Par M. Philippe Marini, Sénateur de l’Oise, Président délégué pour le Soudan du Groupe sénatorial d’amitié France-Pays de la Corne de l’Afrique
Le Sénat a constitué, depuis plusieurs années, un groupe d’amitié entre la France et les Pays de la Corne de l’Afrique, c’est-à-dire Djibouti, l’Éthiopie, l’Érythrée, la Somalie et le Soudan. Ce groupe est présidé par mon ami Louis Duvernois, Sénateur des Français établis hors de France.
Lors de la dernière Assemblée générale, après le renouvellement sénatorial de septembre 2004, nous avons estimé indispensable de mieux démultiplier notre action auprès de chacun des pays constituant cette zone ; c’est pourquoi j’ai été désigné en qualité de Président délégué du groupe d’amitié pour le Soudan.
J’ai accepté cette responsabilité compte tenu de l’intérêt que je porte aux questions du Proche-orient et de l’Afrique. Je suis par ailleurs président du groupe interparlementaire France-Syrie, et, en tant que Secrétaire général de la section française de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, j’entretiens de nombreuses relations avec différents pays du continent africain.
La double nature du Soudan, qui s’ancre à la fois au monde arabe et à l’Afrique noire, est pour moi un motif particulier d’intérêt. Surtout, j’attache beaucoup d’importance aux liens franco-soudanais, dans le contexte d’un accord de paix inter-soudanais qui a mis fin à un conflit particulièrement long et meurtrier. Sur le terrain, sa mise en œuvre est difficile mais c’est une raison supplémentaire pour que le Sénat s’emploie à la réconciliation de toutes les parties en présence.
A cet effet, mon ami Louis Duvernois et moi-même -ainsi qu’un représentant de l’opposition sénatoriale, M. André Rouvière- nous sommes rendus au Soudan fin septembre 2005. Nous y avons rencontré un très grand nombre de personnalités, pour mieux comprendre les conditions de mise en œuvre des accords de paix, et l’évolution du processus constitutionnel en cours.
Dans ce cadre, j’ai été heureux de constater que le Soudan avait mis en place une seconde Chambre, le « Conseil des États », destinée à assurer une représentation équitable de ses différentes composantes. Le recours au bicamérisme, pour faciliter la reconstruction nationale, est à nos yeux un enjeu important. Le Sénat français encourage en effet ses homologues des pays en voie de développement, et il a par exemple apporté son concours à la création de la chambre haute marocaine, comme à celle du Sénat du Cambodge, pour ne prendre que ces deux exemples parmi bien d’autres. Au niveau des États, le Soudan dispose également d’assemblées qui préfigurent ce qui pourrait représenter, à terme, une « parlementarisation » de sa vie fédérale.
Pour accompagner ces évolutions positives, nous avons proposé à nos interlocuteurs la conclusion d’accords de coopération technique, visant à promouvoir l’émergence d’une véritable institution parlementaire, et donc à contribuer au pluralisme et au renforcement de la paix civile.
Naturellement, nous avons été très attentifs à l’évolution de la situation dans la province du Darfour -où nous nous sommes rendus dans des conditions difficiles- et au respect du droit international par les parties concernées. Nous avons apprécié la coopération des autorités soudanaises avec l’ONU et nombre d’ONG internationales, même si, à nos yeux, il faudra éviter que l’aide humanitaire massive accordée au Soudan ne dégénère en assistanat systématique.
Bien entendu, notre action participe aussi à la volonté de créer un contexte favorable au développement des entreprises françaises au Soudan, ainsi qu’à la présence culturelle française et francophone. Nous avons constaté le crédit important dont notre pays, notre culture et notre langue jouissent au Soudan, même si, il faut bien le reconnaître, nos positions économiques sont loin d’y être à la hauteur de nos capacités.
Louis Duvernois et moi-même sommes convaincus de l’importance de la reconstruction soudanaise : si celle-ci est un succès, il sera exemplaire ; si, par malheur elle devait s’interrompre, il en résulterait de très graves conséquences, non seulement pour ce pays, mais pour toute la zone du monde à laquelle il appartient.
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