La lettre diplomatique

Entretien – Bulgarie
La Lettre Diplomatique n°79 – Troisième trimestre 2007

Sur l’avant-scène du partenariat euro-atlantique

La double adhésion aux structures euro-atlantiques de la Bulgarie a clos une période de 15 ans de transition politique et économique. Devenue un partenaire essentiel pour la stabilisation des Balkans occidentaux, elle joue également un rôle primordial dans la politique énergétique de l’UE. Autant d’enjeux cruciaux pour l’avenir de l’Europe qu’abordent ici S.E.Mme Irina Bokova, Ambassadeur de Bulgarie en France.

 

La Lettre Diplomatique : Gouverné par un système de « grande coalition », votre pays a connu depuis les années 1990 des alternances qui reflètent la diversité des forces politiques en présence sur l’échiquier national. Quelle signification peut-on donner aux scrutins qui ont conduit à la réélection du Président Parvanov en octobre 2006 et comment percevez-vous la montée de l’extrême droite ?

S.E.Mme Irina Bokova :
La coalition gouvernementale issue des élections législatives de juin 2005, résulte en effet de la volonté de l'électorat bulgare de n’accorder de prépondérance à aucune formation politique, après quinze ans de transition difficile. Cette large coalition de socialistes et de libéraux a été mise en place afin d'assurer le processus d'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne (UE) à l'échéance fixée et de répondre aux attentes des citoyens bulgares concernant l’accélération du développement économique, la hausse du niveau de vie et la politique de compétitivité.
La mission qui a été confiée aux trois partis politiques qui composent le gouvernement suppose une nouvelle culture de la coalition devant reposer sur un climat de confiance, les principes du travail en équipe et de la responsabilité partagée, ainsi que sur le détachement des intérêts « corporatistes » au nom de la Bulgarie. Aussi, le programme du gouvernement reflète sa ferme résolution non seulement à déployer tous les efforts pertinents en matière de politique intérieure et extérieure afin de réussir l'adhésion à l’UE en janvier 2007 – objectif que nous avons donc atteint -, mais aussi à voir le pays transformé et rénové à la fin de son mandat.
Il s'agit d’asseoir la Bulgarie comme membre de plein droit de l’UE, pour qu'elle devienne un partenaire actif et respecté au sein de la grande famille européenne. Ce qui implique aussi qu’elle soit dotée d’une économie compétitive qui exporte davantage, qui soit capable de créer les emplois qualitatifs du développement durable et de mobiliser toutes les ressources civiles pour élever les revenus des citoyens bulgares et améliorer leur qualité de vie. Cet objectif ambitieux requiert l'intensification des efforts et l'action concertée du gouvernement, de l'Assemblée nationale, des divers acteurs sociaux, des organisations non gouvernementales et de tous les citoyens bulgares. Je voudrais citer à ce sujet les propos que Jean Monnet, l'un des architectes de l'Europe, a prononcé il y a déjà un demi-siècle: « Rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les institutions ». À mon avis, seuls cet équilibre et une réelle interaction entre la société civile et les institutions, permettront de mettre en œuvre le programme du gouvernement, qui est d’ailleurs perçu comme le « gouvernement de l'intégration européenne, de la croissance économique et de la responsabilité sociale ».
Lors des élections présidentielles d’octobre 2006, le Président Guéorgui Parvanov a été largement réélu pour un second mandat de cinq ans, avec un score écrasant de 75,95% des suffrages exprimés. Le candidat du parti d'extrême droite Ataka, Volen Sidérov, est également arrivé au deuxième tour du scrutin présidentiel. Ce parti est l'expression typique d'une formation ultranationaliste, semblable aux partis populistes protestataires anti-européens qui existent par exemple en France, en Autriche, aux Pays-Bas, en Hongrie etc. À notre regret, il illustre bien l'irruption sur la scène politique du nouveau populisme xénophobe de la droite ultra. Ce phénomène est lui-même le produit concomitant de l'intégration européenne et de la mondialisation, qui se nourrit en Bulgarie comme dans beaucoup d'autres pays d'Europe orientale, des difficultés et de la fatigue causées par les dérives diverses ayant émaillé le processus long et complexe d'adaptation aux nouvelles réalités politiques et socio-économiques. Il est aussi la conséquence de la situation de la « droite » bulgare, divisée et discréditée. Du coup, le leader du parti « Ataka » a réussi à se positionner comme l’alternative la plus sérieuse au statut quo qui prédomine au sein du système politique, en capitalisant sur les profonds mécontentements et le vote protestataire. Mais, de façon plus générale, la présence de cette formation sur la scène politique n'est pas une spécificité typique ni – et j'insiste sur ce fait – une tendance dominante de la vie politique bulgare. La Bulgarie a toujours fait preuve de tolérance à l'égard des différentes communautés établies sur son territoire. Sans vouloir trop m’écarter de notre sujet, je tiens à rappeler que nous sommes tous fiers d'avoir sauvé les Juifs bulgares durant la Deuxième guerre mondiale et qu’il s’agit bien là de l'expression convaincante de la politique séculaire de tolérance, de respect mutuel et de compréhension de notre société à l'égard des différentes ethnies et communautés religieuses qui vivent sur le sol bulgare.

L.L.D. : Que révèle de votre point de vue le faible taux de participation au scrutin présidentiel et lors des récentes élections des représentants bulgares au Parlement européen le 20 mai 2007 ?

S.E.Mme I.B. :
Les élections du Parlement européen qui se sont tenues le 20 mai 2007 ont représenté une autre échéance particulièrement importante pour notre pays qui participait pour la première fois à ce scrutin. Elles font tout d’abord partie de nos engagements sur les critères politiques d’adhésion qui visent à mettre en place les institutions garantissant la primauté de la démocratie. Nous entrons donc au Parlement européen au milieu de son mandat actuel, ce qui ne constitue pas pour autant un précédent dans l'histoire de l'élargissement européen – en 1987, il en était de même pour le Portugal qui a procédé à de telles élections deux ans avant l'expiration de la législature. Les élections européennes en Bulgarie se sont soldées par le choix de 18 nouveaux visages, qui ont rejoint les autres parlementaires européens. Quinze députés se joindront aux plus grands mouvements politiques européens, le Parti populaire européen, les Socialistes et les Libéraux, tandis que les trois représentants du parti « Ataka » se sont associés au groupe des nationalistes européens ITS (aujourd’hui dissous). On peut affirmer que la tendance pro-européenne a été victorieuse et que les Bulgares ayant voté le 20 mai ont manifesté leur fierté de voir nos représentants concourir au Parlement européen à l’élaboration des politiques de l’UE. Il est vrai que l’on peut regretter la faible participation au vote, aucun parti n'ayant vraiment réussi à motiver suffisamment ses partisans. Durant la campagne électorale, l'attention des citoyens s’est en outre portée sur des événements intérieurs étrangers à l'objectif électoral. De leur côté, les hommes politiques n'ont pas non plus réussi à mettre en évidence les liens entre ce scrutin et la vie quotidienne des Bulgares ainsi qu’à expliquer que le Parlement européen, la seule institution européenne directement élue par le peuple, dispose d’une autorité législative effective portant sur plus de 35 domaines. En même temps, il faut reconnaître que la faible participation en Bulgarie (30%) atteint le même niveau que dans la plupart des pays qui ont adhéré à l'UE en 2004. Mais c'est désormais sur les épaules de nos 18 députés européens que pèse la responsabilité de faire des prochaines élections européennes prévues en 2009, un événement d'intérêt objectif pour l'électorat bulgare.

