Des échanges féconds au service du projet européen et de la francophonie
Par M. Denis Badré, Sénateur des Hauts-de-Seine, Président du Groupe d’amitié France-Pays baltes, Vice-Président de la Délégation pour l’Union européenne du Sénat.
Des relations d’amitié antérieures à la reconnaissance de la Lituanie par la communauté internationale
Dès le mois de novembre 1990, un groupe de sénateurs et de députés, parmi lesquels, Claude Huriet, premier président du futur groupe d’amitié France-Pays baltes du Sénat, a accueilli à Paris plusieurs parlementaires de Lituanie à l’occasion de la Conférence de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), alors que leur présence n’avait pas été souhaitée par la délégation soviétique. Les sénateurs et députés français ont alors ouvert la porte de leur institution, mais aussi de leurs propres maisons pour accueillir les représentants du Seimas1.
Ce fut le début d’une étroite amitié et d’une coopération renforcée, dont le point de départ officiel a été la reconnaissance de la Lituanie par la communauté internationale en 1991. Ainsi, au-delà des relations institutionnelles traditionnelles entre la France et la Lituanie, les sénateurs ont noué des liens indéfectibles de respect et d’amitié avec les plus hauts représentants de l’Etat lituanien, notamment avec le Président de la République, Vytautas Landsbergis, devenu ensuite Président du Seimas.
Des liens renforcés avec l’entrée de la Lituanie dans les institutions européennes
Les nombreuses rencontres avec le groupe Lituanie-France du Seimas et les déplacements fréquents des sénateurs en Lituanie ont permis de renforcer les liens du Sénat français avec la Lituanie.
Successeur du président fondateur du groupe France-Pays baltes, je garde, pour ma part, un excellent souvenir de ma participation, en mai 2003, à la campagne référendaire pour l’adhésion de la Lituanie à l’Union européenne, qui s’est traduite par une adhésion massive des Lituaniens en faveur de l’entrée de leur pays dans l’Union (90 %). J’ai alors été marqué par l’échange que j’ai eu avec les étudiants qui se préoccupaient davantage de la contribution que la Lituanie allait apporter à l’Union européenne, plutôt que du bénéfice que leur pays pouvait retirer de cette adhésion. C’est de cet élan humain désintéressé dont l’Europe a besoin aujourd’hui, pour avancer dans l’élaboration d’un projet politique fédérateur, qui donne une texture humaine à l’Union élargie, et aller au-delà de la simple agrégation d’intérêts économiques et commerciaux.
Lors de ma rencontre à Paris avec le Président de la République, Valdas Adamkus, au mois d’octobre dernier, je lui ai confié mon inquiétude après le non français au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Si les pays fondateurs ne sont plus en mesure de porter le projet européen, l’espoir est donc à l’Est, dans les pays nouvellement entrés dans l’Union. L’Union européenne a besoin de la Lituanie, premier pays à avoir ratifié le traité constitutionnel2, de son enthousiasme, de sa ténacité et de sa bonne connaissance de la Russie, avec laquelle l’Union élargie devra établir des relations apaisées et constructives.
Le 4 avril dernier, notre groupe a accueilli une délégation de parlementaires du Seimas (photo), conduite par Mme Jadvyga Zinkevièiûtë3, Présidente du Groupe d’amitié Lituanie-France, en présence de M. Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman.
A cette occasion, M. Jacques Legendre, Président délégué de notre groupe pour la Lituanie et Secrétaire général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, a salué l’intérêt particulier que la Lituanie porte à l’enseignement du français dans les établissements scolaires et universitaires, ainsi que dans l’administration lituanienne. Il a appelé de ses vœux une implication active de la France pour soutenir les projets francophones en Lituanie.
Les enjeux de la réforme institutionnelle européenne en cours ont également été largement évoqués, ainsi que l’adhésion prochaine de la Lituanie à l’euro, étape majeure, qui devrait permettre une intensification des relations économiques et financières de la Lituanie avec les pays de la zone euro.
J’ai pu constater à maintes reprises que les relations bilatérales entre parlementaires sont souvent décisives : elles sont l’occasion d’échanger en toute confiance sur les projets européens, de mettre en commun nos idées, nos idéaux et nos énergies, et permettent parfois d’avancer sur des questions sensibles. Je persiste à croire en l’efficacité et la fécondité de la diplomatie parlementaire dont les règles plus souples permettent d’afficher des objectifs ambitieux au service de notre destin commun.
1 – Le Seimas est le Parlement lituanien. Il est monocaméral, contrairement au Parlement français qui est composé du Sénat et de l’Assemblée nationale.
2 – Le 11 novembre 2004, la Lituanie a ratifié le traité établissant une Constitution pour l’Europe par la voie parlementaire avec une large majorité.
3 – Membre du parti du travail, Vice-Présidente de la Commission des Affaires européennes et de la Commission des Affaires sociales au Seimas, Présidente de la délégation à l’Assemblée parlementaire de la francophonie.