La lettre diplomatique

Entretien – Etats-Unis
La Lettre Diplomatique n°69 – Premier trimestre 2005

Les Etats-Unis à la recherche d’un nouvel équilibre mondial

 
Réélu le 2 novembre 2004, le Président George W. Bush a fait de l’extension de la liberté dans le monde la priorité de la politique étrangère américaine durant son second mandat. La stabilisation de l’Irak, la réforme dans le monde arabe ou encore l’engagement américain en Afrique constituent autant de dossiers-clés, pour lesquels S.E.M. Howard H. Leach, Ambassadeur des Etats-Unis en France, nous explique le sens de la stratégie américaine au moment où il achève sa mission. Deux mois après la visite du Président George W. Bush en Europe en février 2005, S.E.M. Howard H. Leach nous rappelle auparavant la dimension stratégique des relations transatlantiques et, plus particulièrement, des relations entre les Etats-Unis et la France.

 

 

Ce numéro de La Lettre Diplomatique consacrant un dossier spécial aux Etats-Unis et mettant l’accent sur la diplomatie américaine, vient à point nommé, peu de temps après les voyages en Europe du Président Bush et de la Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice. Avant même sa tournée européenne, le Président s’était adressé à nos amis et alliés de ce côté de l’Atlantique au tout début de son deuxième mandat. Dans un discours de politique étrangère, prononcé à Halifax en Nouvelle-Ecosse peu de temps après sa réélection, le Président avait annoncé que son premier voyage à l’étranger se ferait en Europe et il avait clairement manifesté son intention de renforcer nos liens avec les Européens.

Dès le mois de février, le Président a tenu sa promesse en effectuant une tournée européenne au cours de laquelle il a rencontré le Président Chirac, les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de l’OTAN et de l’Union européenne à Bruxelles ainsi que le Chancelier Schroeder à Mayence, le Premier ministre slovaque Dzurinda et le Président Poutine à Bratislava.

Une semaine auparavant, la Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, avait également souligné – surtout lors de son discours à Paris – l’importance que les Etats-Unis attachent à un partenariat étroit avec l’Europe. Ces deux visites ont mis en relief le poids des relations transatlantiques pour notre pays et notre engagement pérenne à travailler avec nos alliés Européens, à relever nos défis communs et atteindre les objectifs inhérents à notre époque.

Notre alliance transatlantique, grâce à l’OTAN et à l’engagement dans une défense commune énoncé dans l’article 5, constitue le fondement de notre sécurité mutuelle. Notre commerce est crucial pour l’économie mondiale. Plus important encore, les Etats-Unis et l’Europe donnent l’exemple de la liberté économique et politique à ceux qui n’ont pas encore la chance de vivre dans des sociétés libres attachées aux droits fondamentaux de l’Homme. Les relations transatlantiques dans leur ensemble sont essentielles à la paix et à la prospérité du monde, et comme le Président Bush l’a rappelé, aucun désaccord passager entre gouvernements ne peut ébranler les bases de nos relations.

 

Les valeurs transatlantiques communes

Américains et Européens partagent les mêmes valeurs fondamentales, forgées par notre histoire commune et par notre engagement en faveur de la démocratie, qui guident notre politique étrangère. Nos systèmes politiques sont fondés sur le respect de la dignité de l’individu et le droit des peuples de choisir leurs dirigeants lors d’élections libres et démocratiques.

La France, patrie des droits de l’Homme, se pose en chef de file de la défense des idéaux et des valeurs démocra-tiques depuis plus de deux siècles. Elle est l’allié le plus ancien des Etats-Unis.

Ensemble, les Etats-Unis et l’Europe ont affronté les plus grandes attaques contre la liberté sur le continent européen et ont triomphé des idéologies totalitaires. A travers toute l’Europe, et plus particulièrement en France l’année dernière, nous avons commémoré le 60ème anniversaire et suivi les pas des libérateurs de la Seconde Guerre mondiale, du débarquement en Normandie à la libération des camps de concentration.  

 

Objectifs communs

Les sociétés opprimées par des dictateurs suscitent ressentiment et déses-poir, créant ainsi les conditions favorables aux extrémistes et aux terroristes. Les Etats-Unis veulent promouvoir la

liberté dans le Grand Moyen-Orient en soutenant les dirigeants démocrates et en encourageant la société civile à entreprendre la transition vers la démocratie.

Parmi les multiples objectifs communs aux Etats-Unis et à l’Europe figure la paix au Proche-Orient. Nous sommes d’accord sur le fait que l’Etat d’Israël doit pouvoir vivre en paix et que les Palestiniens méritent un gouvernement représentatif apte à répondre à leurs besoins et à co-exister pacifiquement avec Israël.

Notre attachement commun à la démocratie est aujourd’hui évident en ce qui concerne le Liban. Pour preuve, Américains et Français ont initiés la résolution 1559 des Nations unies demandant un Liban indépendant et démocratique, et le retrait des forces syriennes. Ensemble, nous avons condamné l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafik Hariri ; ensemble nous avons demandé à la Syrie de mettre fin à l’occupation du Liban ; ensemble toujours, nous avons soutenu le projet visant à organiser des élections libres sans ingérence extérieure.

Dans la région du Grand Moyen-Orient, Européens et Américains sont engagés, côte à côte, en Afghanistan où la démocratie est en marche. L’OTAN et des pays tel que la France, apportent à titre individuel leur assistance dans divers domaines tels que l’entraînement de la police, le maintien de la sécurité, la lutte contre le trafic de drogue, la réforme judiciaire et la formation d’une société civile.

Nous partageons la même inquiétude à propos de la prolifération nucléaire et nous sommes tous d’accord que, pour le bien de la paix et de la sécurité, l’Iran ne doit pas concevoir d’armes nucléaires. A ce sujet, les Etats-Unis travaillent en étroite collaboration avec la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne qui sont en pourparlers   avec le régime iranien en vue de le convaincre de renoncer à l’armement nucléaire.

Le succès d’un Irak libre et démocratique est dans l’intérêt commun des Etats-Unis et de l’Europe, régions phares de la démocratie dans le monde. Il y a deux ans, les Américains et un nombre relativement restreint d’Européens ont été en désaccord sur la façon de libérer l’Irak, mais cette page est désormais tournée. Lors du voyage du Président Bush en Europe en février dernier, l’Union européenne et les Etats-Unis ont publié une déclaration commune sur leur décision de « soutenir ensemble le peuple irakien et le nouvel Irak qui verra bientôt le jour » ; ils se sont engagés à offrir et à encou-rager un soutien international à ce pays. Américains et Européens s’impliquent et s’engagent à s’impliquer davantage encore, en terme d’assistance politique, économique et sécuritaire à cette démocratie émergente.  

N’oublions pas que même en Europe, il existe d’autres démocraties émergentes ; l’Ukraine en est un exemple. Ici encore, les gouvernements européens et américain ont un objectif commun : voir le peuple ukrainien résoudre pacifiquement la crise des élections et accueillir ce pays au sein des nations démocratiques.

Au-delà des considérations de politique étrangère, la communauté transatlantique partage également des valeurs d’ordre social et humanitaire, et notre but commun est d’aider à améliorer la vie des peuples des pays en voie de développement. Nous reconnaissons la nécessité de porter assistance en cas de désastres, de famines et d’épidémies, et nous contribuons généreusement aux causes humanitaires. Nous sommes aussi collectivement déterminés à promouvoir le développement des nations les plus pauvres et à intégrer ces pays dans l’économie mondiale. Ensemble, nous finançons de nombreux bons projets visant notamment à améliorer les systèmes d’éducation et de soins médicaux. Nous nous efforçons de mettre un terme à la propagation tragique du virus du sida qui ravage familles et sociétés. Nous partageons aussi la même préoccupation pour la planète sur laquelle nous vivons et sommes conscients du défi de longue haleine que représente le changement climatique. La recherche et le développement de nouvelles technologies dans ce domaine permettront de réduire les émissions de gaz à effet de serre et encourageront la croissance économique à aller de pair avec la responsabilité écologique. Des projets allant dans ce sens sont déjà en cours entre chercheurs des deux côtés de l’Atlantique.

 

La coopération franco-américaine

La présence de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, au sein de l’OTAN, de l’Union européenne, de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et d’autres institutions multilatérales, fait de ce pays un acteur essentiel et influent sur la scène internationale. Les Etats-Unis et la France travaillent en coopération sur des problèmes sérieux à travers le monde, et notre dossier diplomatique commun englobe les questions de politique étrangère, commerciales, militaires et d’application des lois, aussi bien que d’ordre scientifique et éducatif.

Plusieurs dossiers brûlants de politique étrangère bénéficient de cette coopération. En septembre 2004, la France et les Etats-Unis ont initié ensemble la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Liban. Lors de la visite du Président des Etats-Unis à Bruxelles en février 2005, les Présidents Bush et Chirac ont publié un communiqué commun condamnant l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri, soutenant l’enquête de l’ONU pour acte terroriste et renouvelant le soutien à un Liban libre, indépendant et démocratique. La France et les Etats-Unis collaborent également de façon efficace au Moyen-Orient en vue de promouvoir la paix et une évolution démocratique dans cette région. De concert, nous avons encouragé Israéliens et Palestiniens à appliquer la « feuille de route », nous avons soutenu le plan de retrait de Gaza d’Ariel Sharon ainsi que les efforts du Président Abbas pour réformer les institutions palestiniennes. La France et les Etats-Unis continueront à presser l’Iran de se mettre en conformité avec les résolutions de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) et avec les obligations du traité de non-prolifération nucléaire en lui demandant de suspendre définitivement son programme d’enrichissement d’uranium.   Quant à la Chine, compte tenu de nos préoccupations dans le domaine militaire et dans celui des droits de l’Homme, les Etats-Unis conti-nueront à œuvrer avec la France et avec l’Union européenne dans son ensemble, pour limiter les ventes d’armes et de technologie sensibles à ce pays.