L.L.D. : La Commission européenne a publié son premier rapport le 27 juin sur les efforts engagés par votre pays, notamment en matière de réforme judiciaire et de lutte contre la corruption. Quels progrès substantiels ont-ils pu être réalisés dans ces domaines ?

S.E.Mme I.B. :
Les autorités bulgares se sont engagées au plus haut niveau dans l'exécution du Mécanisme de coopération et de vérification des progrès, mis en place par la Décision de la Commission européenne du 13 décembre 2006. Nous avons assumé la responsabilité de satisfaire aux exigences impliquées par notre adhésion à l'UE, acceptant comme priorité essentielle, le renforcement de la Communauté et son affirmation comme espace de liberté, de sécurité et de justice. Le gouvernement et toutes les institutions bulgares se sont dès lors efforcées de mettre en œuvre les réformes dans les domaines sensibles, conformément aux objectifs de référence. Ces réformes ont d’ailleurs un impact significatif en tout premier lieu pour la tranquillité et la sécurité des citoyens bulgares.
Nous entretenons dans ce processus une coopération opérationnelle effective avec la Commission européenne et avec tous les Etats membres. Guidés par les principes de transparence et de respect mutuel à l'égard de nos partenaires de l'UE, nous avons présenté à la Commission dans les délais convenus (le 30 mars 2007), un rapport détaillé sur les progrès réalisés pour atteindre les objectifs de référence. Ce rapport, publié sur le site officiel du ministère de l'Intérieur, contient des informations circonstanciées sur le remarquable travail accompli ces derniers mois. Nous acceptons par ailleurs la formule de la Commission européenne relative à l'objectif commun de la Bulgarie et la Roumanie – qui est de parfaire la réalisation des objectifs fixés pour l’adhésion, sans procéder à leur élargissement.
Nous sommes d'avis que les conclusions sur les réformes et les progrès réalisés par la Bulgarie doivent reposer sur l'utilisation, par les structures compétentes de la Commission européenne, d'une méthodologie et d'un mécanisme clairs et précis s’appuyant sur la législation de l'UE (« les acquis communautaires ») afin d’améliorer les pratiques des Etats membres, tout en évitant les appréciations politiques générales. Il est nécessaire d'élaborer des critères mesurables et concrets, qui permettront d’évaluer l’application – et aussi, par conséquent, l’élimination – des divers indices de références (les benchmarks). Les spécialistes ayant participé aux missions d'expertise en avril 2007 ont d'ailleurs conçu leurs rapports à titre personnel : leur opinion n'engage donc pas la Commission européenne ou l'Etat membre concerné. Ce n'est qu’une source d'information parmi d’autres, utilisée par la Commission pour élaborer son évaluation globale.
Des actions de grande envergure ont notamment été réalisées dans le domaine judiciaire. L'irréversibilité du processus est d’ores et déjà garantie. De plus, un style de travail moderne a été introduit, conformément aux meilleures pratiques employées au sein de l'UE, qui consiste à promouvoir une approche proactive, un travail en équipe et ciblé sur des projets de référence.
Le rapport de la Commission européenne du 27 juin 2007 fait ainsi état des progrès du pays dans plusieurs domaines placés sous contrôle communautaire. Depuis sa publication, la Bulgarie a lancé un plan d'action pour résoudre les autres problèmes identifiés. Elle déploiera en conséquence tous les efforts pour mener à bien cette nouvelle étape.
J’ajouterai en conclusion que la Bulgarie est pleinement consciente de l'importance de cette entreprise stratégique qui intéresse au premier chef la société bulgare elle-même. Comme il s'agit, dans la plupart des cas, d'améliorer l'interaction entre les différentes institutions, il est indispensable de mettre en œuvre la meilleure expérience connue au sein de l’UE. C'est avec une satisfaction particulière que je peux mentionner, à titre d'exemple, l'excellente coopération des ministères de l'Intérieur bulgare et français, dont témoigne notamment la décision prise en mai 2007 de déléguer un conseiller français auprès du Ministre bulgare de l'Intérieur, par l’ancien Ministre de l'Intérieur et actuel Président français Nicolas Sarkozy. Nous accordons également une grande importance à la coopération avec la France dans le domaine de la justice. Sur ce point, le cycle de formation de magistrats dispensé par l'Ecole nationale de la magistrature à Bordeaux, en est une illustration convaincante.

L.L.D. : Au-delà, quelle est votre vision de la relance du projet institutionnel européen au travers du « traité simplifié » adopté lors du Conseil européen de Lisbonne en octobre 2007 ?

S.E.Mme I.B. :
Nous saluons l’accord politique qui a été atteint lors du Conseil européen de Lisbonne les 18 et 19 octobre 2007, sur le nouveau Traité de réforme de l’UE. Nous considérons que cet accord ouvre en effet la voie à un fonctionnement plus efficace de l’UE face aux défis du monde moderne.
La position franche que notre pays a adoptée au cours de la Conférence intergouvernementale a consacré un appui strict de son mandat et du maintien de l’équilibre des compromis mutuels atteint par le précédent Conseil européen en juin.
Nous sommes plus particulièrement reconnaissants aux présidences allemande et portugaise de l’UE pour leurs efforts qui ont permis d’aboutir à un accord politique dans le cadre du calendrier prévu. Nous apprécions aussi l’engagement personnel du Président Nicolas Sarkozy ainsi que les efforts des autres Etats membres et des institutions européennes, grâce auxquels le processus de réforme de l’UE a été relancé.
Nous allons désormais œuvrer activement à la conclusion de la procédure de ratification et d’entrée en vigueur du Traité de réforme avant les élections européennes en 2009. Nous sommes convaincus qu’une entrée en vigueur du Traité dans les délais prévus contribuera à un fonctionnement plus efficace, plus transparent et démocratique de l’Union. Elle renforcera également son rôle au plan international.
La Bulgarie se félicite en outre de la résolution définitive de la question de l’appellation de la monnaie unique européenne dans la version bulgare du futur Traité – « ebpo » en cyrillique. Cette décision permettra à la Bulgarie d’accomplir en temps opportun la procédure de ratification du Traité après sa signature officielle par les chefs d’Etats et de gouvernements lors de la réunion du Conseil européen le 13 décembre 2007.
Nous acceptons aussi le compromis dégagé sur la proclamation de la Charte des droits fondamentaux par les trois institutions européennes (Parlement, Commission et Conseil) et sa publication au Journal officiel de l’UE. Elle garde son caractère juridiquement contraignant, bien que nous aurions préféré qu’elle soit intégrée au Traité et qu’elle ait un caractère juridiquement obligatoire pour tous les Etats membres.
Nous considérons qu’ayant une force juridique, la Charte des droits fondamentaux favorisera une plus grande confiance des citoyens à l’égard de l’UE. Elle renforcera aussi le rôle de l’Union en tant que pilier de la démocratie et de la protection des droits de la personne. Enfin, la Bulgarie est satisfaite de la décision prise concernant la redistribution des sièges entre les Etats membres au sein du Parlement européen.

