La lettre diplomatique

Article – Afrique du Sud
La Lettre Diplomatique N°67 – Troisième trimestre 2004

Les sénateurs français et l’Afrique du Sud

Par M. Jean Puech, Sénateur de l’Aveyron, Président du Groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique du Sud au Sénat

Le Sénat de la République française compte actuellement 78 groupes interparlementaires, dont 18 groupes régionaux, regroupant plusieurs pays, liant la Haute assemblée aux institutions politiques et parlementaires de 184 États. Instruments privilégiés de la coopération bilatérale entre les Parlements, ces groupes sont devenus des acteurs de premier ordre de la diplomatie parlementaire. Les missions effectuées par les groupes sénatoriaux d'amitié permettent de mieux connaître la situation concrète des pays visités, mais aussi, le cas échéant, de favoriser le rayonnement de notre pays, notamment en matière économique, commerciale et culturelle. Ces groupes sont aussi un bon support pour l'établissement de projets de coopération décentralisée et facilitent les contacts entre les sénateurs et les Français établis hors de France.
En outre, parallèlement aux missions traditionnelles des groupes sénatoriaux, se développent, avec l'appui du Service des Relations internationales du Sénat, de nouveaux types d'opérations qui doivent permettre de donner toute sa place à l'activité économique dans leur réflexion. C'est ainsi que des colloques économiques sont régulièrement organisés, le plus souvent, en partenariat avec le Centre Français du Commerce Extérieur. Ces manifestations très concrètes visent à mieux faire connaître les pays concernés et en particulier les potentialités que représentent leurs marchés pour les entreprises françaises. Elles accueillent un public nombreux composé de parlementaires, de responsables de collectivités locales, de dirigeants politiques étrangers, de chefs d'entreprises… Ces colloques doivent ainsi permettre que des contacts fructueux se nouent entre acteurs de l'exportation française et responsables étrangers.
C’est dans ce cadre que le Groupe d’amitié France–Afrique du Sud, qui comporte 52 membres, se donne pour ambition de développer nos relations amicales avec les parlementaires et les autorités politiques de ce grand pays, qui vient de fêter le dixième anniversaire du retour de la démocratie.
En tant que Président du groupe d’amitié, j’ai pu ainsi assurer le Président de la République d’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, lors de l’entretien accordé par M. Christian Poncelet, Président du Sénat, le 18 novembre 2003, de la disponibilité des sénateurs français pour soutenir la dynamique nouvelle des relations bilatérales franco-sudafricaines. J’ai indiqué que le groupe d’amitié souhaitait apporter une contribution très active au renforcement des relations politiques, et notamment parlementaires, entre les deux pays. Par rapport à bien d'autres pays du continent africain, la France a historiquement peu de liens avec l'Afrique du Sud. Les relations bilatérales se trouvent donc en grande partie à construire.
Celles-ci peuvent trouver un terrain favorable grâce à la convergence de vues des deux pays sur de nombreux dossiers internationaux, à l'expérience de la France en Afrique et à la contribution qu'elle peut apporter dans l'aide au développement.
Nos convergences de vues, notamment sur l’Irak, en faveur de l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies ou de l’établissement d’un monde multipolaire, sont en effet fortes. L’intensification récente des relations commerciales entre les deux pays, avec notamment le projet d’usine d’aluminium de Péchiney, doivent les hisser à la hauteur de leurs relations politiques. La France n'est que le 11ème client, le 7ème fournisseur et le 7ème investisseur de l'Afrique du Sud. En termes d'assistance technique et d'engagements financiers, notre effort apparaît encore modeste par rapport à d'autres pays du continent, et aussi par rapport aux moyens dégagés par nos partenaires.
Les efforts économiques de la République d’Afrique du Sud, notamment pour résorber les poches de pauvreté, méritent d’être activement soutenus. Le développement durable du moteur économique du continent est en effet lié au progrès social. L’accord de coopération entre l’Union européenne et l’Afrique du Sud, dont j’ai été le rapporteur de la loi de ratification au Sénat en novembre 2003, devrait l’y aider.
Auprès de la communauté internationale, de l’Union européenne et du G8, la France a toujours porté un message fort en faveur de l’Afrique. Je rappelle la pertinence de la proposition du Président de la République, M. Jacques Chirac, en faveur d’une remise de la dette des pays en voie de développement. L’Afrique du Sud doit être également aidée dans sa lutte contre la pandémie du SIDA.
Le rôle actif de l’Afrique du Sud dans la recherche d’un apaisement des conflits régionaux, récemment encore dans la région des Grands Lacs ou le Darfour, la volonté de développement des infrastructures comparable à celle de l’Europe, afin de résorber les déséquilibres régionaux et de combattre les inégalités raciales en Afrique en Sud portent en eux les promesses d’une relance du développement du continent africain tout entier.
Pour atteindre ces objectifs, le groupe d’amitié envisage d’organiser la visite d’une délégation de sénateurs français dans ce pays en 2005.


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