La lettre diplomatique

Article – Slovaquie
La Lettre Diplomatique N°67 – Troisième trimestre 2004

Le Général Stefanik et la France

Personnalité la plus importante de l’histoire moderne de la nation slovaque, fondateur de la diplomatie tchécoslovaque, le Général Milan Ratislav Stefanik est aux relations franco-slovaques ce que le Général Lafayette incarne pour les relations franco-américaines. Tout un symbole. Né le 21 juillet 1880 dans le presbytère du village de Kosariska, ce fils de pasteur eut un parcours atypique qui le conduisit à suivre les idées de Ludovit Stur, haute figure du printemps des peuples en Europe centrale, qui mena au milieu du XIXème siècle la lutte pour la défense des droits de son peuple opprimé. Il obtient un doctorat de philosophie à Prague, où il fait également connaître aux Tchèques la culture slovaque, avant de compléter ses études dans les domaines de l’astronomie et de l’optique à Zurich. Sa destinée croise celle de la France en 1904 tout d’abord pour sa passion pour l’astronomie qui le conduit à travailler comme assistant auprès du directeur de l’observatoire de Meudon, le célèbre astrophysicien Jules Janssen. Ses ouvrages scientifiques reçoivent le Prix de l’Association astronomique de France et les Prix Janssen et Wilde de l’Académie des Sciences, et lui valent en 1914 d’être promu Chevalier de la Légion d’Honneur. Engagé volontaire dans l’armée française pour servir l’aviation, Stefanik se voit confier par le Maréchal Foch, commandant de l’armée française, l’organisation du service météorologique militaire. Décoré de la Croix de guerre, il passe en trois ans du grade de caporal-chef à celui de général de brigade. Il joue un rôle important pour informer le public de la situation difficile des peuples dans l’empire austro-hongrois et à former la conception des hommes politiques français sur le visage de l’Europe d’après-guerre. Ce rôle lui vaut d’être nommé vice-président du Conseil national tchécoslovaque créé à Paris en 1916, aux côtés de Tomas Masaryk qui en fut le président et d’ Eduard Benes qui en fut le secrétaire. Mandaté par la France, Stefanik se rend en Russie, en Roumanie puis aux Etats-Unis pour recruter les futurs soldats de l’armée tchécoslovaque dont le Président français Raymond Poincaré et son Premier ministre Georges Clemenceau autorisent la création sur le territoire français par le décret du 19 décembre 1917. Le 30 juin 1918, les troupes tchécoslovaques prêtent serment sur leur drapeau que leur remet le Président Poincaré, à Darney, dans les Vosges, marquant ainsi la reconnaissance du gouvernement français au droit des nations tchèques et slovaques à former un Etat souverain et indépendant. C.H.


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