Parce que la Jordanie connaît une importante croissance démographique et une activité économique qui s’accélère, elle se doit de répondre aux problématiques de l’essor urbain et de stress hydrique accentué par l’arrivée massive de migrants venus des pays voisins. Dans ce contexte, l’aménagement urbain est devenu un enjeu prépondérant du développement d’Amman mais aussi des villes secondaires. Les filières du mieux-vivre en ville présentent ainsi un grand potentiel d’affaires, dans lequel les entreprises françaises ont une carte à jouer.
Un réseau de bus en site propre au cœur d’Amman, la modernisation de son éclairage urbain, le développement des véhicules électriques… Les projets pour faire de cette métropole de 3 millions d’habitants une ville verte et moderne se multiplient. Ils seront d’ailleurs à l’honneur du Forum franco-jordanien sur la ville durable « Urban Smart » qui se tiendra les 1er et 2 juin 2015 en Jordanie. Organisé par le Club d’Affaires franco-Jordanien (CAFRAJ), ce forum associe l’Ambassade de France en Jordanie, Business France, l’Agence française de Développement (AFD) côté français, la Jordan Investment Commission, la Municipalité d’Amman, le Ministère des Transports, le Ministère de l’Environnement et le Ministère des Affaires municipales, côté jordanien. Une belle affiche qui reflète le degré de coopération entre les deux pays. Car si les échanges économiques entre les deux pays sont plus que modestes (430 millions d’euros en 2013), leur coopération est très dense notamment à travers l’aide publique au développement. Avec 1 milliard d’euros, la France se place au troisième rang des investisseurs étrangers, derrière le Koweït et l’Arabie saoudite. Elle est particulièrement représentée dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des transports, de l’aménagement urbain et du développement durable. Des filières à fort potentiel eu égard au vaste plan d’aménagement urbain lancé par l’équipe dirigeante du Grand Amman.
Un Grand Amman tourné vers le développement durable En adhérant aux réseaux internationaux de villes C40 et 100 Resilient Cities, elle met résolument l’accent sur le développement durable et la lutte contre le changement climatique dans son projet d’aménagement urbain. Les opportunités sont appelées à se multiplier dans ces secteurs puisque des appels d’offres pour doter la capitale jordanienne d’infrastructures modernes devraient être émises en 2015, à commencer par les projets de transports. Outre les réseaux de bus en site propre (Bus Rapid Transit) qui permettront aux habitants de se déplacer dans la capitale, mais aussi de relier Amman à Zarqa, à Madaba ou à Salt, des efforts sont réalisés pour développer la flotte de véhicules électriques. Plusieurs stations solaires de recharge ont déjà été installées. Des acteurs français ont d’ailleurs pris part à cette première étape, comme La Douaisienne de Basse Tension qui a équipé ces stations de bornes permettant de recharger simultanément deux véhicules électriques de tous types. Le projet vise l’installation de 3 000 stations de charge dans le Grand Amman. Autre volet : l’éclairage public, qui constitue un important poste de consommation énergétique. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour la modernisation de l’éclairage de cette agglomération de 3 millions d’habitants, pour un coût estimé à 50 millions d’euros, devrait également être lancé. Surtout, l’ensemble de ces projets d’aménagement urbain sont appuyés par d’importants financements internationaux, sécurisant ainsi la participation des investisseurs, à l’image de l’AFD qui finance le projet de Bus Rapid Transit à Amman à hauteur de 166 millions de dollars.
Des centres urbains secondaires en plein essor Si le programme du Grand Amman, qui concerne plus de 40% de la population du pays, ouvre des opportunités aux entreprises françaises, d’autres villes sont également en pleine mutation comme Zarqa, Irbid et Aqaba. Des villes qui, en raison de leur taille ou de leur statut de capitale provinciale, sont appelées à devenir des centres de décision et d’investissement. L’AFD, la Banque européenne d’investissements (BEI), la Banque mondiale et l’Union européenne réfléchissent d’ailleurs à la manière d’accompagner cette dynamique dans le domaine des déplacements urbains, de la gestion des déchets solides, de l’éclairage public et des infrastructures économiques. Flanquée d’une zone économique spéciale (ZES), Aqaba, ville située à l’extrême sud de la Jordanie et donnant sur la Mer Rouge, se préoccupe de son essor qu’elle veut placer, elle aussi, sous le sceau du développement durable. Dans cette perspective, l’Agence française des villes territoires méditerranéens durables (AViTeM) et l’Autorité de la zone économique spéciale d’Aqaba (ASEZA) ont signé, à l’occasion de la visite d’État du Roi Abdallah II en France le 17 septembre 2014, un protocole d’accord portant sur le développement d’une stratégie d’aménagement urbain et territorial durable de la zone, qui comprend des volets études, formation, soutien aux procédures liées aux questions environnementales et amélioration de la gouvernance urbaine. Les projets de rénovation urbaine et portuaire d’Aqaba, avec notamment la toute récente construction d’une plateforme logistique par Saint-Gobain PAM destiné à l’export, répondront à l’ambition de la Jordanie de se positionner comme hub logistique régional.CF |