Du consensus politique au décollage économique
Capitale d’une démocratie apaisée au cœur de l’Afrique de l’Ouest, Bamako se prépare à accueillir le 23ème Sommet Afrique-France. Alors que le Président Amadou Toumani Touré est parvenu à rassembler un consensus sur les choix de développement du Mali, S.E.M. Mohamed Salia Sokona, Ambassadeur du Mali en France, revient pour nous sur les mesures phares engagées en faveur de la lutte contre la pauvreté et la valorisation du potentiel économique malien.
La Lettre Diplomatique : Avec une économie fortement dépendante de ses exportations, notamment en or et en coton, les autorités maliennes comptent accélérer le processus d’industrialisation du pays. A l’image du secteur textile, comment comptent-elles favoriser l’essor d’une industrie de transformation ?
S.E.M. Mohamed Salia Sokona
: Comme vous le savez, au début des années quatre-vingt dix, l’Etat malien a résolument opté pour un développement industriel basé sur l’initiative privée, en limitant son rôle à la réglementation et à la création d’un cadre propice aux affaires. L’objectif visé par l’Etat est d’assurer un développement industriel ordonné, rapide et durable par la création d’unités industrielles compétitives et porteuses d’une croissance rapide et d’emplois durables.
A l’instar du secteur textile dont le développement est urgent au regard de la place du coton dans l’économie malienne et de la faiblesse du niveau de transformation (moins de 1 %), l’Etat s’est engagé à promouvoir l’essor de certaines filières à savoir : sucre, riz, bétail-viande, fruits et légumes et la cimenterie.
Des dispositions ont été prises, à cet effet, pour des créations d’usines dans le secteur textile (filature et tissage), la réalisation de projets dans le secteur du sucre, la création d’usines d’engrais, de cimenteries, d’usines de transformation de riz, de fruits et légumes, de viande et du karité.
Dans le cadre du programme d’incitation à l’investissement étranger, l’Etat a mis en œuvre toute une série de mesures qui vont au-delà des avantages du code des investissements. Elles concernent la simplification des procédures d’agrément à la création d’entreprise, le renforcement des capacités nationales d’appui aux industries agro-pastorales, le renforcement des entreprises de transformation industrielle et de conditionnement.
L.L.D. : Votre pays demeure l’un des plus pauvres du monde selon les Nations-Unies. Face aux importants besoins sociaux, notamment en termes d’emplois et de formation, auxquels il est confronté, quels sont les principaux axes du plan stratégique de réduction de la pauvreté, adopté en 2002 par le gouvernement malien ?
S.E.M.M.S.S. : La formation et l’emploi ont toujours figuré parmi les grandes priorités du Président Touré qui, il faut le rappeler, s’est constamment engagé aux côtés de la jeunesse et des enfants. Le PRODEC (Programme de développement de l’éducation), l’APEJ (l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes) ainsi que le programme d’investissement et d’équipement des différentes disciplines d’enseignement en constituent aujourd’hui les meilleurs supports.
Comme vous le savez, la tenue à Genève en 2004 de
la Table-ronde sur le Mali ainsi que les rencontres sectorielles qu’elle a engendrées, ont permis de recenser l’ensemble de nos besoins vitaux en matière d’éducation et de formation, de santé, d’habitat, de maîtrise de l’eau, de développement agricole et pastoral, et d’exploitation de notre potentiel minier.
Le socle de tout cet ensemble est la réalisation d’infrastructures de base et la promotion de nos entreprises qu’elles soient publiques ou privées.
Naturellement, nous sommes accompagnés dans la réalisation de ce plan par nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, mais il faut bien comprendre que l’essentiel de ces efforts repose surtout sur nos épaules.
Le gouvernement du Mali a exprimé, au cours de ces dernières années, sa volonté de faire de la lutte contre la pauvreté la priorité de toutes les priorités du dévelop-pement. Cette volonté répond à une double exigence : d’une part, rendre les actions de développement plus efficaces au profit des pauvres et, d’autre part, définir de nouvelles politiques, de nouveaux instruments et, enfin, prendre des mesures appropriées à court et moyen termes permettant au gouvernement d’utiliser rationnellement et efficacement les ressources internes et externes de notre pays.
Le document final du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) est conçu autour de trois domaines prioritaires, qui ont vocation à se renforcer mutuellement pour atteindre l’objectif central d’une croissance forte, durable et réductrice de pauvreté. Le triple souci d’efficacité, d’équité, de viabilité institutionnelle et financière anime toute la démarche du CSLP. Les trois domaines prioritaires de cette stratégie sont ainsi :
– le développement institutionnel de la gouvernance et de la participation ;
– le développement humain et le renforcement de l’accès aux services sociaux de base ;
– le développement des infrastructures et appuis aux secteurs productifs.
