Rénovation démocratique et progrès social
Avec la réforme de la Constitution héritée de la dictature militaire, le Chili tourne une page majeure de son histoire. L’économie la plus stable d’Amérique latine renoue également avec une croissance économique soutenue. A quelques jours des élections présidentielles, S.E.M. Hernan Sandoval, Ambassadeur du Chili en France, revient pour nous sur les principaux accomplissements du mandat du Président Ricardo Lagos.
La Lettre Diplomatique : Monsieur l’Ambassadeur, premier président socialiste du Chili depuis la fin de la dictature militaire en 1990, le Président Ricardo Lagos achève son mandat. Quel bilan faites-vous de son programme d’action ?
S.E.M. Hernan Sandoval : Il est important de souligner qu’à six mois de la fin de son mandat, le Président Lagos dispose encore d’un fort soutien de la population. Selon la dernière étude réalisée sur l’opinion publique chilienne par le Centre d’Etudes publiques, un think tank de la droite chilienne, 64% de la population soutient le gouvernement du Président Lagos. Peu de présidents disposent à la fin de leur mandat d’un tel soutien. Cela signifie que le gouvernement est parvenu à satisfaire les besoins les plus pressants de la population et à atteindre tous les objectifs qu’il s’était assigné, tout au moins à réaliser d’importantes avancées sur les trois axes majeurs de son programme d’action : le renforcement de la démocratie, le développement économique du pays et la mise en œuvre d’une forte politique sociale.
L.L.D. : Quinze ans après la fin de la dictature militaire, les parlementaires chiliens ont adopté, le 16 août dernier, de profondes réformes à la Constitution de 1980 qui règlent en grande partie l’héritage de l’ère Pinochet. Dans quelle mesure ces réformes mettent-elles fin à la période de transition démocratique ouverte en 1990 ? Considérant les efforts consacrés pour mettre à jour les crimes commis à cette époque, peut-on affirmer aujourd’hui que justice ait été rendue aux victimes de la dictature ?
S.E.M.H.S. : Le gouvernement du Président Lagos s’est en effet fixé comme priorité de modifier le caractère non-démocratique de la constitution promulguée en 1980 par le général Pinochet. Une réforme constitutionnelle a ainsi été votée en août et promulguée par le Président Lagos le 17 septembre dernier. Celle-ci abroge la désignation d’une partie des sénateurs par l’armée et la Cour suprême. Le Conseil supérieur de la Sécurité nationale ne peut plus être convoqué sur demande des chefs des forces armées. Seul le Président de la République est désormais en droit de le réunir et, contrairement au texte de la constitution de 1980, il ne peut plus adopter des vues différentes des siennes. D’un point de vue général, cette réforme met fin à un système qui n’autorisait pas la pleine expression démocratique de la volonté du peuple.
Cette réforme constitutionnelle n’a toutefois pas modifié le mode de scrutin électoral qui repose sur un système bi-nominal, selon lequel, deux députés doivent être élus dans chaque district et deux sénateurs dans chaque région, sachant que pour qu’un candidat puisse être élu il lui faut réunir 33% des voix. Une minorité de la population peut donc élire quasiment le même nombre de députés et de sénateurs. Ce constat revient, au fond, à être conscient que, historiquement, la droite au Chili n’a pas représenté plus d’un tiers des voix. La prochaine étape du processus de renforcement de la démocratie chilienne consistera dès lors à passer de ce système bi-nominal, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, à un système électoral plus représentatif, à scrutin proportionnel ou majoritaire uninominal, comme c’est le cas en Angleterre ou en France. Il faut toutefois souligner que les changements apportés à la Constitution améliorent la représentation démocratique du peuple chilien.
Le gouvernement du Président Lagos a également accompli d’importants progrès dans le domaine des droits de l’Homme. Les tribunaux chiliens sont parvenus à juger les militaires responsables de graves violations des droits de l’Homme, comme d’enlèvement de personnes ou d’actes de torture, ainsi que les civils qui ont collaboré avec eux. Les procès de plus de trois cents mili-taires sont, en ce moment même, en cours d’instruction. Une centaine de militaires a déjà été condamnée.
Le général Pinochet est lui-même soumis à une procédure judiciaire, après qu’il a finalement été démontré que sa condition physique n’était pas aussi détériorée. Nous espérons qu’il sera condamné, même si à son âge avancé, 87 ans, une quelconque peine ne pourra être que difficilement appliquée. Entière satisfaction ne pourra être donnée aux victimes de la dictature, parce que ce qu’elles ont vécu restera à jamais une injustice. Mais la société chilienne a démontré sa capacité à juger ceux qui ont commis des violations des droits de l’Homme et des crimes contre l’humanité durant cette période. Il faut également mentionner la publication du Rapport sur la torture qui comporte les témoignages de 35 000 personnes ayant accepté de témoigner sur ce qu’elles ont subi, dont 27 000 ont été retenus. Leurs récits décrivent leurs conditions de détention, la nature des sévices, et nombre de détails qui ont permis d’identifier les lieux de torture. Je crois que tous ces efforts aboutissent à un énorme soulagement pour la société chilienne et offrent un espoir pour amorcer un processus de réconciliation nationale fondé sur le droit. Notre devise a toujours été « justice pas vengeance » et c’est ce que nous sommes en train de mettre en œuvre.