Avec la France, nous œuvrons en commun à prévenir l’instabilité régionale et partageons les responsabilités dans les Balkans, en Afrique et dans toute autre région de conflits. Nous travaillons ensemble à accroître le potentiel des forces locales de maintien de la paix ainsi qu’à la résolution des conflits en Afrique. En Haïti, Français et Américains ont fourni une aide déterminante à la reconstruction et pris part à la force de stabilisation soutenue par les Nations unies. Nous mettons tout en œuvre pour ramener la stabilité et soutenir le processus démocratique dans ce pays.  

Dans le domaine économique, le but essentiel des Etats-Unis et de la France, est que chacune de nos deux nations reste ouverte, compétitive et accueillante au commerce et aux investissements de l’autre. Le personnel de notre Ambassade, de nos consulats et de nos autres postes en province continuera à soutenir, défendre et conseiller les compagnies américaines intéressées par les perspectives d’échanges commer-ciaux et d’investissements en France.

Américains et Français entretiennent des relations économiques dynamiques, mutuellement bénéfiques et en expansion. Chaque jour travaillé, les Etats-Unis et la France engagent des transactions commerciales atteignant jusqu’à un milliard de dollars. Les filiales des compagnies françaises et américaines emploient un nombre significatif d’employés locaux. Aux Etats-Unis, des citoyens américains occupent 515 000 emplois créés grâce aux investissements français, alors qu’en France, les investissements américains en génèrent quelque 583 000. Outre les investissements, les Etats-Unis sont le plus important partenaire commercial de la France, hors Europe. La France, quant à elle, vient en troisième place sur la liste des partenaires commerciaux des Etats-Unis, après l’Allemagne et le Royaume-Uni. Nos échanges se font dans les secteurs du tourisme, de l’éducation, de la finance, des technologies de l’information et de l’assu-rance, de l’aérospatiale, des médicaments, des matériels et des équipements médicaux et scientifiques.

Il n’est pas surprenant que dans le cadre de ces relations vastes et complexes, quelques différends commerciaux restent en suspens. La grande majorité des relations commerciales transatlantiques ne pose pas cependant de problème, sans pour cela minimiser l’importance de nos divergences à propos des subventions à Airbus ou de règles douanières, par exemple. De plus, nous souhaitons réussir avec la France et l’Europe toute entière, à créer un environnement plus ouvert aux exportations agricoles américaines, notamment de produits alimentaires sans risque et issus de la biotechnologie. Des responsables américains étudient cette question précise, ainsi que d’autres questions, à la recherche de solutions réciproquement acceptables, avec leurs homologues européens à Bruxelles.

Nous avons une liste commune de défis à relever dans le domaine de l’économie et des affaires. Les Etats-Unis veulent poursuivre leur coopération avec le gouvernement français afin de mettre au point une stratégie pour combattre le piratage et la vente de produits de contrefaçon. Les Etats-Unis encourageront également la France à user de son influence au sein de l’Union européenne et obtenir le soutien de l’Union pour renforcer la libéralisation économique dans les pays d’Europe centrale et orien-tale, et ce dans l’intérêt de tous.

Dans le domaine militaire et de la défense, nos difficultés à propos de l’Irak ont parfois détourné l’attention de l’excellente coopération existant entre militaires américains et européens. En Afghanistan, dans les Balkans, à Haïti, dans la Corne de l’Afrique et ailleurs sur le continent africain, militaires américains et européens travaillent côte à côte dans le plus grand respect mutuel. Nous savons que la France a l’une des armées les plus compétentes et que près de 34 000 membres des forces françaises sont déployés hors de France, soit de façon permanente soit pour des missions opérationnelles.

Les Etats-Unis et la France sont des alliés efficaces au sein de l’OTAN depuis plus d’un demi-siècle. Nous soutenons le dessein de l’Union européenne d’une politique de sécurité et de défense commune complémentaire à l’OTAN. L’évolution de la situation en Bosnie illustre à cet égard cette complémentarité. Le 2 décembre 2004, la mission de stabilisation et de maintien de la paix de l’OTAN s’y est achevée ; après neuf ans de présence, la SFOR a été relevée par une force européenne dans laquelle sont engagés 600 militaires français. Au Kosovo, où la situation est encore très délicate, les forces de l’OTAN (KFOR) restent en place, pour le moment, avec à leur tête un officier français, le général Yves de Kermabon, et quelque 3 200 soldats français en leur sein. En Afghanistan, un général français, Jean-Louis Py, a commandé les forces d’assistance à la sécurité de l’OTAN jusqu’en février dernier ; la France participe également à l’opération Liberté Immuable avec les Forces spéciales présentes dans ce pays depuis l’année dernière.

Les Etats-Unis maintiendront leur coopération avec la France en vue de renforcer le potentiel de l’OTAN et de réduire l’écart entre les potentiels de défense transatlantiques. Avec nos partenaires, nous sommes engagés à recentrer l’attention de l’OTAN sur l’Irak, l’Afghanistan et le Moyen-Orient. Nous partageons la même volonté d’aider l’Irak à se construire un futur stable et libre. Les vingt-six pays membres de l’OTAN sont d’accord pour que l’organisation soit impliquée dans l’entraînement des forces de sécurité irakiennes.

La coopération militaire franco-américaine s’étend aux manœuvres communes et aux formations des personnels ainsi qu’aux programmes d’échange pour les officiers, leur permettant ainsi d’établir des relations au sein de nos académies militaires et de nos états-majors.

Pour ce qui est de l’application des lois et du contre-terrorisme, la liste de nos actions conjointes est longue. Nos deux pays adhèrent à l’Initiative de Sécurité contre la Prolifération, et nous continuerons à travailler avec la France pour encourager la non-prolifération. Nous avons, par exemple, récemment conclu un accord visant à renforcer les contrôles de sécurité des porte-conteneurs dans le port de Marseille. La France a pris des mesures importantes pour se conformer aux normes de l’Organisation maritime internationale. Ensemble, nous travaillons à garantir la sécurité du transport maritime.

Les Etats-Unis souhaitent non seulement maintenir mais aussi accroître leur coopération avec la France ainsi que les moyens pour lutter contre le terrorisme afin de protéger nos sociétés et nos intérêts. Avec la France, nous mettons également tout en œuvre pour bloquer les avoirs des organisations terroristes et isoler diplomatiquement les pays soutenant le terrorisme.   

Nous avons aussi les mêmes objectifs en ce qui concerne le respect des lois et nous luttons ensemble contre le trafic de drogues illicites et pour mettre un terme à la traite des êtres humains qui frappe spécialement les femmes et les enfants à des fins de prostitution. A cet effet, nous venons de signer divers accords bilatéraux d’extradition des personnes inculpées pour crime aux Etats-Unis et dans les pays de l’Union européenne. Notre collaboration est également étroite en matière de lutte contre la corruption, de blanchiment d’argent et de crime organisé.

Dans le secteur scientifique et technologique, nos relations sont solides. La France accueille, chaque année, plus de 2 000 scientifiques et chercheurs du gouvernement américain, dont un bon nombre prennent part à des travaux d’ingénierie nucléaire avec leurs collègues français. Il en va de même pour la recherche biomédicale où notre coopération n’a jamais été aussi intense. Nous encourageons également la recherche complémentaire dans les secteurs de l’énergie, de l’espace, du nucléaire, de la défense, de l’environnement et dans d’autres secteurs de haute technologie. Les Etats-Unis poursuivront leur coopération avec les chercheurs français dans le domaine de la climatologie et des technologies liées au climat ainsi que dans tout un éventail de mesures prises par les Etats-Unis face au changement du climat. La future génération de nos scien-tifiques, élèves de collèges et lycées américains et français, peut déjà échanger des données et élaborer des projets communs grâce au programme Globe, placé sous les auspices de la NASA.

Le programme d’échanges universitaires entre la France et les Etats-Unis est lui aussi très intense. Plus de 13 000 étudiants américains étudient ou font de la recherche en France, alors que 6 000 étudiants français font de même aux Etats-Unis. En tant qu’ancien Président du conseil d’administration de l’université de Californie, j’ai rencontré de nombreux directeurs d’universités américaines qui insistent sur l’apport important que représente la présence d’étudiants étrangers dans leur environnement académique. Les programmes d’échanges universitaires permettent souvent de lier des relations d’amitié de toute une vie et d’offrir des pers-pectives et des partenariats professionnels qui se révèlent satisfaisants sur le plan personnel et qui profitent durablement à nos deux sociétés.

 

La nouvelle unité transatlantique

L’objectif général de la politique étrangère des Etats-Unis est de promouvoir la liberté et la démocratie ; deux éléments essentiels, à nos yeux, de la stabilité et les meilleurs garants de notre intérêt mutuel pour la paix et la sécurité. A la suite de la visite du Président Bush en Europe et de ses rencontres avec plusieurs dirigeants européens, nous avons pu observer, de part et d’autre de l’Atlantique, une volonté accrue de renforcer notre coopération et notre amitié.