L.L.D. : Adossé aux plans d’ajustement structurel du FMI, le Mali s’est engagé dans un processus de libéralisation économique. Quels en sont les résultats ? Dans quels domaines le gouvernement malien entend-il accentuer les réformes structurelles entreprises ? Quelles sont ses priorités en ce qui concerne la relance du programme de privatisation ? Comment compte-t-il favoriser l’afflux des investissements étrangers en relative décroissance ces dernières années ?
S.E.M.M.S.S. : Le processus de libéralisation de l’économie malienne s’est traduit par la libéralisation des prix et du commerce, la privatisation des entreprises publiques, l’ouverture d’anciens monopoles publics à la concurrence puis, la participation active et accrue du secteur privé dans l’activité économique pour devenir le moteur de la croissance et du développement.
Les politiques libérales poursuivies jusqu’à présent ont permis d’assainir le cadre macro-économique du Mali et de réduire le poids de la dette publique extérieure sur les finances publiques.
Le Gouvernement malien entend accentuer les réformes structurelles dans les domaines de la réorganisation du cadre judiciaire, de la réglementation des affaires en assurant une plus grande sécurisation de la propriété privée et une protection efficace de la propriété intellectuelle et des marques, de la restructuration du secteur financier, de la réorganisation du monde rural à travers
la Loi d’orientation agricole et, enfin, de la promotion des investissements (privés nationaux et étrangers), à travers la restructuration du Centre national de Promotion des Investissements et la création du Conseil présidentiel pour l’investissement, ainsi que la mise à niveau des entreprises…
Les priorités vont certainement concerner
la CMDT (Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles)
la SOTELMA (Télécommunications) et les Aéroports du Mali.
Pour convaincre les investisseurs étrangers de venir investir au Mali, nous disposons de nombreux atouts comme la stabilité du climat politique et social, les réformes économiques en faveur du secteur privé, la mise en place d’un cadre de concertation Etat-secteur privé et d’un Conseil présidentiel de l’investissement, la position géographique privilégiée du Mali qui partage ses frontières avec sept Etats et son appartenance à deux ensembles sous-régionaux, le faible coût de la main d’œuvre, une fiscalité avantageuse, des potentiels d’investissements encore inexploités, l’allègement et la simplification des procédures administratives pour la création d’entreprises (par la création d’un guichet unique), ainsi que la création de structures d’appui et d’encadrement du secteur privé.
L.L.D. : Devenu le premier pays producteur de coton en Afrique subsaharienne, quelle est votre approche du problème des subventions aux exportations agricoles des pays industrialisés ?
S.E.M.M.S.S. : Les prévisions tablent sur une production de coton / graine au Mali de 609 000 tonnes pour la campagne 2005/2006 ; prévisions qui pourraient d’ailleurs être revues à la hausse.
Malheureusement, notre avantage comparatif à produire du coton de bonne qualité, et plus généralement, celui des filières cotonnières africaines, ne peuvent pas être concurrentielles sur un marché dépendant des politiques de subventions des pays développés, notamment des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Face à cette situation, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad ont soumis, en 2001, à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), à Genève d’abord et à Cancun ensuite, une « initiative sectorielle en faveur du coton afin de lutter contre la pauvreté ». A cet effet, ils demandent la suppression totale des subventions et l’octroi d’une indemnisation financière aux pays qui en sont victimes.
Le refus des pays développés de discuter cette proposition a provoqué l’échec de
la Conférence de Cancun en septembre 2003.
En juin 2005, dans une déclaration commune, les ministres africains du Commerce ont donné aux Occidentaux jusqu’en décembre 2005 (date à laquelle doit se tenir la conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong) pour mettre fin aux subventions de leurs exportations agricoles, notamment celles du coton. Le Mali demeure totalement solidaire de cette déclaration.
L.L.D. : Pays enclavé, le Mali a été fortement affecté par la crise ivoirienne, le port d’Abidjan constituant la principale voie de transit de son commerce. Comment évaluez-vous l’impact de cette crise encore latente sur votre pays ? Quelles solutions votre pays privilégie-t-il pour diversifier son accès au commerce international ?
S.E.M.M.S.S. : Le Mali est un pays continental enclavé, dont l’essentiel des importations et des exportations transitaient par le port d’Abidjan qui est le port le mieux équipé et le plus proche de Bamako. Cette situation faisait de
la Côte-d’Ivoire le partenaire privilégié du Mali au sein de l’UEMOA.
La crise ivoirienne a entraîné un basculement de la circulation des marchandises du Mali vers les ports de Lomé au Togo, Cotonou au Bénin et Tema au Ghana.