L.L.D. : Au regard de son poids dans l’histoire récente de votre pays, quelle place l’armée occupe-t-elle aujourd’hui au sein de la société chilienne ?
S.E.M.H.S. : Le poids de l’armée dans la société chilienne est tout à fait relatif. Au terme du mandat de Commandant en chef des armées du général Pinochet, l’armée est rentrée dans ses casernes. Sa place est aujourd’hui celle qu’occupe toute armée dans les sociétés démocratiques républicaines. Qui plus est, elle contribue depuis 2004 à dresser les listes des lieux de détentions des victimes de la dictature et à identifier les personnes disparues dont l’identité a parfois été conservée dans ses archives. Certes, certains membres des forces armées continuent à nier, de façon intentionnelle, leur implication dans ces crimes ou leur participation à des organisations échappant au contrôle du commandement de l’armée. Nous ne saurons donc jamais ce qu’il s’est passé pour certains cas. Mais, les forces armées chiliennes sont en train de tourner une page de leur histoire. Il y a deux ans, le Commandant en chef des armées, le général Cheyre avait déclaré que « plus jamais l’armée du Chili ne se tournera contre son peuple ». Les militaires d’active l’ont appuyé, ce qui à mon sens constitue un véritable pas en avant. L’armée a donc reconnu sa responsabilité dans la violation de droits de l’Homme et elle a ouvert ses archives. Lors de la fête nationale, à quelques mois de son départ, le général Cheyre a d’ailleurs déclaré qu’il partait fier d’avoir réconcilié l’armée chilienne avec son peuple.
En ce qui concerne le financement de l’armée, la loi du cuivre, plus exactement, n’a pas été modifiée. Celle-ci octroie à l’armée 10% des ventes totales de la production de cuivre, destinés à l’acquisition d’équipement militaire. Un débat national, en accord avec l’armée, a été engagé pour inscrire le budget de défense dans le budget régulier de l’Etat. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit d’un des objectifs du projet de budget qui est en discussion, mais la loi doit tout d’abord être modifiée, ce qui ne pourra se faire que lors de la prochaine législature.
L.L.D. : Economie la plus stable d’Amérique latine, le Chili a confirmé sa reprise économique avec 6% de croissance en 2004. Alors que des négociations en vue d’un accord de libre-échange sino-chilien ont été lancés en novembre 2004, quel dynamisme la politique d’ouverture commerciale du Président Lagos a-t-elle insufflé à l’économie chilienne ? A la lumière du fort potentiel de son secteur minier, quels atouts le marché chilien offre-t-il aux investisseurs étrangers ?
S.E.M.H.S. : Le gouvernement du Président Lagos a fait du développement économique le deuxième axe de sa politique, en favorisant une politique d’ouverture économique et un fort développement des infrastructures. Le Chili a ainsi conclu des accords de libre-échange avec de grands marchés dans le monde, successivement le Mexique, le Canada, les Etats-Unis, l’Union européenne et les pays d’Amérique centrale. Nous discutons actuellement les termes d’un accord avec la Chine, mais aussi avec la Nouvelle-Zélande et Singapour. L’accès à tous ces marchés sans barrières commerciales est très important pour notre pays. Représentant 35% du PIB, les exportations constituent, en effet, le moteur de l’économie chilienne. A l’exception de l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada, les accords avec les Etats-Unis et l’Union européenne ont été signés sous le mandat du Président Lagos.
Cette politique d’ouverture économique s’est accompagnée d’une politique très importante d’investissement en matière d’infrastructure, avec la construction de routes, de ports ou de voies ferrées. Nous avons parallèlement développé le système de concessions. Ce sont ainsi des investisseurs privés qui financent, par exemple, la construction de routes. Les droits de péages leur permettent d’amortir leur investissement durant une période de vingt ans. La gestion des routes revient ensuite aux mains de l’Etat. Ce système a été élargi à la construction de prisons et, récemment, de nouveaux hôpitaux. Il permet d’éviter que les fonds de l’Etat soient investis dans des secteurs où l’investissement n’est pas rentable et de les consacrer à sa politique sociale.