Comme l’a déclaré le Président Bush dans son discours du 22 février à Bruxelles, « l’Amérique et l’Europe sont, aujourd’hui, face à un moment important et riche en perspectives. Une nouvelle fois, nous pouvons ensemble faire avancer l’histoire porteuse d’espoir, loin de la pauvreté et du désespoir, et sur la voie du développement et de la dignité que confère l’autonomie ; loin des ressentiments et de la violence, et vers la justice et le règlement pacifique des différends. Saisir cette opportunité exige un certain idéalisme ; chaque individu doit, à nos yeux, avoir le droit et l’aptitude à vivre libre. Saisir cette opportunité exige un certain réalisme : nous devons faire preuve de raison et de mesure face aux défis complexes que nous devons relever. Enfin, saisir cette opportunité exige aussi la coopération, car lorsque l’Europe et l’Amérique agissent ensemble, aucun problème ne peut leur résister. Tandis que les débats du passé s’estompent, tandis que de grands desseins se présentent, entrons dans une nouvelle ère d’unité transatlantique. »

   

Entretien avec S.E.M. Howard H. Leach,
Ambassadeur des Etats-Unis en France
 
Après avoir rappelé la dimension stratégique des relations transatlantiques, S.E.M. Howard H. Leach aborde ici d’autres dossiers phares mais aussi moins en vue de la politique étrangère des Etats-Unis que sont l’engagement américain en Afrique et l’aide humanitaire.

 

 
 
La Lettre Diplomatique : Fort du soutien que le Président George W. Bush a manifesté en faveur de la création d’un Etat palestinien et du plan israélien de retrait de la bande de Gaza, comment les Etats-Unis peuvent-ils appuyer un retour à la négociation entre Israéliens et Palestiniens dans le cadre de la « feuille de route » ?

 

S.E.M. Howard H.Leach : Les Etats-Unis d’Amérique sont profondément engagés en faveur d’une paix durable au Moyen-Orient, et le Président Bush a exprimé son soutien à la création d’un Etat palestinien. Les Etats-Unis d’Amérique restent le plus grand donateur bilatéral au peuple palestinien. Depuis 1993, ils ont déjà fourni plus d’un milliard de dollars en aide aux Palestiniens. L’Amérique et l’Europe ont l’obligation d’assurer que la nouvelle génération d’Israéliens et de Palestiniens gran-dira dans une atmosphère qui ne sera plus dominée par la violence et le désespoir. Notre gouvernement est engagé dans ce processus au plus haut degré. La Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice déclarait ainsi à la Conférence de Londres le 1er mars dernier : « En ce qui concerne le Moyen-Orient et au-delà, le consensus aujourd’hui est que nous sommes en présence d’une chance pour la paix qui est de loin la meilleure qui puisse se présenter à nous…

La communauté internationale doit encourager les Palestiniens à promouvoir des réformes démocratiques. »

Les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne soutiennent et encouragent de manière concrète les réformes démocratiques au Moyen-Orient, y compris par le biais de programmes avec les Palestiniens. Dans son discours du 22 février à Bruxelles, le Président Bush avait déjà souligné : « Seule une démocratie peut servir l’espoir des Palestiniens, assurer la sécurité d’Israël et ériger le drapeau d’un Etat palestinien souverain. » L’Europe partage notre vision d’un Etat palestinien démocratique qui vivrait en paix avec son voisin israélien. L’Union européenne participe activement au Fonds fiduciaire pour la réforme de la gestion des finances publiques, institué par la Banque Mondiale afin de continuer à améliorer la gestion des finances publiques et assurer la viabilité des institutions de l’Autorité palestinienne. Les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne travaillent également ensemble par le biais de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA selon son acronyme anglais) et pour la sécurité et l’assistance alimentaires par le biais du Programme mondial contre la Faim.

Le Président Bush, dans son discours sur l’Etat de l’Union du 2 février, a promis 350 millions de dollars pour l’établissement d’un Etat palestinien démocratique, et 41 millions ont été fournis sous forme de fonds rapides pour aider les Palestiniens à accéder aux soins médicaux et à des programmes universitaires, et les aider à développer l’économie de leur pays. Les Etats-Unis travaillent avec les Palestiniens depuis longtemps par le biais de l’initiative Partenariat pour le Moyen-Orient et autres programmes du genre pour préparer les Palestiniens à prendre part au processus démocratique et aux réformes économiques.

La Conférence de Londres organisée le 1er mars par le Premier ministre britannique Tony Blair a permis de concentrer l’attention internationale sur les réformes nécessaires à apporter au sein de l’Autorité palestinienne, afin d’améliorer la gouvernance du peuple palestinien. Nous nous réjouissons de l’engagement et du courage exprimés par le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas concernant les prochaines étapes de ce processus.

 

L.L.D. : Plus largement, comment le gouvernement américain entend-il traduire son soutien à la démocratisation du « Grand Moyen-Orient » ? Compte tenu des sanctions américaines contre la Syrie, dans quelles conditions les Etats-Unis envisagent-ils la coopération de ce pays à la stabilité régionale ?

 

S.E.M.H.H.L. : Dans son discours à Whitehall, à Londres, en novembre 2003, le Président Bush a donné sa vision pour une stratégie d’avenir et de liberté pour le Grand Moyen-Orient. Il a proclamé que les peuples du Moyen-Orient, comme tous les autres peuples, méritent de vivre libres et de profiter des avantages de la démocratie. Il a annoncé que les Etats-Unis soutiendront les réformateurs et les réformes dans la région. Et je cite : « Alors que nous observons et encourageons les réformes dans la région, nous sommes attentifs au fait que modernisation ne veut pas dire occidentalisation. Les gouvernements représentatifs au Moyen-Orient reflèteront leurs propres cultures. Ils ne doivent pas nous ressembler, et, de ce fait, ne nous ressembleront pas. »

Les Etats-Unis sont convaincus que de vraies réformes démocratiques, le progrès vers des sociétés pluralistes et des économies de marché ouvertes naîtront de la région elle-même sous des formes appropriées à chaque pays. Il n’existe pas de plan unique de réforme pour tous les pays du Grand Moyen-Orient. Les Etats-Unis partagent les nombreuses perspectives que l’Union européenne a suggéré dans le cadre du processus de Barcelone il y a dix ans et qui ont été reformulées l’année dernière par le Ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer à la Conférence sur la Sécurité à Munich. Chaque nation devra arriver à ses propres conclusions concernant le rythme et la direction du changement à adopter. Le changement ne peut être imposé de l’extérieure par quiconque.

L’un des instruments les plus importants pour instaurer le changement dans la région est l’Initiative sur le Grand Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (BMENA – acronyme anglais) du G-8 qui fut conclu au sommet de Sea Island en juin 2004. Le BMENA se fonde sur un partenariat entre le G-8 et les pays de la région, avec les gouvernements, le secteur des affaires et la société civile. Les Etats-Unis fournissent également une aide et une assistance bilatérale par le biais du MEPI – Initiative pour un partenariat avec le Moyen-Orient – qui cherche à promouvoir des réformes dans quatre piliers clés : ouverture politique, libéralisation économique, progrès social et droits de la femme.

Pour ce qui est de la Syrie, nous procédons de manière bilatérale et multilatérale. La résolution 1559 du Conseil de Sécurité des Nations unies oblige la Syrie à retirer son armée et ses agents du Liban, et appelle au désarmement et à la dissolution de tous les groupes armés au Liban, y compris le Hezbollah. Le soutien de la Syrie aux groupes terroristes tels que le Hezbollah et le Hamas ne peut continuer. Il nuit au fragile processus de paix entre les Israéliens et les Palestiniens ainsi qu’aux efforts internationaux pour mettre fin au terrorisme. Les Etats-Unis d’Amérique et la France, en collaboration étroite, invitent fortement la Syrie à respecter les termes de la résolution 1559 et à rétablir la souveraineté au Liban. Les Etats-Unis ont également pris des mesures bilatérales par le biais du Syrian Accountability Act, en réponse au soutien persistant de la Syrie au terrorisme, à la déstabilisation de l’Irak par la Syrie et à la domination syrienne du Liban. La Syrie n’est pas en phase avec d’autres pays de la région et continue de servir de sanctuaire pour des actions terroristes.

 

L.L.D. : Près de deux ans après la chute du régime de Saddam Hussein, l’Irak est entré dans une phase de transition avec la dévolution de la souveraineté aux Irakiens. Au lendemain des élections du 30 janvier 2005, quels sont les facteurs durables de la reconstruction politique de l’Irak ?

 

S.E.M.H.H.L. : Les élections du 30 janvier donnent aux Etats-Unis, à la communauté internationale et surtout aux Irakiens eux-mêmes des raisons d’être optimistes sur le processus démocratique en Irak. Plus de 8,5 millions d’Irakiens ont bravé des menaces de violence et d’attaques terroristes afin de voter à l’occasion des premières élections libres, démocratiques et pluripartites que leur pays a connu depuis un demi-siècle.

Ces élections ne sont pas la fin du processus démocratique en Irak, mais plutôt le commencement. Pour la première fois de son histoire, à la mi-mars, l’Irak a tenu la première assemblée démocratiquement élue de son parlement. Les nouveaux dirigeants d’Irak, choisis par le peuple, sont appelés à commencer leur travail dans la vie politique avec la rédaction d’une constitution, qui sera soumise au peuple par référendum en octobre prochain. L’année prochaine, à cette même date, les Irakiens auront un nouveau gouvernement national et une nouvelle constitution.

La reconstruction et la stabilisation de l’Irak dépendront essentiellement du peuple irakien, exigeant opiniâtreté et patience, ainsi que le soutien massif de la communauté internationale. Ce calendrier politique est ambitieux, mais les nouveaux dirigeants semblent avoir pris un bon départ.

