ce pays et nos entreprises sur les potentialités offertes par ce marché, ensuite soutenir ces dernières dans leur développement international que ce soient nos grands groupes industriels ou de nombreuses PME à la recherche de partenaires fiables dans leurs domaines respectifs.
Nous avons une place à prendre dans ce pays doté d’une stabilité politique exemplaire et dont les besoins augmentent proportionnellement au développement de ses immenses richesses.
Cette réalité a déjà été bien comprise par certaines de nos entreprises, mais il y a encore fort à faire.