L.L.D. : Le Premier ministre Sergueï Stanichev, son homologue grec Costas Caramanlis et le Président Vladimir Poutine ont conclu, le 15 mars 2007, un accord intergouvernemental sur la construction d’un nouvel oléoduc reliant la mer Noire à la mer Egée devant permettre à la Russie de diversifier l’acheminent de son brut. Comment analysez-vous les rapports entre la Russie et l’Europe au plan de la sécurité des approvisionnements énergétiques ?

S.E.Mme I.B. :
Notre pays bénéficiera en grande partie de la perspective d’une nouvelle politique énergétique de l'UE, puisqu’il pourra s’en prévaloir dans ses rapports avec d’autres Etats – et en premier lieu avec la Russie.
Nous considérons que la mise en place d'un cadre politique pour les relations entre l'UE et les grands pays-producteurs, dont la Russie, fondé sur la confiance, le profit mutuel et la prévisibilité, est un facteur clé de la sécurité énergétique européenne. Celle-ci tend d’ailleurs à s’affirmer de plus en plus comme un élément indéniable de la sécurité collective. Sur ce point, nous avons énoncé à maintes reprises notre position concernant le développement de relations mutuellement profitables avec la Russie dans le domaine de l’énergie : considérant son caractère de partenaire énergétique stratégique de l’UE, les relations avec la Russie doivent s’appuyer sur des principes clairs et transparents.
Nos priorités en matière de participation aux projets d’infrastructures internationaux sont déterminées par la nécessité de garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique et d'identifier de nouvelles sources d’approvisionnement et des itinéraires favorables au marché européen émergent de l’énergie. Les deux accords intergouvernementaux pour la construction de l’oléoduc Bourgas-Vlora, en janvier 2007, et celui de Bourgas-Alexandroupolis en mars 2007, illustrent concrètement les efforts constructifs déployés dans ce domaine.
D’importantes quantités de gaz naturel transitent ainsi à travers la Bulgarie vers la Turquie, la Grèce et la Macédoine. La construction planifiée de nouvelles infrastructures de transport favorisera l'extension des voies énergétiques vers la Serbie et les autres pays des Balkans occidentaux. Ces possibilités d'augmenter l’importation de gaz russe par le biais de la Bulgarie contribueront à la consolidation de la sécurité énergétique de la région. À l'exception de la Grèce et de la Turquie, le Sud-Est européen dépend, en effet, à 100% des fournitures de gaz naturel russe.
Notre pays a déclaré qu'il soutient et continuera de soutenir le droit de tout pays à développer sa production énergétique à partir de différentes ressources – nucléaire, pétrole et gaz, énergie solaire, hydraulique, éolienne, géothermique, etc. – en respectant strictement les normes en vigueur pour la protection de l'environnement. De notre point de vue, la diversification des sources d’approvisionnement et des ressources énergétiques est l'un des facteurs essentiels du renforcement de la sécurité énergétique de notre pays et de l’ensemble de la région.
La Bulgarie a, pour sa part, annoncé son intention de construire une nouvelle centrale nucléaire (les réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Kozlodouy ayant été arrêtés à la fin 2006) ; le groupe industriel français Areva (en consortium avec l’allemand Siemens) et la compagnie russe Atomstroïexport en ont d'ailleurs remporté le contrat de réalisation. Sur ce plan, nous sommes déterminés à défendre l'avenir de l'énergie nucléaire, parce que ce mode de production d’énergie est hautement efficace et non polluant.
Notre pays souhaite en outre développer ses capacités dans le domaine énergétique en participant à la réalisation de projets stratégiques axés sur le transport du pétrole brut et du gaz naturel dans le Sud-Est européen, en Mer Noire, en Méditerranée, dans la région Caspienne et au Proche-Orient. Il figure ainsi parmi les acteurs du projet de gazoduc Nabucco – estimé prioritaire pour l’UE – qui ouvrira un accès aux considérables ressources gazières de la Caspienne et diversifiera les sources d’approvisionnement de gaz naturel pour les pays d’Europe orientale. La Bulgarie s’intéresse aussi aux possibilités de participer à la construction du nouveau système gazier, baptisé Courant Bleu (« Blue Stream »), reliant la Russie à l’Europe, à travers la Mer Noire. Celui-ci est considéré comme une initiative majeure pour préserver la sécurité énergétique non seulement à l’échelle régionale, mais aussi de l’espace communautaire.

L.L.D. : Le Sommet UE-Russie qui s’est tenu à Samara le 17 mai 2007 a fait apparaître certaines divergences. Quels principes doivent présider, selon vous, à l’établissement d’un dialogue constructif entre Bruxelles et Moscou ? Comment évaluez-vous la portée du projet américain d’installation d’éléments de son bouclier anti-missiles en Pologne et en République tchèque ? Traditionnellement proche de la Russie, quel rôle votre pays peut-il jouer pour éviter que ne se détériorent les relations entre Russie et Occident à propos de cet important désaccord ?

S.E.Mme I.B. :
Le sommet UE-Russie, organisé le 18 mai 2007 à Samara, a effectivement éclairé les divergences de visions sur des problèmes majeurs. Cet état de fait n’est pas exceptionnel, puisque les intérêts des deux parties dans divers domaines diffèrent pour la plupart. Néanmoins, nous sommes convaincus que le partenariat entre l’UE et la Russie parviendra à préserver son caractère stratégique.
L’intérêt commun et l’objectif de l’UE imposent en effet la nécessité d’un dialogue à long terme. La Russie ne peut être sous-estimée – non seulement à cause de son importance fondamentale en matière d’approvisionnement énergétique, mais aussi en raison de son rôle clé dans la plupart des thèmes relatifs à la politique internationale : le Kosovo, l’Iran, l’Irak, les relations OTAN-Russie, etc… Notre pays considère également qu’il faut entamer des négociations en vue d’un nouvel Accord de partenariat et de coopération entre l’UE et la Russie, afin de renforcer la coopération dans les domaines d’intérêt mutuel comme la politique extérieure, la sécurité, l’énergie, etc… Dans ce contexte, l’UE doit sensibiliser la Russie qui, par ailleurs, est elle-même intéressée par la signature d’un nouvel Accord.
En adhérant à l’OTAN et à l’UE, la Bulgarie a fait son choix. En d’autres termes, notre pays doit être considéré comme une partie intégrante de l’espace euro-atlantique. Cependant, s’agissant des relations que la Bulgarie entretient avec la Russie, il faut tenir compte du caractère unique de l’histoire de chaque pays et, dans ce cas précis, de la richesse des événements qui ont marqué l’histoire de nos peuples et qui les rapprochent.
La prolifération croissante des missiles et des technologies afférentes et, parallèlement, la dissémination des armes de destruction massive, conditionnent la nécessité de la mise en place d’un système de défense anti-missiles par l’OTAN, qui garantisse la sécurité et la protection de tous les alliés sur un pied d’égalité et contre tous types d’attaque de missiles. Il est essentiel d’appliquer le principe fondamental de l’indivisibilité de la sécurité et d'exclure l'application de différentes catégories de sécurité au sein de l’Alliance.
La mise en place du bouclier anti-missiles dans la zone euro-atlantique doit évoluer en même temps que le dialogue, la transparence des actions et l’interaction avec les pays partenaires qui ont l’intérêt, la volonté politique et les moyens de contribuer à la consolidation de la sécurité commune par la mise en place d’un système de défense anti-missiles. Une compréhension générale et une approche commune à ce problème avec la Russie constituent un enjeu majeur, en raison de son rôle primordial et de son potentiel stratégique dans ce domaine.