 

L.L.D. : Quelles options Washington compte-elle privilégier pour favoriser la stabilisation de l’Irak ? Les Etats-Unis y assurant encore près de 90% des opé-rations militaires, quelles conditions pourraient permettre l’implication de la communauté interna-tionale dans la sécurisation de l’Irak et un retrait progressif de l’armée américaine ?

 

S.E.M.H.H.L. : Le mandat de la force de coalition multinationale en Irak est régi par la Résolution 1546 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui stipule que la force multinationale prendra fin lorsque le processus politique et la mise en place d’un gouvernement en Irak seront acquis, « sauf demande préalable du gouvernement irakien. » La coalition respectera les vœux et les demandes du gouvernement irakien.

Il n’y a pas de calendrier pour le retrait des troupes américaines d’Irak. Mais cela ne veut pas dire que nous voulons que nos forces y restent indéfiniment. Le Président Bush a déclaré clairement que lorsque les forces irakiennes seront en mesure de prendre l’entière responsabilité de la sécurité du peuple irakien, les troupes américaines pourront rentrer chez elles. Les Etats-Unis et les alliés de l’OTAN continuent de former des forces de police et militaires afin qu’elles puissent prendre de plus en plus en charge la sécurité en Irak.

La stabilisation va de pair avec la reconstruction et les Etats-Unis et l’Union européenne sont prêts à co-parrainer une conférence internationale pour encourager l’effort international pour la reconstruction de l’Irak. En complément à l’effort important des Etats-Unis pour apporter stabilité, sécurité et prospérité au peuple Irakien, les membres de l’Union européenne ont promis une aide de 1,4 milliards de dollars à la Conférence des Donateurs de Madrid en octobre 2003.

Le Président Bush a déclaré que « le temps était venu de voir les démocraties installées apporter une aide politique, économique et sécuritaire tangible à la plus jeune démocratie du monde » et en effet cette année, l’Union européenne a promis une enveloppe supplémentaire de 260 millions de dollars pour l’Irak, destinée aux élections, au développement du secteur privé, aux échanges, à l’investissement, au secteur des services publiques, à l’emploi, la démocratie et l’état de droit. Tous ces secteurs sont des secteurs prioritaires désignés comme tels par les Etats-Unis et l’Union européenne, afin de permettre à cette jeune démocratie de grandir et de s’enrichir. La France est parmi les premiers pays ayant contribué au nouveau programme de l’Union européenne pour consolider l’état de droit irakien ; elle a également proposé de former des centaines de policiers et magistrats irakiens dans les prochains mois en France. Cette proposition vient s’ajouter à une précédente offre de la France de former quelque 1 500 gendarmes irakiens en France et au Qatar, et pour laquelle nous attendons toujours une réponse du gouvernement irakien.

 

L.L.D. : Face à la catastrophe humanitaire provoquée par le raz-de-marée dans l’Océan Indien le 26 décembre 2004, les Etats-Unis ont appelé à la formation

d’ « une coalition internationale humanitaire ». Comment, selon vous, un mécanisme de prévention des crises humanitaires peut-il être mis en place ?

 

S.E.M.H.H.L. : Avant même la comptabilisation des pertes colossales qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami de décembre 2004 dans l’Océan Indien, un consensus s’était fait jour sur la nécessité d’installer un mécanisme de prévention dans la région pour éviter une catastrophe humanitaire de cette envergure. Sur les 950 millions de dollars que le Président Bush a demandé au Congrès pour l’aide aux rescapés du tsunami, 35 millions ont été alloués pour le développement d’un système d’alarme préventif. Sur cette somme, 23 millions seront destinés à l’amélioration des systèmes existants dans le Pacifique et ailleurs ; 12 millions seront dédiés à l’optimisation d’un système de prévention et à l’atténuation des effets du désastre sur les populations.

De nombreux pays dans le monde possèdent des réseaux de contrôle sismique qui permettent le suivi et le marquage de raz-de-marée. Nombre de réseaux partagent leurs données avec d’autres réseaux et d’autres pays. Aux Etats-Unis, le Global Seismographic Network (GSN), financé conjointement par la U.S. National Science Foundation et le U.S. Geological Survey, possède 137 stations disséminées uniformément partout dans le monde. Le GSN coopère avec de nombreux réseaux internationaux de veille sismologique, y compris en France, au Japon et en Australie.

 

L.L.D. : Pouvez-vous nous expliquer les principes du Millenium Challenge Account et les priorités de l’aide américaine au développement ?

 

S.E.M.H.H.L. : Une des leçons du développement est que l’aide extérieure n’est pas suffisante au développement d’un pays, même si cela aide. Le développement commence quand les dirigeants mettent en place une politique en faveur du développement, pour rapatrier les capitaux, attirer de nouveaux investissements étrangers et soutenir l’esprit d’entreprise.

En janvier 2004, le Congrès a adopté un « nouveau contrat pour le développement global » en réponse à la demande du Président pour que l’aide aux pays en développement soit liée à une plus forte responsabilisation de la part des nations recevant cette aide. Le Président Bush a proposé une méthode pour la mise en place de ce contrat – le Millenium Challenge Account – par lequel l’assistance au développement serait proposée aux pays qui adoptent une bonne gouvernance, investissent dans leur peuple et encouragent la liberté économique.

Les fonds 2005 du Millenium Challenge Account représente le plus vaste programme d’assistance internationale depuis le Plan Marshall de l’après-guerre. Dix-sept pays sont actuellement éligibles dans le cadre de l’aide du Millenium Challenge Account, treize autres sont des pays « seuils » qui promettent beaucoup et sont en passe de devenir éligibles. Entre les pays éligibles et les pays « seuils », au total nous entretenons et avons un potentiel de relations avec 30 pays, c’est-à-dire 400 millions d’individus dans le monde !

 

L.L.D. : Compte tenu de la persistance des conflits en RDC et de la crise du Darfour, comment les Etats-Unis peuvent-ils prendre une plus large part à la stabilisation du continent africain ?

 

S.E.M.H.H.L. : Depuis six ans plus de trois millions et demi de personnes sont mortes suite à des privations et des conflits dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. La Commission Jointe Tripartite, qui comprend la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, a été créée par ces trois pays par l’accord signé à Kigali en octobre dernier. L’objectif des Etats-Unis est de faciliter la coopération entre les trois pays afin de résoudre la situation conflictuelle dans la région des Grands Lacs et, plus particulièrement, le problème des groupes armés du Congo oriental. Nous sommes en consultation avec les Nations unies et nos partenaires européens pour déterminer le meilleur moyen de désarmer les milices au Congo oriental.

Les Etats-Unis soutiennent l’Accord global de Paix au Soudan, qui constitue une base solide pour arriver à la stabilité et l’unité nationale dans tout le pays, et plus particulièrement, au Darfour et certaines autres régions toujours en conflit. Les Etats-Unis ont invité les deux parties à appliquer rapidement l’accord dans sa totalité et saisir cette opportunité pour résoudre la crise du Darfour.

Les Etats-Unis se sont engagés à travailler avec la communauté internationale pour fournir de l’aide et promouvoir la paix, la sécurité et la réconciliation au Soudan. En 2004, une mesure rédigée par les Etats-Unis, la Résolution 1556 du Conseil de sécurité des Nations unies, prévoyait des forces de sécurité et la mise en place d’un embargo sur les armes à l’encontre de la milice Jinjaweit. Elle autorisait également l’accès à l’aide humanitaire pour le Darfour, tout en faisant appel à un retour aux négociations avec les groupes dissidents. La résolution fut adoptée à l’unanimité par les 13 membres du Conseil de sécurité. L’ambassadeur américain auprès des Nations unies de l’époque, John Danforth, avait souligné « que le but de cette résolution était de soulager la souffrance au Darfour, non pas de punir le Soudan… Le souhait de mon gouvernement, comme celui de chaque membre du conseil, j’en suis sûr, est que le Soudan réalise son potentiel comme nation pacifique et stable, dans laquelle vivraient en paix des peuples divers. »

Nous avons aujourd’hui renforcé notre présence diplomatique à Khartoum et prévoyons d’engager le gouvernement soudanais sur des questions majeures comme le Darfour, l’application de l’Accord global de Paix, et la nécessité d’acheminer une aide humanitaire d’urgence pour des millions de Soudanais menacés par des déplacements de populations et des pénuries de vivres. Nous sommes toujours aussi inquiets à propos de la violence et des atrocités qui sévissent au Darfour. Nos relations avec le Soudan ne seront entièrement normalisées que lorsque la situation au Darfour sera stabilisée.

 

L.L.D. : Plus précisément, autour de quelles mesures concrètes l’assistance des Etats-Unis au continent africain s’articule-t-elle ?

 

S.E.M.H.H.L. : Par le biais du Partenariat U.S.-Afrique, les Etats-Unis travaillent avec des nations africaines, individuellement et collectivement, afin de les aider à répondre à leurs besoins respectifs. Les Etats-Unis aspirent à apporter la paix et aider les nations africaines qui s’engagent pour la démocratie, la libre entreprise, la transparence et l’état de droit.

L’un des objectifs clé du Partenariat U.S.-Afrique est d’aider les gouvernements africains à améliorer le niveau de santé, de nutrition et le taux d’alphabétisation de ses citoyens. En 2004 les Etats-Unis ont fait don de 47 millions de dollars à l’Initiative Stopper la Famine en Afrique en soutien à l’Objectif de Développement International de réduire la faim en Afrique de moitié d’ici à 2015. Dans le domaine de l’éducation, l’Initiative pour l’Education en Afrique a permis à 110 126 enseignants d’accéder à une formation continue, et à 20 507 enseignants débutants de bénéficier d’une formation d’initiation. Grâce à l’Initiative pour l’Education en Afrique et ses 200 millions de dollars sur cinq ans, plus de 945 000 élèves du primaire ont profité d’un environnement éducatif enrichi.

