Par M. Guy Amsellem, Président de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine
L’exposition, organisée à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, du 15 juin au 14 septembre 2015, s’est inscrite dans le cadre du Festival Singapour en France ainsi que de la célébration des 50 ans de l’indépendance de Singapour et de la fondation de sa République. Singapour est souvent célébrée pour son modèle de développement, qui lui a permis, sous la houlette déterminée de Lee Kuan Yew, de surmonter la séparation d’avec la Malaisie en 1965, puis le retrait de la base navale britannique en 1971, et de devenir un centre économique mondial de première importance. La Cité-État est devenue la première place financière de l’Asie du Sud-Est, elle occupe le 3ème rang mondial pour son revenu par habitant. Mais au-delà de ses succès économiques, Singapour est aujourd’hui considérée pour sa stratégie de planification urbaine, son choix de la compacité et de la densité, qui en font un exemple en termes d’efficacité et de soutenabilité. Le modèle urbain singapourien d’hypercompacité est-il exportable ? Telle est la question à la laquelle entend répondre l’exposition « 1 000 Singapours : huit points de la ville compacte ». L’exposition montre les stratégies de planification urbaine à l’œuvre et analyse leur impact et leur pertinence. Des diagrammes, des dessins et des photographies illustrent les possibilités, les défis et les problématiques de la ville compacte, au moment où celle-ci sert de modèle au développement urbain en Asie. L’urbanisation planétaire est en marche. Le nombre de villes comptant plus d’un million d’habitants est passé de 80 en 1950 à 550 en 2015. Celui de celles de plus de 10 millions, de 2 en 1950, à 30 aujourd’hui. Nous savons qu’il nous faudra à l’avenir construire tous les ans l’équivalent d’une Singapour ou de deux Paris et demi. Construirons-nous des villes hautes comme Singapour, ou des villes basses à forte densité comme Paris ? À l’heure où se met en place la métropole du Grand Paris, le modèle singapourien présenté dans l’exposition stimulera nos réflexions sur les notions clés que sont la densité, la centralité, les mobilités, mais aussi la gouvernance, l’économie, le rapport à la nature, les grandes transitions écologique et énergétique. L’exposition a donné au public français matière à penser, mais a aussi été, pour lui, l’occasion d’une découverte, d’un dialogue, d’une expérience de l’altérité. Car, bien sûr, le rapport au climat, la croissance économique et démographique et l’époque où furent conçus les modèles de gestion de cette croissance, diffèrent d’une capitale à l’autre. Pierre Loti a décrit Singapour comme une « Babel au soleil levant ». Une Babel qui, au terme de la visite de cette exposition, n’est plus synonyme de confusion ou de tumulte, mais de brassage d’idées et de potentiel de sens, l’un et l’autre indispensables à l’édification du savoir. |