La hausse de notre croissance économique nous permet également de compter sur un fort accroissement des flux d’investissements étrangers dans les années à venir, aussi bien dans le secteur minier que dans le secteur agricole et agro-industriel. Les investissements en provenance de l’Union européenne, mais aussi, des Etats-Unis occupent une part de marché importante. La Chine s’intéresse également aux opportunités d’investissement qu’offre le Chili dans le secteur minier, en envisageant la possibilité soit de s’associer à l’exploitation de mines déjà existantes, soit d’exploiter de nouveaux gisements. Le cuivre représente 45% des exportations chiliennes et constitue un véritable moteur économique avec un énorme potentiel de croissance. Sa production a doublé depuis 1990 et les exportations continuent de croître, grâce à une forte demande mondiale, alimentée par l’accélération du processus d’industrialisation de la Chine et de l’Inde. Nous cherchons donc à développer de nouvelles mines. En revanche, la privatisation de Codelco n’est pas à l’ordre du jour en raison de sa rentabilité très élevée pour l’Etat chilien, mais aussi parce qu’elle constitue une source de développement techno-logique et scientifique pour notre économie.
L.L.D. : Quelles sont les principales avancées acquises en matière de lutte contre la pauvreté et le chômage ?
S.E.M.H.S. : Comme beaucoup de pays, nous avons ressenti après 1999 les effets de la crise financière asiatique avec une hausse du chômage qui a culminé à 12%. Le taux de chômage se situe aujourd’hui au Chili aux alentours de 8%. Le problème de l’emploi dans notre pays résulte également d’un décalage structurel, comme celui que la France a connu, entre la modernisation de l’économie et la formation de la population. Toute une frange de la population ne trouve donc plus d’emploi en raison de l’insuffisance de ses compétences techniques. Le chômage est toutefois en cours de résorption grâce à l’augmentation de la demande de produits chiliens dans le monde, qui stimule notre économie et, par conséquent, l’offre d’emplois. Avec 6% de croissance, nous espérons que le taux de chômage diminuera aux alentours de 5-6% en 2006. Le gouvernement a en outre mis en œuvre toute une série de mesures pour créer des systèmes de formation permanente en vue de satisfaire à des besoins en main d’œuvre qualifiée des différents secteurs d’activité. De ce point de vue, les investissements étrangers représentent également une grande source d’espoir pour contribuer à adapter l’économie chilienne aux nouveaux besoins suscités par les accords commerciaux que nous avons conclus. A titre d’exemple, nous pourrons, à partir de 2013, exporter vers le marché européen, sans barrières douanières, des produits industriels à valeur ajoutée ; ce qui représente une perspective importante pour nos produits d’exportation comme le cuivre ou les fruits de mer… Les accords commerciaux que le Chili a conclu ces dernières années, avec les avantages commerciaux qu’ils impliquent, constituent donc un véritable moteur pour l’économie du pays, notamment par l’ampleur des besoins d’investissement qu’ils créent et les sources d’emplois qu’ils génèrent.
Le gouvernement chilien a mis en place un programme spécial intitulé « Chile solidario », qui a permis d’identifier les quelques 300 000 familles les plus pauvres, dont on connaît le lieu d’habitation, les revenus, les problèmes sociaux, la scolarisation ou non de leurs enfants.
Dans le cadre de ce programme, le gouvernement a engagé un professionnel pour encadrer cinq familles. Sa mission est de vérifier si les subventions qui leur sont versées leurs parviennent réellement et qu’elles servent vraiment à satisfaire leurs besoins. Il veille aussi à ce que leurs enfants aillent bien à l’école. En outre, 1,4 millions de petits-déjeuners et de déjeuners sont servis tous les jours dans les écoles chiliennes. Dans certains quartiers, une organisation a été mise en place pour que les femmes de ce quartier préparent les repas pour les écoles, selon des normes alimentaires établies par une agence dépendant du Ministère de l’Education nationale. Le programme « Chile solidario » est principalement destiné à des foyers monoparentaux, dans la grande majorité des cas, des femmes seules avec un à trois enfants à charge, qui représentent la catégorie sociale la plus pauvre de notre société. Par sa nature et ses objectifs, cette politique cherche à réduire l’indice du coefficient de Gini qui mesure l’inégalité interne des revenus. Le coefficient de Gini place le Chili parmi les dix derniers pays du classement d’Amérique latine. Toutefois, si l’on prend en compte les subventions versées aux familles les plus pauvres, leurs revenus sont doublés, ce qui corrige, de fait, le coefficient de Gini du Chili.
En matière de politique sociale, le gouvernement du Président Lagos a également consenti beaucoup d’efforts pour élargir l’accès au logement. Durant ces cinq dernières années, 120 000 unités de logements sociaux par an ont été construites. Cette politique a eu un énorme impact en proposant des habitations très bon marché qui ont permis d’amoindrir l’insuffisance de possibilités de logement qui étaient jusque-là offertes à la population la plus pauvre. Il s’agit de maisons assez modestes mais modulables, d’une superficie de 35 m2 et conçues de telle façon qu’il est possible, pour ceux qui disposent d’épargne, de superposer un étage d’une superficie légèrement plus grande. De plus, pour favoriser les plus pauvres et empêcher toute spéculation, nous avons imposé une interdiction à la vente pendant une certaine durée.