L.L.D. : Le contexte de l’après-11 septembre 2001 a favorisé, notamment à travers la lutte contre le terrorisme, un rapprochement entre la Bulgarie et les Etats-Unis qui s’est concrétisé par l’accord de mars 2006 permettant l’utilisation par les forces américaines de trois sites militaires bulgares. Comment qualifieriez-vous l’évolution des relations bulgaro-américaines depuis votre adhésion à l’UE ? Quels facteurs ont motivé la décision de votre gouvernement de renforcer le bataillon bulgare en Afghanistan ?

S.E.Mme I.B. :
L’accord de coopération militaire, signé en 2006, par la Bulgarie et les Etats-Unis, est une conséquence naturelle de l’évolution d’un partenariat, qui actuellement se situe au niveau le plus élevé de l’histoire centenaire des relations entre les deux pays. Pendant les années de transition, les Etats-Unis ont encouragé l’avancée des processus démocratiques en Bulgarie et son adhésion aux différentes structures euro-atlantiques. Le partenariat et la confiance qui se sont établis s’appuient sur des valeurs partagées. Face aux menaces à la paix et à la sécurité, nées du terrorisme international, les deux pays, partenaires au sein de l’OTAN, ont pris des engagements mutuels en matière de sécurité et ont unifié leurs efforts afin de répondre aux nouveaux défis du XXIème siècle.
La signature de cet accord est une matérialisation spécifique de ces valeurs communes. Elle pose les prémices d’une nouvelle étape du partenariat militaire et politique appelé à prendre une nouvelle dimension stratégique concrète dans le domaine de la sécurité.
En même temps, l’adhésion de la Bulgarie, avec la Roumanie, à l’UE a eu un impact direct sur le renforcement du dialogue transatlantique et le développement du partenariat stratégique OTAN-UE. Le poids de ce partenariat et la mise en commun des efforts pour la gestion des divers « points brûlants » de la planète sont d’un intérêt commun puisque, à notre avis, c’est la seule approche envisageable pour la réussite des actions entreprises en vue de consolider la sécurité internationale.
Il faut aussi souligner que la Bulgarie est déterminée à jouer un rôle actif dans l’élaboration de la politique et l’exécution des priorités et des objectifs de l’UE et de l’OTAN. Dans ce contexte, le gouvernement bulgare a pris la décision de renforcer sa participation à l’opération ISAF (ou FIAS, Force internationale d’assistance à la sécurité) de l’OTAN, avec l’envoi de deux compagnies en Afghanistan en signe de solidarité avec les efforts de l’Alliance et en vertu de nos engagements. La Bulgarie est en effet un allié responsable, qui souhaite en outre apporter un soutien spécifique à la stabilisation et au rétablissement de ce pays. Cette nouvelle a été accueillie avec reconnaissance par nos alliés. Le contingent bulgare en Afghanistan dépassera bientôt le nombre de 400 personnes. Notre pays participe en outre à l’opération « Altéa », dans le cadre de la relève de la SFOR – en Bosnie-Herzégovine -, et de la KFOR – au Kosovo et en Irak.
De plus, les autorités bulgares ont pris la décision d’offrir 500 tonnes d’armements et de munitions à l’Armée nationale afghane (ANA). Nous envisageons aussi de prendre en charge l’instruction des militaires de l’ANA – soit dans le pays, soit à l’étranger – pour appuyer l’initiative de l’OTAN d’accroître son apport dans ce domaine.

L.L.D. : Située cœur des Balkans, la Bulgarie entretient des relations de confiance avec l’ensemble de ses voisins et s’est efforcée d’institutionnaliser ces relations principalement avec la Grèce, la Roumanie et la Turquie. Quels progrès ont été récemment accomplis sur cette voie ? Plus particulièrement, quel est le bilan de votre coopération avec l’ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) dont vous soutenez la candidature à l’UE et à l’OTAN ? Quelles sont les principales orientations de la coopération bulgaro-turque ?