Le Département de l’Agriculture des Etats-Unis finance des ateliers de formation pour des personnels gouvernementaux et non-gouvernementaux originaires de plus de 30 pays sub-Sahariens. Ces ateliers enseignent les compétences nécessaires pour leur permettre de négocier efficacement et d’accroître leur participation dans les échanges mondiaux.

L’Afrique est un bénéficiaire essentiel du Plan d’Urgence contre le Sida, un plan sur cinq ans établi par le Président Bush et annoncé en janvier 2003. Cette initiative est la plus vaste, au niveau international, prise par un gouvernement et dédiée exclusivement à une seule maladie. En 2004, les Etats-Unis ont investi 452 millions de dollars dans la recherche pour un vaccin contre le VIH et projettent de dépenser un montant estimé de 507 millions de dollars en 2005. En 2004, l’Afrique a reçu 643 millions de dollars, une forte augmentation de l’aide à la prévention, le suivi médical et les traitements. En 2005, le montant devrait atteindre le million de dollars.

Un consensus de plus en plus répandu aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique confirme qu’une économie ouverte et des investissements internationaux sont les meilleurs moyens, et les plus rapides, pour faire progresser l’Afrique. Pendant trop longtemps les efforts internationaux pour promouvoir le développement en Afrique se sont cantonnés à l’assistance. L’aide au développement est importante, et le Président Bush a accru de façon considérable l’aide au continent africain. Cependant, encourager les réformes politiques et économiques dans tout le continent africain en ouvrant les marchés des Etats-Unis, dépasse la simple assistance et pose les fondations pour un réel développement.

Le quatrième Forum AGAO (African Growth and Opportunity Act) se tiendra à Dakar en juillet 2005 et sera consacré au thème : « Elargir et Diversifier les Echanges pour Promouvoir la Croissance. » Les pays membres du AGAO consolident l’état de droit, abaissent les barrières douanières, luttent activement contre la corruption et éliminent le travail des enfants. Ces pays donnent le bon exemple à tout le continent, et démontrent que les gouvernements qui respectent les droits individuels et encouragent le développement de leurs marchés seront plus à même de croître économiquement et d’atteindre la stabilité politique.

Comme tout bon partenariat, l’AGAO a été bénéfique à tous les membres. Le libre-échange entre les Etats-Unis et l’Afrique sub-Saharienne a créé des emplois, de la richesse, et des opportunités sur les deux continents. Depuis ses débuts en 2000, l’AGAO a généré plus de 340 millions de dollars d’investissements et créé des milliers d’emplois.

 

L.L.D. : De votre point de vue, quel a été l’impact de la visite du Président Bush en Europe portant sur la refonte des relations transatlantiques ?

 

S.E.M.H.H.L. : Pendant sa tournée européenne en février dernier, le Président Bush a déclaré : « Nous n’acceptons pas une fausse caricature qui divise le monde occidental entre des Etats-Unis idéalistes et une Europe cynique. L’Amérique et l’Europe sont les piliers du monde libre. Nous partageons les mêmes valeurs de liberté et de droits individuels de chacun, et nous travaillons ensemble dans le monde pour faire progresser nos intérêts communs et nos valeurs communes. »

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont fortement soutenu l’unité européenne comme le meilleur chemin vers la paix et la prospérité. Une Europe unie, libre et en paix était l’objectif premier de la politique étrangère américaine pendant la majeure partie du 20ème siècle. Nous sommes persuadés que des relations étroites entre l’Amérique et l’Europe sont essentielles à la paix et à la prospérité dans le monde.

Les relations entre la France et les Etats-Unis sont importantes et complexes. Les relations politiques entre nos deux pays ont été mises à l’épreuve récemment quant à la manière de gérer le problème de l’Irak, mais même pendant la période la plus tendue de nos relations au niveau politique, d’autres relations entre nos deux pays fonctionnaient très bien chaque jour, et la coopération sur de nombreux sujets à l’échelle mondiale progressait normalement. Nos relations commerciales, qui sont conséquentes, diversifiées et réussies, sont un atout pour la France et les Etats-Unis. D’autres très bonnes relations progressaient également : notre coopération militaire, nos services de renseignement, les autorités économiques et judiciaires, qui travaillent ensemble pour geler les avoirs financiers de groupes terroristes, les services pour le contrôle des stupéfiants, et les échanges éducatifs et culturels. Nos intérêts communs, tout comme nos valeurs et nos objectifs partagés nous aident à travailler ensemble et entretenir une amitié qui dure depuis 227 ans.

 

L.L.D. : A l’image du programme du « Joint Strike Fighter », dans quels autres domaines se concrétise le partenariat scientifique et technologique américano-européen ?

 

S.E.M.H.H.L. : Les Etats-Unis et l’Union européenne ont une tradition solide de coopération dans les secteurs scientifique et technologique à des niveaux différents, entre agences gouvernementales, entreprises commerciales, instituts et universités, associations professionnelles, scientifiques et étudiants. En octobre 2004, les Etats-Unis et l’Union européenne ont renouvelé pour cinq ans leur Accord pour la Coopération Scientifique et Technologique. Cet accord, avec d’autres, sert de cadre légal pour les scientifiques américains et européens, universitaires, industriels ou travaillant pour des agences gouvernementales, à leurs travaux de recherche et de coopération dans des secteurs variés comme le changement climatique, l’économie de l’hydrogène, le génie sismique et la réduction des désastres, l’endocrinologie, le vieillissement, la santé chez l’enfant, l’énergie, l’espace, la biotechnologie, la bioéthique, la sécurité alimentaire, les vaccins et les maladies infectieuses.

De nombreuses agences gouvernementales américaines axées sur la science, comme la National Science Foundation, la NASA, le Département de l’Energie et de l’Agriculture, l’Institut pour les Standards et la Technologie, et le Centre d’Etudes Géodésiques ont d’importants accords de recherche avec l’Union européenne au sein de l’accord-cadre sur la coopération scientifique et technologique.

En plus de cette coopération entre les Etats-Unis et l’Union européenne, la France est l’un de nos plus proches collaborateurs sur de nombreux projets énergétiques, scientifiques et technologiques. Nos scientifiques travaillent ensemble au développement d’une nouvelle génération de réacteurs, de nouvelles méthodes pour capter et stocker les émissions de combustible fossile, de nouvelles technologies et des structures pour faire progresser nos sociétés vers une économie plus propre fondée sur l’énergie à hydrogène.

Il y a également une coopération au niveau de la prochaine génération de scientifiques français et américains, sous l’égide du programme GLOBE de la NASA. GLOBE est un programme mondial scientifique et éducatif axé sur les écoles primaires et secondaires. Les élèves des écoles participant au programme collectent des données scientifiques sur l’atmosphère, l’eau, la terre et l’écorce terrestre en rapport avec leur cursus scolaire, puis échangent ces données par Internet avec des écoles, dans d’autres pays, qui travaillent sur des projets similaires. En février des élèves du Collège Cantelande dans la banlieue Cestas de Bordeaux et une école en Virginie ont pu dialoguer par téléconférence sur leurs expériences scientifiques.

 

L.L.D. : Le 8 mai 2005, les Alliés de la Seconde Guerre mondiale commémoreront le 60ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. Quel héritage reste-t-il, aujourd’hui, de la guerre conduite par les Etats-Unis pour la libération de l’Europe, tant en Europe que dans votre pays ?

 

S.E.M.H.H.L. : Des milliers de citoyens français et des centaines de vétérans américains ont encore une fois ensemble l’année dernière, commémoré la marche des libérateurs de 1944-45 à travers la France. Ces cérémonies dans une quantité incalculable de villes françaises prouvent que ni les Français ni les Américains n’ont oublié les sacrifices du front commun dans ce qui fut l’une des plus importantes luttes pour la liberté. Il est essentiel que nous poursuivions nos efforts pour informer les jeunes générations de manière à garder vivant cet héritage qui est le leur.

L’Europe et les Etats-Unis ont fait face côte à côte et pendant plus de deux cents ans aux plus grands défis de notre histoire. Ensemble nous avons lutté contre des idéologies totalitaires et unifié ce continent par la force de nos valeurs démocratiques. Chaque année nous célébrons ensemble les moments clé de la liberté, du Jour J jusqu’à la libération des camps de la mort et aux victoires de la conscience en 1989. Mais notre alliance va bien au-delà de la nostalgie. Même si celle-ci est certainement l’héritage de notre coopération dans les moments difficiles, elle est également le pilier de notre sécurité.

 

L.L.D. : Considérant le changement de la donne géopolitique mondiale, quel est, selon vous, le sens de l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale ? Comment les relations entre l’Alliance atlantique et une Europe désireuse d’une plus grande indépendance militaire sont-elles appelées à évoluer ? Quelle place l’Union européenne en devenir peut-elle occuper aux côtés des Etats-Unis pour contribuer à la stabilité internationale ?