Dans le domaine de l’éducation, le nombre de salles de classes a pratiquement été doublé et les écoles ont été équipées de moyens informatiques. Une réforme a en outre été mise en œuvre pour l’enseignement élémentaire, celle de l’enseignement secondaire étant actuellement à l’étude. En matière de santé, le budget alloué à ce secteur a augmenté de 60% entre 2004 et 2005. Plus significativement, la part réservée à la santé primaire est passée de 14 à 30%. Une réforme du système a également été introduite pour mettre en place des garanties de prise en charge médicale, proportionnelles au revenu des personnes, pour un certain nombre de maladies. Une personne atteinte d’une maladie dont les soins lui coûtent 30 000 euros et dont les revenus mensuels sont de 470 euros restait endettée toute sa vie avec le système antérieur de co-paiement. Désormais, elle ne paie que jusqu’à hauteur de 10% de ses revenus annuels. Le solde est pris en charge par l’Etat ou par l’assurance-santé. Dans ce domaine encore, le gouvernement a accompli un changement radical, surtout pour les revenus les plus modestes.
L.L.D. : Dans un rapport datant de mai dernier, l’OCDE a salué les importants progrès accomplis depuis dix ans par votre pays en matière de protection de l’environnement. Dans un contexte de croissance rapide, notamment du secteur minier, comment ces efforts peuvent-ils être maintenus ? Quelle approche votre pays préconise-t-il pour faire face à l’impact des changements climatiques sur l’Antarctique, continent où se trouve 90% de la glace de la planète ?
S.E.M.H.S. : Le Chili a en effet accompli de nombreux progrès en matière de protection de l’environnement. Le secteur minier est peut-être, de ce point de vue, le secteur qui a fait les plus importantes avancées, sous l’égide de Codelco mais aussi de compagnies privées. Le dioxyde de souffre émis par les grandes fonderies y est retraité en acide sulfurique qui est réintroduit dans la chaîne de production minière. Dans ce cas, l’investissement écologique s’est donc avéré rentable. Une politique de retraitement des déchets industriels et toxiques accumulés pendant des décennies a également été mise en place. Un autre volet majeur de cette politique dans le secteur minier consiste à optimiser l’utilisation de l’eau dans le processus de production minière, en particulier dans les régions désertiques du nord du Chili où l’eau se raréfie et où sont implantées les plus grandes mines.
Dans le secteur agricole, des techniques ont été introduites pour limiter le phénomène d’érosion des sols. Depuis une vingtaine d’années, l’Etat chilien octroie des subventions aux investisseurs privés pour aménager des plantations arboricoles, destinées à une exploitation industrielle, sur des terres dégradées en partie par l’érosion. Cette politique a permis de créer des zones de plantations sur une surface de plus de deux millions d’hectares, en particulier de conifères et d’eucalyptus, qui alimentent l’industrie de la pâte à papier. Au Chili, la plupart de la pâte à papier et du papier proviennent du bois de ces plantations et non du bois de la forêt native. Un débat est, d’ailleurs, en cours au Parlement sur la proposition d’une nouvelle loi sur la forêt native, qui prévoit des incitations en faveur de la réhabilitation des zones exploitées. Il faut savoir que le Chili perd environ 0,5% de sa surface forestière native chaque année, ce qui est très élevé. Pour enrayer cette évolution, le Président Lagos a mis en œuvre des mesures visant à créer des parcs nationaux dans les régions où la forêt a été épargnée. Six cents milles hectares ont déjà été déclarés parc national. Dans quelques années, le Chili possèdera ainsi la surface de forêt vierge en zone tempérée, la plus vaste du monde. Cette initiative revient plus largement à conserver une part de l’histoire de la Terre vierge de toute présence humaine. Par ailleurs, des mesures ont également été prises pour lutter contre la pollution des engrais et pesticides, même si les problèmes dans ce domaine ne sont pas les mêmes qu’en Europe, où les plaines sont très étendues et les cours d’eau de faible débit. Au Chili, les cours d’eau sont très rapides et dévalent de la cordillère à 3 000 mètres d’altitude, sur 150 kilomètres de distance jusqu’à la mer, permettant une évacuation des agents polluants. Mais, il est vrai qu’il existe des problèmes comme la pollution des nappes phréatiques, dont nous sommes en train d’évaluer l’étendue.