S.E.Mme I.B. :
Il me semble tout d’abord que le nom des Balkans a tendance à être souvent associé à des scénarios négatifs. Fort heureusement, le développement de plusieurs Etats de la péninsule a enregistré des progrès sensibles au cours de ces dernières années. Depuis le 1er janvier 2007, les Balkans se sont ainsi dotés d’une nouvelle architecture politique. Avec l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, l’UE est devenue une institution incontestable dans toute la péninsule ; de leur côté, les Balkans occidentaux sont désormais frontaliers de tous côtés avec l’UE. Cet espace politique et économique uni ainsi que la zone de sécurité qu’il établit, représentent un facteur puissant qui doit garantir les réformes et la démocratisation des autres pays de la région. Dans ce contexte, nos relations avec la Roumanie et la Grèce s’appuient sur des bases nouvelles, puisque les frontières entre les trois pays sont devenues des ponts de communication. En outre, les possibilités de promouvoir la coopération entre ces Etats membres de l’UE dans le domaine politique, économique et culturel sont énormes.
La Bulgarie est consciente de la mission qui lui revient de soutenir les processus politiques et économiques en cours dans les Balkans occidentaux ainsi que leur intégration européenne et, inversement, de promouvoir l’élaboration de politiques et de stratégies claires et précises de l’UE en ce qui concerne aussi bien les pays de cette région que les pays riverains de la Mer Noire. Les mémorandums bilatéraux d’intégration euro-atlantique signés avec la Macédoine, l’Albanie et la Croatie, sont l’expression concrète de la politique d’aide et de soutien, accordée à ces trois pays en vue de leur adhésion à l’OTAN. L’exécution de ces mémorandums comprend des actions concrètes : des consultations politiques et militaires, des échanges de stagiaires entre les ministères des Affaires étrangères et les ministères de la Défense, des initiatives de coopération pour la défense commune et la sécurité, etc… Ces mémorandums bilatéraux représentent autant d’instruments pertinents pour mettre en œuvre la politique bulgare axée sur les Balkans occidentaux et, plus encore, un modèle qui a été repris et appliqué par d’autres pays.
Dans ce contexte, nous accordons une attention particulière à l’approfondissement et à la promotion de la coopération avec la Grèce et la Turquie – non seulement parce que ces pays sont nos voisins directs, mais aussi parce qu’ils sont nos alliés et partenaires. La formulation des objectifs et des stratégies communes au moyen d’un dialogue actif constitue la meilleure réponse aux défis actuels, aussi bien sur le plan régional que sur le plan international. Les dimensions de ce dialogue sont multiples – de la coopération au sein de l’OTAN et de la PESD, au travers de la participation aux projets économiques et d’infrastructures d’intérêt mutuel, jusqu’à l’appui au dialogue entre les sociétés civiles et la sensibilisation aux valeurs européennes.
La Bulgarie s’est en outre toujours efforcée de développer, de maintenir et d’intensifier des relations de bon voisinage avec la République de Macédoine, qui demeurent le fondement de la coopération entre les deux pays. Convaincue que ce partenariat est un facteur important de stabilité dans le Sud-Est européen et que l’intégration européenne va stimuler et affirmer le processus de démocratisation en République de Macédoine, la Bulgarie a déclaré à maintes reprises son soutien aux aspirations de Skopje à se rapprocher de l'UE et de l'OTAN. La satisfaction des critères requis est la seule garantie du succès et du maintien des relations de bon voisinage au profit de la stabilité de la région.
Les relations bulgaro-turques se caractérisent quant à elles par un dialogue actif, un développement stable et dynamique sur la base des relations de bon voisinage et de bénéfice mutuel. Sur un plan bilatéral, il convient de constater l'accroissement sensible de la libre circulation des marchandises ces dernières années. D'ailleurs, la Turquie se classe au 4ème rang des partenaires commerciaux de la Bulgarie et au 1er rang en ce qui concerne les échanges avec les pays balkaniques. La Bulgarie considère que la Turquie doit poursuivre sa marche sur la voie du rapprochement avec l'UE ; ce processus est d’une importance considérable, puisqu'une Turquie démocratique et européenne est le voisin que nous souhaitons avoir. Naturellement, ses progrès seront évalués en fonction du degré d'accomplissement des objectifs, des critères et des normes définis.
D’une manière générale, notre pays se félicite également de l'intérêt accru de l'UE à l’égard de la région de la Mer Noire. Cet intérêt a trouvé son expression concrète dans la nouvelle initiative de la Commission européenne, approuvée par les ministres des Affaires étrangères des Etats membres en mai 2007. Elle prévoit la promotion de la coopération des pays riverains de la Mer Noire, conçue comme un élément de la politique communautaire à l'égard des nouveaux voisins de l'Union. Nous exprimons notre satisfaction de voir cette initiative envisager la promotion de la coopération des dix Etats membres riverains de la mer Noire dans des secteurs comme l'énergie, les transports, l'environnement, la sécurité des frontières, l'immigration clandestine, etc. Dans ce contexte, il est nécessaire d’engager prochainement le travail sur des projets concrets au sein de la région.

L.L.D. : Alors que l’UE et les Etats-Unis sont favorables à une « indépendance sous surveillance » du Kosovo, la Russie semble prête à opposer un veto à ce projet au Conseil de Sécurité des Nations unies. Comment le gouvernement bulgare appréhende-t-il ce nouveau défi pour la stabilité régionale ? Quelle est la nature du dialogue que vous entretenez sur ce point avec la Serbie ? Quelle appréciation faites-vous des négociations d’adhésion à l’UE qu’a entamée la Croatie ?

S.E.Mme I.B. :
Avant et après son adhésion à l'UE, la Bulgarie a continué d’œuvrer activement pour la stabilité économique et politique des Balkans occidentaux, l'extension de la zone de stabilité dans cette région étant dans l'intérêt de la Bulgarie, de l'UE et de l’ensemble de la communauté internationale.
Il est évident que le défi essentiel qui se pose aux efforts de la communauté internationale pour transformer cette partie du monde en une zone de paix, de développement économique et démocratique stable, réside aujourd’hui dans le problème du Kosovo, dont les controverses ont des effets négatifs sur toute la région et entravent l’essor économique et la consolidation politique qui doivent en découler. Aussi, la position de la Bulgarie concernant l'avenir de Kosovo est conditionnée par un double objectif de stabilité et de développement économique.
Nous regrettons à cet égard que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’adopter une nouvelle résolution pour remplacer la Résolution 1244 et ainsi confirmer une solution négociée sur la base de la proposition de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Ahtisaari. La Bulgarie soutient avec constance tous les efforts visant à aboutir le plus rapidement possible à une solution viable et légitime sur le statut du Kosovo. Une telle solution serait à même de garantir la paix et la stabilité régionale et devrait prendre en compte les revendications et les préoccupations des pays voisins.
La dernière chance d’arriver à une solution négociée ressort, peut-être, des efforts déployés par la troïka du Groupe de contact. Nous espérons que Belgrade et Pristina seront capables de saisir cette chance pour trouver un compromis susceptible d’ouvrir la voie vers leur avenir européen. Alors que les pourparlers se poursuivent, il est primordial de prévenir toute dégradation de la situation. La communauté internationale et, en premier lieu l’ONU, l’OTAN, l’UE et l’OSCE, doivent, de concert avec les institutions locales, continuer à apporter les instruments nécessaires et les garanties pour préserver la stabilité régionale.
La Bulgarie est pleinement consciente de la complexité des problèmes que la Serbie doit résoudre. Pour nous, 2007 devrait se révéler comme une année d'épreuves pour Belgrade, ce pour différentes raisons. Aussi, la Bulgarie s’efforce de prêter une assistance effective aux forces démocratiques de la Serbie, y compris en sa qualité de membre de l'UE et de l'OTAN. Notre pays figurait parmi les Etats qui ont défendu la position lors du dernier sommet de l'OTAN à Riga, selon laquelle l'Alliance atlantique doit inviter Belgrade à adhérer au programme « Partenariat pour la paix ». La Bulgarie réaffirme également sa position, clairement exprimée au sein de l'UE, en faveur de la reprise des négociations avec Belgrade en vue d’un Accord de stabilisation et d'association et de la nécessité d'une coopération pertinente avec le Tribunal pénal international pour l'Ex-Yougoslavie, considérée comme une condition nécessaire à la signature de cet accord. Nous allons continuer d'œuvrer en faveur de la perspective européenne et euro-atlantique de la Serbie, puisque nous sommes convaincus que c'est le choix le plus adéquat pour ancrer une stabilité durable, la démocratisation et la prospérité socio-économique dans cette région. Les progrès de la Serbie dans ce domaine sont particulièrement importants dans l'optique de la résolution du problème des droits de l'homme et des minorités et, notamment, de la situation de la minorité nationale bulgare en Serbie.
En ce qui concerne la Croatie, on peut constater qu’elle a réalisé ces dernières années des progrès remarquables sur la voie de l’adhésion à l'OTAN et à l'UE. Les négociations sur l’entrée dans l'UE ont commencé à la fin 2005. D’importants progrès ont été accomplis dans divers domaines : le système judiciaire, la lutte contre la corruption, l'administration publique et le retour des réfugiés. C'est dans cette perspective que les efforts déployés doivent être encouragés. La Croatie est en outre très active en matière de coopération régionale. La présidence croate du Processus de coopération en Europe du Sud-Est a ainsi été perçue comme très positive. Nous sommes également d'avis que les succès de la Croatie dans son processus d'intégration européenne aura un effet stimulant pour les autres pays des Balkans occidentaux.