 

S.E.M.H.H.L. : Au sommet des ministres de la défense des membres de l’OTAN à Nice en février dernier, le Ministre de la Défense Donald Rumsfeld à fait l’éloge de l’OTAN en ces termes : « Certains experts croyant tout savoir ont parfois prédit que l’Alliance atlantique tomberait en miettes, qu’elle deviendrait obsolète, qu’elle appartenait à l’histoire passée. C’est en effet ce que nos ennemis nous souhaitent. Ils savent que nos divergences et nos divisions servent leur cause. Mais nous savons que notre sécurité collective dépend de notre coopération, de notre respect mutuel et de notre entente. »

Aujourd’hui, parmi les 26 membres de l’OTAN, neuf pays ont fait partie du Pacte de Varsovie. Leurs populations gardent le souvenir vif d’avoir vécu sous la tyrannie soviétique. Ayant connu la perte de leur liberté, celle-ci leur est d’autant plus chère. Ces peuples ont aspiré aux responsabilités qui sont celles des membres de l’OTAN afin de garantir leur sécurité. Leur expérience contribue à la nouvelle vision et à la nouvelle vitalité de l’Alliance.

Depuis sa création en 1949, l’OTAN a été le garant de la sécurité transatlantique. Ces dernières années nous avons vu l’Alliance prendre de nouvelles directions pour faire face aux défis que sont les menaces sécuritaires du 21ème siècle, et qui pour beaucoup trouvent leur origine en dehors des frontières géographiques traditionnelles de l’Europe. Ces menaces sont différentes et plus meurtrières que celles du passé. L’OTAN dirige la Force d’Assistance à la Sécurité en Afghanistan (ISAF), et participe à des opérations de sécurité en coopération avec sept pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par le biais du Dialogue Méditerranéen.

Au sommet de l’OTAN à Istanbul en juin 2004, le Président Bush a proposé que l’OTAN s’engage dans une mission collective de formation en Irak. A ce jour, chaque membre de l’alliance a promis une forme de soutien pour la mission de formation de l’OTAN. La France et l’Allemagne n’ont pas voulu envoyer des équipes en Irak, mais ont prévu de former des forces de sécurité irakiennes à l’extérieur du pays. Les deux pays contribuent aux trois fonds de l’OTAN qui ont été créés pour financer la formation, l’achat de matériel et le transport des troupes irakiennes. Avec cet engagement, la totalité des nations de l’OTAN souscrivent à l’initiative de formation des forces irakiennes.

L’Union européenne a un rôle vital à jouer dans la défense européenne. Les Etats-Unis ont depuis longtemps soutenu l’idée d’une politique de sécurité et de défense européenne en coopération avec l’OTAN. L’Union européenne et l’OTAN coopèrent en effet dans les Balkans, où l’Union européenne a pris le relais de la SFOR en décembre 2004 en Bosnie, à la fin de la mission de l’OTAN. Par ailleurs, au Kosovo, où la situation reste plus explosive, les forces de maintien de la paix de l’OTAN continuent leur mission au sein de la KFOR.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont fortement soutenu l’unité européenne comme le meilleur chemin vers la paix et la prospérité. Une Europe unie, libre et en paix était l’objectif premier de la politique étrangère américaine pendant la majeure partie du 20ème siècle. Nous sommes persuadés que des relations étroites entre l’Amérique et l’Europe sont essentielles à la paix et à la prospérité dans le monde.

Les relations entre la France et les Etats-Unis sont importantes et complexes. Les relations politiques entre nos deux pays ont été mises à l’épreuve récemment quant à la manière de gérer le problème de l’Irak, mais même pendant la période la plus tendue de nos relations au niveau politique, d’autres relations entre nos deux pays fonctionnaient très bien chaque jour, et la coopération sur de nombreux sujets à l’échelle mondiale progressait normalement. Nos relations commerciales, qui sont conséquentes, diversifiées et réussies, sont un atout pour la France et les Etats-Unis. D’autres très bonnes relations progressaient également : notre coopération militaire, nos services de renseignement, les autorités économiques et judiciaires, qui travaillent ensemble pour geler les avoirs financiers de groupes terroristes, les services pour le contrôle des stupéfiants, et les échanges éducatifs et culturels. Nos intérêts communs, tout comme nos valeurs et nos objectifs partagés nous aident à travailler ensemble et entretenir une amitié qui dure depuis 227 ans.

 

L.L.D. : A l’image du programme du « Joint Strike Fighter », dans quels autres domaines se concrétise le partenariat scientifique et technologique américano-européen ?

 

S.E.M.H.H.L. : Les Etats-Unis et l’Union européenne ont une tradition solide de coopération dans les secteurs scientifique et technologique à des niveaux différents, entre agences gouvernementales, entreprises commerciales, instituts et universités, associations professionnelles, scientifiques et étudiants. En octobre 2004, les Etats-Unis et l’Union européenne ont renouvelé pour cinq ans leur Accord pour la Coopération Scientifique et Technologique. Cet accord, avec d’autres, sert de cadre légal pour les scientifiques américains et européens, universitaires, industriels ou travaillant pour des agences gouvernementales, à leurs travaux de recherche et de coopération dans des secteurs variés comme le changement climatique, l’économie de l’hydrogène, le génie sismique et la réduction des désastres, l’endocrinologie, le vieillissement, la santé chez l’enfant, l’énergie, l’espace, la biotechnologie, la bioéthique, la sécurité alimentaire, les vaccins et les maladies infectieuses.

De nombreuses agences gouvernementales américaines axées sur la science, comme la National Science Foundation, la NASA, le Département de l’Energie et de l’Agriculture, l’Institut pour les Standards et la Technologie, et le Centre d’Etudes Géodésiques ont d’importants accords de recherche avec l’Union européenne au sein de l’accord-cadre sur la coopération scientifique et technologique.

En plus de cette coopération entre les Etats-Unis et l’Union européenne, la France est l’un de nos plus proches collaborateurs sur de nombreux projets énergétiques, scientifiques et technologiques. Nos scientifiques travaillent ensemble au développement d’une nouvelle génération de réacteurs, de nouvelles méthodes pour capter et stocker les émissions de combustible fossile, de nouvelles technologies et des structures pour faire progresser nos sociétés vers une économie plus propre fondée sur l’énergie à hydrogène.

Il y a également une coopération au niveau de la prochaine génération de scientifiques français et américains, sous l’égide du programme GLOBE de la NASA. GLOBE est un programme mondial scientifique et éducatif axé sur les écoles primaires et secondaires. Les élèves des écoles participant au programme collectent des données scientifiques sur l’atmosphère, l’eau, la terre et l’écorce terrestre en rapport avec leur cursus scolaire, puis échangent ces données par Internet avec des écoles, dans d’autres pays, qui travaillent sur des projets similaires. En février des élèves du Collège Cantelande dans la banlieue Cestas de Bordeaux et une école en Virginie ont pu dialoguer par téléconférence sur leurs expériences scientifiques.

 

L.L.D. : Le 8 mai 2005, les Alliés de la Seconde Guerre mondiale commémoreront le 60ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. Quel héritage reste-t-il, aujourd’hui, de la guerre conduite par les Etats-Unis pour la libération de l’Europe, tant en Europe que dans votre pays ?

 

S.E.M.H.H.L. : Des milliers de citoyens français et des centaines de vétérans américains ont encore une fois ensemble l’année dernière, commémoré la marche des libérateurs de 1944-45 à travers la France. Ces cérémonies dans une quantité incalculable de villes françaises prouvent que ni les Français ni les Américains n’ont oublié les sacrifices du front commun dans ce qui fut l’une des plus importantes luttes pour la liberté. Il est essentiel que nous poursuivions nos efforts pour informer les jeunes générations de manière à garder vivant cet héritage qui est le leur.

L’Europe et les Etats-Unis ont fait face côte à côte et pendant plus de deux cents ans aux plus grands défis de notre histoire. Ensemble nous avons lutté contre des idéologies totalitaires et unifié ce continent par la force de nos valeurs démocratiques. Chaque année nous célébrons ensemble les moments clé de la liberté, du Jour J jusqu’à la libération des camps de la mort et aux victoires de la conscience en 1989. Mais notre alliance va bien au-delà de la nostalgie. Même si celle-ci est certainement l’héritage de notre coopération dans les moments difficiles, elle est également le pilier de notre sécurité.

 

L.L.D. : Considérant le changement de la donne géopolitique mondiale, quel est, selon vous, le sens de l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale ? Comment les relations entre l’Alliance atlantique et une Europe désireuse d’une plus grande indépendance militaire sont-elles appelées à évoluer ? Quelle place l’Union européenne en devenir peut-elle occuper aux côtés des Etats-Unis pour contribuer à la stabilité internationale ?

 

S.E.M.H.H.L. : Au sommet des ministres de la défense des membres de l’OTAN à Nice en février dernier, le Ministre de la Défense Donald Rumsfeld à fait l’éloge de l’OTAN en ces termes : « Certains experts croyant tout savoir ont parfois prédit que l’Alliance atlantique tomberait en miettes, qu’elle deviendrait obsolète, qu’elle appartenait à l’histoire passée. C’est en effet ce que nos ennemis nous souhaitent. Ils savent que nos divergences et nos divisions servent leur cause. Mais nous savons que notre sécurité collective dépend de notre coopération, de notre respect mutuel et de notre entente. »

Aujourd’hui, parmi les 26 membres de l’OTAN, neuf pays ont fait partie du Pacte de Varsovie. Leurs populations gardent le souvenir vif d’avoir vécu sous la tyrannie soviétique. Ayant connu la perte de leur liberté, celle-ci leur est d’autant plus chère. Ces peuples ont aspiré aux responsabilités qui sont celles des membres de l’OTAN afin de garantir leur sécurité. Leur expérience contribue à la nouvelle vision et à la nouvelle vitalité de l’Alliance.