Le gouvernement du Président Lagos a également fait passer de 20 à 70% le volume des eaux usées urbaines retraitées. Ces efforts se sont accompagnés d’études sur la réhabilitation de l’eau et le contrôle des maladies transmissibles par l’homme. Des grands efforts ont également été réalisés pour contrôler la pollution de l’air, en particulier à Santiago, ville qui été très polluée mais où la pollution a pratiquement été divisée par deux en dix ans. Ces mesures commencent également à donner des résultats dans les autres grandes agglomérations chiliennes. La crise en Argentine, qui approvisionnait le Chili en gaz naturel, nous a malheureusement contraint a réintroduire l’utilisation du fuel dans certaines activités, en particulier dans les fonderies et quelques usines thermo-électriques, au détriment de combustibles moins polluants. Il est, à cet égard, très important pour nous de retrouver des sources d’approvisionnement en gaz naturel.
La fonte des glaciers de l’Antarctique constitue un problème évident dont nous avons pu constater directement les effets avec la diminution de plusieurs kilomètres des glaciers du Chili, mais aussi avec l’augmentation du rayonnement ultraviolet émanant du trou de la couche d’ozone situé juste au-dessus de notre pays. Cet impact implique des risques de transformation de notre flore et, dans une moindre mesure de notre faune, ainsi que de santé publique avec le développement de cancers lié à la surexposition aux rayons ultraviolet. Les autorités chiliennes ont mis en place des systèmes de surveillance de l’intensité du rayonnement ultraviolet, de prévention et de sensibilisation de la population. Mais nous sommes plutôt démunis face à ce problème. Nous ne pouvons que soutenir résolument toutes les mesures de contrôle international. Le Chili est ainsi signataire de la convention de Kyoto. Nous faisons en outre des efforts pour préserver nos zones forestières qui permettent une régénération de l’air. Nous serions d’ailleurs disposés à vendre de l’air pur produit dans ces forêts, comme cela a été
proposé, mais nous disposons de peu de moyens pour lutter contre ce problème qui relève surtout des grandes économies consommatrices d’énergie.
L.L.D. : Elu Secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA) en mai dernier, l’ancien Ministre de l’Intérieur chilien José Miguel Insulza a centré son mandat sur le renforcement des moyens de prévention et de gestion des crises dans l’hémisphère. Fort de l’implication, sous l’égide de l’ONU, des forces armées chiliennes en Haïti, quelle est la vision chilienne de la consolidation de la démocratie dans le continent américain ?
S.E.M.H.S. : D’une manière générale, le Chili appuie tous les processus de démocratisation et toutes les initiatives pour préserver la démocratie en Amérique latine, où depuis plus d’une décennie tous les gouvernements sont démocratiques, en dépit de plusieurs crises que l’on a dû surmonter dans le cadre des institutions républicaines, le Chili a collaboré avec les Nations unies pour la stabilisation d’Haïti, en envoyant des contingents militaires et des forces de police, dont la mission était d’apporter une assistance pour la gestion de la crise. L’Organisation des Etats américains (OEA) demeure l’organisation régionale dont l’activité est entièrement centrée sur la préservation de la démocratie en Amérique latine, à travers l’observation des processus électoraux, des registres d’électeurs, ou encore des systèmes de vote et des modes de scrutins, dans les différents pays de la région. Le Chili est pleinement associé à ces activités auxquelles participent ses observateurs. L’application de ces règles s’est d’ailleurs bien imposée aussi bien à l’échelle des organisations sous-régionales qu’à l’échelle de l’OEA. Pour sa part, le Chili fera tout pour observer ces règles et contribuer à ce que les nations sud-américaines préservent cette norme. Il reste toutefois très difficile et délicat d’intervenir dans les affaires d’un pays.
Nous espérons pouvoir contribuer au maintien de la démocratie en Amérique latine sans qu’il soit nécessaire de faire appel à l’intervention de forces multilatérales. En effet, des forces militaires de pacification peuvent parfois être perçues comme des forces d’occupation. Le plus important, de mon point de vue, est plutôt d’aider, si le besoin s’en fait sentir, les gouvernements à maintenir leurs institutions démocratiques par des mesures de prévention. Il n’est donc pas envisagé pour le moment de constituer des forces multinationales d’intervention à l’échelle de l’Amérique latine, parce que d’une manière générale, nous n’envisageons pas d’intervention sauf dans des cas exceptionnels comme Haïti et toujours dans le cadre d’un mandat des Nations unies ou d’une organisation internationale. Le Chili tient à demeurer un défenseur acharné du multilatéralisme.
L’élection de José Miguel Insulza à l’OEA répond d’ailleurs à notre engagement profond dans la région américaine où nous sommes très actifs.
L.L.D. : Le 8 décembre 2004, les douze chefs d’Etat d’Amérique du Sud ont donné naissance à la Communauté sud-américaine des Nations. Tenant compte des fragilités du processus d’intégration sud-américaine, quelles sont les perspectives d’une association plus étroite du Chili avec les organisations régionales, notamment avec le Mercosur ? Quelles opportunités ce projet ouvre-t-il en faveur de l’intégration politique de la région et de la lutte contre le crime organisé, en particulier le trafic de drogues ?