L.L.D. : La Bulgarie et la France entretiennent des relations d’amitié qui ont connu un regain de vigueur lors des négociations d’adhésion de votre pays à l’UE et à l’OTAN. Le Président Nicolas Sarkozy avait mentionné dans sa première intervention, le cas des infirmières bulgares en Libye, comme un cas humanitaire à résoudre d’urgence. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de Paris sur la scène internationale ? Sur quels dossiers Paris et Sofia pourraient-elles approfondir leur coopération ?

S.E.Mme I.B. :
Ces dernières années le dialogue politique bilatéral à tous les niveaux s’est caractérisé par une intensité croissante. En témoigne les visites et les rencontres de haut niveau dont le dernier exemple a été la visite officielle du Président Nicolas Sarkozy le 4 octobre 2007 en Bulgarie. D’autres visites importantes ont bien sûr eu lieu auparavant comme celles du Premier ministre bulgare Sergueï Stanichev à Paris (12-14 octobre 2006), de l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin à Sofia le 2 février 2007 et du Président de l’Assemblée nationale bulgare Gueorgui Pirinski à Paris le 15 février suivant. Toutes ces rencontres ont créé les conditions propices au renforcement de la coopération bilatérale dans différents domaines. Les échanges au niveau régional et entre les organisations non gouvernementales des deux pays, ont aussi tendance à revêtir une importance croissante.
De plus, notre coopération avec la France a acquis une plus grande densité avec notre adhésion à l’OTAN en 2004 puis à l’UE le 1er janvier 2007. La France a apporté un appui décisif à la finalisation réussie des négociations et à la signature de l’Accord d’adhésion de la Bulgarie à l’UE, le 25 avril 2005. La ratification à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 27 juin 2006 et par le Sénat français le 3 octobre 2007 du Traité relatif à l’adhésion de la Bulgarie à l’UE, constitue à cet égard un acte d’une grande portée.
Cette coopération paneuropéenne est appelée à se développer avec la mise en œuvre des réformes des institutions européennes ainsi que des politiques européennes communes, comme la politique énergétique, la politique extérieure et de sécurité, la politique de défense. Nos pays travailleront côte à côte en faveur d’une union forte et efficace, aussi bien économique et sociale que politique, capable de répondre aux attentes et aux préoccupations des citoyens. Nous sommes convaincus que la forte convergence des positions de la Bulgarie et de la France sur l’avenir de la construction communautaire, y compris sur les plus importants dossiers de l’agenda européen, pourra offrir des perspectives remarquables pour le renforcement de notre coopération et son épanouissement en tant que réel partenariat stratégique au sein de l’UE.
La libération des infirmières et du médecin bulgares et leur retour en Bulgarie le 24 juillet 2007 représente un autre événement marquant dans les relations franco-bulgares. Je voudrais réitérer de ce point de vue notre profonde gratitude pour le ferme appui que la France et les institutions françaises ont manifesté pour rendre possible ce dénouement heureux. A cet égard je voudrais souligner le rôle extrêmement important de l’engagement personnel du Président Nicolas Sarkozy dans la phase décisive de cette affaire. Je souhaiterais également exprimer notre gratitude aux institutions européennes et à tous les pays membres de l’UE pour les efforts qu’ils ont également déployé ces dernières années dans le même objectif. Cet événement est en somme une manifestation puissante de solidarité avec la cause bulgare et un exemple éclatant de la force et de l’unité de notre famille européenne, dès lors qu’il s’agit de défendre une juste position.

L.L.D. : La France figure au 6ème rang de vos fournisseurs alors que les importations françaises de Bulgarie ont connu dernièrement une hausse de 7,4%. Outre les livraisons ponctuelles liées aux grands contrats qu’illustre celui de fourniture militaire signé avec Eurocopter, comment pourrait-on diversifier ces échanges économiques bilatéraux et étoffer leur structure actuelle ? A quels autres secteurs d’activité les décideurs économiques devraient-ils, d’après vous, s’intéresser davantage ?

S.E.Mme I.B. :
Comme nous l’avons déjà mentionné, l'essor durable de notre économie ces dernières années a permis à la Bulgarie d’afficher l'image d’un partenaire commercial actif et crédible. En 2006, l'économie bulgare s'est développée à un rythme élevé, avec une croissance globale de 6,1%, résultant essentiellement du secteur des services. En outre, la dynamique de croissance du secteur industriel, plus élevée que celle du secteur des services, constitue un signe prometteur de la capacité de la Bulgarie à maintenir une croissance stable durant les prochaines années ; ce d’autant plus qu'après une période de stagnation, le secteur agricole a apporté en 2006 une contribution spécifique au rehaussement de la croissance générale du pays.
Il convient également de souligner que le chômage continue à décroître : de 16,3% en 2002 il est passé à 8,8% en 2006 et cette tendance à la baisse se poursuit progressivement. Durant ces deux dernières années, l'inflation a été de 6-7%. La stratégie du gouvernement prévoit toutefois d'atteindre en 2010, un taux de 3% – plafond requis pour entrer dans la zone euro. La dette intérieure représente un peu moins de 60% du PIB, tandis que la part de la dette garantie par l'Etat est de 18% du PNB ; les dettes monétaires de la Banque nationale de Bulgarie couvrent d'ailleurs entièrement cette dette.
Avec de tels indicateurs économiques, notre pays s'est affirmé comme une destination attractive pour les investisseurs étrangers. Il continue ainsi à attirer des flux considérables de capitaux. En 2006, le volume des investissements étrangers directs a en effet atteint 4,1 milliards d'euros. Nous tablons pour 2007 sur un volume global de 12 à 15% du PNB. Une grande partie des projets seront liés au développement de la production et à la construction des unités de production qui font encore défaut à l’économie bulgare (équipements auxiliaires, centres logistiques, terminaux de transport, etc.). Ces flux d'investissements permettront non seulement d'introduire un savoir-faire productif, mais aussi de neutraliser l'influence négative du déficit du compte courant, puisqu’il est couvert à 103,2 %.
Comme dans la plupart des cas, le déficit du compte courant résulte en général du déficit de la balance commerciale. Mais, l’année 2006 a été marquée, de ce point de vue, par un élément positif : la dynamique de l'augmentation des exportations a en effet été plus grande que celle de l'augmentation des importations. C'est aussi le reflet des investissements déjà réalisés dans le secteur de la production de marchandises à fort potentiel d'exportation. Aussi, nous espérons que la tendance à la croissance des investissements étrangers se poursuivra dans les prochaines années. Cet espoir s'appuie sur des indices macro-économiques positifs, mais aussi sur les dispositions administratives qu’ont mis en place les autorités bulgares.
A partir de 2007, l’impôt sur les bénéfices des sociétés s’élèvera seulement à 10% et, en cas de réinvestissement dans les régions du pays, en particulier dans celles où le chômage est le plus élevé, le taux d’imposition sera nul. L'Etat bulgare a par ailleurs mis en œuvre plusieurs mesures afin de stimuler les investisseurs, dont la nature et la portée dépendent du volume de l'investissement effectué. Enfin, le niveau de qualification de la main-d'œuvre bulgare et son coût peu élevé, sont aussi des sources d’attraction pour les investisseurs étrangers.
Tous ces facteurs attestent du vaste potentiel de développement des relations entre la Bulgarie et la France sur le plan des échanges commerciaux et des investissements. Toutefois, les engagements économiques et commerciaux actuels entre les deux pays, ne correspondent pas aux capacités des deux économies. Bien sûr, la distance qui les sépare peut avoir ses effets dissuasifs. Mais, prenez l'exemple de l'Allemagne et de l'Italie, qui sont aussi deux pays relativement éloignés de la Bulgarie ; ce qui n’empêche pas les échanges avec ces pays et leurs flux d'investissements de dépasser de plusieurs fois celui de la France.
Une tendance positive dans les rapports économiques entre nos deux pays s’est toutefois révélée ces dernières années. La moitié des investissements français en Bulgarie entre 1990 et 2007, a été réalisée au cours des cinq dernières années. Leur niveau général demeure cependant assez modeste et place la France au 14ème rang des pays investisseurs étrangers en Bulgarie. Je suis heureuse de pouvoir citer parmi les plus grands investisseurs français en Bulgarie, les groupes Schneider Electric, Devavren, Montupet, Mr Bricolage, Danone, la Société Générale et BNP Paribas. De son côté, Alstom construit actuellement deux ensembles de blocs énergétiques dans le complexe bulgare Maritsa-Iztok.
De notre point de vue, les secteurs suivants peuvent offrir les meilleurs possibilités d'investissement :
– les infrastructures, en particulier le réseau des transports (routier, ferroviaire) et l'infrastructure communale (urbaine) ;
– l'énergie, avec les nouvelles sources énergétiques et les technologies dites « douces » ;
– l'environnement et avant tout le traitement des eaux et des déchets ménagers ;
– l'agriculture qui offre les meilleures possibilités pour la production biologique ;
– les technologies de l’information et les télécommunications ;
– la sous-traitance industrielle;
– le tourisme et les services.
Dans la plupart des cas, les activités dans les secteurs susmentionnés concernent la base de l'interaction des secteurs public et privé – un domaine dans lequel la France est d’ailleurs réputée pour son expertise et dont l'expérience pourrait être appliquée chez nous. Pendant les deux dernières années, la France a occupé entre la 6ème et 7ème place des partenaires commerciaux de la Bulgarie, avec des échanges en hausse de près de 10% par an. En 2006, les échanges commerciaux ont dépassé 1,5 milliard de dollars, avec un solde négatif pour la Bulgarie. De plus, le potentiel d'augmentation de ces indices dans les deux sens constitue une opportunité pour la diversification des catégories de marchandises commercialisées.
De toute évidence, l'entrée de la Bulgarie dans l'UE contribuera à améliorer les résultats dans tous les domaines des échanges avec la France. L'augmentation du nombre de touristes français d'année en année (85 000 en 2006) permettra en outre à la société française de découvrir les atouts de notre pays pour un partenariat avec la France.
Toutes ces considérations renforcent d’ailleurs mon optimisme, c'est pourquoi nous nous efforcerons de préserver et de développer ces tendances positives.

