La lettre diplomatique

Article – Lituanie
La Lettre Diplomatique N°74 – Deuxième trimestre 2006

Des conditions propices pour que la France devienne un partenaire plus important de la Lituanie

Par M. Bernard Paitreault, Chef de la Mission économique française en Lituanie

 

Vieux pays européen que les vicissitudes de l’histoire ont séparé à plusieurs reprises des nations occidentales, la Lituanie est réapparue sur la scène internationale il y a quinze ans. Avec ses deux consœurs baltes, Lettonie et Estonie, elle a alors engagé une démarche volontariste et rigoureuse de transition vers l’économie libérale de marché. Et c’est fort logiquement que la Lituanie, au printemps 2004, est devenue membre de l’OTAN (fin mars) puis de l’Union européenne (le 1er mai).

Depuis le début des années 2000, le pays connaît une situation économique globalement favorable, caractérisée par une croissance économique soutenue, qui a atteint 7,5 % en 2005, elle-même alimentée principalement par la consommation des ménages et par les investissements.

La croissance est également soutenue par l’arrivée des fonds européens dont bénéficie dorénavant la Lituanie – rappelons que le pays est l’un des plus pauvres parmi les NEM (Nouveaux Etats Membres), avec un revenu par habitant (calculé en parité de pouvoir d’achat) représentant, en 2004, 48% de la moyenne communautaire. Pour la seule période 2004-2006, ce soutien de l’Union européenne atteint 1,5 milliard d’euros (900 millions d’euros de fonds structurels et 600 millions de fonds de cohésion), sans tenir compte des fonds spéciaux (facilité Schengen, etc…). Les sommes augmenteront encore durant la période 2007-2013, avec un total de l’ordre de 6 milliards d’euros, dont environ les deux-tiers sous forme de fonds structurels.

Pour autant, la Lituanie reste, aujourd’hui encore, une partie de l’Europe trop méconnue, trop ignorée des entreprises françaises. Celles-ci n’ont commencé à orienter leurs démarches de prospection vers la Lituanie qu’à partir du milieu des années 90. Depuis, leur présence est progressivement devenue plus significative. Selon le Département lituanien des statistiques, la part de marché de la France a régulièrement augmenté pour se situer à 3,2 % en 2004.

En 2005 cependant, cette part de marché est retombée à 2,8 %, même si, dans le même temps, le volume global du commerce extérieur franco-lituanien a, pour la première fois, dépassé le milliard d’euros. Ces échanges sont déséquilibrés, les exportations françaises (324 millions d’euros) étant largement inférieures aux importations (679 millions d’euros) ; ces dernières comprennent, il est vrai, des livraisons de carburants raffinés qui contribuent fortement au déséquilibre de la balance. Mais l’importance des ventes lituaniennes en France est aussi un signe de la compétitivité de son industrie.

En matière d’investissement direct étranger, les statistiques officielles placent la France au 15ème rang des pays investisseurs en Lituanie, avec un chiffre d’environ 66 millions d’euros, soit de l’ordre de 1% du stock total. Ce positionnement modeste ne donne toutefois pas une image complète de la situation ; il convient, en effet, de rappeler que Varsovie n’est qu’à 500 km de Vilnius, et que la France est le premier investisseur étranger en Pologne. Il en résulte qu’un certain nombre d’entreprises françaises sont présentes en Lituanie par l’intermédiaire de leur filiale de production située en Pologne.

On dénombre en outre une trentaine de filiales commerciales, succursales ou bureaux de représentation d’entreprises françaises, dans des secteurs d’activités très variés.

Il n’en reste pas moins que, d’une manière ou d’une autre, la Lituanie est un marché en développement, où le pouvoir d’achat augmente régulièrement et où la croissance fait naître de nombreuses opportunités d’affaires. C’est une réalité dans le domaine des biens de consommation, où la demande des ménages reste soutenue, mais aussi dans le domaine des infrastructures, où les fonds européens jouent un rôle déclencheur décisif. Et, comme le confirme l’expérience des dernières années, les entreprises françaises, PME comprises, ont en main tous les atouts pour lancer ou développer de nouveaux courants d’affaires vers le marché lituanien.           


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