S.E.M.H.S. : Le Chili croit fermement à la nécessité d’une forte organisation régionale en Amérique du Sud. Cette conviction explique l’implication du Chili dans la création du Pacte andin et sa participation, certes pas de manière intégrale, au Mercosur. Nous collaboraons à l’élaboration de l’Accord de libre-commerce des Amériques (ALCA).
Le Chili s’est toujours associé aux tentatives d’association économique et politique des pays sud-américains ; cette politique nous tient à cœur. L’économie de notre pays est toutefois caractérisée par une capacité de production que n’ont pas toujours les marchés des pays latino-américains. Comprenez que si nous sommes les premiers producteurs de cuivre du monde, il nous est très difficile de concentrer nos exportations seulement à l’échelle régionale. Sur le plan agro-alimentaire, nos
produits existent également dans d’autres pays de la région, comme en Argentine, en Uruguay ou au sud du Brésil ; ce ne sont donc pas des produits que nous pouvons exporter avantageusement vers ces marchés. De plus, notre choix de développement économique nous a amenés à fortement baisser nos barrières douanières, ce qui n’a pas été le cas d’autres pays du Mercosur. Nous avons ainsi préféré conclure un accord d’association avec cette organisation, tout en favorisant une intégration plus politique, parce que nous ne pouvons pas exempter de droits de douane les produits des pays du Mercosur, tout en acceptant que nos produits soient taxés pour entrer dans leurs marchés. Le déséquilibre entre nos économies ne nous permet pas, pour le moment, une intégration pleine et entière. Cet écart ne peut d’ailleurs être comblé dans un court délai. Notre action à l’échelle de la région vise donc à favoriser une intégration politique, c’est pourquoi le Président Lagos a participé à la déclaration de Cusco et a fortement appuyé la position du Brésil qui cherche à générer cette intégration sud-américaine que nous considérons comme naturelle. Il faut donc soutenir cette voie, que Simon Bolivar considérait comme naturelle…. il y a deux siècles déjà.
L’Amérique du Sud doit en effet faire face à un certain nombre de problèmes lié au trafic de drogues. Le Chili est une plaque tournante de ce trafic dans la région pour l’exportation vers les marchés nord-américain et européen. Notre pays contribue à la lutte contre le trafic de drogue par le biais d’une forte répression à l’entrée de nos frontières, mais surtout à la sortie du territoire, qui s’accompagne d’importantes saisies de drogue. L’un des aspects cruciaux de ce problème réside également dans la lutte contre le blanchiment de l’argent sale. Une importante coopération régionale et internationale existe dans ce domaine. Nous faisons partie de la Convention de l’OEA contre la corruption. Nous participons ainsi à des groupes spéciaux dédiés à la lutte contre la corruption et contre le blanchiment, notamment au sein de l’OCDE, dont notre pays est membre-observateur. Cette coopération est importante dans la mesure où nous savons que des capitaux ont été investis au Chili lorsque le pays a connu des rendements très élevés de la bourse ou de l’immobilier.
L.L.D. : En dépit de l’opposition manifestée par le Chili à l’intervention américaine en Irak, au titre de membre non permanent du Conseil de sécurité, le traité de libre-échange conclu entre votre pays et les Etats-Unis est entré en vigueur le 1er janvier 2004. Comment défi-niriez-vous les relations entre Santiago et Washington ?
S.E.M.H.S. : Le Chili et les Etats-Unis entretiennent de très bonnes relations politiques et économiques. Les Etats-Unis représentent, en effet, notre plus grand partenaire commercial. Les investissements américains au Chili sont très importants, en particulier dans le secteur minier mais aussi dans d’autres secteurs. Sur le plan politique, nous avons quelques divergences de vue que nous n’avons pas hésité à faire valoir. Le multilatéralisme s’est imposé comme une valeur primordiale dans la vie politique de notre pays, mais aussi dans celle de nombreuses nations dans le monde. Nous avons donc manifesté notre opposition à l’intervention américaine en Irak qui a ignoré les dispositifs prévus par les Nations unies pour établir la preuve de l’existence ou non des armes de destruction massive. Nous avons exprimé une position de principe pour que soit préservée la cohésion du système multilatéral. Circonstance heureuse ou malvenue, le Chili siégeait au Conseil de sécurité au moment du déclenchement de cette crise. Notre position a d’ailleurs été comprise par le gouvernement et les parlementaires américains.
Mais pour répondre à votre question, si l’économie chilienne est de dimension modeste comparée à celle des Etats-Unis, elle n’en est pas moins complémentaire. Nos produits sont en effet de grande qualité et très compétitifs. Notre présence commerciale sur le marché américain n’est pas un don, mais elle est en grande partie le fruit de nos efforts, de la volonté du gouvernement chilien d’être présent sur le marché international avec des produits de qualité.
L.L.D. : Comment percevez le défi que pose la prolifération nucléaire et, plus précisément, la question nucléaire iranienne ?