L.L.D. : Alors que la présence culturelle française repose en grande partie sur l’Institut français de Sofia et le réseau des huit Alliances françaises, votre pays a rejoint, en 1993, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Comment décrieriez-vous les liens entre votre pays et le monde francophone ?

S.E.Mme I.B. :
La Francophonie s’inscrit en Bulgarie dans une tradition historique, résultant de liens intellectuels noués avec la France où déjà, sous la domination ottomane, les notables bulgares envoyaient leurs fils y faire leurs études. En avril 1871, le grand poète Christo Botev s’inspirait des idéaux de la Commune de Paris. Tous les Bulgares savent aussi que Victor Hugo a défendu la cause de leur peuple lors de la cruelle répression de l’insurrection d’avril 1876. Plus tard, après la libération, le nouvel Etat bulgare se dota d’une des constitutions les plus démocratiques de l’époque, élaborée à partir des modèles français et belge.
Ce lien affectif avec la francophonie a été préservé jusqu’à nos jours. Cet enthousiasme à l’égard des valeurs qui unissent les pays ayant le français en partage, anime ainsi de nombreuses associations professionnelles et structures de jeunes. Dans presque toutes les grandes villes bulgares, les aspirants aux lycées de langue française sont toujours plus nombreux. La Bulgarie est aussi un pôle d’excellence dans le domaine de l’éducation, dont la tradition d’enseignement du français, les méthodes approfondies et les succès atteints ont été très hautement appréciées par les dirigeants de l’OIF. Grâce à ces atouts, Sofia a eu l’honneur d’accueillir le siège du nouveau Centre francophone pour les pays de l’Europe centrale et orientale (créé en 2004). Celui-ci bénéficie d’ailleurs du soutien de l’Etat bulgare, dont l’ambition est d’en faire le foyer d’une nouvelle dynamique francophone dans la région.
Notre pays est également honoré que ce centre soit aussi à l’orgine des résultats remarquables de l’Institut francophone d’Administration et de Gestion (IFAG), qui est devenu une source de formation de hauts cadres pour toute la région. Depuis sa création en 1996, cet institut qui est membre de l’AUF, a formé plus de 600 spécialistes dans tous les domaines et de tous les pays de la région. Pendant sa visite officielle en Bulgarie en avril 2004, le Secrétaire général de l’OIF, M. Abdou Diouf a affirmé la fierté de l’Organisation à l’égard de l’IFAG. Il s’est aussi rendu compte du succès des filières francophones créées au sein de six écoles supérieures bulgares ainsi que de l’Ecole doctorale de l’Université Technique de Sofia – ces écoles attirent des étudiants de toute la région et en forment plus de 800 par an. A l’occasion de cette visite, M. Abdou Diouf a inauguré un centre de documentation à l’Université de Sofia, totalement équipé par la partie française, qui encourage beaucoup l’action francophone en Bulgarie et lui apporte un soutien généreux. Aussi, les autorités bulgares sont décidées à mobiliser l’ensemble des ressources administratives et humaines pour promouvoir une nouvelle stratégie francophone qui corresponde à la dimension que prend la francophonie en Europe centrale et orientale depuis le Sommet de Bucarest en septembre 2006. C’est pour elles un témoignage de reconnaissance envers les apports de la francophonie dans la région et auxquels ont contribué ensemble la Roumanie et la Bulgarie – membres de l’Organisation depuis 1991 et à part entière depuis 1993.
La Bulgarie est également très sensible à la dimension politique de l’action francophone. Avec l’adhésion d’un grand nombre de pays de la région à l’Organisation, la francophonie est en effet devenue un facteur de stabilité régionale, permettant d’articuler le dialogue autour des valeurs francophones qui les unissent. Souhaitant s’investir davantage dans la promotion et l’approfondissement de cette dimension politique, la Bulgarie a été l’hôte d’un colloque international à Sofia en septembre 2006, sur les nouveaux espaces francophones de coopération politique en Europe, organisé par le Club politique balkanique de l’ancien Président le Dr Jélev et la Délégation des droits de l’homme, la démocratie et la paix. Notre pays est d’ailleurs attaché aux valeurs qui président aux activités de cette délégation. Etant d’autre part très attachée à la diversité culturelle, la Bulgarie figure parmi les premiers pays qui ont appuyé la proposition de l’OIF d’élaborer la Convention de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles. Elle a ensuite beaucoup contribué pour qu’elle soit adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO en 2005 et que l’Assemblée nationale de Bulgarie a ratifié le 22 novembre 2006.
Membre de l’UE depuis le 1er janvier 2007, la Bulgarie est consciente de sa capacité accrue à promouvoir les valeurs francophones et contribuer au renforcement de la langue française au sein des organisations internationales et européennes. Le Club de l’Administrateur francophone a été créé en 2004 dans cette perspective, à l’initiative de l’Institut de l’Intégration européenne et d’Administration d’Etat auprès du Ministère bulgare de l’Administration d’Etat et de la Réforme administrative. Cette ambition de renforcer les capacités bulgares en langue française a abouti à la signature avec l’OIF en janvier 2005 du Mémorandum de coopération pour la formation en français de 2 000 fonctionnaires bulgares pendant deux ans – projet qui se réalise avec l’appui de l’Institut français à Sofia. La Bulgarie est par ailleurs très présente dans les instances de la francophonie et dans les commissions, déterminée à œuvrer à un approfondissement de toutes les dimensions de l’action francophone régionale et à coopérer avec les autres régions de la francophonie dans un esprit de solidarité francophone, sachant qu’elle est une force capable de rendre le monde meilleur.

