Par M. Didier Veller, Conseiller économique à la Mission économique française au Mali.
Le renforcement des échanges commerciaux franco-maliens se confirme en 2004
La reprise des exportations françaises vers le Mali, amorcée en 2003 s’est donc confirmée durant l’année 2004. L’instabilité caractérisant les flux commerciaux franco-maliens depuis 2002 semble s’être résorbée avec une évolution positive qui reste certes faible.
La France étant devenue en 2003 le premier fournisseur du Mali au détriment de la Côte d’Ivoire, la répartition sectorielle des exportations françaises reflète bien les orientations de développement économique du pays.
En l’occurrence, les exportations de biens d’équipement s’orientent principalement vers la couverture des besoins en infrastructures routières et de communication. L’importation d’équipements industriels ne figurant pas encore dans les priorités, le déficit industriel ne devrait pas évoluer sensiblement à court terme.
Le montant global des échanges commerciaux franco-maliens a connu une progression en 2004 (+3.5%, légèrement en deçà de l’évolution enregistrée sur l’ensemble des exportations françaises qui s’élève à +4.1%), atteignant 204 millions d’euros au lieu de 197 en 2003.
Le solde de la balance commerciale reste positif en 2004, se fixant à 187,5 millions d’euros au lieu de 181,5 millions en 2003, soit une progression de 3.3%.
Sur le plan sectoriel, les exportations françaises vers le Mali en 2004 se répartissent comme suit : biens d’équipement (31.7% du total), biens de consommation (28.2%), biens intermédiaires (16.1%), produits agricoles et agro-alimentaires (12.2%), produits de l’industrie automobile (10.5%), produits énergétiques (0.9%).
Le montant des importations françaises a progressé entre 2003 et 2004 de 7%, passant de 7 à 8 millions d’euros.
Les importations se répartissent entre secteurs de la manière suivante : produits agricoles, sylvicoles et piscicoles (65.2% de l’ensemble), les biens intermédiaires (13.1%), les biens de consommation (9.1%), les biens d’équipement (7.2%), les produits des industries agricoles et alimentaires (4.7%).
La présence française au Mali
Le nombre des filiales françaises au Mali est, en 2005, de 76, au lieu de 16 en 1993 ; elles emploient environ 11 000 salariés. La répartition de leur activité reflète la structure et le potentiel du marché malien puisque ces entreprises opèrent à 56% dans les services, 23% dans l’industrie et 21% dans le commerce. En outre, elles sont, à 40%, l’émanation de grands groupes.
Malgré l’intérêt des compagnies minières anglo-saxonnes pour le potentiel aurifère du Mali, la France a, jusqu’à maintenant drainé l’essentiel de l’investissement étranger au Mali. Cette situation s’est concrétisée notamment dans un passé récent par le succès des investisseurs français lors de différentes opérations de privatisation ou de concession de service public, par exemple lorsque SONATEL (filiale sénégalaise de France Télécom) est devenu en 2002 le deuxième opérateur de téléphonie mobile.
La stabilité du Mali malgré un environnement troublé constitue certainement un élément déterminant à l’origine de ces décisions d’implantation.
En l’absence de chiffres fiables quant à la répartition géographique des investisseurs étrangers au Mali, l’analyse de terrain permet d’estimer que la France draine, selon les années, entre les deux tiers et les trois quarts du flux d’IDE dans ce pays.
La communauté d’affaires française au Mali est animée et structurée par la section locale des Conseillers du Commerce extérieur de la France qui comprend 12 membres et par le Club des Investisseurs Français au Mali qui regroupe plus de 50 adhérents.
Les groupes français, par leur forte implication, contrôlent partiellement ou complètement des secteurs déterminants :
-Le secteur cotonnier est encadré par la Compagnie Malienne du Développement des Textiles (CMDT). La société appartient pour 60% à l’Etat malien et pour 40% à la société française Dagris (ex. CFDT).
-Dans le secteur bancaire, la Bank of Africa, à capitaux français, ainsi que la BNP sont présentes au Mali, la dernière à travers la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie (BICIM). |