Lundi 22 Avril 2019  
 

N°124 - Quatrième trimestre 2018

La lettre diplometque
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     Australie
 

Des réalisations de référence pour les industriels européens de l’armement

Un certain nombre de réalisations de référence illustrent de manière très représentative l’importante coopération existant entre l’Australie, la France et l’Europe en matière de défense et d’armement. Elles se matérialisent principalement par des contrats de ventes et des accords industriels prenant la forme de joint-venture, d’implantations et d’acquisitions locales. Il s’agit d’œuvrer au plus près des besoins des autorités australiennes en partenariat avec son industrie de défense déjà très performante et souvent associée à la plupart des grands programmes d’armement et de haute technologie développés avec un partenaire et allié de poids comme les Etats-Unis. Attirés par la vitalité de l’économie australienne ainsi que par les opportunités ouvertes par les appels d’offres lancés par le gouvernement australien dans le cadre de la réforme et de la modernistaion de son outil de défense, Européens et Français se sont fortement mobilisés pour gagner d’honorables parts de marché en proposant les solutions les plus sophistiquées assorties de transferts de technologies très conséquents.

Une volonté confirmée en quelque sorte par le premier succès à l’exportation de l’hélicoptère de combat franco-allemand « Tigre », bimoteur-biplace produit par Eurocopter (groupe EADS), remporté en Australie au terme d’une rude compétition qui l’opposait à ses concurrents de chez Agusta-Westland, Bell ou encore à l’AH-64D Apache Longbow de Boeing. Le contrat dont le coût était estimé au moment de sa signature en 2001 à environ 750 millions d’euros porte sur la fourniture de 22 hélicoptères Tigre ARH (Armed Reconnaissance Helicopter), soit la version HAD (Appui Destruction) cumulant les capacités anti-chars, l’escorte et l’appui-protection. De conception modulaire, le Tigre est un redoutable système d’armes multi-missions adapté aux missions qu’impose le nouveau contexte militaire et stratégique du XXIème siècle. A sa grande souplesse d’emploi, s’ajoute notamment une capacité opérationnelle tout temps, de jour comme de nuit, grâce à l’intégration des technologies les plus modernes sans compter une vitesse approchant les 300 Km/h et une distance franchissable à pleine charge d’environ 800 Km. Fournie par GIAT Industries, la tourelle THL30 montée sous le nez du Tigre apporte au canon M781 de 30 mm d’importants atouts en termes de précision, de pointage multidirectionnel et de réactivité quasi-instantanée. Son armement comptera avec une combinaison d’équipements américains. Un premier tir de missile air-sol Hellfire II de Lockheed-Martin a récemment été effectué avec succès dans le cadre des campagnes d’essais programmées pour la validation opérationnelle de son intégration sur la voilure tournante européenne. Equipé du moteur MTR390 conçu par MTU-Turbomeca-Rolls-Royce (MTR), 18 des 22 Tigre destinés à l’Australie doivent être assemblés en Australie dans les installations d’Australian Aerospace (filiale d’Eurocopter). Nombre d’accords industriels et de compensation accompagnent ce contrat de fourniture qui prévoit également l’assemblage et l’intégration de la majorité des moteurs MTR dans les locaux de Turbomeca Australasia (groupe Safran) spécialement agrandis à cet effet.

La division avions de transport militaire (MTA) du groupe EADS s’est quant à elle brillamment distinguée en décembre 2004 lorsque le gouvernement australien lui a confirmé par contrat la commande de cinq avions multi-rôle de transport et de ravitaillement A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport) au profit de l’Armée de l’Air australienne (RAAF). La RAAF se dote ainsi de l’avion de ravitaillement stratégique le plus performant de sa catégorie pour remplacer une flotte vieillissante de Boeing 707. L’A330 MRTT est conçu pour effectuer sa mission de ravitaillement en 2 ou 3 points par système de tuyau flexible et de panier et/ou par perche. Il réunit toutes les caractéristiques d’un avion de transport/ravitailleur polyvalent lui permettant de faire pleinement usage de ses capacités de transport de passager et de fret palettisé ou conteneurisé (LD3, LD6, palettes militaires etc.) suivant les besoins exprimés. Le premier appareil dont la conversion en avion ravitailleur sera effectué en Europe est prévu pour être livré en 2008 afin d’être opérationnel en 2009. Les quatre autres seront convertis par la compagnie aérienne australienne Qantas qui en assurera aussi le soutien logistique tout au long de leur cycle de vie.

