À la veille de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21), l’exposition 1000 Singapours : huits points de la ville compact, qui s’achevait le 14 septembre 2015 à la Cité de l’architecture à Paris, revenait sur cette spécificité de la Cité du Lion : le caractère visionnaire de son modèle urbain. En extrapolant sur celui-ci, elle mettait en exergue la capacité théorique de ce modèle à pouvoir accueillir l’ensemble de la population mondiale sur un territoire à peine deux fois plus grand que la France. Une hypothèse d’école qui permet toutefois d’envisager les différents aspects qui en font un modèle « pionnier pour les stratégies de planification et de densité urbaines de toute l’Asie. » Dès son indépendance en 1965, Singapour a, en effet, entrepris un schéma d’aménagement urbain visant à conserver un solide lien avec son environnement naturel, qui lui vaut aujourd’hui l’autre surnom de « ville-jardin ». Mais elle a également dû faire face à de nombreuses contraintes comme le manque d’espace et de ressources naturelles. La superficie tout d’abord : en l’espace de cinquante ans, la population a été multipliée par dix faisant de Singapour le deuxième pays au monde pour la densité de population avec plus de 6 700 habitants au km2. Anticiper le développement de la ville et l’adapter à ces contraintes constitue tout l’objet de ForCity, un programme de modélisation urbaine associant deux grands groupes, Veolia et EDF, et une start up lyonnaise du même nom. Lancé en juin 2013 avec le Housing & Development Board, (HDB) il devra accompagner, en tant qu’outil d’aide à la décision, le développement futur de Jurong East avant d’être étendu aux autres territoires de Singapour tout en veillant à limiter l’empreinte écologique du pays. Parallèlement, EDF a créé à Singapour un centre d’excellence des villes durables asiatiques, consacré à la recherche en aménagement urbain, dans le cadre d’un accord de coopération en matière de recherche avec l’HDB. Il collabore notamment avec la National University of Singapore (NUS), la Nanyang Technological University (NTU) et la Singapore University of Technology and Design (STUD) dans différents domaines ainsi qu’avec l’ESSEC et l’INSEAD. L’enjeu est de taille. D’ici 2030, la population devrait continuer d’augmenter d’environ 30%, accentuant une pression déjà très forte sur la gestion des déchets, ainsi que sur l’approvisionnement en eau et en énergie. Deux ressources stratégiques que la Cité-État est contrainte d’importer faute de ressources naturelles. Et ses objectifs sont ambitieux : elle aspire ainsi à devenir autosuffisante en eau, en répondant à 55% de ses besoins par de le recyclage de l’eau et à 25% par de la dessalination. Dans ce domaine, le groupe Suez Environnement a décidé d’implanter à Singapour un centre d’innovation composé de 15 chercheurs et ingénieurs avec pour objectif de partager son expertise en matière de gestion de l’eau. Le 15 juin 2015, il a signé à cet effet un protocole d’accord avec le Public Authority Board (PUB), d’une période de 5 ans renouvelables et prévoyant également le développement conjoint de technologies Smart Water, c’est-à-dire, d’outils incluant l’utilisation de TIC pour mieux gérer l’utilisation de l’eau disponible. CH |