Depuis sa création en 1949, l’OTAN a été le garant de la sécurité transatlantique. Ces dernières années nous avons vu l’Alliance prendre de nouvelles directions pour faire face aux défis que sont les menaces sécuritaires du 21ème siècle, et qui pour beaucoup trouvent leur origine en dehors des frontières géographiques traditionnelles de l’Europe. Ces menaces sont différentes et plus meurtrières que celles du passé. L’OTAN dirige la Force d’Assistance à la Sécurité en Afghanistan (ISAF), et participe à des opérations de sécurité en coopération avec sept pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par le biais du Dialogue Méditerranéen.

Au sommet de l’OTAN à Istanbul en juin 2004, le Président Bush a proposé que l’OTAN s’engage dans une mission collective de formation en Irak. A ce jour, chaque membre de l’alliance a promis une forme de soutien pour la mission de formation de l’OTAN. La France et l’Allemagne n’ont pas voulu envoyer des équipes en Irak, mais ont prévu de former des forces de sécurité irakiennes à l’extérieur du pays. Les deux pays contribuent aux trois fonds de l’OTAN qui ont été créés pour financer la formation, l’achat de matériel et le transport des troupes irakiennes. Avec cet engagement, la totalité des nations de l’OTAN souscrivent à l’initiative de formation des forces irakiennes.

L’Union européenne a un rôle vital à jouer dans la défense européenne. Les Etats-Unis ont depuis longtemps soutenu l’idée d’une politique de sécurité et de défense européenne en coopération avec l’OTAN. L’Union européenne et l’OTAN coopèrent en effet dans les Balkans, où l’Union européenne a pris le relais de la SFOR en décembre 2004 en Bosnie, à la fin de la mission de l’OTAN. Par ailleurs, au Kosovo, où la situation reste plus explosive, les forces de maintien de la paix de l’OTAN continuent leur mission au sein de la KFOR.

 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont fortement soutenu l’unité européenne comme le meilleur chemin vers la paix et la prospérité. Une Europe unie, libre et en paix était l’objectif premier de la politique étrangère américaine pendant la majeure partie du 20ème siècle. Nous sommes persuadés que des relations étroites entre l’Amérique et l’Europe sont essentielles à la paix et à la prospérité dans le monde.

Les relations entre la France et les Etats-Unis sont importantes et complexes. Les relations politiques entre nos deux pays ont été mises à l’épreuve récemment quant à la manière de gérer le problème de l’Irak, mais même pendant la période la plus tendue de nos relations au niveau politique, d’autres relations entre nos deux pays fonctionnaient très bien chaque jour, et la coopération sur de nombreux sujets à l’échelle mondiale progressait normalement. Nos relations commerciales, qui sont conséquentes, diversifiées et réussies, sont un atout pour la France et les Etats-Unis. D’autres très bonnes relations progressaient également : notre coopération militaire, nos services de renseignement, les autorités économiques et judiciaires, qui travaillent ensemble pour geler les avoirs financiers de groupes terroristes, les services pour le contrôle des stupéfiants, et les échanges éducatifs et culturels. Nos intérêts communs, tout comme nos valeurs et nos objectifs partagés nous aident à travailler ensemble et entretenir une amitié qui dure depuis 227 ans.

 

L.L.D. : A l’image du programme du « Joint Strike Fighter », dans quels autres domaines se concrétise le partenariat scientifique et technologique américano-européen ?

 

S.E.M.H.H.L. : Les Etats-Unis et l’Union européenne ont une tradition solide de coopération dans les secteurs scientifique et technologique à des niveaux différents, entre agences gouvernementales, entreprises commerciales, instituts et universités, associations professionnelles, scientifiques et étudiants. En octobre 2004, les Etats-Unis et l’Union européenne ont renouvelé pour cinq ans leur Accord pour la Coopération Scientifique et Technologique. Cet accord, avec d’autres, sert de cadre légal pour les scientifiques américains et européens, universitaires, industriels ou travaillant pour des agences gouvernementales, à leurs travaux de recherche et de coopération dans des secteurs variés comme le changement climatique, l’économie de l’hydrogène, le génie sismique et la réduction des désastres, l’endocrinologie, le vieillissement, la santé chez l’enfant, l’énergie, l’espace, la biotechnologie, la bioéthique, la sécurité alimentaire, les vaccins et les maladies infectieuses.

De nombreuses agences gouvernementales américaines axées sur la science, comme la National Science Foundation, la NASA, le Département de l’Energie et de l’Agriculture, l’Institut pour les Standards et la Technologie, et le Centre d’Etudes Géodésiques ont d’importants accords de recherche avec l’Union européenne au sein de l’accord-cadre sur la coopération scientifique et technologique.

En plus de cette coopération entre les Etats-Unis et l’Union européenne, la France est l’un de nos plus proches collaborateurs sur de nombreux projets énergétiques, scientifiques et technologiques. Nos scientifiques travaillent ensemble au développement d’une nouvelle génération de réacteurs, de nouvelles méthodes pour capter et stocker les émissions de combustible fossile, de nouvelles technologies et des structures pour faire progresser nos sociétés vers une économie plus propre fondée sur l’énergie à hydrogène.

Il y a également une coopération au niveau de la prochaine génération de scientifiques français et américains, sous l’égide du programme GLOBE de la NASA. GLOBE est un programme mondial scientifique et éducatif axé sur les écoles primaires et secondaires. Les élèves des écoles participant au programme collectent des données scientifiques sur l’atmosphère, l’eau, la terre et l’écorce terrestre en rapport avec leur cursus scolaire, puis échangent ces données par Internet avec des écoles, dans d’autres pays, qui travaillent sur des projets similaires. En février des élèves du Collège Cantelande dans la banlieue Cestas de Bordeaux et une école en Virginie ont pu dialoguer par téléconférence sur leurs expériences scientifiques.

 

L.L.D. : Le 8 mai 2005, les Alliés de la Seconde Guerre mondiale commémoreront le 60ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. Quel héritage reste-t-il, aujourd’hui, de la guerre conduite par les Etats-Unis pour la libération de l’Europe, tant en Europe que dans votre pays ?

 

S.E.M.H.H.L. : Des milliers de citoyens français et des centaines de vétérans américains ont encore une fois ensemble l’année dernière, commémoré la marche des libérateurs de 1944-45 à travers la France. Ces cérémonies dans une quantité incalculable de villes françaises prouvent que ni les Français ni les Américains n’ont oublié les sacrifices du front commun dans ce qui fut l’une des plus importantes luttes pour la liberté. Il est essentiel que nous poursuivions nos efforts pour informer les jeunes générations de manière à garder vivant cet héritage qui est le leur.

L’Europe et les Etats-Unis ont fait face côte à côte et pendant plus de deux cents ans aux plus grands défis de notre histoire. Ensemble nous avons lutté contre des idéologies totalitaires et unifié ce continent par la force de nos valeurs démocratiques. Chaque année nous célébrons ensemble les moments clé de la liberté, du Jour J jusqu’à la libération des camps de la mort et aux victoires de la conscience en 1989. Mais notre alliance va bien au-delà de la nostalgie. Même si celle-ci est certainement l’héritage de notre coopération dans les moments difficiles, elle est également le pilier de notre sécurité.

 

L.L.D. : Considérant le changement de la donne géopolitique mondiale, quel est, selon vous, le sens de l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale ? Comment les relations entre l’Alliance atlantique et une Europe désireuse d’une plus grande indépendance militaire sont-elles appelées à évoluer ? Quelle place l’Union européenne en devenir peut-elle occuper aux côtés des Etats-Unis pour contribuer à la stabilité internationale ?

 

S.E.M.H.H.L. : Au sommet des ministres de la défense des membres de l’OTAN à Nice en février dernier, le Ministre de la Défense Donald Rumsfeld à fait l’éloge de l’OTAN en ces termes : « Certains experts croyant tout savoir ont parfois prédit que l’Alliance atlantique tomberait en miettes, qu’elle deviendrait obsolète, qu’elle appartenait à l’histoire passée. C’est en effet ce que nos ennemis nous souhaitent. Ils savent que nos divergences et nos divisions servent leur cause. Mais nous savons que notre sécurité collective dépend de notre coopération, de notre respect mutuel et de notre entente. »

Aujourd’hui, parmi les 26 membres de l’OTAN, neuf pays ont fait partie du Pacte de Varsovie. Leurs populations gardent le souvenir vif d’avoir vécu sous la tyrannie soviétique. Ayant connu la perte de leur liberté, celle-ci leur est d’autant plus chère. Ces peuples ont aspiré aux responsabilités qui sont celles des membres de l’OTAN afin de garantir leur sécurité. Leur expérience contribue à la nouvelle vision et à la nouvelle vitalité de l’Alliance.

Depuis sa création en 1949, l’OTAN a été le garant de la sécurité transatlantique. Ces dernières années nous avons vu l’Alliance prendre de nouvelles directions pour faire face aux défis que sont les menaces sécuritaires du 21ème siècle, et qui pour beaucoup trouvent leur origine en dehors des frontières géographiques traditionnelles de l’Europe. Ces menaces sont différentes et plus meurtrières que celles du passé. L’OTAN dirige la Force d’Assistance à la Sécurité en Afghanistan (ISAF), et participe à des opérations de sécurité en coopération avec sept pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par le biais du Dialogue Méditerranéen.

Au sommet de l’OTAN à Istanbul en juin 2004, le Président Bush a proposé que l’OTAN s’engage dans une mission collective de formation en Irak. A ce jour, chaque membre de l’alliance a promis une forme de soutien pour la mission de formation de l’OTAN. La France et l’Allemagne n’ont pas voulu envoyer des équipes en Irak, mais ont prévu de former des forces de sécurité irakiennes à l’extérieur du pays. Les deux pays contribuent aux trois fonds de l’OTAN qui ont été créés pour financer la formation, l’achat de matériel et le transport des troupes irakiennes. Avec cet engagement, la totalité des nations de l’OTAN souscrivent à l’initiative de formation des forces irakiennes.