L’autre grand succès récent concerne la confirmation de la commande de 12 hélicoptères de type NH90 notifiée mi-2005 par le ministère de la Défense australien à Australian Aerospace sous la désignation MRH90 (Multi Role Helicopter). Extrapolation de la version TTH du NH90 dédiée au transport tactique, rappelons que cet appareil biturbine de la classe des 10 tonnes est l’un des plus moderne actuellement disponible sur le marché. Entièrement équipé de commandes de vol électriques, intégrant une avionique très complète et faisant largement appel aux matériaux composites,   ses caractéristiques optimisent considérablement ses performances (vitesse de croisière : 291 km/h – Rayon d’action : 890 km). Développé par le consortium NHIndustries et Eurocopter, il totalise aujourd’hui 357 commandes fermes de la part de 12 nations. Le NH90 a de plus l’avantage d’être apte à l’aérotransportabilité et compatible par exemple avec les dimensions de la soute du futur avion de transport tactique européen A400M. Son autoprotection est assurée par le système de détection de missiles Milds d’EADS qui a également été retenu sur les Tigre ARH mais aussi pour l’équipement des hélicoptères S-70A Blackhawck et CH47 Chinook ainsi que dans le cadre de la modernisation des avions de patrouille maritime AP-3C Orion. Estimé à environ 600 millions d’euros, le contrat global prévoit un assemblage des quatres premiers exemplaires de MRH90 dans les ateliers d’Eurocopter à Marseille-Marignane tandis que les huit autres seront produits en Australie dans les installations d’Australian Aerospace, là où sont également assemblés les Tigre ARH. D’autres commandes additionnelles de MRH90 pourraient d’ailleurs suivre à la faveur d’une modernisation ou du remplacement programmé de tout ou partie de la flotte de S-70 qui équipe actuellement aussi bien l’Army que la Marine australienne dans des versions différentes.

Ces quelques exemples de référence, bien que non exhaustifs, se doivent d’être complétés par celui de l’extraordinaire présence du groupe « multi-domestique » Thales en Australie via ADI société commune avec le groupe Transfield qui est devenue, selon sa propre expression, une véritable « terre de croissance » pour ses activités. Réalisant près d’1 milliard de dollars australiens de chiffre d’affaires, Thales emploie environ 3 000 collaborateurs en Australie. Ce qui lui confère une position de leader sur le marché local de la défense. Thales a très tôt misé sur la solide économie du pays et sur son budget de défense qui, selon le « Defence Capability Plan 2004-2014 » fera nécessairement croître les dépenses militaires notamement du fait de l’acquisition de matériels et d’équipements. Les activités de stabilisation auxquelles participent les forces de défense australiennes tant dans le Sud-Ouest Pacifique, en Irak, qu’en Afghanistan, sont déjà des facteurs de dépenses militaires qui profitent directement aux différents acteurs locaux dont bien entendu ADI et les trois autres filliales de Thales en Australie. Outre les programmes MRH90, Tigre ARH, A330 MRTTT cités plus haut et auxquels est évidemment associé Thales dans le cadre de ses activés d’intégrateur et de fournisseur majeur de services et d’équipements avionique, optronique, de communication, de simulation et d’entraînement, on pourra citer, parmi d’autres, le contrat de fourniture de 300 véhicules blindés d’infanterie de type Bushmaster à l’ADF (Australian Defence Force) et le programme de modernisation des frégates lance-missiles FFG de la Royal Australian Navy. D’une valeur de 1 milliard de dollars australiens, ce dernier contrat est d’ailleurs considéré comme le plus complexe des programmes de modernisation jamais entrepris. ADI a aussi signé un contrat d’une valeur de 32 millions de dollars avec l’armée australienne pour la fourniture de deux chalands de débarquement qui s’accompagne d’un contrat de MCO (Maintien en condition opérationnelle) d’une valeur de dix millions de dollars. Auparavant, ADI avait livré les derniers chasseurs de mine de type MHC (Mine Hunter Coastal) ainsi que des sonars Petrel (sonars anti-mines et anti-obstacles) pour les frégates Anzac. Sans compter le contrat de vente estimé à 244 M€ de 170 torpilles franco-italiennes MU 90 issues d’une coopération entre Thales et DCN remporté par la société Eurotorp destinées à équiper dans un premier temps les frégates Anzac et plus tard des hélicoptères et des avions de patrouille maritime P3C-Orion.
  Au demeurant, il faudra surtout retenir la stratégie du groupe destinée à asseoir durablement son développement aussi bien dans les secteurs militaires que civils selon la formule du « penser global, agir local ». Et à l’échelle régionale, le « local », c’est aussi la Chine. Après avoir réalisé le système de gestion du trafic aérien australien, Thales a été choisi par la Chine pour la gestion de l’ensemble de son espace aérien qui s’inscrit aussi dans la perspective des JO de 2008. A l’aune des concepts de guerre info-centrée et de mise en relation de tous les systèmes afin de parvenir à une architecture de sécurité globale vers laquelle tendent aujourd’hui toutes les nations soucieuses d’anticiper les menaces du futur, le choix d’une implantation stratégique du groupe Thales en Australie n’a vraisemblablement pas fini d’être récompensé en retour puisqu’il ouvre déjà les portes d’un marché régional en pleine expansion et à l’horizon très prometteur, pour les secteurs militaires aussi bien que civils. F.B.
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