Cette situation a engendré une hausse du coût des produits, notamment des produits pétroliers et a provoqué l’augmentation des frais d’approche sur ces différents axes.
Le port de Dakar a connu un engorgement sans précédent en raison des capacités d’évacuation relativement limitées de la voie de chemin de fer face à des sollicitations très élevées.
Plus globalement, la crise ivoirienne eut pour conséquence une réduction des importations du Mali, se traduisant par des pertes de recettes douanières considérables.
Les difficultés d’acheminement de nos produits vers les ports de Lomé, Cotonou et Tema ont eu, quant à elles, pour effet de ralentir les exportations, entraînant également sur ce plan, des manques à gagner pour le pays.
Les principaux secteurs concernés sont l’agriculture, le commerce, l’industrie, les services et les hydrocarbures.
Pour diversifier son accès au commerce international, le Mali privilégie essentiellement la recherche d’une solution rapide à la crise, ainsi que la conception et la réalisation de politiques de désenclavement interne et externe par la construction et la diversification des axes routiers comme ceux de Bamako-Conakry, Bamako-Nouakchott, Bamako-Dakar, qui sont tous actuellement en chantier, à des degrés d’avancement très élevés.
L.L.D. : A l’instar des fonctions qu’occupent M. Soumaïla Cissé et l’ancien Président Konaré, respectivement Président de l’UEMOA et Président de
la Commission de l’Union africaine, le Mali a développé depuis 1993, une diplomatie volontariste. Fort de son engagement dans les opérations de rétablissement de la paix à l’échelle régionale, notamment au Libéria, quelles sont les lignes directrices de la « diplomatie de la paix » du Président Amadou Toumani Touré ? Plus généralement, quelle place le Mali occupe-t-il aujourd’hui dans le processus d’intégration et de stabilisation du continent africain ?
S.E.M.M.S.S. : La politique étrangère du Mali repose sur une diplomatie « volontariste », active, axée sur le développement du pays et une « diplomatie de la paix », comme vous le dites vous-même si bien. Celle-ci se manifeste d’abord par la politique de bon voisinage que nous menons, mais aussi par le renforcement des relations bilatérales avec les autres pays. Le Mali a toujours joué un rôle éminent dans le règlement des conflits tant à l’échelle sous-régionale comme celle de
la CEDEAO, qu’à l’échelle continentale. Les soldats maliens, dits
« soldats de la paix », ont toujours participé aux opérations de maintien de la paix, au Libéria, en Sierra Léone et dans d’autres pays encore.
Le Chef de l’Etat du Mali a toujours eu pour credo la promotion de la paix dans le monde. Avant qu’il n’accède à la magistrature suprême du pays, il a déjà eu à intervenir dans le règlement de beaucoup de conflits en Afrique. C’est donc dire que le Mali joue un rôle très actif dans la gestion des crises que les pays africains connaissent, hélas.
S’agissant de l’intégration africaine, sur ce plan aussi le Mali joue un rôle majeur dans ce processus, notamment au sein des organisations dont nous sommes membres (CEDEAO, UEMOA, CILSS, CENSAD, etc). Le fait qu’aujourd’hui deux Maliens soient respectivement à la tête de
la Commission de l’Union africaine et de celle de l’UEMOA constitue tout un symbole.
Pour répondre à votre dernière question, je voudrais tout simplement vous renvoyer à notre Constitution qui stipule que «
la République du Mali peut conclure avec tout Etat africain des accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine ». Nous pouvons donc affirmer sans ambages que le Mali est un chantre de l’intégration.
L.L.D. : Couvert aux deux tiers par le désert du Sahel, votre pays est confronté, dans une moindre mesure que le Niger, à des crises alimentaires cycliques causées par la sécheresse et l’avancée du désert. Quelles solutions envisagez-vous pour prévenir le Mali de ces phénomènes et comment la coopération régionale sur ces questions peut-elle être accrue ? Quel rôle le Mali joue-t-il en faveur d’une meilleure gestion des ressources en eau du bassin du Niger ?
S.E.M.M.S.S. : En effet, à l’instar des autres pays du Sahel, le Mali est confronté à des crises
alimentaires cycliques causées par la sécheresse et l’avancée du désert, en particulier dans ses régions du Nord.
La production agricole souffre de la faiblesse du niveau de la pluviométrie et de leur caractère imprévisible.
Au cours des trente dernières années, le pays a connu, au-delà de l’irrégularité des pluies, une baisse de la pluviométrie et une progression de la désertification vers le Sud, avec de graves périodes de sécheresse dans les années quatre-vingt (surtout en 1983-1984 et en 1987-1988), qui ont laissé un certain nombre de ruraux dans une situation de forte vulnérabilité aux
pénuries alimentaires. Il en est de même de la difficile situation pluviométrique de l’année 2004, exacerbée par l’invasion massive des criquets pèlerins.