S.E.M.H.S. : Le Chili a été au cœur de la création du traité de Tlatelolco sur la non-prolifération nucléaire en Amérique latine. Notre position a toujours été très claire à ce sujet. Il faut éviter à tout prix la prolifération des armes nucléaires et donc accroître le contrôle de l’ensemble de la filière de l’enrichissement de l’uranium. Le risque d’un conflit nucléaire est d’engendrer un conflit mondial qui touchera notre pays même si celui-ci se trouvait en dehors du théâtre d’opération. Nous appuyons donc toutes les discussions et les mesures que prend l’Agence internationale de l’Energie atomique, ainsi que la position des pays d’Europe, en vue d’éviter que l’Iran ne devienne une nouvelle puissance nucléaire. Nous souhaitons que l’Union européenne, les membres permanents du Conseil de sécurité travaillent dans le sens de l’endiguement de la prolifération nucléaire.
L.L.D. : Illustrant la place acquise par le Chili à l’échelle internationale, le Président Lagos s’est associé à l’initiative franco-brésilienne pour trouver des sources de financement à la lutte contre la faim dans le monde. Alors que la dette des pays les plus pauvres à récemment été annulée, comment peut-on favoriser, selon vous, le développement économique de ces pays ? A l’aune des projets ambitieux suscité par le débat sur la réforme des Nations unies, comment analysez-vous les résultats de la 60ème Assemblée générale de l’ONU ?
S.E.M.H.S. : L’annulation de la dette des pays les plus pauvres constitue sans aucun doute un important progrès, mais il est également nécessaire de créer des mécanismes de gestion de l’aide au développement. Je crois qu’il s’agit du plus grand défi à l’heure actuelle. Il s’agit en effet de s’assurer que les fonds alloués à l’aide au développement parviennent réellement à ceux qui en ont le plus besoin et surtout qu’ils contribuent à générer des vecteurs de développement. L’autre aspect du problème des pays les plus pauvres consiste par ailleurs à créer des conditions commerciales propices à leur développement, à favoriser leur insertion dans le marché international, en supprimant notamment les facteurs qui créent une concurrence déloyale comme les subventions agricoles. Le Président Bush s’est récemment déclaré prêt à supprimer les subventions à l’agriculture américaine à condition que d’autres agissent de même. Prise au mot, cette déclaration ouvre de grandes perspectives de progrès en ce sens. Il appartient désormais à l’Europe de se prononcer. A titre d’information, l’équivalent de ce que l’Union européenne consacre en subventions agricoles en un jour représente le total des aides versées à l’Afrique en une année.
Le dernier sommet des Nations unies a souvent été présenté comme un échec alors qu’à mon sens, il faut adopter une position plus nuancée et prendre en compte les avancées réalisées. A l’occasion du Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’ONU, plus d’une soixantaine de pays se sont, par exemple, engagés à examiner l’initiative franco-chilienne concernant une taxe sur les billets d’avion dont le Président Chirac avait lancé l’idée au début de l’année. Le Chili a finalement annoncé, lors de ce sommet, la mise en œuvre de cette mesure dès le 1er janvier 2006, certes de façon modeste, à hauteur de deux dollars par billet d’avion, mais ce qui n’est pas négligeable du point de vue de l’économie chilienne. Cette mesure permettra de dégager des fonds de plus de trois millions de dollars qui pourront être affectés à des initiatives en faveur du développement des pays les plus pauvres ou de la lutte contre de graves fléaux comme le sida. Qui aurait pu croire en septembre 2004, qu’une telle mesure aurait été envisagée. Dans le même ordre d’idée, l’initiative pour la lutte contre la faim dans le monde du Président Lula et du Président Chirac à laquelle s’est associée le Président Lagos, a reçu le soutien du Président du gouvernement espagnol Zapatero, de l’ancien Chancelier Schröeder et du Président Bouteflika.
L’Assemblée générale des Nations unies a également abouti à la création d’un Conseil sur les droits de l’Homme qui remplace la Commission des droits de l’Homme dont on connaît les problèmes de représentativité. Le Conseil sera plus restrictif dans certaines de ses positions et plus autonome dans ses interventions. S’il est vrai qu’un accord n’a pas encore été tout à fait arrêté sur son système de fonctionnement, l’idée de créer un Conseil des droits de l’Homme représente déjà un acquis important.
Enfin, la réforme du fonctionnement des Nations unies avait fait l’objet de grandes critiques et de nombreuses propositions notamment sur la question de la représentativité du Conseil de sécurité. L’examen de près de 400 observations, dont environ une centaine des Etats-Unis, a été amorcée. Dans le domaine multilatéral, il faut savoir progresser à petits pas et faire des concessions. Le bilan du Sommet de l’ONU n’est pas du tout négatif, mais peut-être pas aussi optimiste qu’on voudrait qu’il soit. La réforme plus particulièrement du Conseil de sécurité n’a certes pas avancé, mais des discussions sont en cours sur les propositions du Secrétaire général. Au regard de l’enjeu que représente cette réforme, le lancement de ce processus constitue déjà un fait à part entière. Il fera l’objet de nombreuses négociations mais il n’y a pas lieu d’être pessimiste.