L’Union européenne a un rôle vital à jouer dans la défense européenne. Les Etats-Unis ont depuis longtemps soutenu l’idée d’une politique de sécurité et de défense européenne en coopération avec l’OTAN. L’Union européenne et l’OTAN coopèrent en effet dans les Balkans, où l’Union européenne a pris le relais de la SFOR en décembre 2004 en Bosnie, à la fin de la mission de l’OTAN. Par ailleurs, au Kosovo, où la situation reste plus explosive, les forces de maintien de la paix de l’OTAN continuent leur mission au sein de la KFOR.

 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont fortement soutenu l’unité européenne comme le meilleur chemin vers la paix et la prospérité. Une Europe unie, libre et en paix était l’objectif premier de la politique étrangère américaine pendant la majeure partie du 20ème siècle. Nous sommes persuadés que des relations étroites entre l’Amérique et l’Europe sont essentielles à la paix et à la prospérité dans le monde.

Les relations entre la France et les Etats-Unis sont importantes et complexes. Les relations politiques entre nos deux pays ont été mises à l’épreuve récemment quant à la manière de gérer le problème de l’Irak, mais même pendant la période la plus tendue de nos relations au niveau politique, d’autres relations entre nos deux pays fonctionnaient très bien chaque jour, et la coopération sur de nombreux sujets à l’échelle mondiale progressait normalement. Nos relations commerciales, qui sont conséquentes, diversifiées et réussies, sont un atout pour la France et les Etats-Unis. D’autres très bonnes relations progressaient également : notre coopération militaire, nos services de renseignement, les autorités économiques et judiciaires, qui travaillent ensemble pour geler les avoirs financiers de groupes terroristes, les services pour le contrôle des stupéfiants, et les échanges éducatifs et culturels. Nos intérêts communs, tout comme nos valeurs et nos objectifs partagés nous aident à travailler ensemble et entretenir une amitié qui dure depuis 227 ans.

 

L.L.D. : A l’image du programme du « Joint Strike Fighter », dans quels autres domaines se concrétise le partenariat scientifique et technologique américano-européen ?

 

S.E.M.H.H.L. : Les Etats-Unis et l’Union européenne ont une tradition solide de coopération dans les secteurs scientifique et technologique à des niveaux différents, entre agences gouvernementales, entreprises commerciales, instituts et universités, associations professionnelles, scientifiques et étudiants. En octobre 2004, les Etats-Unis et l’Union européenne ont renouvelé pour cinq ans leur Accord pour la Coopération Scientifique et Technologique. Cet accord, avec d’autres, sert de cadre légal pour les scientifiques américains et européens, universitaires, industriels ou travaillant pour des agences gouvernementales, à leurs travaux de recherche et de coopération dans des secteurs variés comme le changement climatique, l’économie de l’hydrogène, le génie sismique et la réduction des désastres, l’endocrinologie, le vieillissement, la santé chez l’enfant, l’énergie, l’espace, la biotechnologie, la bioéthique, la sécurité alimentaire, les vaccins et les maladies infectieuses.

De nombreuses agences gouvernementales américaines axées sur la science, comme la National Science Foundation, la NASA, le Département de l’Energie et de l’Agriculture, l’Institut pour les Standards et la Technologie, et le Centre d’Etudes Géodésiques ont d’importants accords de recherche avec l’Union européenne au sein de l’accord-cadre sur la coopération scientifique et technologique.

En plus de cette coopération entre les Etats-Unis et l’Union européenne, la France est l’un de nos plus proches collaborateurs sur de nombreux projets énergétiques, scientifiques et technologiques. Nos scientifiques travaillent ensemble au développement d’une nouvelle génération de réacteurs, de nouvelles méthodes pour capter et stocker les émissions de combustible fossile, de nouvelles technologies et des structures pour faire progresser nos sociétés vers une économie plus propre fondée sur l’énergie à hydrogène.

Il y a également une coopération au niveau de la prochaine génération de scientifiques français et américains, sous l’égide du programme GLOBE de la NASA. GLOBE est un programme mondial scientifique et éducatif axé sur les écoles primaires et secondaires. Les élèves des écoles participant au programme collectent des données scientifiques sur l’atmosphère, l’eau, la terre et l’écorce terrestre en rapport avec leur cursus scolaire, puis échangent ces données par Internet avec des écoles, dans d’autres pays, qui travaillent sur des projets similaires. En février des élèves du Collège Cantelande dans la banlieue Cestas de Bordeaux et une école en Virginie ont pu dialoguer par téléconférence sur leurs expériences scientifiques.

 

L.L.D. : Le 8 mai 2005, les Alliés de la Seconde Guerre mondiale commémoreront le 60ème anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. Quel héritage reste-t-il, aujourd’hui, de la guerre conduite par les Etats-Unis pour la libération de l’Europe, tant en Europe que dans votre pays ?

 

S.E.M.H.H.L. : Des milliers de citoyens français et des centaines de vétérans américains ont encore une fois ensemble l’année dernière, commémoré la marche des libérateurs de 1944-45 à travers la France. Ces cérémonies dans une quantité incalculable de villes françaises prouvent que ni les Français ni les Américains n’ont oublié les sacrifices du front commun dans ce qui fut l’une des plus importantes luttes pour la liberté. Il est essentiel que nous poursuivions nos efforts pour informer les jeunes générations de manière à garder vivant cet héritage qui est le leur.

L’Europe et les Etats-Unis ont fait face côte à côte et pendant plus de deux cents ans aux plus grands défis de notre histoire. Ensemble nous avons lutté contre des idéologies totalitaires et unifié ce continent par la force de nos valeurs démocratiques. Chaque année nous célébrons ensemble les moments clé de la liberté, du Jour J jusqu’à la libération des camps de la mort et aux victoires de la conscience en 1989. Mais notre alliance va bien au-delà de la nostalgie. Même si celle-ci est certainement l’héritage de notre coopération dans les moments difficiles, elle est également le pilier de notre sécurité.

 

L.L.D. : Considérant le changement de la donne géopolitique mondiale, quel est, selon vous, le sens de l’élargissement de l’OTAN en Europe centrale ? Comment les relations entre l’Alliance atlantique et une Europe désireuse d’une plus grande indépendance militaire sont-elles appelées à évoluer ? Quelle place l’Union européenne en devenir peut-elle occuper aux côtés des Etats-Unis pour contribuer à la stabilité internationale ?

 

S.E.M.H.H.L. : Au sommet des ministres de la défense des membres de l’OTAN à Nice en février dernier, le Ministre de la Défense Donald Rumsfeld à fait l’éloge de l’OTAN en ces termes : « Certains experts croyant tout savoir ont parfois prédit que l’Alliance atlantique tomberait en miettes, qu’elle deviendrait obsolète, qu’elle appartenait à l’histoire passée. C’est en effet ce que nos ennemis nous souhaitent. Ils savent que nos divergences et nos divisions servent leur cause. Mais nous savons que notre sécurité collective dépend de notre coopération, de notre respect mutuel et de notre entente. »

Aujourd’hui, parmi les 26 membres de l’OTAN, neuf pays ont fait partie du Pacte de Varsovie. Leurs populations gardent le souvenir vif d’avoir vécu sous la tyrannie soviétique. Ayant connu la perte de leur liberté, celle-ci leur est d’autant plus chère. Ces peuples ont aspiré aux responsabilités qui sont celles des membres de l’OTAN afin de garantir leur sécurité. Leur expérience contribue à la nouvelle vision et à la nouvelle vitalité de l’Alliance.

Depuis sa création en 1949, l’OTAN a été le garant de la sécurité transatlantique. Ces dernières années nous avons vu l’Alliance prendre de nouvelles directions pour faire face aux défis que sont les menaces sécuritaires du 21ème siècle, et qui pour beaucoup trouvent leur origine en dehors des frontières géographiques traditionnelles de l’Europe. Ces menaces sont différentes et plus meurtrières que celles du passé. L’OTAN dirige la Force d’Assistance à la Sécurité en Afghanistan (ISAF), et participe à des opérations de sécurité en coopération avec sept pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par le biais du Dialogue Méditerranéen.

Au sommet de l’OTAN à Istanbul en juin 2004, le Président Bush a proposé que l’OTAN s’engage dans une mission collective de formation en Irak. A ce jour, chaque membre de l’alliance a promis une forme de soutien pour la mission de formation de l’OTAN. La France et l’Allemagne n’ont pas voulu envoyer des équipes en Irak, mais ont prévu de former des forces de sécurité irakiennes à l’extérieur du pays. Les deux pays contribuent aux trois fonds de l’OTAN qui ont été créés pour financer la formation, l’achat de matériel et le transport des troupes irakiennes. Avec cet engagement, la totalité des nations de l’OTAN souscrivent à l’initiative de formation des forces irakiennes.

L’Union européenne a un rôle vital à jouer dans la défense européenne. Les Etats-Unis ont depuis longtemps soutenu l’idée d’une politique de sécurité et de défense européenne en coopération avec l’OTAN. L’Union européenne et l’OTAN coopèrent en effet dans les Balkans, où l’Union européenne a pris le relais de la SFOR en décembre 2004 en Bosnie, à la fin de la mission de l’OTAN. Par ailleurs, au Kosovo, où la situation reste plus explosive, les forces de maintien de la paix de l’OTAN continuent leur mission au sein de la KFOR.


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