Un potentiel économique à valoriser
À l’approche des élections présidentielles de novembre 2005, les villes et villages du Honduras ont commencé à revêtir les couleurs, rouge et bleu, de ce grand rendez-vous qui mobilise la société hondurienne tous les quatre ans. Au terme de son mandat, le Président Ricardo Maduro laissera un pays avec une situation économique stabilisée, une inflation contenue et le lancement de chantiers sociaux cruciaux pour le pays tels que la lutte contre la criminalité et la lutte contre le chômage. La grande réussite de son administration a été la signature d’un accord avec le FMI début 2004, qui a permis, entre autres avantages, d’obtenir au mois d’avril suivant un nouvel accord avec les pays créanciers membres du Club de Paris. La dette extérieure du Honduras, s’élevant initialement d’ 4,6 milliards de dollars environ, a été réduite ses dernières années grâce à l’annulation et aux allègements consentis par plusieurs pays, ainsi qu’aux restructurations entreprises avec les institutions financières internationales. A l’appui de ces accords et grâce à la rigueur avec laquelle l’actuelle administration a fait usage des finances publiques, le Honduras espère ainsi parvenir au point d’achèvement de ce processus en mars 2005, sous l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés – HIPC) du FMI. Il disposera dès lors de fonds qui pourront être affectés à l’exécution de la Stratégie de réduction de la pauvreté mise en œuvre par le gouvernement hondurien, notamment dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, des programmes d’aide à l’enfance ou de la santé. Avec la lutte contre les organisations criminelles, phénomène en pleine explosion en Amérique centrale, la réduction de la pauvreté est la priorité des autorités honduriennes.
Si la persistance de cette pauvreté demeure le défi majeur du Honduras, il ne faut toutefois pas réduire son image à celle d’un pays confronté à un destin inéluctable. En effet, l’expression la plus visible du dynamisme de ses habitants « se manifeste dans la démographie : alors qu’il a fallu deux siècles pour que la France double le chiffre de sa population par rapport à celui de 1789, le Honduras pour sa part a quasiment multiplié par seize le chiffre de sa population au cours des cent dernières années ! »1 Pour l’heure, la question centrale qui se pose aux autorités honduriennes est de trouver le juste équilibre entre les nécessités sociales de la population et les exigences du FMI.
Durement affectée par les ravages de l’ouragan Mitch en 1998 puis par le ralentissement de l’économie américaine consécutif aux attentats du 11 septembre 2001, l’économie hondurienne est repartie à la hausse depuis 2003 avec une prévision de croissance de 3,5% en 2004. Si les fonds envoyés par un demi million de Honduriens vivant à l’étranger (aux Etats-Unis notamment) demeurent la deuxième source de devises pour le pays derrière
l’exportation de produits agricoles, le secteur des maquilas (usines dédiées à la sous-traitance dans le secteur du textile), a repris de la vigueur, générant 900 millions de dollars à l’exportation en 2004. Représentant le second moteur de l’économie nationale et son premier employeur, la maquila hondurienne a contribué à créer, depuis sa mise en place en 1990, près de 130 000 emplois. Lors d’une cérémonie à San Pedro Sula, le Président Ricardo Maduro a souligné son rôle déterminant pour le développement du pays : « la maquila a été un précurseur et un modèle de ce qui est notre esprit d’ouverture, du changement d’attitude de l’entrepreneur » en sortant du modèle protectionniste qui caractérise
traditionnellement le secteur privé hondurien.
Avec l’échec des stratégies de développement s’appuyant sur les industries de la banane et du café, qui ont souffert du faible niveau des prix sur le marché international (ces produits ne représentent plus que 15% des exportations honduriennes), les autorités honduriennes se sont employées à développer de nouveaux secteurs d’activités, tout en multipliant les mesures destinées à attirer les investisseurs étrangers comme l’établissement de zones franches. Durant ces dix dernières années, plus de 250 entreprises se sont ainsi implantées au Honduras2, plaçant le pays au troisième rang sur le plan régional en terme d’attraction des investissements étrangers avec un stock de 143 millions de dollars en 2002, derrière le Costa Rica, le Salvador et au coude à coude avec le Nicaragua.3
Avec un rythme de croissance annuelle de 20% depuis 2001, le secteur touristique constitue un des secteurs les plus prometteurs. En 2004, il a généré un apport en devises de 400 millions de dollars, avec l’arrivée de près d’un million de touristes. Le gouvernement hondurien et 35 représentants du secteur privé ont d’ailleurs créé le 30 novembre 2004 un fonds d’investissement touristique pour mener à bien en 2005 le développement du projet Bahia de Tela (Baie de Tela), sur le modèle dominicain de Punta Cana. Ce projet qui doit rassembler près de 43 millions de dollars, dont un apport de 13 millions de dollars provenants d’investisseurs dominicain et de 17 millions de dollars du gouvernement hondurien, s’appuie sur le développement d’une zone sur 3,2 km le long du littoral caraïbéen, près d’une réserve naturelle riche pour sa faune et sa flore, appelée « Los Micos Beach & Resort ». En outre, bien d’autres ressources restent à valoriser dans ce pays au premier rang desquelles, la production de l’or bleu que favorisent l’escarpement général des pentes et la relative abondance des précipitations. Cette ressource n’est jusqu’à présent exploitée que par l’usine hydro-électrique de Yojoa-Rio Lindo, dressée sur les rives du lac artificiel aménagé près du lac de Yojoa (210 m de profondeur pour 330 km2 de superficie), formidable réserve d’eau douce, réputée pour ses « pluies de poissons ».
Pivot de l’Amérique centrale, le Honduras a longtemps pâti de la « regrettable barrière à la navigation » que constitue l’isthme centraméricain, inutilisable en raison de son exceptionnelle longueur et de ses particularités topographiques. Si la concurrence de l’agriculture nord-américaine peut soulever des craintes chez les paysans honduriens, à juste titre si l’on prend le cas de l’agriculture mexicaine depuis la mise en œuvre de l’ALENA, les processus d’intégration économique de l’ALEAC4 et, à plus long terme, de l’ALCA5 peuvent néanmoins offrir au Honduras l’opportunité de s’affranchir de sa situation géographique.
1 – André-Marcel d'Ans, "Le Honduras, Difficile émergence d'une nation, d'un Etat.", Karthala, 1997
2 – Cabinet F.A. Arias & Munoz
3 – MINEFI/DREE "Investissements étrangers et présence française au Honduras en 2002", avril 2004
4 – Accord de libre-échange conclu par le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua avec les Etats-Unis le 17 décembre 2003
5 – Accord de libre-échange des Amériques