Vers une « nouvelle ère de rapprochement de l’Azerbaïdjan avec la France »
Par M. Jean-François Terral, Directeur de l’Europe occidentale au Ministère des Affaires étrangères
Portant témoignage de la qualité de nos relations bilatérales, mais aussi des ambitions de nos deux pays pour l’avenir, la visite d’Etat du Président Aliyev a permis de conforter les positions de la France dans le domaine économique et d’asseoir notre présence en Azerbaïdjan sur des bases plus larges, répondant aux multiples attentes de ce pays à notre égard.
Pays le plus vaste et le plus peuplé du Caucase du Sud, l’Azerbaïdjan est aussi l’un de nos premiers partenaires commerciaux en CEI (Communauté des Etats indépendants), avec un volume d’échanges de près de 800 millions d’euros, qui a plus que quadruplé depuis 2004 (168 millions d’euros). Si cette progression est liée en grande partie aux achats français d’hydrocarbures – pour lesquels la France est le 2ème client étranger de l’Azerbaïdjan – il n’en reste pas moins que notre pays a considérablement diversifié sa présence économique en Azerbaïdjan, où la France est le 4ème investisseur étranger. Alors que les entreprises françaises étaient traditionnellement présentes dans les secteurs pétrolier et para-pétrolier, elles portent un intérêt croissant aux secteurs de l’agroalimentaire (Castel), de la banque (BNP-Paribas, Société Générale), du BTP (Vinci) ou de l’environnement (Véolia, CNIM…).
Les attentes envers la France sont grandes, dans ce pays d’Islam chiite qui a fait de la laïcité et de l’égalité des sexes deux des principes fondateurs de la République, et ce dès la première indépendance en 1918. Elles le sont dans le domaine de la culture, de l’enseignement et de la recherche scientifique ou dans celui du tourisme mais aussi en matière de sécurité civile, où l’Azerbaïdjan a fait clairement le choix du modèle français pour la restructuration de son appareil de gestion des crises. Elles le sont enfin en matière de politique familiale et de statut de la femme, avec l’intention affichée par nos deux pays d’amorcer une coopération dans les domaines du planning familial et de la lutte contre les mariages forcés.
Sur le plan politique, la France s’attache à promouvoir la stabilité et le développement dans le Caucase du Sud. Au sein du Groupe de Minsk, la France, aux côtés de la Russie et des Etats-Unis, ne ménage pas ses efforts pour parvenir à une solution équilibrée au conflit du Haut-Karabakh. Depuis plus de quinze ans, celui-ci fait obstacle à la normalisation des relations de l’Azerbaïdjan avec son voisin arménien, et au développement de la coopération régionale. La France s’est aussi faite l’avocat, en 2004, de l’extension de la politique européenne de voisinage aux trois pays du Caucase du Sud, marquant ainsi notre volonté d’accompagner les réformes dans ces pays.
Pour toutes ces raisons, je suis convaincu que la visite d’Etat du Président Aliyev, loin de marquer seulement l’aboutissement de ces évolutions positives, est avant tout le point de départ d’une nouvelle ère de rapprochement de l’Azerbaïdjan avec notre pays et avec l’Union européenne.