L.L.D. : Votre pays a été le premier pays d’Amérique latine à conclure un accord d’association politique et économique avec l’Union européenne en novembre 2002. Par quelles initiatives les relations de part et d’autre de l’Atlantique peuvent-elles être renforcées, aussi bien sur le plan économique que politique ?
S.E.M.H.S. : L’Amérique latine a perdu sa part de marché en Europe. Si plusieurs pays européens comme l’Espagne ont réalisé d’importants investissements dans la région, les flux d’investissement européens se sont dirigés ces dernières années essentiellement vers l’Est, pour des raisons qui sont d’ailleurs naturelles. Un marché européen ouvert aux produits latino-américains constituerait pourtant le stimulant le plus efficace pour améliorer nos relations commerciales et pour que l’Amérique latine retrouve sa part de marché en Europe. Pour ce qui nous concerne, les échanges économiques entre le Chili et l’Europe sont excellents. Notre solde commercial nous est largement favorable, ce qui nous permet de maintenir des réserves de devises. Ce n’est toutefois pas le cas de tous les pays de la région. Une Europe forte constituerait en outre une véritable garantie d’un monde multipolaire. Notre plus grand intérêt est d’entretenir des relations commerciales et un dialogue politique les plus intenses possibles avec une Europe forte.
L.L.D. : Si le Chili et la France partagent encore de modestes relations commerciales, les deux pays ont développé une forte coopération scientifique et technique. Pouvez-vous nous en décliner les réussites majeures ? Au-delà, quels efforts peuvent-ils encore être entrepris pour accroître les échanges bilatéraux et renforcer l’image du Chili en France ?
S.E.M.H.S. : Un des aspects les moins connus de la coopération franco-chilienne est la mise en œuvre d’un programme très actif de coopération universitaire par le biais de notre Commission nationale pour la recherche scientifique et technologique. Ce programme est destiné à la formation de docteurs dans différentes disciplines, principalement dans les sciences exactes, les mathématiques, la physique, mais aussi en économie et en agriculture. Or, près de la moitié des bourses octroyées par le gouvernement chilien pour les études supérieures et la préparation de doctorats est destinée à des étudiants ayant choisi comme destination la France. La France est notre premier partenaire pour la formation de nos cadres scientifiques et techniques, et d’une manière générale, la première destination à l’étranger des étudiants chiliens pour la poursuite de leurs études supérieures. A l’heure actuelle, plus de cinq cents candidats au doctorat et au master étudient en France et nous aspirons à doubler ce nombre d’ici la fin de la décennie. Pour faciliter les démarches des candidats au doctorat en France, il est prévu de créer un collège doctoral entre universités françaises et universités chiliennes. Ce programme de formation doctorale a d’ailleurs eu un impact sur la réhabilitation de l’enseignement de la langue française au Chili. Après les années 1980, l’enseignement du français a été délaissé dans les lycées chiliens. La perspective d’une formation supérieure en France suscite cependant un intérêt nouveau pour cette langue, dont les universités chiliennes ont relancé l’enseignement.
La coopération scientifique entre le Chili et la France est également très intense. Le CNRS a développé son premier centre de recherche à l’étranger, qui est dédié aux mathématiques théoriques, dans notre pays, en association avec des universités chiliennes et la Commission nationale pour la recherche scientifique et technologique. Nous consacrons d’ailleurs d’importants efforts pour accroître notre coopération dans ce domaine.
Nous souhaitons également approfondire nos échanges culturels, en particulier en matière de gestion culturelle, domaine dans lequel la France a une expertise reconnue. Nous étudions ainsi les moyens pour mettre en place des programmes de stages.
Le Chili et la France partagent donc de très bonnes relations dans différents domaines. La visite que le Président doit effectuer prochainement au Chili, comme il l’a annoncé lors de la dernière Conférence des Ambassadeurs de France, est porteuse de nombreux espoirs pour nous, notamment pour le renforcement de l’image du Chili en France, tant du point de vue commercial mais aussi du point de vue culturel et touristique. L’industrie touristique commence en effet à se développer au Chili. Si ce secteur ne compte encore que pour 2 à 3% du PIB, il n’en est pas moins porteur d’un grand potentiel de croissance grâce à l’hospitalité de notre population, à la variété des paysages et des climats qui se succèdent sur le long couloir que forme notre pays. La France est aujourd’hui notre premier partenaire commercial européen. Nous espérons vivement que la France conservera ce rang, non seulement sur le plan commercial mais aussi sur le plan des investissements qui sont très importants pour notre développement mais qui s’avèrent également très bénéfiques pour les entreprises françaises.