Pour inverser la tendance préoccupante de l’affaiblissement des cours du Niger, la réalisation d’ouvrages régulateurs reste, en effet, une alternative face à la persistance de la dégradation hydrologique et à la menace que constitue le risque d’un arrêt des écoulements du fleuve Niger.
Plusieurs actions sont en cours pour prévenir le pays de ces phénomènes d’aggravation climatique et d’insécurité alimentaire : la loi d’orientation agricole ou la réalisation d’ouvrages régulateurs en font partie
Le projet d’aménagement de Taoussa contribue à la recherche de la sécurité alimentaire par l’augmentation, la diversification, la valorisation des productions agricoles, pastorales, piscicoles et sylvicoles, ainsi qu’à la protection de l’environnement dans le cadre d’une gestion durable des ressources naturelles à travers le développement des infrastructures de base et des secteurs productifs.
Il faut également souligner les actions entreprises au niveau des offices de développement rural comme l’Office du Niger, dont le potentiel est encore insuffisamment exploité.
La politique de l’eau vise, entre autres, à réguler le cours des principaux fleuves sur le plan national ou sur le plan sous-régional, en coopération avec les Etats riverains pour une meilleure gestion des ressources au profit du développement des activités agro-sylvo-pastorales, de la lutte contre la désertification, du désenclavement et de la production d’énergie hydroélectrique. Cette politique contribue ainsi à la lutte contre la pauvreté.
Notre pays est ainsi membre-fondateur de toutes les organisations chargées de la gestion des
ressources naturelles et des ressources en eau en particulier : l’Organisation des Etats Riverains du fleuve Sénégal (OERS), l’Organisation pour
la Mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS),
la Commission du fleuve Niger, l’Autorité du Bassin du Niger (ABN), entre autres.
De part sa situation géographique sur le cours du Niger, le Mali joue un rôle essentiel dans la gestion des ressources en eau de ce bassin. En effet, le Haut Niger, le Delta intérieur et le Niger Moyen sont les trois biefs situés sur les
1 700 km du fleuve qui traversent le pays. Par ailleurs, la situation du site du futur barrage de Taoussa jouera un rôle régulateur pour les zones en aval‚ d’où les activités de coopération de proximité développées par le Mali à travers des protocoles de coopération avec
la Guinée pour l’aménagement du Haut Niger et avec le Niger pour l’aménagement du Moyen Niger (bief de Tombouctou-Gaya), en plus des conventions établies à l’échelle sous-régionale.
L.L.D. : A l’aune de leurs liens historiques et culturels, le Mali et
la France ont développé d’intenses relations tant au plus haut niveau de l’Etat qu’entre les deux peuples. Au regard de la récente réunion du Comité franco-malien sur les migrations, comment les initiatives de co-développement associant les migrants maliens à la coopération entre le Mali et
la France peuvent-elles être favorisées ?
S.E.M.M.S.S. : Dans un souci de maîtriser les flux d’immigration, les pouvoirs publics français ont procédé, au fil des ans, à d’innombrables réformes législatives. C’est ainsi que l’ordonnance de
1945 a été maintes fois modifiée au gré des aléas de la vie politique et de l’évolution économique. La loi du 26 novembre 2003, dite « loi Sarkozy », étant la dernière réforme en date.
Cette nouvelle loi traduit la volonté du gouvernement français de lutter contre l’immigration irrégulière et contre tous ceux qui, au regard de la loi, n’ont pas vocation à rester en France.
Cette loi prévoit que
la France n’ait plus à subir l’immigration telle qu’elle se présente aujourd’hui, mais plutôt qu’elle puisse choisir selon ses besoins.
Cette nouvelle politique préconise également la restriction du droit au regroupement familial.
Il y a lieu de préciser que dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau dispositif législatif, le gouvernement français ambitionne de réaliser dans le courant de l’année 2005, 20 à 23 000 reconduites aux frontières.
Cet ensemble de dispositions a amené le Comité franco-malien sur les migrations à prendre des initiatives dans le cadre de programmes de co-développement pouvant mobiliser les migrants.
Ces initiatives portent sur le développement local et régional (notamment pour le désenclavement et la sécurisation de la première région), le développement du système productif, la formation initiale et professionnelle (notamment pour l’éducation de base) et la mobilisation de l’épargne des migrants.
Cette politique ne se substitue pas à la coopération déjà existante, mais la complète pour une meilleure prise en compte des migrants, présents et à venir, comme acteurs du développement du Mali, de
la France et des relations franco-maliennes.