Par S.E.M. Nguyen Dy Nien, Ministre des Affaires étrangères de la République socialiste du Vietnam

À chaque début de printemps, les Vietnamiens, ceux du pays et les expatriés aux quatre coins du monde, préparent avec ferveur le Tet pour accueillir la nouvelle année. Le froid hivernal s’estompe. Les vives couleurs printanières se profilent, s’insinuent dans le paysage, font rougir les pêchers, annonçant une nouvelle année pleine de chance et de bonheur. La tradition vietnamienne veut que cette période soit aussi un temps pour nous tous de nous reconsidérer et de repenser au passé.

La diplomatie vietnamienne a terminé l’année 2005 avec grand succès. Cette réussite s’est traduite à travers d’intenses activités déployées à l’étranger. Nos dirigeants ont accompli de multiples visites notamment en France, aux Etats-Unis et en Chine. Des cadres et des structures ont été créés, favorisant le dialogue politique et la coopération avec les pays voisins et les grandes organisations internationales ; et ce, dans l’intérêt mutuel de tous pour la stabilité des relations. Le Vietnam a aussi entrepris d’infatigables efforts pour s’intégrer à la région et à la communauté internationale. De par ses accomplissements, la diplomatie vietnamienne a grandement contribué à la préservation de la paix et de la stabilité politique pour servir le développement économique du pays. Le Vietnam s’est ainsi hissé à un rang plus élevé dans l’échelle mondiale. Avec sa position actuelle et sa dynamique nouvelle, notre pays œuvre activement pour la paix, la stabilité, la coopération et le développement de la région et du monde.

C’est dans ce contexte, et dans la continuité de sa politique, que le Vietnam accorde un grand intérêt au rôle majeur que joue l’Union européenne. Depuis le 14 juin 2005, le Vietnam est devenu le premier pays de l’Asie du Sud-Est a avoir élaboré, de sa propre initiative, une stratégie globale dans ses relations avec l’UE. Cette stratégie est inscrite au sein du Projet Global des relations Vietnam-UE et du Programme d’Action du gouvernement pour le développement des relations Vietnam-UE jusqu’en 2010, avec pour horizon l’an 2015. La politique du Projet Global se fixe pour objectif de mettre en place un « partenariat équitable, des relations de coopération globale et durable entre le Vietnam et l’UE pour la paix et le développement ». Elle vise à promouvoir la coopération dans les domaines politiques et diplomatiques, économiques et commerciaux, ainsi que dans différents secteurs économiques (industrie, agriculture, tourisme, transport, télécommunications, finances, banque, science et éducation, culture et information, propriété intellectuelle, etc…). Le Projet envisage aussi des mesures pour renforcer les relations avec les grands pays de l’UE qui entretiennent des relations étroites avec le Vietnam, tels que la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les pays du Nord de l’Europe…

Dans l’histoire moderne des relations internationales du Vietnam, la France occupe une place particulière, surtout depuis le 12 avril 1973, date de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le Vietnam suit de près le développement des relations avec la France ; et vice-versa, la France attache une grande importance au rôle du Vietnam dans la région de l’Est et du Sud-Est asiatique. Entre les deux pays, il existe des similitudes quant aux appréciations sur les questions régionales et mondiales. Le dialogue politique et stratégique bilatéral se déroule chaque année dans un esprit ouvert et de confiance mutuelle. Pour la France, le Vietnam est la porte d’entrée de l’ASEAN ; pour le Vietnam, la France est le grand pont qui le relie avec l’UE. Les dirigeants politiques français ont confirmé leur soutien au renforcement des relations entre le Vietnam et l’UE, mais aussi à l’adhésion du Vietnam à l’OMC et à la candidature du Vietnam pour un siège de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies, durant la session 2008-2009. De la même façon, nos deux pays ont toujours su coopérer étroitement, que ce soit dans le cadre de la Francophonie, ou lors des forums Asie-Europe, ASEAN-UE, ainsi qu’au sein de différentes organisations internationales.

La réalité des faits montre que la France est le premier partenaire européen du Vietnam tant dans le domaine politique, que dans les secteurs économiques et commerciaux, les investissements et l’aide pour le développement. Les échanges de visites bilatérales, notamment de haut-niveau, sont fréquents. L’accueil que la France a réservé au Secrétaire général Nong Duc Manh traduit concrètement le caractère privilégié de la relation franco-vietnamienne. Parmi les pays qui bénéficient de l’aide française au développement, le Vietnam se classe au 7ème rang, avec un total d’un milliard d’euros investis dans plus de 200 projets. Concernant les investissements étrangers, la France a toujours été le premier investisseur européen et le 6ème investisseur au plan mondial, avec un capital engagé de près de 2,2 milliards d’euros, dont plus de 1,8 milliard a déjà réalisé au travers d’environ 150 projets (au mois de novembre 2005). Sur le plan des relations commerciales, la France est un des plus grands partenaires du Vietnam, parmi les pays d’Europe occidentale ; les flux bilatéraux ont atteint plus de 1,2 milliard de dollar en 2004 et près de 1,4 milliard d’euros en 2005. Pour ce qui est de l’aide au développement, la France réserve un budget annuel d’environ 10 millions d’euros pour la coopération avec le Vietnam dans les domaines de la culture, l’éducation, les sciences et techniques ; la coopération bilatérale est spécialement concentrée dans des secteurs spécifiques : l’enseignement des langues, la réforme administrative, le renforcement du cadre juridique, les finances, le système bancaire, la formation post-universitaire dans les matières de gestion économique, du droit, de l’aéronautique… Chaque année, des centaines de stagiaires vietnamiens bénéficient de bourses du gouvernement français, les aidant à poursuivre leur formation en France, surtout dans la médecine. Depuis les dix dernières années, le nombre des étudiants et stagiaires vietnamiens en France s’est accru de 40 %. Pour l’année 2005-2006, environ 3 000 jeunes vietnamiens se sont inscrits dans les cursus universitaires et post-universitaires en France.

Nous nous réjouissons de cette réussite. C’est le fruit des efforts inlassables entrepris de part et d’autre en plus de 30 ans de relations. C’est un apport important au développement des relations bilatérales d’amitié et de coopération qui ouvre des perspecives favorables à la construction de la relation traditionnelle d’amitié et de coopération globale, durable et de confiance mutuelle pour le XXIème siècle, comme l’ont affirmé les leaders politiques de nos deux pays.

Se projetant vers un avenir prospère, le Vietnam continuera à déployer tous ses efforts pour la réforme et le renouveau du pays. Son objectif : d’ici à 2010, faire sortir le pays de l’état de sous-développement et en faire un pays industriel à l’horizon 2020. Pour atteindre cet objectif, le Vietnam poursuivra les projets d’industrialisation et de modernisation du pays, favorisera le développement de l’économie du savoir, poursuivra le processus d’intégration à part entière aux institutions régionales et mondiales. Nous sommes certains que le développement des relations France-Vietnam contribuera de manière non négligeable à la réussite vietnamienne.