L.L.D. : La grande exposition « L’Or des Thraces » qui s’est tenue d’octobre 2006 à janvier 2007 à Paris a-t-elle permis, selon vous, d’accroître la connaissance de la culture bulgare auprès du public français ?

S.E.Mme  I.B. :
L'exposition « L'or des Thraces. Trésors de Bulgarie », présentée du 14 octobre 2006 au 31 janvier 2007, au musée Jacquemart-André à Paris fut un événement majeur parmi les manifestations culturelles les plus prestigieuses que nous avons organisées à l'étranger. Elle a connu un succès exceptionnel : plus de 80 000 visiteurs sont venus admirer cette collection de pièces magnifiques, ce qui est un record en son genre si l’on considère le programme dense et varié des musées de Paris.
Rassemblant un ensemble de 73 pièces provenant de neuf musées bulgares, dont le Musée historique national de Sofia et les musées historiques régionaux de Plovdiv, Vratsa, Lovetch, Kardjali, l'exposition a mis en valeur des objets de différentes dynasties thraces : les Gètes, les Triballes, les Odrysses, etc… Il y avait ainsi les fameux trésors de Panagurichté et de Borovo, une partie des trésors de Letnitsa et de Rogosen, des pièces tumulaires de Douvanlii et de Moguilanska moguila, ainsi que quelques exemples de l'art antique, mis à jour ces dernières années pendant les fouilles de Dabene et du tumulus Goliamata Kosmatka. L'exposition « L'Or des Thraces. Trésors de Bulgarie » a non seulement permis au public et aux connaisseurs français d'admirer ces chefs d'œuvres uniques de la civilisation et de l'art antique, mais elle a aussi contribué à mettre en valeur la présence tangible de la culture bulgare en France.

L.L.D. : Vous assumez également les fonctions d’Ambassadeur, Déléguée permanent de la Bulgarie auprès de l’UNESCO. Comment définiriez-vous le rôle de votre pays au sein de cette Organisation ?

S.E.Mme I.B. :
« La paix se construit grâce à l’intelligence des hommes », c’est en ces termes qu’on peut définir l’essence des activités de l’UNESCO. La Bulgarie est membre de l’UNESCO depuis 50 ans et Sofia a eu le privilège d’accueillir la Conférence générale en 1985.
Comme vous le savez, la Bulgarie est un des plus anciens pays d’Europe et possède un riche patrimoine culturel. C’est dans ce contexte, que je voudrais rappeler que neuf monuments historiques, culturels et naturels sont inscrits au sein de la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le patrimoine immatériel bulgare se caractérise également par de nombreuses richesses. Lors de la 3ème proclamation des chefs-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité, en novembre 2005, les Babi de Bistritza (Grands-mères de Bistritza) ont notamment été inscrites à la Liste des chefs-d’œuvre du patrimoine mondial intangible.
Le Gouvernement bulgare a par ailleurs ratifié les deux conventions de l’UNESCO : la Convention sur la protection du patrimoine intangible et la Convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques. En ouvrant la voie à l'intensification de la coopération culturelle internationale, cette convention représente un nouveau pilier de la gouvernance mondiale en matière culturelle.
La Bulgarie a initié le projet des « Corridors culturels » pour renforcer le dialogue culturel en Europe du Sud-Est, sur la base de la reconnaissance des racines communes. N’est-il pas vrai, en effet, que les différentes routes culturelles héritées du passé, offrent la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons de compréhension mutuelle, grâce à une perception élargie du patrimoine culturel de la région ? La déclaration de Varna a l’ambition de transformer les corridors culturels d’hier en axes privilégiés de la communication interculturelle de demain. Elle a été adoptée lors du sommet de Varna en 2005 par tous les chefs d’Etat de la région à l’initiative du Président bulgare Gueorgui Parvanov. Elle s’inscrit dans la continuité logique de tous les autres sommets qui se sont tenus dans la région, à Ohrid, Mostar, Tirana, Opatija et Bucarest. Elle témoigne aussi de la volonté politique des chefs d’Etat de la région de protéger et utiliser durablement leur patrimoine qui représente en même temps leur diversité culturelle et leur identité, ainsi qu’une ressource pour le développement humain et une garantie pour la qualité de vie.
Dans un autre domaine, notre pays est un partenaire traditionnel dans les activités ayant trait au Système des écoles associées à l’UNESCO. Plus de 53 écoles bulgares œuvrent au sein de ce système et contribuent par leur activité spécifique à l’éducation interculturelle, à l’éducation dans l’esprit de la tolérance et de la résolution par la non-violence des conflits dans un milieu multi-ethnique.
« Nous sommes profondément convaincus que la culture est porteuse d’entente et non pas de discorde, que la culture et la solidarité sont des préalables à l’édification d’une paix juste et durable », a déclaré le Président Guéorgui Parvanov, qui était l’invité spécial du Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, et qui fut le premier chef d’Etat à prendre la parole lors de la Conférence générale de l’Organisation, le 16 octobre 2007.
Pour m’associer aux paroles du Président bulgare, je suis convaincue, que l’UNESCO n’a cessé d’œuvrer pour le rassemblement autour de cet idéal cher au cœur et à l’esprit de toute l’humanité, qui est d’« élever dans l’esprit des hommes les remparts de la paix ». C’est pourquoi, la Bulgarie s’est présentée aux élections de la 34ème session de la Conférence générale de l’UNESCO et a été élue le 24 octobre 2007 membre du Conseil Exécutif de l’Organisation après dix ans d’absence. Cette élection garantira un réel partage des responsabilités sur notre planète en vue de devenir nous-mêmes les acteurs de « l’histoire du futur ».


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