La lettre diplomatique

Article – Grèce
La Lettre Diplomatique N°75 – Troisième trimestre 2006

Une coopération franco-hellénique toujours aussi dynamique

Par M. Bernard Perrut, Député du Rhône, Président du Groupe d’Amitié France-Grèce de l’Assemblée nationale

 

Aux esprits chagrins, l’intégration toujours plus étroite entre les États membres de l’Union européenne paraît parfois avoir affaibli la portée du face-à-face binational qui a tissé, jusqu’à la Belle Epoque et même au-delà, la trame des relations diplomatiques dans le monde.

La coopération bilatérale franco-grecque vérifie-t-elle pourtant cette analyse ? Certes, les Français et les Grecs sont aujourd’hui représentés côte à côte au Parlement européen. Depuis 2002, ils partagent la même monnaie. Dans les aéroports d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique, ils présentent depuis longtemps aux douaniers les mêmes passeports bordeaux qui, à des milliers de kilomètres du continent européen, font naître entre eux des regards complices au moment où ils constatent l’identité de la couleur.

Au-delà des apparences, la coopération bilatérale franco-grecque n’est pourtant rien moins qu’unicolore. Des questions comme l’immigration, la coopération agricole, les relations commerciales sont certes désormais traitées à Bruxelles, à Luxembourg ou à Strasbourg, quoiqu’elles restent l’objet d’échanges bilatéraux en vue de préparer les négociations au niveau européen. Mais les relations entre les deux pays doivent profiter de cet état de fait pour se raffiner, se densifier, se concentrer sur leur dimension proprement franco-héllénique.

La coopération culturelle et universitaire est sans doute le meilleur exemple de cette orientation à long terme. La France est la première destination des étudiants Erasmus grecs. Co-financé par les entreprises françaises implantées en Grèce et par l’ambassade, le programme de bourses Vrika a permis en 2005 aux plus avancés d’entre eux de poursuivre des études supérieures dans des grandes écoles ou des universités françaises. Le programme porte comme nom la forme moderne du fameux « Eurêka ! » d’Archimède. Il nous rappelle que les échanges culturels vont dans les deux sens et que la Grèce d’aujourd’hui a tout autant à nous apporter que la Grèce d’hier.

Dans les grandes villes universitaires comme Paris ou Nancy, les associations franco-helléniques fleurissent et prospèrent. Revues, projections, rencontres, concours de traduction permettent de contribuer à une meilleure connaissance mutuelle. Ces efforts doivent être soutenus, car ils permettent de dépasser un dernier fond d’incompréhension qui subsiste, même encore aujourd’hui, d’une nation à l’autre au sein de la grande Europe.

Par sa vitalité, la coopération bilatérale franco-grecque nous rappelle que le continent est et restera une mosaïque, ce qui rend d’autant plus nécessaire d’entretenir le ciment entre ses tesselles nationales. Elle contribue ainsi à construire une Europe plus unie qui, loin de faire disparaître les cultures na-tionales, leur permet au contraire de s’épanouir en rayonnant au-delà de leurs frontières.  


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